vendredi 15 janvier 2021

Le cinéma, cette arme idéologique contre le Frenchie comme le Russkof ou le Chinetoque

Pierre Conesa, agrégé d’histoire et ancien élève de l’ENA, enseignant à Sciences-Po et écrit régulièrement dans Le Monde diplomatique.

Récemment, il publiait Hollywar, sous-titré Hollywood, arme de propagande massive. Pour Conesa, Hollywood est une usine à rêves, mais aussi une formidable machine à créer des méchants. À chaque époque sa cible. D’abord incarné par le Noir, représenté comme un illettré, un paresseux obsédé par la femme blanche, l’ennemi a ensuite pris les traits de l’Indien, sauvage et agressif, puis du Chinois cruel, du basané — bandit mexicain, gras et transpirant, ou trafiquant colombien —, du nazi ou du communiste… Plus récemment, lors de la deuxième guerre du Golfe [en fait bien avant, voir « The » Revenant, Hollywood et le Canadien français qui donne plusieurs exemples de caricatures sans rapport avec la guerre du Golfe] c’est le « Frenchie » qui a cristallisé la rancœur des États-Unis, avant qu’il soit remplacé par l’Arabo-Irano-terroristo-musulman.

Pour mener l’enquête, l’auteur a passé au crible plus de trois mille films, le plus souvent des objets cinématographiques de consommation courante, ceux qui forgent l’opinion publique bien plus que les chefs-d’œuvre. De manière implacable, il démontre comment Hollywood, en jouant de la confusion entre fiction et réalité, cinéma et géopolitique, est devenu une arme de propagande massive, capable de transformer les ennemis des États-Unis en menaces planétaires.

Ci-dessous la recension de cet ouvrage par Éric Zemmour.

Vous êtes confortablement installé dans un fauteuil rouge ; vous grignotez distraitement un paquet de maïs soufflés ; un film défile devant vos yeux ébaubis ; vous l’ignorez, mais vous faites de la politique. Vous croyez que le cinéma est une usine à rêves, quand elle est d’abord une fabrique d’idéologies ; vous croyez qu’on vous raconte une histoire, alors qu’on vous endoctrine. Vous êtes persuadé que seuls les régimes totalitaires du XXe siècle, nazi et communiste, ont utilisé le cinéma comme machine de propagande ; vous avez retenu les noms de Leni Riefenstahl ou Eisenstein ; vous ne vous êtes pas aperçu que les démocraties, française ou américaine, sont elles aussi très douées ; et que la meilleure machine de cinéma du monde, Hollywood, est aussi logiquement une arme de propagande massive qui dépasse tout ce qu’on a vu dans l’histoire.

Cette dimension idéologique du cinéma en général, et de Hollywood en parti­culier, est au cœur du livre de Pierre ­Conesa. Ce cinéphile amateur et géopoliticien professionnel ne cache pas son admiration pour les grands cinéastes américains. Cela ne l’a pas empêché de se plonger dans le fond de sauce de Hollywood, tous ces films de série B ou Z, qui ont souvent plus de succès public que les chefs-d’œuvre. Il en est ressorti avec une grille de lecture passionnante qui montre que le cinéma américain a forgé l’identité nationale des États-Unis.

Hollywood a été pour les Américains ce que l’État, l’Église et la littérature furent pour l’édification du roman national français : à la fois machine à raconter une histoire glorieuse de la nation et à désigner un ennemi. Conesa s’attarde surtout sur ce dernier rôle. Il passe en revue les « ennemis » de l’intérieur : l’Indien, le Noir, le Jaune, le Mexicain. Il démontre que Hollywood les a affublés de stéréotypes infamants dès l’invention du cinéma, même lorsque celui-ci était muet. Il rappelle la formule célèbre de Roland ­Barthes : « Le stéréotype est un fait politique, la figure majeure de l’idéologie. » Le grand juriste allemand Carl Schmitt nous a appris que le propre de la politique est de « désigner l’ennemi ». Hollywood fait d’abord et avant tout de la politique.

