lundi 25 avril 2016

Euthanasie : Condamner le suicide mais approuver l'aide à mourir...

Lise Ravary et Andrew Coyne (Le suicide assisté nous rend tous complices de la mort d’autrui) s’inquiètent du projet de loi fédérale sur l’euthanasie (C-14) imposée en quelque sorte par la décision de la Cour suprême non élue du Canada que nous avions déjà critiquée : Suicide assisté : décision disproportionnée de la Cour suprême dans ses effets prévisibles et potentiels ?.

Pour Andrew Coyne, il est désormais clair ce que le « suicide assisté » signifie et ce qu’il ne signifie pas. Il ne s’agit pas du droit d’adultes sains d’esprit de mettre fin à leur propre vie ou de refuser un traitement qui pourrait sauver : ce droit existe longtemps et il n’est pas remis en question.

Selon Andrew Coyne, le suicide assisté ne vise pas à soulager la douleur des mourants, mais à soulager la douleur des vivants
En effet, il ne s’agit pas du tout d’adultes sains d’esprit qui souffriraient des douleurs insupportables à l’article de la mort. C’est sans doute la façon dont la plupart des gens voient la question et c’est peut-être la façon dont elle est encore justifiée par ceux qui ne font pas attention. C’est peut-être encore, pour l’instant, les limites énoncées dans le projet de loi C-14, une loi fédérale autorisant « l’aide médicale à mourir ».

Mais il est également clair que nous n’en sommes qu’au début. Ce qui constituait naguère les limites les plus extrêmes imaginables, quelque chose autorisé que dans quelques autres pays sur la Terre, est devenue la ligne de base. Les sénateurs, armés d’aucun mandat démocratique, qui promettent de retarder ou d’abroger le projet de loi n’y opposent pas parce qu’il va trop loin : parce que, par exemple, il ne nécessite pas dans tous les cas le consentement du patient, car il permet à une autre adulte de signer en leur nom ; ou parce que la période d’attente de 15 jours est facultative, à la discrétion du médecin ; ou parce qu’il ne nécessite pas que la mort soit imminente et inévitable, mais seulement qu’il soit « raisonnablement prévisible ». Pour ce carnet, la mort est raisonnablement prévisible dès la naissance...

Non, la raison pour laquelle le projet de loi est critiqué par ces sénateurs c’est qu’il n’irait pas assez loin : en particulier, car il ne permet pas la mettre la fin aux jours des enfants, ni à ceux des malades mentaux, ni à ceux qui prévoient officiellement leur disparition à l,avance de peur de ne pouvoir consentir à leur suicide assisté le moment venu. Pire encore, le projet de loi oserait encore exiger pour ces sénateurs que la mort soit vaguement à l’horizon : la souffrance physique ou psychologique ne suffirait pas. Les sénateurs reprochent cette condition qui n’est pas stipulée dans la décision de la Cour suprême de l’année dernière, laquelle décision est brusquement devenue parole d’Évangile.

Pour Lise Ravary, « nous a chanté la sérénade à l’effet qu’il existe un vaste consensus autour de la loi québécoise, admirablement élaborée dans un contexte non partisan, mais rapidement, des voix dissidentes se sont fait entendre, tant du côté des médecins que des patients, certains trouvant que la loi n’allait pas assez loin. Qu’elle devrait permettre aux personnes souffrantes, mais dont la vie n’est pas menacée, d’être admissible à l’aide à mourir. »

Le Canada pourrait le permettre — et le Québec devrait suivre —, car son projet de loi retire la condition de fin de vie pour la remplacer par cette phrase ambigüe : « la mort naturelle est devenue raisonnablement prévisible compte tenu de sa l’ensemble de sa situation médicale, sans pour autant qu’un pronostic ait été établi quant à son espérance de vie. »

De plus, C-14 permet aux médecins, infirmiers ou pharmaciens d’aider activement une personne qui souhaite se donner la mort elle-même. Mais ce projet de loi ne permet pas l’aide à mourir dans les cas de maladie mentale ou pour les mineurs. Ni ne permet de signer une autorisation à l’avance « au cas où », un jour, la personne sombre dans la démence.

Bien sûr, des zélotes des droits individuels crient déjà que C-14 ne va pas assez loin... Un jour, pas très lointain, on leur donnera raison, n’ayez crainte.

