vendredi 29 février 2008

Réplique au Devoir de Guy Durand : Gare à l'exagération

Bon rappel des faits et conclusion sensée de M. Guy Durand, auteur du livre Le Québec et la laïcité. Avancées et dérives (Liber, 2004) à un article du Devoir qui attaquait les parents en faveur de la liberté et du choix en matière d'éducation religieuse et de morale. Notons au passage que le Devoir a publié récemment plusieurs articles qui s'attaquaient directement aux parents opposés au nouveau cours d'éthique et de culture religieuse que le Monopole veut imposer à tous les enfants du Québec dès six ans et que ce soit dans les écoles publiques ou confessionnelles.

Relevons ici simplement l'inénarrable Un lobby catholique réclame un accommodement de Clairandrée Cauchy dont le titre contenait déjà trois imprécisions : lobby à un sens précis pour la Loi québécoise (la coalition en question n'en est pas un), cette coalition n'est pas catholique et regroupe des personnes non catholiques (dont M. Caldwell mentionné dans l'article ci-dessous) et il ne s'agit pas d'un accommodement, mais d'un droit et d'une liberté religieuse retirée récemment, mais laissons M. Durand rappeler les faits.
Mme Marie-Andrée Chouinard, vous semblez trouver outrancière la position de la Coalition pour la liberté en éducation [à propos du cours d'éthique et de culture religieuse]. Il ne faudrait quand même pas sombrer dans l'exagération.

Vous parlez de laïcité. Mais vous savez bien que la laïcité admet des modèles multiples, y compris des options en enseignement religieux confessionnel, comme dans la plupart des pays européens, y compris dans une partie de la France (Alsace-Moselle et certains départements d'outre-mer).

Le livre du sociologue et historien français Émile Poulat est très explicite sur l'absence de définition univoque de la laïcité et sur la multiplicité de modèles possibles (Notre laïcité publique. La France est une république laïque, 2003). Le Rapport Stasi, en 2003 (du nom du président de la Commission mise sur pied par le président de la République française pour analyser la question du port des signes religieux dans les écoles), va dans le même sens, affirmant que chaque État aborde le défi de la laïcité « avec la tradition qui est la sienne », y compris « le respect des habitudes et des traditions locales », en sachant « aménager des exceptions », faire «des nuances», admettre « des limites ». Et le rapport de préciser que l'approche de la Cour européenne «repose sur une reconnaissance des traditions de chaque pays, sans chercher à imposer un modèle uniforme de relations entre l'Église et l'État».

Plus spécifiquement, le rapport Stasi n'a pas demandé de changer le système d'options en Alsace et Lorraine « auquel est particulièrement attachée la population de ces trois départements ». De même qu'on ne l'avait pas enlevé en 1919 quand l'Alsace-Moselle est redevenue française parce qu'une grande majorité de la population tenait à sa particularité et préférait ne pas voir appliquée intégralement la loi de séparation de 1905.

Vous parlez d'une «décision collective de laïciser l'école, vieille de dix ans». Vous référez sans doute aux États généraux de 1995-96. Or, dans un premier temps, lors des consultations générales à travers le Québec, la majorité des participants étaient contre la déconfessionnalisation. Hors de Montréal, aucun des mémoires ne la réclamait. Il y eut beaucoup de témoignages en faveur de la pastorale scolaire.

Selon le commissaire dissident Gary Caldwell, le résumé produit par Communication-Québec était biaisé. Dans un deuxième temps, après un changement de ministre et de personnel jouxté à un changement de mandat, ainsi qu'une nouvelle consultation auprès de personnes ciblées, la Commission a prôné la nécessité de la déconfessionnalisation (revue Égards, no 15, printemps 2007).

Dans une entrevue accordée au Devoir, Jean Garon, le ministre de l'Éducation qui avait lancé les États généraux, a dénoncé le changement de mandat, le processus suivi et certaines conclusions. Dans le cas de la déconfessionnalisation, affirmait-il, «ce sont les commissaires seuls qui ont décidé» contre l'avis de la population (Le Devoir, octobre 1996). Incidemment, si les régions du Québec sont effectivement différentes, pourquoi imposer une voie unique ?

Vous êtes aussi insultée du fait que la Coalition parle «d'atteinte aux libertés fondamentales». Mais vous souvenez-vous que pour arriver à la situation actuelle, il a fallu amender deux chartes des droits ? L'article 93 de la Charte fédérale, sous de fausses représentations (engagement du gouvernement à garder des écoles confessionnelles); et l'article 29 de la Charte québécoise, presque en catimini (évoqué lors de la commission parlementaire, l'amendement a été inclus dans la dernière version du projet de loi 95 présenté le matin du 15 juin et voté en moins d'une heure sans vote nominal et donc sans qu'on sache la proportion de députés en faveur).