Il arrive d’ailleurs à notre auteur de se contredire quand il nous dit que « Hollywood ne raisonne qu’en fonction des résultats commerciaux d’un film ». En fait, Conesa tombe — pour une fois — dans le panneau de notre machine de propagande. L’intérêt économique et commercial est l’argument habituel de ces grands féodaux ploutocratiques. Ils ne feraient que suivre la volonté des spectateurs, comme s’ils se soumettaient à une démocratie consumériste. Ils font mine de ne pas savoir qu’au cinéma aussi l’offre crée la demande et que les patrons de Hollywood façonnent un esprit public devant lequel ils font semblant de s’incliner. Ainsi ­Conesa nous rappelle-t-il que, pendant les années 1930, Hollywood fut d’une discrétion de violette vis-à-vis de Hitler. Notre auteur nous explique que « Hollywood ne veut pas perdre le marché allemand totalement contrôlé par Goebbels ». Il oublie seulement que les élites américaines, hormis le président Roosevelt et les cinéastes juifs, sont alors favorables à l’Allemagne, qu’elles ont soutenue financièrement et médiatiquement depuis les années 1920, contre une France présentée comme militariste et revancharde. En 1940, Charlie Chaplin sonne avec Le Dictateur l’entrée en guerre de l’Amérique et de Hollywood.

Puis vint le temps des ennemis communistes, soviétiques, avant les ­terroristes arabes ou le « Frenchie » ­pacifiste.

En 1996, on apprenait que la CIA « collaborerait désormais ouvertement aux productions de Hollywood, à titre strictement consultatif ». Au moins, les choses étaient désormais assumées : Hollywood était l’annexe officielle de la centrale d’espionnage américaine.

La machine de propagande hollywoodienne ne s’arrête jamais et inonde le monde entier. Ceux qui résistent sont traités de protectionnistes et de chauvins. Pourtant, « le cinéma américain occupe 80 % à 95 % de l’espace dans les pays européens. Les films français, deuxièmes sur les marchés occidentaux, ne réalisent pas 4 % de la part de marché chez leurs voisins européens (…). Le déficit de la balance commerciale [dans le domaine cinématographique] entre les EU et l’Europe était de 3 milliards d’euros en 1993 ; il est de 9 milliards d’euros aujourd’hui. En France même (le seul pays d’Europe qui impose un système de quotas nationaux), la part du cinéma américain est de 60 %. Le ministre de la Culture de Corée du Sud comparait “Hollywood à un dinosaure qui tue l’écosystème” ». Pendant qu’ils inondent le monde, les Américains défendent farouchement leur pré carré en exigeant l’« américanisation » des films étrangers : reprenant la trame des scénarios, ils arrangent tout à leur sauce, avec des acteurs, des dialogues et une ambiance « made in USA ».

Une logique coloniale implacable. Une logique qui entraîne de légitimes révoltes décolonisatrices du côté des Chinois, des Indiens (Bollywood), voire des Coréens du Sud ou du monde musulman (Halalywood). De quoi conforter des Français longtemps isolés et brocardés dans cette résistance. [Voir Cinéma — le marché chinois a dépassé le nord-américain, la part d’Hollywood s’effondre en Chine]

Si Pierre Conesa avait écrit son livre il y a vingt ans, il n’y aurait rien eu à ajouter. Mais, entre-temps, l’émergence des séries et du fameux Netflix a bouleversé la donne. Bien sûr, la logique de consommation a changé, la salle a été négligée pour le salon. Mais ce n’est pas tout. La machine de propagande a changé de cible. Les anciens ennemis sont devenus les chouchous. La « diversité » a remplacé l’américanité. Des experts « woke » peuplent les comités d’éthique et les équipes de scénaristes de Hollywood. Il s’agit de vanter les charmes trop longtemps méconnus des Noirs, des femmes, des homosexuels. Tout est renversé : l’homme blanc hétérosexuel devient l’ennemi à abattre. John Wayne est dénoncé comme raciste et misogyne. Autant en emporte le vent est censuré. Clint Eastwood devient un cinéaste anticonformiste parce qu’il fait l’éloge de la classe ouvrière blanche. Hollywood a retourné son arme de guerre contre ces classes populaires américaines qui ont la mauvaise idée de voter Trump, ces « déplorables » qu’avait méprisés Hillary Clinton. C’est un funeste présage pour eux.

 

Hollywar,
Hollywood, arme de propagande massive,
par Pierre Conesa,
chez Robert Laffont,
à Paris,
publié en 2018,
224 pages,
ISBN-13 : 978-2221217221

 


 