Lise Ravary rapporte avoir entendu un collègue chroniqueur en vue dire à la radio : « Prenons ce qu’on nous donne maintenant. Un jour, la loi sera plus permissive ».

Nous sommes émus à en pleurer quand un jeune dépressif se donne la mort, mais le lendemain, nous pouvons discuter calmement de la possibilité de permettre à un autre jeune qui souffre de dépression de « se faire suicider » par un professionnel de la santé.

La Belgique en déroute

Depuis l’adoption de sa loi sur l’euthanasie, à son honneur, c’est le terme qu’elle emploie, la Belgique glisse allègrement vers la permissivité totale.

L’an dernier, le magazine The New Yorker a raconté aux Américains médusés l’histoire de la Belge Godelieve de Troyer qui s’enfonçait dans la dépression après une rupture amoureuse. De plus, elle ne s’entendait pas très bien avec ses enfants. Elle a choisi l’euthanasie. Ce qui fut accordé.

Au fil des ans, la Belgique a euthanasié des autistes, des dépressifs, des transgenres, des anorexiques, des personnes souffrant du trouble de la personnalité limite, comme Stéphanie St-Jean, la gagnante de La Voix, des personnes affligées du syndrome de fatigue chronique, des sourds et muets, des enfants, des bipolaires, des paralysés partiels, etc.

Depuis cinq ans, le nombre de personnes euthanasiées ou « suicidées » en Belgique a augmenté de 150 %. En Hollande, il a doublé.

Au Québec, on nous a répété pendant des mois que les cas d’aide médicale à mourir seraient rarissimes. Or, chuchotent des professionnels de la santé à qui j’ai parlé, c’est tout le contraire qui se passe depuis la mise en application de Mourir dans la dignité.

Il y aurait foule au mouroir, mais le gouvernement refuse de donner des statistiques.

Selon Andrew Coyne, normaliser le suicide amènera des changements sociaux significatifs. Il ne s’agit pas que d’une question de droits individuels. Ce dont nous refusons de discuter, trop apeurés par notre propre mort, et le risque relativement élevé de souffrir avant que notre lumière ne se ferme pour toujours.

Ou tout simplement parce que nous manquons de courage et que nous sommes mal équipés intellectuellement et moralement pour s’engager dans un débat en profondeur sur le sens de la vie, de la mort et de la souffrance humaine dans un contexte social.

Un exemple : les jeunes, qui ont grandi dans un vide moral, et à qui on essaie de faire comprendre que le suicide n’est jamais la solution, doivent bien se bidonner devant notre enthousiasme pour l’euthanasie ou le suicide assisté, dignement ou pas.




Le néoféminisme dynamité

Nous avions déjà parlé de l’essai Adieu mademoiselle, d’Eugénie Bastié. Mathieu Bock-Côté a rencontré Eugénie Bastié lors d’un voyage récent en France, il a lu son essai. On trouvera ci-dessous des extraits de sa recension.

Adieu Mademoiselle. C’est le titre du premier ouvrage d’Eugénie Bastié, jeune journaliste au Figaro et figure ascendante de la nouvelle génération conservatrice dans l’espace médiatique français, où elle mène une critique aussi puissante que réfléchie du néoféminisme dominant.

[...]

Au cœur du livre d’Eugénie Bastié, on trouve une critique de la tentation de l’indifférenciation qui domine le féminisme contemporain et qui s’exprime principalement dans la théorie du genre, pour qui le féminin et le masculin sont de pures constructions historiques qu’il faudrait aujourd’hui démanteler pour permettre à l’individu de s’émanciper de toutes les formes possibles d’assignation sexuelle ou identitaire. 

Nous sommes devant un féminisme paradoxal qui ne croit plus à l’existence de la femme (même s’il souhaitera aussi radicaliser l’exigence paritaire, comme c’est aujourd’hui la mode, parce qu’on est en 2015, comme l’a dit à sa manière Justin Trudeau) et qui souhaite tout jeter par terre et reprendre à zéro dans l’histoire humaine en fabriquant dans le grand laboratoire social des créatures asexuées, ou du moins, qui décideraient chacun de leur propre identité sexuelle. On peut généraliser le propos : ce serait la tâche de chacun, dans sa vie, de se délivrer de sa naissance, de son sexe comme de son héritage historique. Il ne faudrait rien assumer et tout condamner. Comment ne pas voir là une forme de nihilisme où l’homme doit s’arracher au donné pour commencer à exister ?