Savez-vous qu'en 2007-08, selon les statistiques du Secrétariat aux affaires religieuses, une forte proportion de parents choisissent encore les cours d'enseignement moral et religieux catholique et protestant : 76 % au primaire et 57 % au secondaire. Si on trouvait que le choix des options n'était pas clair, il eut été si simple d'ajouter des éléments de culture religieuse à l'option Formation morale et d'observer l'évolution de la population, plutôt que d'imposer d'autorité un cours uniforme.

Bref, si on veut «éviter que cette lutte n'atterrisse devant les tribunaux», comme vous le dites, le plus simple n'est-il pas de trouver une autre solution plus respectueuse de la diversité de la population ?

jeudi 28 février 2008

D'Ormesson et l'école française



Lors de l'émission C dans l'air du 21 février 2008.

L'émission complète ici.

mardi 26 février 2008

Comte-Sponville : à l'école l'instruction, à la famille l'éducation

La Croix interroge le philosophe athée André Comte-Sponville au sujet du retour de la morale à l'école :

« La Croix — L’école a-t-elle oublié l’éducation morale ?

André Comte-Sponville — Jamais complètement, mais elle en a longtemps sous-estimé l’importance. Les enseignants faisaient des cours d’éducation civique, mais se sentaient souvent mal à l’aise pour parler de morale. C’est ainsi que nos enfants en savaient plus sur la différence entre le conseil général et le conseil régional, par exemple, qu’entre le bien et le mal.

Sans vouloir tout mettre sur le dos de 1968, il faut dire que l’idéologie permissive et libertaire de ces années-là ne favorisait pas un discours moral. Toute morale passait pour oppressive, répressive, castratrice…
[...]
Rappelons toutefois que le meilleur enseignement, en matière de morale, est encore de donner l’exemple. Quant à l’école, sa fonction principale n’est pas l’éducation (la transmission des valeurs) mais l’instruction (la transmission des savoirs).

Pour la famille, c’est l’inverse : sa fonction principale est d’éduquer, non d’instruire. C’est sans doute parce que les parents ont plus de mal à assumer leurs responsabilités qu’on en demande plus à l’école. Mais si les parents ne font pas leur travail, qu’ils ne comptent pas sur les enseignants pour le faire à leur place !
[...]
Pour tout vous dire, je crois que la discipline, à l’école, est un problème plus important – encore plus important ! – que la morale. Relisez Freud. Pas de morale sans interdits ; pas d’interdits sans sanctions. »

lundi 25 février 2008

Poème d'une mère au cœur déchiré

Nous avons reçu ce poème d'une lectrice, nous pensons qu'il représente le sentiment de plusieurs parents croyants face à un État omnipotent dans le domaine de l'Éducation. C'est pourquoi nous le publions.

Dans les termes de l'auteur, « il se veut le sentiment intérieur d'une mère qui veut élever l'âme de son enfant, qui veut l'élever selon ses valeurs, mais qui se sent dépouillée par le gouvernement. Le but ultime du poème est d'illustrer comment le gouvernement dépouille les parents de leurs précieux droits face à leurs enfants en imposant ce cours de religion [le cours d'éthique et de culture religieuse] ou en fermant des écoles confessionnelles [évangéliques ou mennonites]. Comment une mère peut se sentir dépouillée, volée de ne pas pouvoir éduquer son propre enfant, de finalement peut-être n'être qu'une mère porteuse pour cette société étatique laïque qui veut s'approprier l'âme des enfants. »


Le cri déchirant de l’âme d’une mère

Mon cœur de mère crie et pleure
L’enfant que l’on m’enlève.
Mon âme est déchirée,
Ne l’entendez-vous pas crier?

Son âme chérie, j’aurais voulu élever,
Mais vous me l’avez enlevée.

Votre supposée connaissance, vous voulez lui inculquer,
Sans vous soucier
Comment J’aurais voulu, moi, sa mère, l’élever.

Vous avez décidé, sans me consulter,
Moi, la personne la plus concernée,
Qui, nuit et jour s’en est occupée,
Qui l’a dorloté et tant aimé.

Ne comprenez-vous donc pas que je lui ai tout donné?
Je devrais donc avoir le droit de l’élever.
Mais que faites-vous? NON pitié!
Vous me l’enlevez, vous me le volez!
NON, de grâce arrêtez!