Il existe un film hollywoodien sur l’expédition de Lewis et Clark (1804-1806). Il s’agit d’Horizons lointains tourné en 1955 avec Charlton Heston (un an avant sa participation dans la superproduction Les Dix Commandements). Le film tend à évacuer quasiment totalement le rôle des Français dans l’expédition et mythifie celui de Sacagawea. Toussaint Charbonneau dans la vie réelle était l’époux de Sacagawea et le père de leur jeune fils pendant l’expédition. Dans le long métrage, il n’apparaît que, brièvement au demeurant, comme une brute sale, grassouillette, cupide, fourbe et mal embouchée qui réclame sa propriété, Sacagawea. Mais elle n’a d’yeux que pour le beau Charlton Heston, l’officier américain Clark qui lui conte fleurette et la séduit par ses discours et sa tendresse civilisés. Clark est l’auteur du journal de l’expédition. Celle-ci comptait effectivement l’Indienne Sacajawea (également nommée la « Femme-oiseau »). Elle servit d’interprète et guida à certains moments les explorateurs. Mais, à l’inverse de sa situation dans le film où elle tombe amoureuse de Clark, elle fut accompagnée durant tout le voyage par le trappeur « canadien » Toussaint Charbonneau qu’elle avait épousé avant le départ et dont elle avait un jeune enfant. Charbonneau, contrairement à sa description dans Lointains Horizons, était loin d’être antipathique, même s’il n’était pas sans défauts évidents.

Clark ne mentionne à aucun moment dans son journal la moindre amourette. Clark et Sacageawa ne pouvaient d’ailleurs se parler en toute intimité puisque pour lui parler Clark devait passer par François Labiche qui comprenait l’anglais. Labiche traduisait ensuite en français pour Charbonneau qui ne parlait pas anglais et qui traduisait à son tour en meunitarri (gros ventre) à sa femme… Labiche n’est pas le seul absent du film, on ne voit pas plus le métis George Drouillard, qualifié de meilleur chasseur de l’équipée par Lewis. Cette mythification de Sacageawa (dont on sait peu de choses en réalité) et cette dépréciation du rôle des Français ne sont pas le seul fait de ce film, on le retrouve également dans plusieurs romans qui traitent de cette expédition. Voir Anti‑French Sentiment in Lewis and Clark Expedition Fiction.
 


Le film The Revenant (2015)  adopta à nouveau une « représentation libre » du personnage de Toussaint Charbonneau, incarné par l’acteur français Fabrice Adde, qui commet un viol. C’est ce rôle que Roy Dupuis a refusé.  [Plus de détails sur mythification de la femme-oiseau et la caricature de Charbonneau dans les fictions relatant l'expédition Lewis et Clark.]

Dans Les Tuniques écarlates réalisé par Cecil B. DeMille et sorti en 1940. (1940), Dan Duroc et Jacques Corbeau, deux métis, tentent de pousser leur peuple à une nouvelle rébellion, plusieurs années après l'écrasement d'une première révolte conduite par Louis Riel. Louis Riel est réfugié aux États-Unis. Tous les bons rôles sont attribués à des anglo-saxons droits, beaux, généreux et courageux. Le mauvais rôle est un certain Corbeau métis fourbe et rebelle. Louis Riel est lui évanescent et victime de ce Corbeau au teint bistre.

Ajoutons à ces caricatures, l'exemple plus récent du feuilleton Frontière (2016-2018) dont le seul Canadien-français est un minable trappeur amoral. Il s'agit de Jean-Marc Rivard, au prénom anachronique acr il est quasi inexistant avant 1930. Un seul voyageur français même si l’action se passe en partie à Montréal et met en scène des coureurs des bois qui sont tous des Anglo-saxons... Bien évidemment, les autochtones sont loin d'être tous caricatures (il y a des idiots vindicatifs, mais les femmes y sont fortes et sages). D'ailleurs, toutes les femmes y ont une place très moderne, sans doute anachronique, la tenancière de la taverne de Fort James tient ainsi la dragée haute aux hommes de la Compagnie de la Baie d'Hudson, il faut dire qu'elle porte la culotte et non une robe.

Maintenant, il faudrait que le Québec et la France fassent des films qui valorisent leur histoire, plutôt que de se pâmer devant les « chefs d’œuvre » de Xavier Dolan (sinon gare à la crise de nerfs du génie) ou la dernier four mettant en scène Omar Sy (son Arsène loupé non vient à l'esprit, 2/5 sur Allociné). Il ne faut pas toujours blâmer Hollywood de mal faire le boulot qu'aucun cinéaste francophone ne fait plus.


Voir aussi   

« The » Revenant, Hollywood et le Canadien français qui donne plusieurs exemples de caricatures de Français 

Clivage entre les critiques professionnels et le public : les cas Mignonnes et Une Ode américaine 

Face à John Wayne qui ne veut pas mourir, le changement démographique et l’argent des progressistes  

Nouvelle traduction « antiraciste » d’Autant en emporte le vent 

Cinéma — le marché chinois a dépassé le nord-américain, la part d’Hollywood s’effondre en Chine

Histoire — Aux origines de la légende noire espagnole

Histoire — Jules Brunet, le vrai-faux dernier samouraï (non il ne fut pas Américain...)