L’abolition de la différence sexuelle vise l’aplatissement de l’humanité à la diversité presque infinie des individualités qui la composent. Selon la belle formule de Bastié, « l’originalité de la théorie du genre est bien là : passer de l’historicité de la différence des sexes, à sa caducité » (p.53). À terme, la liberté humaine ne serait véritable qu’en se soumettant au fantasme de l’autoengendrement : l’individu devrait tout simplement se créer lui-même, sans être déterminé par aucune filiation. L’homme contemporain rêve d’être un petit Dieu capable de toutes les métamorphoses et de tous les recommencements. On pourrait y voir l’héritage de Michel Foucault, qui est le véritable maître à penser de la sociologie contemporaine et des différentes chapelles radicales qui la définissent sur le plan académique et administratif. Quiconque ne s’enthousiasme pas pour cette perspective risque d’être qualifié de réactionnaire : une chose certaine, on lui trouvera quelques phobies pour ruiner sa réputation publiquement.

En un mot, la fameuse théorie du genre ne prétend pas nous en apprendre un peu plus sur la construction historique de la différence sexuelle à partir des prédispositions des deux sexes, mais entend la détruire complètement sous le fallacieux prétexte qu’elle ne serait pas identique à elle-même de toute éternité. On devrait pourtant pouvoir dire de la différence sexuelle qu’elle est à la fois un invariant anthropologique et qu’elle se déploie dans l’histoire et prend plusieurs visages selon les sociétés, les civilisations et les époques. Elle mue, elle se métamorphose, sans jamais disparaître. Mais la sociologie contemporaine semble bien impuissante devant cette réalité. [...]

Eugénie Bastié propose aussi dans son livre une critique implicite des sciences sociales qui ont la fâcheuse manie de réduire les rapports sociaux à des rapports de domination, en annihilant leur mystère, en les privant de leur complexité, de leur richesse. Il y a quelque chose d’insensé à voir le prestige que peut avoir une Judith Butler dans l’université contemporaine, dont la philosophe masque d’un vocabulaire vaseux ce qu’on pourrait appeler, pour emprunter les mots de Chantal Delsol, une « haine du monde ». Le discours universitaire entretenu par une certaine sociologie antidiscriminatoire qui présente l’histoire du monde occidental comme celle d’une vaste conspiration contre l’émancipation des minorités l’exaspère manifestement, qu’il s’agisse des théories sur l’intersectionnalité ou celles sur la discrimination systémique. Ce n’est pas avec de tels concepts, malheureusement populaires chez les jeunes universitaires qui croient avoir trouvé là des concepts permettant scientifiquement de déconstruire toutes les dominations, qu’on pourra vraiment penser la complexité des rapports entre les sexes en les délivrant d’une forme de méfiance systématisée.

La sociologie antidiscriminatoire prétend ne jamais se laisser bluffer par quoi que ce soit : elle croit disposer des outils théoriques nécessaires pour voir la société de manière absolument transparente, sans que rien ne lui résiste. Elle veut dissoudre la société historique, dévaluer toute forme de norme substantielle, qu’elle soit anthropologique ou culturelle, et créer un monde où les identités ayant pris forme dans une série de griefs victimaires pourraient enfin s’émanciper et se délivrer de l’idée même de monde commun. Elle pave le chemin à un monde intégralement reconstruit par la raison technocratique, où la culture se dissout devant la contractualisation intégrale des rapports sociaux, au nom de l’égalitarisme le plus radical. Et dans ce grand délire théorique qui n’en finit plus de célébrer toutes les marginalités possibles, les femmes ordinaires, elles, avec leurs besoins bien réels, sont abandonnées (p.81). Mais ce n’est pas d’hier que la gauche radicale abandonne les gens ordinaires pour les « exclus » à qui elle prête un potentiel révolutionnaire. C’est même la tendance lourde de la gauche dans la deuxième moitié du vingtième siècle.