Je ne veux pas que vous lui donniez,
Vos valeurs supposément considérées et bien étudiées.
Sinon vous m’asphyxiez et je ne puis plus respirer.

C’est mon enfant que J’ai porté,
Laissez-le moi, c’est mon bien aimé!

J’ai un précieux trésor à lui inculquer
Et ce n’est pas à vous de décider
Ce que l’on doit lui enseigner.
Sinon vous me le volez.

J’espère de tout cœur ne pas avoir été
Comme vous le souhaitiez
Une mère porteuse pour cette société
Qui s’approprie, sous un couvert rempli d’hypocrisie, l’âme chérie,
De ces tout-petits.

Merci!


Annie Morris Arsenault

mercredi 20 février 2008

Réunion des partisans du choix en éducation à Montréal

Plus de deux cents personnes se sont réunies hier, mardi, dans une grande salle de l'oratoire Saint-Joseph à Montréal, pour écouter quatre conférenciers s'exprimer sur le cours obligatoire que le Ministère de l'Éducation (MELS) du Québec veut imposer à tous les enfants de la province.

La conférence a commencé par l'intervention de Gary Gordon Caldwell, sociologue, écrivain et ex-commissaire des États-Généraux sur l’Éducation. Il a insisté sur le danger croissant de voir les parents perdre leurs droits à décider de l'éducation de leurs enfants. Perte de droits qui s'accompagne d'une emprise de plus en plus grande de la part de l'État en matière d'enseignement.

Madame Jean Morse-Chevrier, psychologue et présidente de l’Association des parents catholiques du Québec, s'est ensuite penchée sur le nouveau programme « Éthique et Culture religieuse » pour en signaler par des exemples concrets les dérives possibles : demande prématurée d'abstraction de la part des enfants (dès six ans!), confusion alors que l'enfant demande des repères, pression du groupe fréquente quand le programme demande aux enfants de « dialoguer » (avec quelles connaissances ?) et de voir comment ils sont parvenus à modifier ou non leurs points de vue. Tout cela sur de nombreux sujets délicats qui pourraient embarrasser ou blesser les enfants qui se trouveraient sans réponse ou en minorité.

Me Sylvie Fortin a brièvement rappelé comment on a privé les parents de leurs droits d'éducation religieuse dans les écoles qu'ils paient avec leurs impôts. Voir un résumé ici. Elle a ensuite présenté les possibilités d'action. Elle a rappelé comment les parents qui refusaient de voir leurs enfants assister au cours de religion – quand ceux-ci étaient la norme – pouvaient obtenir une dispense. La loi permet toujours cette dispense. Dans un premier temps, elle invite donc tous les parents opposés à l'imposition du cours d'ECR préparé par le ministère de demander la même dispense conformément à l'article 222, §2 de la Loi sur l'instruction publique :
Pour des raisons humanitaires ou pour éviter un préjudice grave à un élève, la commission scolaire peut, sur demande motivée des parents d'un élève, d'un élève majeur ou d'un directeur d'école, l'exempter de l'application d'une disposition du régime pédagogique. Dans le cas d'une exemption aux règles de sanction des études visée à l'article 460, la commission scolaire doit en faire la demande au ministre.

[...]

Exemption de règles.

460. Le ministre peut, aux conditions qu'il détermine, exempter un élève ou une catégorie d'élèves qu'il indique de l'application de certaines règles de sanction des études ou des acquis.

1988, c. 84, a. 460; 1997, c. 96, a. 135.
À cet effet, il suffit de remplir le document ci-dessous et de l'envoyer au directeur d'école de votre enfant. En pratique, on peut s'attendre à ce que la réponse provienne du directeur, mais seulement lorsque la commission scolaire aura établi des directives pour les écoles. Il est fort possible que le Monopole de l'Éducation en fasse de même à l'égard des commissions scolaires. On peut donc prévoir une période de flottement avant que le ministère et les commissions s'organisent. Toutefois, les commissions seront obligées (ou pourront être obligées[1]) à répondre , quitte à ce que cette réponse soit un refus, à ces demandes d'exemption qui étaient si souvent accordées quand il s'agissait de ne pas exposer un enfant à un cours de religion allant à l'encontre des convictions des parents.



Le formulaire proposé par Me Sylvie Fortin a connu un grand succès et a été distribué à un grand nombre de participants.

Enfin, le professeur de philosophie honoraire Bertrand Rioux, fondateur du Mouvement laïque de langue française, a rappelé l'importance de bien faire la distinction entre une saine laïcité (« Rendre à César ») et un laïcisme fermé où l'État rejette les religions à la stricte sphère privée tout en essayant d'imposer sa vision morale à tous et envahit le domaine réservé des convictions personnelles (César envahissant).