Seul un quart des habitants de Bruxelles sont des Belges d'origine belge

Photo choisie par Statbel pour illustrer son étude

 
La population de la Belgique au 1er janvier était de 11 492 641 habitants, celle de la Flandre était de 6 629 143, de la Région de Bruxelles-Capitale nationale de 1 218 255 et enfin de la Wallonie de 3 645 243 habitants.

Statbel, l’office belge de statistique, publie une nouvelle statistique sur l’origine de la population belge. Au 1er janvier 2020, la population belge se composait comme suit : 67,9 % de Belges d’origine belge, 19,7 % de Belges d’origine étrangère et 12,4 % de non-Belges. Cela représente respectivement 7 806 078, 2 259 912 et 1 426 651 habitants.

 En 2011, ces pourcentages étaient de 74,3 %, 15,5 % et 10,2 %, respectivement.
 

En Région de Bruxelles-Capitale, la part des Belges d’origine belge est de 25,7 %, les Belges d’origine étrangère y représentent 22,9 % de la population. Quant aux personnes de nationalité étrangère, leur part à Bruxelles grimpe à 35,3 % alors qu’elle se situe à 10,4 % en Wallonie et 9,3 % en Flandre.

Sont considéré Belges d’origine belge, les personnes qui sont actuellement Belges, sont nées Belges et dont les parents sont nés Belges. 

Les Belges issus de l’immigration et les non-Belges à 60 % non européens à Bruxelles

Les Belges d’origine étrangère et les non-Belges se répartissaient comme suit entre les groupes de nationalité. 20,5 % appartenaient au groupe de nationalité d’un pays voisin, 28,2 % au groupe de nationalité de l’Union européenne UE27 (à l’exclusion de la Belgique et des pays voisins) et 51,3 % au groupe de nationalité hors UE27. Quelques autres constatations intéressantes au niveau des régions :

  • La Région flamande semble avoir une plus faible proportion de personnes ayant comme groupe de nationalité d’origine l’UE27 (à l’exclusion de la Belgique et des pays voisins) : 20,7 % contre 28,2 % au niveau national. Dans le même temps, la Flandre a une part plus importante de personnes dont la nationalité d’origine se situe en dehors de la zone UE27 : 56,9 % versus 51,3 % au niveau belge.
  • On observe le schéma inverse en Wallonie ; une part plus importante issue d’un pays de l’UE27 : 39,6 % et une part plus faible issue d’un pays situé en dehors de la zone UE27, à savoir 37,4 %.
  • La Région de Bruxelles-Capitale a la plus faible proportion de personnes issues d’un pays voisin : 13,7 % contre 20,5 % au niveau national. Cette région affiche également la plus forte proportion de personnes dont la nationalité d’origine se situe en dehors de la zone UE27 : 60,7 % contre 56,9 % en Flandre et 37,4 % en Wallonie.

` La proportion des extra-Européens augmente lentement de recensement en recensement : 

  • Ces 10 dernières années, la part de personnes appartenant au groupe de nationalité des pays voisins a légèrement diminué : de 23,8 % en 2011 à 21,9 % en 2016 et à 20,5 % en 2020. À l’inverse, on observe une légère augmentation du groupe de nationalité d’origine en dehors de la zone UE27, qui passe de 47,6 % en 2011 à 49,3 % en 2016 pour atteindre 51,3 % en 2020.
  • La part du groupe d’origine belge d’origine étrangère avec une première nationalité enregistrée belge et dont les deux parents ont une première nationalité enregistrée étrangère a légèrement augmenté de 9,5 % en 2011 à 12,3 % en 2020 et est principalement tirée vers le haut par des personnes du groupe de nationalité d’origine en dehors de l’UE27.

  Les Belges nés belges sont plus vieux que la population moyenne

Dans les différents groupes d’origine, la proportion d’hommes et de femmes semble être répartie équitablement. La répartition est moins égale en ce qui concerne l’âge. La part de Belges d’origine belge augmente clairement avec l’âge : elle atteint 54,3 % chez les 0-17 ans, 66,3 % chez les 18-64 ans et 87,3 % chez les plus de 65 ans. La part des non-Belges est la plus élevée chez les 18-64 ans, à savoir 14,6 %. Ils sont suivis par les 0-17 ans avec 11,6 % et les plus de 65 ans avec 6,4 %. 

Pyramide des âges

 

À noter qu’il y a relativement peu de jeunes non belges, les enfants des Non-belges étant pour la plupart des Belges d’origine étrangère, l’accession de la nationalité belge étant très facile.