Mais l’indifférenciation n’est pas la seule menace qui pèse sur les femmes. L’islamisme entend aussi, de bien des manières, les asservir. En fait, il représente aujourd’hui une menace directe contre la femme. Bastié veut aussi montrer comment la société multiculturelle peut être dangereuse pour les femmes. Bastié mène aussi la querelle contre une certaine lâcheté qui pousse certaines féministes à se faire bien discrète lorsque la violence sexuelle n’est plus commise par le grand méchant de notre temps, c’est-à-dire le mâle blanc occidental. C’est l’histoire des agressions massives de Cologne, qu’elle qualifie de « Bataclan sexuel » (p.115-128). Soudainement, on a vu bien des féministes se déclarer absentes du débat, de peur, comme elles l’ont dit, de voir le féminisme récupéré par le racisme anti-immigrant — car on l’aura compris, pour les féministes d’extrême gauche, qui se pique « d’antiracisme », la simple critique de l’immigration massive relève du racisme, et elles seront soudainement prêtes à relativiser leurs convictions féministes pour ne pas écorcher de quelque manière que ce soit le multiculturalisme dogmatique auquel elles adhèrent avec un fanatisme inquiétant. De même, pour plusieurs, on l’aura compris, s’interroger sur la place de la femme dans l’islam relève de l’islamophobie.

[Voir cet extrait d’un manuel d’ECR (Le rôle des femmes dans les religions selon le livre ECR d’ERPI pour la 2e secondaire) : On y remarque une certaine concentration sur l’ordination ou non des femmes aux charges religieuses pour le catholicisme, le protestantisme et le judaïsme, mais le passage sous silence de cet aspect pour l’islam et la spiritualité autochtone. En général, on note l’appel aux nuances et une certaine apologie (Mahomet aurait amélioré la situation des femmes en Arabie) quand il s’agit de l’islam et d’un grand lyrisme quand on parle de la spiritualité autochtone et du rôle traditionnel que les femmes y jouent.]

Mais cela va bien au-delà des seuls événements troublants de Cologne : ainsi, si la police du langage néoféministe guette le moindre dérapage « sexiste » dans le vocabulaire des uns et des autres ou la moindre publicité jouant sur la carte de l’érotisme — c’est-à-dire, reconnaissant la légitimité du désir d’un sexe pour l’autre, et ainsi de suite —, elle s’empêchera la plupart du temps de critiquer l’infériorisation objective de la femme dans une bonne partie du monde musulman, de peur d’entretenir des préjugés colonialistes à son endroit. « Les mêmes féministes de métier passent leur temps à traquer le moindre dérapage sexiste dans les spots publicitaires ou les discours politiques, mais restent singulièrement silencieuses sur la question du voile » (p.90). Il en est de même pour les questions morales. Pour reprendre les mots de Bastié, « fustiger les catholiques conservateurs ? Oui. Condamner les musulmans intégristes ? Non. Ou alors seulement du bout des lèvres » (p.91). Sans plaider pour un nouveau zèle législatif sur la question du voile, Bastié nous invite quand même à réfléchir à sa signification politique et culturelle.

On aurait tort de négliger les nombreuses pages que Bastié consacre aux nouveaux enjeux éthiques qui touchent les femmes, qu’il s’agisse de la gestation pour autrui ou des conditions de leur participation au marché du travail. Elle mène ici une réflexion vive qui en heurtera certains, mais qui a au moins l’immense mérite de la franchise. Sur la gestation pour autrui, qu’on connaît chez nous à travers le débat sur les mères porteuses, elle est d’une efficacité redoutable. De même, elle redoute un monde où la possibilité démocratisée de congeler ses ovules, offerte par l’entreprise à la manière d’une grâce faite aux femmes, consacrerait en fait leur soumission complète aux exigences du marché, qui aurait trouvé le moyen d’artificialiser radicalement la question de la reproduction. Elle en profite pour mener le procès de la marchandisation de toutes choses par le capitalisme contemporain qui dissout tout ce qui est traditionnel pour sacraliser les désirs d’un individu à qui il ne serait plus jamais possible de dire non. De même, elle s’inquiète du projet d’utérus artificiel, qui représenterait pour les femmes une ultime dépossession : on écraserait d’un coup leur rapport à l’enfantement — pour reprendre ses mots, « la création de l’utérus artificiel signerait, pour la femme, l’ultime dépossession de son privilège de maternité, accomplie de manière complice par l’autorité médicale et de la puissance capitaliste » (p.177).