Prochaine réunion, à Mascouche ce samedi 23 février à 9 h  30 au 639, chemin des Anglais. L'équipe de l'émission « Second Regard » de la télévision de Radio-canada sera présente.

[1] Selon certains juristes présents, un recours en mandamus pourrait s'imposer dans les cas de refus de réponse, dans un délai raisonnable, de la part de l'Administration. La Coalition pour la liberté en éducation désire connaître les cas de refus ou d'absence de réponse.

samedi 16 février 2008

Le cours Éthique et de culture religieuse est loin de faire l'unanimité là où il est déjà implanté.

Article intéressant dans la Presse de ce samedi. Pour une fois, des journalistes ont fait leur boulot et ne se sont pas contentés de reproduire ce que les porte-parole du Monopole de l'Éducation avaient préparé à leur intention.

Quelques extraits et remarques :

Là où il a été testé depuis septembre 2006, le nouveau cours d'éthique et de culture religieuse ne fait pas l'unanimité. Les élèves démontrent un intérêt mitigé, les parents s'y perdent et les enseignants réclament de la formation, révèle l'étude d'expérimentation obtenue par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Depuis plus d'un an et demi, huit écoles (cinq primaires, trois secondaires) expérimentent le nouveau programme appelé à remplacer l'enseignement moral et religieux dans les établissements scolaires du Québec dès septembre prochain. À l'hiver et au printemps 2007, le ministère de l'Éducation est allé vérifier sur le terrain comment se déroulait cette mini-révolution, qui rompt avec la tradition de l'enseignement confessionnel au Québec.

Le rapport, jamais rendu public, révèle qu'au secondaire, un élève sur cinq se dit « pas du tout intéressé» par le programme d'éthique et culture religieuse. Une proportion légèrement supérieure de jeunes, entre 25 et 33 % selon l'année scolaire, se sont dits « tout à fait » intéressés. Au primaire, l'intérêt «se manifeste par un rejet de l'ancien cours d'enseignement religieux, jugé ennuyeux et non pertinent par la quasi-majorité des jeunes interrogés», indique l'étude d'expérimentation réalisée auprès d'enfants tirés au hasard parmi les participants à ces projets pilotes.
Il est fort possible que les cours de religion catholique dans ces écoles aient été tout à fait ennuyeux, il faut se demander cependant pourquoi quand on connaît, d'une part, le peu de conviction des enseignants actuels — certains ne sont même pas catholiques — et, d'autre part, la tiédeur générale de l'action catholique en général.

Pour ce qui est de la pertinence, il est assez ironique de relever ce tort. En quoi Glouscap est-il plus pertinent pour les jeunes Québécois ? Ou s'agit-il simplement d'un préjugé favorable distillé depuis le primaire au sujet de tout ce qui touche aux Amérindiens ? Nous sommes au Québec après tout, terre fertile du correctivisme politique et des écoles aux mutins de Panurge.
Les enseignants ont quant à eux démontré beaucoup d'intérêt à apprendre aux enfants les détails entourant le ramadan, la naissance du gourou Nanak, le récit de Glouskap ou encore le port du kirpan.
On se demande bien pourquoi... Veulent-ils enseigner ou savoir eux-mêmes de quoi il retourne ?
Mais en contrepartie, ils ont réclamé de la formation supplémentaire, pour assurer une connaissance de base sur les cultures religieuses. Cette demande a été entendue par le Ministère: 400 formateurs ont été envoyés partout au Québec en prévision de l'implantation du cours à l'automne.
Efforts supplémentaires réalisés avec les impôts de 57 % des parents qui s'opposent à l'imposition de ce cours. À ce titre, le Monopole de l'éducation a également produit des trousses d'information, des présentations assistées par ordinateur, un dépliant à l'intention des parents et des professeurs. Le tout pour convaincre les récalcitrants avec leurs impôts... C'est quand même émouvant un Monopole à l'œuvre...

Voir l'extrait de lettre envoyée il y a quelques semaines aux directeurs d'école et reproduit ci-dessous :

[...]l'étude émet une mise en garde : les écoles participantes aux projets pilotes n'ont pas été choisies aléatoirement, mais sur une base volontaire. Ainsi, les directions d'établissements qui ont expérimenté le cours étaient a priori favorables au programme, peut-on lire dans le rapport d'expérimentation. Et elles ne sont pas toutes représentatives. Par exemple, l'école primaire Saint-Jean-Baptiste, à Québec, est bien particulière : déjà, avant d'implanter le nouveau cours d'éthique et culture religieuse, à l'automne 2006, près de 80% des élèves étaient inscrits en enseignement moral plutôt que religieux. C'est exactement la proportion inverse qui prévaut actuellement dans l'ensemble des écoles du Québec.