 

 

Source : Statbel

Voir aussi 

Changement démographique en Belgique — Bruxelles musulmane dès 2030 ? (article de 2010)

Démographie : Le gouvernement bruxellois lève en partie l’interdiction du port de signes religieux dans l’enseignement (article de 2019)

Environ 400 manifestants, selon une première estimation de la police sur place, se sont rassemblés mercredi près du commissariat de police, rue de Brabant, non loin de la gare de Bruxelles-Nord, en réaction au décès du jeune I. B. (23 ans), survenu samedi soir à la suite de son interpellation par la police.

Une partie du groupe de manifestants, soit une centaine de personnes, s’est désolidarisée de la manifestation avant d’être contenue par les forces de l’ordre, à la sortie d’un tunnel donnant sur la place du Nord, dans un climat assez tendu, marqué par des jets de projectile et l’utilisation de fumigènes. Des manifestants ont crié « police, assassins ».

Bruxelles : la voiture du roi Philippe, bloquée au milieu d'une manifestation « contre les violences policières ». La Belgique se métisse et s'américanise. 


Un groupe de personne est contrôlé samedi aux alentours de 19 heures près de la gare du Nord à Bruxelles. Selon le parquet, à l’issue du contrôle, un jeune homme de 23 ans présent sur place prend la fuite à pied. Il est ensuite interpellé par la police qui l’a pris en chasse à pied.

Il est alors privé de liberté et est emmené au commissariat pour y être entendu, comme explique Stéphanie Lagasse, la porte-parole du parquet de Bruxelles : « Lors de son arrivée au commissariat, il a perdu connaissance et les policiers qui étaient présents sur place ont fait appel aux services de secours. Une ambulance et un SMUR [réanimation mobile] sont arrivés sur place. Le jeune homme a été emmené à l’hôpital où il est décédé à 20 h 22 ».

Selon nos informations, le jeune homme aurait ingéré de la drogue qu’il avait en sa possession. C’est à la suite de cela, qu’il aurait fait un malaise lors de sa fouille au commissariat. Une analyse toxicologique a été demandée par le parquet.

rtbf.be

Sur fond de pandémie, la crise démographique au Japon s’accélère en 2020


 

À l’heure où l’archipel nippon traverse la troisième vague de l’épidémie de Covid-19, le nombre d’enfants nés en 2020 montrera très probablement une baisse importante par rapport à l’année précédente. Ce qui risque d’accélérer encore la crise démographique du pays, s’inquiète le journal Nihon Keizai Shimbun.

Depuis l’éclatement de la crise sanitaire au printemps dernier, les indicateurs socio-économiques ne cessent de s’assombrir au Japon : 885 entreprises en faillite et presque 2 millions de personnes en situation de chômage. Le nombre de suicides s’est quant à lui établi à 2 158 en octobre au niveau national, soit 600 cas de plus que pendant l’année 2019.

Ce climat d’angoisse collective commence à peser sur la démographie du Japon, pays qui souffrait déjà d’une chute de population importante avant la crise, révèle le quotidien économique Nihon Keizai Shimbun.

À l’hôpital d’Aiwa, situé dans la ville de Kawagoe, au nord de Tokyo, le nombre de femmes enceintes qui se sont inscrites à la maternité entre avril et novembre 2020 a baissé de 5 % par rapport à la même période de l’année 2019. Chose encore plus marquante, les patientes ayant prévu d’accoucher dans l’établissement entre janvier et février 2021 sont de 20 % moins nombreuses qu’en 2020.

En 2019, le Japon avait déjà connu sa plus faible natalité en 120 ans. Avec davantage de décès et moins de naissances en 2019 qu’en 2018, la balance démographique japonaise avait encore chuté. Sans évoquer de causalité, le quotidien japonais indique que le nombre de mariages est également à la baisse (583 000 en 2019, record après-guerre), quand celui des divorces n’en finit plus d’augmenter. 

 Voir aussi 

Le taux de natalité du Québec devrait atteindre son niveau le plus bas historique en 2020 

Chine dit libérer les femmes Ouïgoures de la maternité en les émancipant et en les rendant plus autonomes (la rééducation et la stérilisation font baisser rapidement la natalité)

 Démographie : en 2050 pour un Européen proche de 50 ans, il y aura trois Africains de moins de 30 ans [d’âge en moyenne] 

Extrême-Orient et Occident : le boum des femmes sans enfants

La fécondité israélienne (3,1 enfants/femme) contraste avec celle de l’Occident où les pays rivalisent pour les jeunes des autres pays.

