jeudi 25 mars 2021

Québec — Indice de fécondité pour 2020 est tombé à 1,52 enfant/femme, il était de 1,57 en 2019

En 2020, 81 850 bébés sont nés au Québec, soit une baisse de 3 % par rapport à 2019 (84 300). L’indice synthétique de fécondité est de 1,52 enfant par femme, moins qu’en 2019 (1,57 enfant par femme). La très grande majorité des bébés nés en 2020 ayant été conçus avant que les mesures pour contrer la pandémie de COVID-19 ne soient instaurées au Québec, l’effet possible de ces mesures sur le nombre de naissances ne devrait se faire sentir pleinement qu’à partir de l’année 2021. 

Tout laisse à penser que le nombre de naissances en 2021 pourrait être encore plus bas que celui de 2020, en effet non seulement le nombre de projets matrimoniaux est en chute libre, mais nous avons déjà des chiffres pour les enfants conçus depuis le début de la pandémie (mars 2020). Or le nombre de naissances de décembre 2020 au Québec et de janvier 2021 en France est en très forte baisse. En France, le nombre de naissances en janvier 2021 a chuté de 13 % par rapport à janvier 2020, alors qu’au Québec le nombre de naissances en décembre 2020 (6 350) a chuté de près de 6 % par rapport à décembre 2019 (6 750).

L’Ontario, en revanche, a connu une légère augmentation de ses naissances passant de 140 541 naissances en 2019 à 144 106 en 2020, soit +2,5 %.


La population québécoise est estimée à 8 576 000 habitants au 1er janvier 2021, soit 19 300 personnes de plus qu’un an auparavant. Ce gain est beaucoup plus faible que ceux enregistrés au cours des années précédentes. En effet, en 2019 la croissance avait été de près de 110 000 personnes. Cet important ralentissement, lié à la pandémie de COVID-19, s’explique par une réduction majeure des gains migratoires internationaux et, dans une moindre mesure, par une hausse des décès et une baisse des naissances.


 

Le nombre d’immigrants admis au Québec en 2020 s’est grandement réduit. Le Québec a accueilli 25 200 immigrants, comparativement à 40 600 l’année précédente.

On note également une très forte diminution du solde des résidents non permanents en 2020 au Québec (travailleurs temporaires, étudiants internationaux, demandeurs d’asile). Ce solde est passé d’un sommet de 60 700 en 2019 à – 9 900 en 2020. Un solde négatif signifie qu’il y avait moins de résidents non permanents à la fin de l’année qu’au début.

Ces diminutions sont liées aux restrictions instaurées aux frontières à compter de la mi-mars 2020 pour freiner la progression de la pandémie de COVID-19.

La pandémie n’a toutefois pas fortement affecté les échanges migratoires entre le Québec et les autres provinces canadiennes. Le Québec continue d’enregistrer des pertes au profit des autres provinces, mais le déficit de 2020 (– 1 700 personnes) est semblable à celui de 2019 (– 1 500 personnes).

Source : Institut de la statistique du Québec

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Québec — Taux de natalité d’environ 9,57 ‰ en 2020, le pire de l’histoire du Québec ?

Note

Le taux de natalité est un calcul simple (que nous pouvons faire dès l’annonce du nombre des naissances) : il suffit de diviser le nombre de naissances par le nombre d’habitants du Québec à une date fixe. On l’exprime en naissances pour mille habitants (‰).

L’indice synthétique de fécondité (ISF) est plus complexe à calculer, mais représente mieux le taux de remplacement de la population. Il s’agit du nombre d’enfants estimé par femme en âge de féconder. On considère que, dans un pays développé, il faut 2,1 enfants/femme pour assurer le remplacement des générations.

On comprend donc que le taux de natalité de 2020 soit probablement le plus bas de l’histoire du Québec alors que l’indice (ISF) de la même année n’est qu’un des plus bas de l’histoire du Québec (il a été plus bas en 1987 avec 1,359 enfant/femme) : il n’y a jamais eu autant de vieux (qui ne sont plus féconds) au Québec. Le taux de natalité est donc divisé par un nombre de personnes dont une grande partie de nos jours ne peut plus avoir d’enfants. C’était nettement moins le cas au début du XXe siècle, car les gens vivaient moins vieux. L’indice synthétique de fécondité (ISF), lui, n’est divisé que par le nombre de femmes en âge de donner naissance. Le nombre de vieux n’a donc pas d’impact sur cet indice.

Implosion de la natalité en Corée du Sud : moins 0,84 enfant/femme, il en faut 2,1 pour remplacer les parents

Selon les données de Statistique Corée (KOSTAT) publiées le 24 mars, le nombre de nouveau-nés en Corée du Sud est tombé à son plus bas niveau en janvier.


Un total de 25 003 bébés sont nés en janvier, en baisse de 6,3 % en glissement annuel, selon les données.

Il s’agit du plus faible chiffre pour un mois de janvier depuis 1981, année où l’agence a commencé à compiler de telles données. À l’époque, la population de la Corée était 25 % moins grande qu’actuellement.