« Les résultats de l'étude ne peuvent pas servir à prévoir les réalités qui seront vécues quand le programme d'ECR sera implanté à la grandeur du Québec », conclut le document.

Or, ce sera le seul rapport concernant l'expérimentation du nouveau cours, puisque le contenu du programme a été approuvé à l'été 2007 et que le matériel didactique, en cours d'élaboration, devrait être prêt vers la fin du printemps ou au début de l'été.

mercredi 13 février 2008

France — « L’école laïque, gratuite et obligatoire » constitue un mythe fondateur

« L’école laïque, gratuite et obligatoire » constitue un mythe fondateur de la IIIe République. Cependant ni le principe de la gratuité de l’enseignement ni celui de son obligation ne datent de cette époque : les petites écoles de l’Ancien Régime n’étaient pas payantes, les milliers de Frères des écoles chrétiennes donnaient un enseignement gratuit depuis 1681, pour instruire gratuitement les enfants du peuple ; et Louis XIV avait édicté l’obligation scolaire jusqu’à quatorze ans, en 1698.

En 1880 à la chambre des députés, Paul Bert, personnalité marquante du parti républicain, reconnaissait que 85 % des enfants étaient scolarisés dans le primaire mais mal scolarisés car ils l’étaient par l’Église.... l’important dans les lois Ferry, c’est la laïcité [ou le laïcisme]. En 1998, Jean-Michel Gaillard fit remarquer lors d’un colloque organisé à la Sorbonne, que « la laïcité loin d’être idéologiquement neutre, était un combat mené par les instituteurs contre la monarchie et le cléricalisme ». En décrétant la laïcité, Ferry veut en réalité que les enfants soient coupés des milliers de religieuses et de religieux qui se consacrent à l’enseignement primaire.
(Jean Sévillia, Historiquement correct, pour en finir avec le passé unique, p.284).

« Théoriquement, l'« école obligatoire » date de Louis XIV et non de Jules Ferry. » (François Bluche, Louis XIV, Fayard, Saint-Amand-Montrond 2002, p. 494). Le principe de l'obligation scolaire se trouve déjà en 1698 dans un un édit de Louis XIV, même si celui-ci fut peu suivi d'effets. À l'étranger il avait été mis en œuvre par la Prusse en 1717, ébauché par l'Autriche en 1774 avant d'y devenir effectif en 1869.

Les frères des écoles chrétiennes dispensaient déjà aux enfants du peuple une instruction gratuite.

Et la loi Guizot en 1833 garantit la gratuité de l'école pour les indigents.
Là où Jules Ferry va innover, c'est vrai, c'est en liant gratuité et obligation avec la laïcité...
(Jean Sévillia, Quand les catholiques étaient hors la loi, Perrin, 2005, p. 70).

mardi 12 février 2008

Quelle surprise !

Selon la dépêche ci-dessous, le Conseil supérieur de l'éducation serait partisan du cours relativiste et pluraliste d'éthique et de culture religieuse.
QUEBEC - Le Conseil supérieur de l'éducation est favorable à l'implantation à l'école de la matière obligatoire intitulée « éthique et culture religieuse » en remplacement de la matière obligatoire « enseignement moral » ou « enseignement moral et religieux, catholique ou protestant ».
Donc de remplacer un choix par une absence de choix.
Le Conseil appuie sa décision sur des valeurs qu'il dit véhiculer, notamment de rappeler la mission de l'État de droit de protéger les libertés de conscience et favoriser l'éducation à la citoyenneté et l'appropriation d'une culture commune avec les valeurs qui s'y rattachent.
Euh, voilà bien deux choses différentes et peut-être même contradictoires : protéger les libertés de conscience et favoriser l'appropriation d'une culture commune avec les valeurs qui s'y rattachent...

De quelle culture commune imposée parle-t-on au juste ?