À travers tout cela, Bastié nous invite à redécouvrir la femme réelle et sa singularité, pour en tenir compte dans la construction de notre monde et les réformes qui visent à l’humaniser. Ce serait faire une injustice à ce livre que de ne pas noter à quel point il est bien écrit. Les bonnes formules se multiplient, les images sont frappantes. Et on aurait envie d’en suggérer la lecture à celles et ceux qui se sont mêlés, il y a quelques semaines, de cet étrange débat québécois où chaque femme avec un tant soit peu d’importance médiatique était invitée à se dire féministe, sans quoi elle était vilipendée publiquement. Il fallait être féministe, et même l’être de manière assez vindicative, ou accepter d’être condamnée à l’ostracisme médiatique tout en subissant les crachats sur les médias sociaux. Adieu Mademoiselle éclaire remarquablement les enjeux qui touchent les femmes aujourd’hui. Nous sommes là devant un livre majeur, qui n’a rien d’un brulot polémique. C’est le livre d’une jeune intellectuelle sûre d’elle-même. À quand une Eugénie Bastié québécoise ? D’ici là, nous aurions tous avantage à lire son livre.

À lire

Adieu mademoiselle, d’Eugénie Bastié, Les Éditions du Cerf, 224 pages, 19 €.


Coûts de l'écologisme éolien au Québec : 23 milliards de $

Vingt-trois milliards c’est le coût indexé qui sera facturé aux 4 millions de clients d’Hydro-Québec pour les parcs existants.

Ces chiffres ont récemment été révélés pour la première fois par Hydro-Québec. Ils portent sur 39 contrats éoliens qui ont progressivement été indexés depuis 2006.

« Ce fut une aberration de subventionner avec les tarifs d’électricité l’énergie éolienne, une énergie dont on n’avait pas besoin puisqu’on était en situation de surplus au Québec » écrit Youri Chassin. « Il était grand temps qu’on arrête de signer de nouveaux contrats aussi désavantageux ».

Des augmentations de tarifs qui effacent les gains d’HQ

Comme on peut le voir dans le tableau ci-contre, les augmentations de tarifs d’électricité depuis 2013 (10,3 %), sont pratiquement essentiellement attribuables aux contrats signés (9,7 %) avec les producteurs privés d’énergie éolienne, et dans une moindre mesure avec les usines de cogénération de l’industrie papetière.

Par exemple, en 2013 et en 2016, la hausse des tarifs d’électricité aurait été de 3,4 % et de 1,5 % si on avait considéré que les coûts supplémentaires générés par l’énergie éolienne. Heureusement pour les consommateurs, les augmentations de tarifs ont été ramenées à 2,4 % et 0,7 % parce que la société d’État a réduit ses coûts de fonctionnement.

« Le consommateur n’aurait presque pas vu une différence sur sa facture » a déclaré à notre Bureau d’enquête le porte-parole d’Hydro-Québec Marc-Antoine Pouliot.


Voir aussi

Des nuisances de l’éolien

Les éoliennes coûtent un milliard aux Québécois

Énergies alternatives : scandales, mythes et perspectives

Ex-ministre Brassard : Québec exploitera-t-il le gisement Old Harry ou laissera-t-il Terre-Neuve seule le faire ?

Les énergies vertes : un tonneau des Danaïdes

Spiritualité autochtone, écologie et norme universelle moderne à l’école comme ailleurs



France — Face aux menaces du radicalisme musulman, le gouvernement socialiste serre la vis aux écoles libres

Face aux menaces du radicalisme musulman, le gouvernement socialiste en France a lancé une vague d’inspections des établissements hors contrat, pourtant ces établissements sont surtout laïcs et chrétiens. Le projet du gouvernement socialiste de durcir les procédures d’ouverture d’écoles suscite l’inquiétude.

L’enseignement privé hors contrat en France est majoritairement laïc. Comme il ne reçoit aucune subvention de l’État, il est par conséquent payant, mais possède une certaine autonomie quant aux programmes scolaires et une grande liberté quant à la méthode pédagogique.

Presque tous (97,3 % des élèves en 2011-2012), dans les établissements privés sous contrat (dit loi « Debré ») avec l’État, relèvent de l’enseignement catholique, mais il n’y a presque plus d’instruction catholique : ni la formation des enseignants ni le programme ne diffèrent d’avec l’enseignement public. Ces écoles sont subventionnées par l’État.