Disparaître ? de Jacques Houle : Regard franc sur l’immigration

Le monde a maintenant plus de grands-parents que de petits-enfants

Québec — Plus de 30 % des naissances issues d’au moins un parent né à l’étranger

Avortement, démographie et immigration entraînent la recomposition ethnoculturelle de l’Occident

Canada — un pays non blanc vers le milieu de ce siècle ?   

L’ONU révise à la baisse ses prévisions de la population mondiale

 La tare de l’État-providence c’est qu’éventuellement les autres finissent toujours par manquer

Le Japon relève l’âge de la retraite à 70 ans [un quart des 128 millions de Japonais ont plus de 65 ans.] Conséquence de la faible natalité depuis 50 ans : le Japon a perdu un demi-million d’habitants en 2019. En ce début d’année 2020, les autorités japonaises craignent une nouvelle récession. Le PIB nippon du dernier trimestre 2019 s’est contracté de 1,6 %.   

Discours malthusien des écologistes qui sévit en Occident et qui préconise de ne pas avoir d’enfants pour sauver la Terre

Éducation — La France a l’un des budgets les plus élevés au monde avec des résultats en baisse


Le CAP (Centre d’Analyse et de Prospective de l’ISSEP) vient de publier une note sur la nouvelle augmentation du budget de l’Éducation Nationale :

En 2020, le budget de l’Éducation nationale est passé 51,68 milliards d’euros en 2019 à 52,72 milliards d’euros, soit une hausse de 1,04 milliard d’euros. Loin devant le budget de la Défense établi à 37,5 milliards en 2020 et devant le celui de la Justice qui s’élevait à 7,5 milliards cette même année. La France a l’un des budgets « éducation » les plus élevés au monde, mais malgré ce budget considérable et une répartition inégale (La dépense annuelle pour un écolier est 15 % inférieure à celui des pays de l’OCDE, équivalente pour un collégien et 37 % supérieure pour un lycéen [1]), les résultats de cette institution sont un véritable fiasco. Le niveau des élèves français est en chute continue depuis des années. Pour autant, l’éducation nationale semble échapper à tout droit d’inventaire et le budget 2021 est de nouveau en hausse comme si augmenter les ressources du système éducatif sans remettre en cause ni leur distribution, ni le fonctionnement, ni son efficacité au regard des missions que lui confie la Nation suffisait à répondre aux difficultés rencontrées. Dans ces conditions, se pose légitimement la question : une hausse supplémentaire du budget, mais pour quoi faire ?

Des résultats scolaires de plus en plus catastrophiques

Pour s’en convaincre, il suffit de regarder ce que ce budget ne dit pas et de souligner en contrepoint ce que les sources ministérielles elles-mêmes disent de la « mission » enseignement scolaire :

  • Ce qui n’est pas même évoqué : les résultats des évaluations comparatives internationales PIRLS, PISA et TIMSS [2]. Les résultats des évaluations nationales en CP, CE1 et 6e [3].

L’étude PIRLS 2016 (prochaine campagne 2021) testait les élèves de 10 ans de 70 pays en compréhension de l’écrit. Les élèves français ont obtenu 511 points. La moyenne des élèves des pays de l’Union européenne est de 540 points, celles des élèves des pays de l’OCDE de 541 points. Plus grave : ces performances baissent constamment depuis 15 ans (11 points en moins) et 6 % des élèves français n’atteignent pas le niveau le plus élémentaire de PIRLS.

L’étude PISA 2019 testait les élèves de 15 ans de 79 pays en compréhension de l’écrit, mathématiques et sciences. Nos élèves se situent entre le 20e et le 26e rang mondial soit légèrement au-dessus de la moyenne des 35 pays de l’OCDE. Ces résultats varient peu depuis l’année 2000. Notre panel d’élèves se caractérise par une profonde fracture sociale entre les élèves qui réussissent les tests et ceux qui échouent.

L’étude TIMSS 2019, dont les résultats viennent d’être rendus publics, testait les élèves de quatrième en mathématiques. Le titre de la note d’information du Ministère est édifiant : « Mathématiques au niveau de la 4: des résultats inquiétants en France » ; on peut lire plus loin : « avec un score de 483 points, la France se situe sous la moyenne des pays participants de l’UE et de l’OCDE (511)…/… entre 1995 et 2019 les résultats des élèves ont baissé de manière significative [4] ». Pire, les élèves français sont arrivés avant-derniers en Europe derrière l’Albanie. La France a longtemps produit l’une des plus grandes écoles de mathématique au monde avec un nombre impressionnant de médaillés Fields (l’équivalent du prix Nobel en mathématique). Ces résultats signent indéniablement la mort de cette école de mathématique d’ici 20 ans si rien n’est fait.