Cette culture hédoniste, pro-avortement, pro-mariage homosexuel et relativiste qui heurte profondément les valeurs religieuses de tant de croyants ou même de conservateurs agnostiques ou athées ? À ce titre, les immigrés sont d'ailleurs plus conservateurs que la soi-disant élite québécoise qui désire imposer ce cours. Conservatisme des immigrants qui explique sans doute l'imposition de ce cours... Il ne s'agit nullement de s'« enrichir » grâce à la diversité des immigrants, mais de juguler la peur d'un conservatisme ressurgissant par le fait de cette l'immigration féconde.
L'organisme rappelle aussi la diversité croissante de la société québécoise qui se manifeste notamment par les valeurs, les religions, les modes de vie, les aspirations et les rapports sociaux ainsi que par le pluralisme des origines culturelles de ses citoyens.
Oui ? Et c'est en prétextant de cette « diversité », résultat d'une immigration imposée par des gouvernements successifs[1], sans que ce ne soit jamais vraiment un enjeu électoral, qu’on voudrait supprimer tout choix et imposer une vision et une culture chères aux experts habituels et aux conseils cooptés ? L'immigration a bon dos pour mettre à mal les libertés de conscience et imposer le même correctivisme politique et relativisme moral à tous.

Soulignons également l'ironie dans ces communiqués à la langue de bois qui nous rabâchent les oreilles avec la merveilleuse diversité de la société québécoise et qui, du même souffle, nous parlent de supprimer cette diversité en imposant une culture commune. À moins que la seule diversité que veulent préserver ces gens soit d'ordre folklorique, racial et gastronomique, mais certainement pas ce qui fait l'essence et l'unicité supérieures de l'Homme : sa culture, ses valeurs et sa foi.

Et ces gens se disent tolérants !
En 2005, le Conseil recommandait d'adopter un programme d'enseignement non confessionnel de la religion destiné à l'ensemble des élèves, en y élaborant une dimension éthique forte pour franchir la dernière étape de la déconfessionnalisation complète de l'école québécoise. Le programme d'éthique et culture religieuse répond donc à l'attente formulée par le Conseil à cet égard.
Bref, il ne s'agit en rien d'une surprise.

Asinus asinum fricat.



[1] Ces gouvernements n'ont jamais voulu d'une véritable politique franchement nataliste, le PQ a d'ailleurs remplacé l'allocation de naissance universelle par un programme nettement plus coûteux non universel qui visait surtout à faire travailler les femmes après la naissance d'un enfant. À comparer avec une hausse de 8,3 % de la natalité en Russie en une seule année, pays qui n'a pas peur de mettre en œuvre une politique nataliste franche et universelle. La hausse continue en Russie : +12,7 % en janvier 2008.

vendredi 8 février 2008

Rencontre publique sur la liberté en éducation

Endroit : Salle Pichette / Oratoire St-Joseph
3800, chemin Reine-Marie, Montréal

Date et heure : le 19 février 2008 à 19 h 30

L’ÉTAT PEUT-IL NOUS IMPOSER « SON » PANTHÉON ?

Dès septembre 2008, le gouvernement du Québec imposer à tous les enfants de la 1ère année du primaire jusqu’à la fin du secondaire, au privé comme au public, SA VISION DES RELIGIONS dans le cours « Éthique et Culture religieuse ». Vos enfants étudieront Bouddha, Mohamet (Muhammad en graphie politiquement correcte), Jésus, Krichna (Krishna), Brahmâ, Allah, Yahvé, Guru Nanak, les Esprits protecteurs, des visions athées du monde, etc.

PARENTS ! Nos droits civils, notre liberté de conscience: à perdre ou à sauvegarder ?

PROGRAMME : (suivi d’un échange avec le public)
  1. « La place du religieux dans l'espace public : Avons-nous un mot à dire ? »
    par Me Sylvie Fortin, avocate

  2. « Attention à nos libertés »
    par Gary Gordon Caldwell, sociologue et écrivain

  3. « Le programme Éthique et culture religieuse : une critique »
    par la docteure Jean Morse-Chevrier, psychologue et présidente de l’Association des Parents catholiques du Québec

mercredi 6 février 2008

Perseverare diabolicum est...

Madame Pauline Marois, contestée dans sa défense du Renouveau pédagogique lancé alors qu'elle était ministre de l'Éducation et qui interdit aux autres ténors péquistes d'exprimer leur désarroi quant à cette réforme, persiste et signe dans le Journal de Montréal de ce mercredi dans sa volonté de faire d'abord de tous les jeunes Québécois des bilingues (anglais comme deuxième langue, entendons-nous) :
« Pour intensifier l'apprentissage de l'anglais chez les jeunes, Pauline Marois voudrait que certains cours, l'histoire ou la géographie par exemple, se donnent en anglais dès la 5e année du primaire. »
Il ne s'agit même plus d'un enseignement de l'anglais, mais d'un enseignement en anglais. Et c'est ainsi que Mme Marois veut renforcer le français dont le sort, dit-elle, l'inquiète ?