En finir avec « le laisser-aller », partager les « valeurs de la République ». C’est la mission que s’est donnée la ministre socialiste Najat Belkacem à l’égard des écoles privées hors contrat. S’ils ne sont pas tenus de respecter les programmes officiels, les établissements ne peuvent, insiste son cabinet, « s’affranchir de la nécessité de faire partager les valeurs de la République ».

Sur la vingtaine d’écoles inspectées (musulmanes, juives, chrétiennes, laïques), « six à huit » posaient problème. « Ni djihad, ni extrême droite, ni promotion de valeurs hostiles à la République [qu’est-ce que cela signifie : être contre l’immigration de masse ?] mais plutôt une pauvreté pédagogique, un trop faible niveau scolaire », précise-t-on au ministère. L’État ferme-t-il les nombreuses écoles publiques qui ont un trop faible niveau scolaire ?

Aujourd’hui, pour ouvrir une école hors contrat, une déclaration en mairie suffit. Le maire a huit jours pour vérifier que les locaux sont conformes aux normes d’hygiène et de sécurité. L’État, lui, a un mois pour s’opposer à la création d’un nouvel établissement. Mais le contrôle pédagogique n’intervient qu’a posteriori, dans l’année qui suit l’ouverture, puis tous les cinq ans environ. L’idée serait de passer à un contrôle a priori, sur la base du projet.

Cette réflexion laisse sceptique Sœur Marie-Irénée, directrice de l’Institution Saint-Pie X, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), sous tutelle des dominicaines du Saint-Esprit. « Personne ne va annoncer avant le lancement de son école qu’il entend tenir un discours radical aux élèves », fait-elle valoir. Si elle est convaincue que « le hors-contrat ne peut se situer hors de la société », le fait de devoir obtenir un feu vert avant toute ouverture exposerait ceux qui le sollicitent à un risque de refus « de la part de personnes qui ne seraient pas forcément objectives ».

Son établissement de jeunes filles a fait le choix du hors-contrat pour ses parties collège et lycée afin d’y proposer notamment « une formation littéraire plus ambitieuse que celle prévue par les programmes ». Il a été contrôlé « sans difficulté » en juin dernier. « Il serait injuste de pénaliser toutes les écoles hors contrat, alors que la prévention de la radicalisation ne se pose que dans une infime partie d’entre elles », estime, de son côté, Anne Coffinier (voir sa lettre ouverte ci-dessous), la présidente de la Fondation pour l’école, qui accompagne les projets d’établissements indépendants.

D’après elle, « la seule solution efficace consiste à pratiquer de manière régulière des contrôles inopinés ». Vouloir faire passer sous contrat un maximum d’écoles musulmanes afin de mieux les intégrer lui paraît tout aussi inopérant. « Dans le cas du hors-contrat, c’est l’ensemble de l’école que l’on contrôle, tandis que sous le régime d’association avec l’État, on inspecte les enseignants individuellement en moyenne une fois tous les sept ans. »

À ses yeux, du reste, le danger provient plutôt d’écoles « sauvages », non déclarées. « On assiste à un développement inquiétant de réseaux qui, sous couvert d’enseignement à domicile, embrigade les enfants », glisse-t-on au cabinet de Najat Belkacem. L’Association des maires de France, elle aussi, a alerté fin 2015 sur la multiplication des demandes de « déscolarisation ». Terme un peu ambigu en France qui signifie non seulement le fait de ne pas fréquenter une école en dur, mais évoque aussi défavorablement la non-instruction des enfants, ce qui est bien évidemment un abus de langage (on peut être très bien instruit à la maison avec l’aide au besoin de précepteurs).



Pousser les écoles musulmanes à passer sous contrat ? Inutile et même dangereux
par Coffinier, Anne*

Anne Coffinier lors de son passage
à Montréal en décembre 2013
Conclure des contrats « loi Debré » avec toutes les écoles musulmanes ne préviendrait en rien la radicalisation de certains de leurs élèves et empêcherait de surcroît toute ouverture d’école catholique sous contrat d’association, s’inquiète la directrice générale de la Fondation pour l’école*.