La Corée du Sud se bat contre la baisse continue des naissances alors qu’un grand nombre de jeunes repoussent leur mariage ou renoncent à se marier ou à avoir des enfants sur fond de prolongation du ralentissement économique.

Le taux de fécondité du pays, le nombre moyen d’enfants qu’une femme est susceptible d’avoir au cours de sa vie, a chuté au plus bas historique de 0,84 l’année dernière, marquant la troisième année consécutive où le taux est tombé en dessous de 1. À ce rythme, chaque génération sera plus de 2 fois plus petite que la précédente.

En outre, 27 181 personnes sont décédées en janvier, en baisse de 4,3 % par rapport au même mois de l’année dernière.

La population du pays a donc diminué de 2 177 sur un an le mois en question, représentant la 15e baisse mensuelle consécutive.

La Corée du Sud a rapporté sa première décroissance démographique naturelle l’an passé alors que le nombre de décès a dépassé celui des nouveau-nés sur fond de vieillissement rapide et de faible taux de natalité du pays.

Par ailleurs, le nombre de couples mariés s’est élevé à 16 280 en janvier, en baisse de 17,9 % sur un an.

Le chiffre est le plus bas pour un mois de janvier depuis 1981, année où l’agence a commencé à recueillir des données concernées. Il s’agit aussi du plus fort recul jamais enregistré en glissement annuel depuis janvier 1997, mois où le nombre de couples mariés s’est contracté de 22,9 %.

Le nouveau coronavirus (Covid-19) et les restrictions antivirus plus strictes ont forcé de nombreux jeunes couples à reporter leur mariage.

Les divorces ont baissé de 5,2 % sur un an à 8 272 en janvier.

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Analphabétisme — 47,8 % des Québécois et un quart des diplomés universitaires peinent à comprendre un texte complexe

Lire un article du journal peut sembler simple, mais pour près de la moitié des Québécois, cela relève du défi. Malgré un progrès certain, l’analphabétisme demeure un fardeau pour près de 2,5 millions de Québécois, selon une étude commandée par le Fonds de solidarité FTQ.

Entre 2012 et 2020, la proportion de Québécois qui peinent à comprendre un texte complexe serait passée de 53,2 % à 47,8 %. L’analyse publiée mercredi indique que ces progrès proviendraient surtout du remplacement des générations des plus âgées par une cohorte de jeunes plus scolarisés.

Cependant, toutes les classes sociales, tous les groupes d’âge et toutes les régions du Québec comportent leur lot d’analphabètes, se désole le président de la Fondation pour l’alphabétisation, André Huberdeau. « Même les gens en maîtrise à l’Université ! Vous seriez surpris. Parfois, je recevais des rapports ou des examens et j’étais obligé de lire à voix haute pour comprendre ce qu’il me disait. » Selon les estimations de l’étude, près d’un quart des Québécois avec un diplôme universitaire seraient considérés comme analphabètes fonctionnels.

L’analphabétisme débute lorsque les textes moindrement difficiles donnent du fil à retordre, selon M. Huberdeau. « Vous comprenez les mots qui sont là, mais dès que ça devient un peu complexe, un peu compliqué, vous décrochez. »

La tâche devient rapidement impossible dans une époque où le numérique se retrouve partout. André Huberdeau cite un exemple parmi d’autres : une entreprise de porte et fenêtre qui décide d’informatiser son entreprise.

« Les machines fonctionnaient bien, mais les employés avaient de la difficulté à rentrer en interaction avec la machine. La machine produisait des rapports qu’il fallait comprendre pour calibrer la machine et qu’elle soit plus précise. C’est là qu’on s’est aperçu que la majorité des travailleurs de l’entreprise avaient de la difficulté à lire et à écrire. Dans le fond, on investit des centaines de milliers de dollars dans la machinerie, mais les employés du jour au lendemain devenaient inefficaces, improductifs. »

L’étude suggère que le seul fait de combler l’écart entre le Québec et l’Ontario au sujet de l’analphabétisme permettrait à la belle province d’économiser 4,9 milliards de dollars.

Le rôle des entreprises

Dans les résidences de personnes âgées dont il assure la gestion, Frédéric Soucy est à même de constater les coûts de l’analphabétisme. D’une part, nombre de ses employés sont nés à l’étranger et ne possèdent pas un niveau standard de français. D’autre part, l’omniprésence des technologies force tous ses employés à savoir manier mots et écrans. « Pour les gens qui prennent soin des aînés, tout fonctionne maintenant sur un téléphone intelligent », relate-t-il. « Ils voient leur journée sur l’informatique. Si tu n’es pas capable de lire la tâche, ça devient compliqué. »