Dans le même journal, M. Facal s'explique sur le fait qu'il ait demandé que la réforme scolaire soit suspendue :
Comme 25 000 autres personnes, j'ai signé une pétition qui demande un moratoire sur l'implantation de la réforme scolaire.

J'ai signé à titre de parent inquiet de voir que les changements introduits sont loin des intentions originales. Inquiet de voir que les enseignants eux-mêmes n'y croient pas en grande majorité. Inquiet de voir que chaque idée qui émane du ministère de l'Éducation a toujours en commun avec la précédente, du primaire jusqu'à l'université, de baisser les exigences.

J'ai signé aussi à titre de professeur d'université qui constate, tous les jours, l'inculture historique radicale et la pauvreté de la langue de trop de nos jeunes. Je dis cela depuis des années.

Comme l'écrivait Lise Bissonnette, les dernières pédagogies à la mode sont «dessinées pour tolérer l'ignorance». Inutile de me rappeler que la réforme n'explique pas tous nos problèmes. Inutile de me dire que j'ai la nostalgie du cours classique: je ne l'ai jamais connu.

La pauvre ministre Courchesne fait de son mieux, mais elle passe son temps à essayer de stopper les stupidités qui sortent périodiquement de son ministère.

Libre opinion

D'autres personnalités issues du PQ ont aussi signé cette pétition, sans s'être concertées avant. Un coup de téléphone aurait suffipour vérifier l'inexistence de toute collusion.

Qu'on m'explique: quand est-ce que le parent, l'enseignant et le citoyen que je suis retrouvera la permission de parler librement? En 2010, 2015 ou 2020? Au cas où on ne l'aurait pas remarqué, je ne suis plus ni député, ni ministre, ni même membre d'un conseil exécutif de circonscription depuis des années.

« Réforme de l'éducation : une supercherie ! » selon Régine Pierre

Selon Régine Pierre, professeure titulaire à la faculté des sciences de l'éducation de l'Université de Montréal, la réforme de l'enseignement québécois lancée par Mme Pauline Marois serait une supercherie. Extraits de sa lettre ouverte :
Cherchant à camoufler leurs erreurs, ils ont continué à nous enliser en substituant des modèles à d'autres; en collant de nouveaux termes (renouveau pédagogique) sans rien changer à ce qu'ils camouflaient; en faisant des analyses tronquées et fallacieuses, en se contredisant dans des textes et des propos bourrés d'erreurs, de contrevérités et de syllogismes.

(...)

Tout cela a été possible parce que, depuis 10 ans, alors que Mme Marois lançait cette réforme, une omerta a été imposée dans tout le milieu de l'éducation empêchant tout débat, toute remise en question, toute recherche qui risquaient d'invalider la réforme. M. Bouchard l'avait dit à l'Assemblée nationale en 2000, en traitant les enseignants de dinosaures, de paresseux et d'incompétents: aucune dissidence ne serait tolérée.

La mère de la réforme, Mme Marois, a rappelé la ligne de son parti, en fin de semaine : elle ne tolère toujours pas la liberté d'expression. Ce qui est grave, c'est que les personnes auxquelles elle interdit de parler sont aujourd'hui des universitaires dont la liberté d'expression est protégée par la charte qui régit toutes les universités. Ce qui est grave surtout, c'est qu'en agissant de la sorte quand elle était ministre de l'Éducation, Mme Marois a entraîné notre système d'éducation, dont nous avions des raisons d'être fiers, dans un chaos dont il sera difficile de sortir.

En reconnaissant que leur gouvernement avait fait une erreur avec cette réforme, MM. Landry, Facal, Rebello et Lisée on fait preuve de courage et d'un sens des responsabilités que l'on voudrait voir plus souvent chez nos politiciens. Ils ne l'ont pas fait à la légère. Ils ont étudié le dossier, ils ont pris connaissance de recherches que le ministère de l'Éducation avait occultées et ils ont écouté les acteurs de cette réforme qui sont le plus touchés par les problèmes qu'elle engendre: les enseignants de la grande région de Montréal, ceux-là mêmes que fustigeait l'ex-premier ministre Bouchard. (...)

(...)