Les évaluations nationales annuelles de CP, CE1 et 6e offrent elles aussi un paysage préoccupant [5] :

En classe de CP, les résultats sont, en Français comme en mathématiques en légère baisse…/… les écarts entre le secteur hors éducation prioritaire et l’éducation prioritaire s’ils augmentent, sont cependant contenus eu égard aux circonstances…/… en classe de CE1, les baisses sont plus sensibles…/… de manière générale les écarts entre secteur hors éducation prioritaire et secteur prioritaire s’accentuent…/… en sixième, les résultats sont très largement en hausse,

mais les tests de fluence (lecture à haute voix) révèlent les limites de ce bref succès :

dans l’échantillon analysé, le score moyen est de 124 mots lus en une minute, supérieur donc au seuil de 120 mots qui correspond aux attendus en fin de CM2. 53 % des scores sont au-dessus de ce seuil. Quelques chiffres sont cependant inquiétants : 15 % des élèves se situent en deçà du seuil de 90 mots qui correspond aux attendus de fin de CE2, 31 % sont en dessous du seuil de 120 mots.

En bon français, cela signifie qu’en classe de 6e, 47 % des élèves ne savent pas lire correctement…

Le Parlement n’est tout simplement pas tenu informé officiellement de ces résultats, probablement parce que ces indicateurs ne sont pas ceux des programmes annuels de performances, arrêtés il y a fort longtemps, au début de la LOLF, par BERCY. Or la lecture de ces tableaux d’indicateurs officiels montre deux choses : ils sont très imparfaitement renseignés, sans ce que cela entraîne d’ailleurs la moindre admonestation du Parlement au directeur desdits programmes et secondement, ils sont pour l’essentiel des indicateurs de fonctionnement, comme l’indicateur 2.1 du programme 140 : « nombre d’académies bénéficiant d’une dotation globale équilibrée parmi les 30 académies » et non de résultats.

Ces résultats dramatiques ne semblent pourtant entrainer aucune réaction particulière ni dans la classe médiatique ni dans la classe politique, le gouvernement se contentant, une fois de plus, d’augmenter les budgets sans véritable stratégie ou volonté de réforme.

Une nouvelle augmentation du budget prévu dans la loi de finances

 Cette année, le budget de la mission est en augmentation de 2,17 % [6] par rapport au budget 2020.

La priorité affichée au premier degré se traduit par une augmentation de 2,54 % des crédits du programme 140 (enseignement scolaire public du premier degré). A noter que l’enseignement élémentaire sur lequel porte l’effort de dédoublement des classes de CP et CE1, ne bénéficie que de 1,82 % d’augmentation.

En termes d’évolution des plafonds d’emplois, la mission connait avec 1 024 350 emplois, une croissance de 3736 « équivalents temps pleins travaillés » (ETPT), incluant 910 emplois pour « mesures de périmètre », 378 emplois relevant de la jeunesse et 100 emplois pour le programme 139. Observons que le programme 141 (second degré public) se voit retirer 1800 emplois alors même que les collèges et lycées devraient connaître une augmentation d’effectifs de 28 000 élèves en 2021 [7]. 1000 emplois supprimés seront compensés par des heures supplémentaires par année (HSA). La commission elle-même attire cependant l’attention du ministre sur le fait que ces heures supplémentaires années ne peuvent pas être toutes utilisées pour des raisons d’emploi du temps…

Au total, les grands équilibres budgétaires du système éducatif restent inchangés. Malgré le lourd satisfecit pro domo décerné par la présidente de la commission au Gouvernement et un technolangage convenu : « le budget 2021 témoigne de la poursuite des efforts conduits depuis le début du quinquennat pour réinvestir dans la recherche et dans l’éducation…/… », et plus loin, dans « l’exposé des motifs » : « sanctuarisation des effectifs dédiés à la jeunesse et au capital humain, en particulier au ministère de l’Éducation nationale », il est impossible de percevoir dans ce budget et dans les rapports annuels de performances qui le sous-tendent [8] une quelconque analyse lucide de la situation de notre système éducatif et a fortiori, l’ébauche d’un discours stratégique pour restaurer l’ambition — cruciale pour notre avenir — d’une école efficace.