« Najat Vallaud-Belkacem dit vouloir lutter contre la radicalisation des jeunes à l’école. C’est en effet urgent. La logique voudrait qu’elle concentre son action sur l’école publique parce que les terroristes, même si c’est pénible à reconnaître, en proviennent. Il y a un énorme travail à accomplir dans les “écoles de la République”, tant l’hostilité à la France semble pouvoir s’y déployer facilement, sans doute alimentée par des programmes qui ne donnent pas assez de raison de l’aimer. Il faut aussi mettre un terme à l’antisémitisme qui se développe en toute impunité dans une partie des écoles publiques.

S’agissant du privé, on sait que la loi Debré de 1959 a institué la faculté, pour les établissements privés, de conclure avec l’État un contrat qui prévoit des droits et des obligations réciproques. Or, paradoxalement, le contrat loi Debré, en lui-même, n’empêche pas que se développent au sein de l’établissement un communautarisme de repli et une hostilité à la France et aux valeurs de la République. L’affaire du collège privé Averroès, sous contrat, l’a bien montré. Les contrôles portant sur les écoles privées sous contrat sont rares, une fois tous les sept ans en moyenne ; parcellaires, ils ne concernent que les professeurs isolément et non l’ensemble de l’établissement. Surtout, ces contrôles ne peuvent pas porter sur les matières qui ne relèvent pas de l’obligation scolaire, comme l’enseignement religieux. Rien n’empêche donc d’enseigner la charia dans un établissement sous contrat. Et rien n’interdit à une école sous contrat de recevoir des financements complémentaires en provenance de l’Arabie saoudite, du Qatar ou de l’Algérie, pour financer les investissements, les enseignements ou activités ne relevant pas de l’obligation scolaire.

De façon inattendue, le contrôle des établissements hors contrat est bien plus étoffé : les contrôles doivent intervenir l’année d’ouverture puis tous les cinq ans ; ils sont étendus à l’ensemble de la vie et des enseignements de l’établissement, et portent sur le développement affectif, intellectuel et civique des enfants. Il ne tient qu’à l’Éducation nationale de diligenter courageusement toutes les inspections prévues. Nul besoin de changer la loi. Le projet de Najat Vallaud-Belkacem de passer sous contrat loi Debré les écoles musulmanes existantes pour prévenir la radicalisation n’est donc pas une solution pertinente. De surcroît, les foyers de radicalisation principaux se situent pour l’essentiel dans des lieux d’enseignement qui ne sont pas déclarés comme des écoles, mais sont en lien avec des lieux de prière eux-mêmes non répertoriés. On les trouvera aussi dans certaines écoles coraniques, qui prennent en charge les enfants durant le temps périscolaire. Par conséquent, les contrôles renforcés sur les écoles hors contrat ne les concerneront en rien.

Par ailleurs, la décision de conclure des contrats loi Debré prioritairement avec les écoles musulmanes aurait pour conséquence certaine de créer des tensions politiques et religieuses fortes en France. La raison en est simple, mais peu connue : les gouvernements successifs n’ont jamais remis en cause l’accord politique des 80-20 % mis en place au lendemain des grandes manifestations de 1984 pour la liberté scolaire. Selon cet accord, l’ensemble de l’enseignement sous contrat ne doit pas scolariser plus de 20 % des élèves. Ainsi, si des écoles musulmanes passent sous contrat, c’est autant d’établissements catholiques ou non confessionnels qui seront privés de contrat et de financements publics.

Si l’on ajoute le projet du ministère de l’Éducation nationale de passer sous contrat les écoles musulmanes à celui de renforcer les contrôles sur le hors contrat en rendant plus difficile l’ouverture de nouveaux établissements libres par la mise en place d’un régime d’autorisation préalable, on arrive à un résultat paradoxal en raison de la persistance anachronique et difficilement justifiable des 80-20 % : les écoles musulmanes seraient financées sur fonds publics, sans être sensiblement plus contrôlées ; les ouvertures d’écoles catholiques ou non confessionnelles seraient quasi impossibles en raison de la procédure d’autorisation préalable. Et pour corser le tout, la politique du gouvernement entretiendrait des rivalités malsaines entre les différentes confessions.