Ce n’est pas qu’au ministère de l’Éducation et aux professeurs qu’incombe la tâche d’apprendre à lire et à écrire. Il en va d’un « devoir corporatif » d’assurer une formation continue, fait remarquer le président de la Société de gestion Cogir. « Il faut faire réaliser à ces gens que leur potentiel, ce n’est pas nécessairement de rester dans le poste qu’ils ont. Il faut regarder les postes qui sont au-dessus et où il y a un besoin de littéracie ou de numéracie plus fortes. Si on peut les aider, ça va être accessible pour eux. On va payer les formations. »

Le vice-président au centre de formation économique du Fonds de solidarité FTQ, Serge Cadieux, abonde dans le même sens. Différents programmes existent au Québec pour assurer la mise à niveau des employés. « Les nouveaux emplois qui arrivent sur le marché du travail nécessitent une compréhension de texte qui est un peu plus complexe que de lire une étiquette qui est simple. Les emplois sont plus techniques et demandent un meilleur niveau en littéracie. »

André Huberdeau signale que, malgré les progrès, le Québec demeure au dixième rang canadien en termes de littéracie. Pour réécrire la statistique, il n’y a pas de solution unique. « Il faut s’adapter. Mais, la formation en entreprise sera une des clés du succès. »

Source : Le Devoir

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Québec — Analphabétisme fonctionnel et diplomation sont en hausse

Traitement de façade ? Le décrochage au Québec est-il vraiment en baisse ? (2015)

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Diplômer tout le monde au Québec : médailles en chocolat ? (2011)

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https://www.erudit.org/revue/haf/1985/v39/n1/304327ar.pdf

Budget genré aujourd'hui, budget racisé demain ?

La philosophe Bérénice Levet analyse dans le Figaro la portée de l’adoption par la mairie de Lyon d’un « budget genré », l’influence de la théorie du genre et la question de son lien avec le décolonialisme. Bérénice Levet est l’auteur du « Musée imaginaire d’Hannah Arendt » (Stock, 2011), de « La Théorie du genre ou le Monde rêvé des anges », préfacé par Michel Onfray (Livre de poche, 2016), du « Crépuscule des idoles progressistes » (Stock, 2017) et de « Libérons-nous du féminisme ! » (Éd. de l’Observatoire, 2018).

LE FIGARO. — La mairie de Lyon a mis en place un « budget genré » pour adapter le budget de la municipalité au souci de l’égalité hommes-femmes. Que vous inspire cette initiative ?

Bérénice LEVET. — Cette initiative n’a rien de très surprenant, la toute première mesure du maire Europe Écologie-Les Verts de la ville de Lyon, Grégory Doucet, fut l’adoption de la langue inclusive dans la communication municipale. Ces villes dont les écologistes sont les princes sont les laboratoires d’expérimentation d’une conversion de la France à des principes qui lui sont non seulement étrangers, mais contraires. Or, le prisme identitaire, qui préside à cette politique, est un produit d’importation, forgé sur les campus américains.

Rien de surprenant donc, mais tout en revanche de fort préoccupant car « un budget sensible au genre », cela signifie, par exemple, que le musée des Beaux-Arts, qui recèle des trésors, mais des trésors qui ont pour défaut, aux yeux de nos activistes, d’avoir été peints par des hommes, devra veiller à exposer autant d’œuvres d’artistes masculins que d’artistes femmes et donc non seulement remiser au placard bien des tableaux, mais revoir intégralement sa politique d’acquisition des œuvres. Désormais, foin de la beauté, foin de l’importance historique d’un tableau, seul le sexe importera et décidera des achats du musée.

C’est en outre une véritable boîte de Pandore. Leur politique sexuée, « binaire », pourrait être dénoncée comme « discriminante », que font-ils des transgenres, des « queer », des non-binaires, c’est-à-dire de ceux qui ne s’identifient à aucun sexe, ceux qui changent d’identité au gré de « leur ressenti » ?

Et puis, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? « Budget genré » aujourd’hui, pourquoi pas « budget racisé » demain ? Les « minorités » vont réclamer leur dû. Pourquoi le musée des Beaux-Arts ne serait-il pas sommé d’exposer non seulement des œuvres issues des minorités, mais aussi les représentant ? Et d’ailleurs, tout porte à croire, et à craindre, que même sans prononcer le mot de « budget racisé », le maire de Lyon n’adopte la chose. Le programme du candidat Doucet en portait implicitement la promesse : au chapitre « Lyon émancipatrice », le futur maire de Lyon s’engageait à œuvrer à « la valorisation des cultures non dominantes (où l’on vérifie que l’écologiste ne parle seulement la langue des néo-féministes, il maîtrise aussi très bien la langue des indigénistes) et de la mémoire et de la culture des migrations ». Et d’ailleurs, l’amputation de 500 000 euros des subventions allouées à l’Opéra de Lyon, institution dont l’excellence est de renommée internationale, ne peut-elle s’interpréter en ce sens : l’adjointe à la culture qui s’enorgueillit de « rééquilibrer une politique culturelle fossilisée » a en effet expliqué à Serge Dorny, le directeur de l’Opéra, qu’il s’agissait d’investir dans « l’accompagnement de la création et de l’émergence » !