Aucun débat parlementaire sur l’efficacité de notre système éducatif et sur la pertinence de la politique éducative du Gouvernement n’est conduit. Par exemple : le fait que les écarts de performances entre les secteurs de l’éducation prioritaire et le secteur hors éducation prioritaire continue de se creuser malgré les coûteux dédoublements des classes de CP et de CE1, à quoi s’ajoutera bientôt celui des grandes sections de maternelle, ne mériterait-il pas un débat approfondi sur la pertinence du maintien d’un secteur et du concept même d’éducation prioritaire, sans même parler de la répartition des budgets actuels ?

Un ministère pourtant bien informé !

Pourtant, le Ministre pourrait documenter de manière « robuste » l’état dans lequel se trouve aujourd’hui notre système éducatif, puisque le ministère dispose depuis la création de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) sous René MONORY, de tableaux d’indicateurs diachroniques et synchroniques de grande qualité.

Que disent les chiffres du Ministère de l’Éducation Nationale sur « l’état de l’école » [9] ?

S’agissant de la « priorité au 1er degré » dont le ministre a fait sa signature politique, on note dans « L’état de l’école » que les moyens consacrés au 1erdegré sont en constante augmentation… depuis 1980 ! Et que malgré cela, la France reste pour le premier degré en dessous de la moyenne de l’OCDE en matière de moyens. Les 1 688 emplois nouvellement affectés au programme du premier degré, rapportés à 343 278 apparaissent alors comme une contribution bien modeste à la « priorité nationale », tout comme les 400 millions d’euros de mesures catégorielles, rapportées aux 23 655 983 539 euros du budget 140…

Quant à la diminution de la taille des classes, dont même le Président de République a cru bon d’en faire un de ses marqueurs politiques, elle n’est rendue possible que par la diminution sensible des effectifs d’élèves du premier degré jusqu’en 2024, puisqu’entre 2018 et 2023 le premier degré public aura perdu pour de simples raisons démographiques 164 600 élèves (sur plus de 4 millions). Rien de tout cela n’est évoqué dans le débat parlementaire.

La priorité réelle demeure donc accordée au second degré et tout particulièrement au lycée d’enseignement général et technologique (LEGT), « la dépense par élève dans le second cycle de l’enseignement secondaire en France est sensiblement au-dessus de la moyenne de l’OCDE » [10] et « en moyenne le nombre d’élèves par enseignant est moins élevé dans le second degré que dans le premier degré » [11].

S’agissant de la réduction de la fracture sociale au sein du système scolaire, autre mantra ministériel (cf. « école de la confiance et de la bienveillance »), les indicateurs de « l’État de l’école » sont dépourvus d’ambiguïté : « des inégalités sociales de résultats qui persistent » : « à la rentrée 2019, la proportion d’élèves qui sont de milieu défavorisé…/… est supérieure à 48, 6 %  dans le quart des collèges les plus défavorisés et inférieure à 23,2 % dans le quart des collèges les plus favorisés » [12] et « des niveaux de compétences plus fragiles dans le Nord et le DROM ».

Quant à la fracture territoriale, il n’est que de se référer à la carte des résultats des évaluations nationales de 6e, page 53 de ce précieux document, pour illustrer le caractère proprement incantatoire des déclarations ministérielles.

Au total et en résumé.

« Rien de nouveau sous le soleil ». Le système éducatif de notre pays poursuit sa lente course routinière, entrecoupée de chocs de plus en plus violents résultant de son incapacité à réduire les fractures sociales, culturelles et territoriales. Il s’agit bien entendu notamment de la remise en cause de ses fondements en particulier par l’islamisme conquérant, nulle part évoqué lors du débat parlementaire. Les perspectives d’ascension sociale pour les jeunes Français défavorisés, l’élévation effective du niveau d’instruction de notre jeunesse ainsi que la tenue du rang de notre Nation dans le monde dans les décennies à venir sont tout bonnement absentes du débat parlementaire et passées par pertes et profits.

Il y aurait bien sûr des alternatives à cette politique du laisser-aller et du laisser-faire.

Un seul exemple : le nombre d’enseignants rapporté au service qu’ils dispensent est en soi une question qui mériterait que la représentation nationale s’y intéresse… En RFA, il y a moins d’enseignants qui travaillent davantage et sont beaucoup mieux payés que les nôtres… Il s’agit bien d’un problème systémique, qui requiert une réforme systémique.

L’énorme vaisseau, qui devait porter l’ambition, la foi au progrès, la vitalité, les espérances de notre Nation et de notre civilisation, dérive… Il est privé de compas et de pilote.

A la lecture de l’exposé des motifs et à celle du budget que la Nation consacrera en 2021 à l’éducation de ses enfants, l’évidence s’impose : l’école de la République n’est ni pilotée ni gouvernée. Tout au plus est-elle administrée, non sans démagogie, hélas [13].