Si l’on veut prévenir les risques de radicalisation à l’occasion de l’enseignement, il vaut mieux concentrer notre énergie sur les décisions suivantes : mobiliser les services pour détecter rapidement tous les lieux d’enseignement clandestins et les fermer, interdire de délivrer les enseignements profanes ou religieux exclusivement en arabe, prohiber les financements étrangers, réconcilier les musulmans avec l’école publique en la dépolitisant et en la recentrant sur l’instruction, et surtout mettre en place des contrôles inopinés sur tous les établissements, qu’ils soient publics, sous contrat ou hors contrat, par des corps d’inspection enrichis de compétences antiterroristes issus du ministère de l’Intérieur et notamment d’arabisants confirmés.

Il n’y a aucune raison que les écoles (hors contrat ou sous contrat) catholiques, juives, protestantes ou aconfessionnelles fassent les frais de la lutte contre le péril islamiste qui menace notre pays. »


* Ancienne diplomate de carrière et ancienne élève de l’École normale supérieure et de l’École nationale d’administration. La Fondation pour l’école est une fondation reconnue d’utilité publique.

Voir aussi

Anne Coffinier sur la liberté scolaire, les réformes du système scolaire, le financement des écoles

Compte rendu du colloque international sur l’éducation catholique tenu à Montréal


France — « C’est dans les écoles libres qu’on trouve les meilleures formations »



Le correctivisme politique dans les universités anglo-saxonnes

La peur d’offenser autrui est-elle en train de tuer le débat dans le monde académique anglo-saxon ? En Grande-Bretagne, les polémiques se multiplient sur les restrictions à la liberté d’expression dans les campus. Aux États-Unis, le politiquement correct fait également son grand retour.



Source : radio-télévision suisse

Voir aussi

Des universités politiquement correctes qui doivent « protéger » leurs étudiants


Angleterre — Toutes les écoles publiques deviendront des « académies » d'ici 2020


Les « académies » en Angleterre sont des écoles financées par le Trésor public, mais dont la gestion est confiée à un partenaire privé qui peut être une entreprise, une association de parents. Elles sont des organismes sans but lucratif indépendants de l’administration locale. Les académies dérogent aussi à l’accord professionnel sur les salaires enseignants et sur les programmes nationaux. Les Académies peuvent recevoir un soutien supplémentaire de la part de particuliers ou d’entreprise, que ce soit financièrement ou en nature. Elles ne doivent pas suivre le programme national, mais doivent cependant veiller à ce que leur programme soit large et équilibré et qu’il comprenne les matières de base que sont les mathématiques et l’anglais. Elles font l’objet d’une inspection par l’Ofsted.

Lors de la présentation du nouveau budget, le 17 mars dernier, le ministre anglais des Finances, George Osborne, a annoncé la privatisation de toutes les écoles publiques d’ici 2020. C’est l’achèvement d’un processus de décentralisation et de responsabilisation commencé en 2010. Lorsque David Cameron devient Premier ministre en mai 2010, l’école anglaise est dans une situation lamentable. Fidèle à son projet de Grande Société, le nouveau gouvernement décide de réformer l’école en injectant plus de liberté, et non pas plus d’étatisme. Dès la rentrée de septembre 2010, le gouvernement donne la possibilité de créer des « écoles libres ». Il s’agit d’écoles fondées par des parents, des entreprises ou des associations et financées par l’État par un système qui s’apparente au chèque éducation. Ces écoles libres peuvent recruter leur personnel, bâtir leurs programmes et organiser librement l’année scolaire. Le succès est immédiat puisque des centaines d’écoles libres se créent.

Dans le même temps, le gouvernement cherche à insuffler de la liberté dans les écoles d’État. Pour cela, il développe le statut d’Académie. Ce sont des écoles publiques, financées par de l’argent public, mais qui disposent d’une gestion privée, avec les mêmes prérogatives que les écoles libres (liberté de recrutement et de pédagogie). Ce système n’est valable qu’en Angleterre, l’Écosse et le Pays de Galles ayant une gestion scolaire différente.

L’Angleterre compte déjà 2 075 académies dans le secondaire, sur 3 381 écoles, et 2 440 sur 16 766 dans le primaire. Le but du gouvernement est donc que l’ensemble des écoles publiques d’Angleterre acquiert ce statut dans quatre ans. Voilà comment en six ans, par la primauté donnée à la liberté, le gouvernement de David Cameron a totalement réformé l’école, permettant à la fois de faire d’importantes économies et d’améliorer le niveau scolaire.

Sources : Contrepoints, BBC

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Angleterre — La révolution des académies et des écoles libres


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