Malheureusement, ils ne seront pas les seuls à payer. Ce qui a sans doute convaincu Bernard Landry et ses collaborateurs d'intervenir dans le débat public, ce sont les mêmes données qui ont convaincu le ministre de l'Éducation Gilles de Robien, en 2006, d'abandonner la réforme que la France avait adoptée en 2002 sur un modèle similaire à celui de la Suisse, de la Belgique et du Québec. Les tout derniers résultats de l'enquête internationale PIRLS (Progress in International Reading Literacy Study, 2007 [en français Programme international de recherche en lecture scolaire, ce qui donne aussi PIRLS]) sur le niveau de lecture des enfants de 4e année (9-10 ans) lui ont donné raison. La France se classe au 27e rang sur 40 pays participants, à cette étude. Les résultats sont encore pires pour les Wallons de la Belgique francophone [tous les Belges francophones ne sont pas Wallons! voir [2]) qui se retrouvent au 33e rang, loin derrière les Flamands qui occupent le 13e rang. La situation est similaire au Canada où, conformément à la tendance observée depuis 20 ans, les Québécois se classent au 23e rang[1], loin derrière l'Alberta (3e rang), la Colombie-Britannique (5e rang), l'Ontario (7e rang) et la Nouvelle-Écosse (16e rang). (...)

[1] Voir Résultats d'une évaluation internationale sur les aptitudes en lecture, les positions varient selon que l'on compte uniquement les pays ou également les parties de pays (comme l'Alberta et le Québec).

[2] Reportage belge qui compare l'école belge à l'école finlandaise, mauvais résultats dans les quartiers à forte immigration à Bruxelles (non wallonne) et dans les grandes villes de Wallonie.

mardi 5 février 2008

Enseignement des langues : affligeant correctivisme politique de Pauline Marois

On se rappellera que la situation fragile du français a récemment fait les manchettes des journaux au Québec. Non seulement la natalité des francophones est-elle inférieure à celles des autochtones, des immigrés, elle est également inférieure à celle des anglophones du Québec.

Ajoutons à cette déprime démographique, le fait que la majorité des enfants immigrés, forcés d'étudier en français au primaire et au secondaire, choisissent encore les cégeps en anglais dès qu’ils le peuvent et le fait que les immigrés à Montréal (mais pas à Québec !) boudent les cours de français.

Que propose donc Mme Pauline Marois, chef du Parti Québécois, pour remédier à cette situation inquiétante du français au Québec ?

Pour améliorer la situation du français, Mme Marois propose, dans un entretien au Devoir, de faire en sorte que tous les jeunes Québécois deviennent bilingues (à savoir que tous parlent anglais, pas une autre langue mondiale comme l'espagnol, l'arabe ou le chinois). Non, il ne s’agit pas d’une plaisanterie…

Citons quelques extraits de cet entretien :

« Le vrai défi qu'on a, c'est que nos enfants sortent de l'école bilingues », a déclaré Pauline Marois lors d'une rencontre éditoriale avec l'équipe du Devoir.

Selon la chef péquiste, la faiblesse de l'enseignement de l'anglais langue seconde dans le réseau des écoles publiques pousse des élèves francophones à fréquenter le cégep en anglais.

Remarquons le fait que Mme Marois pratique le correctivisme politique : la majorité des francophones ne va pas dans des cégeps anglophones, ce sont les enfants d’immigrés.

« Pourquoi pensez-vous qu'ils vont dans des cégeps anglophones dans certains cas? C'est parce qu'ils ne possèdent pas bien la deuxième langue. C'est une façon pour eux de l'apprendre », a-t-elle fait observer.

Il s’agit là d’une simple opinion de Mme Marois fondée sur son expérience familiale, comme elle l'admet en citant ses enfants par la suite. On peut tout aussi bien considérer que les jeunes immigrés déjà soumis à l'anglais grâce à la télévision, leur milieu familial, la culture de M-TV, se sentent autant à l'aise en anglais qu'en français (ou même plus!) et qu’ils décident de choisir les cégeps en anglais pour des raisons de prestige, mouvement que le bilinguisme généralisé voulu par Mme Marois ne fera que renforcer.

Il n'est pas question pour Mme Marois de donner son aval à une proposition qui refait surface dans les instances du PQ: interdire aux francophones ou aux enfants de la loi 101, ces allophones qui ont fréquenté l'école en français, l'accès aux cégeps anglophones.

On se demande bien pourquoi… Dogmatisme ? Peur du miroir comme M. Bouchard lors de son discours du Centaur ? On n’aura aucune réponse.

Pauline Marois croit qu'«on glisse dangereusement vers l'anglais» à Montréal, pas seulement dans les petites boutiques, mais dans « le centre-ville financier ». Le Québec doit « prendre un virage solidement et sérieusement» afin de franciser les petites entreprises et assurer l'intégration des immigrants «si on veut continuer à vivre en français ici en Amérique ».

On ne voit pas pourquoi les entreprises ou les immigrants devraient se mettre au français quand tous leurs interlocuteurs parleront anglais !

La chose est évidente dans le fait que les immigrants ne boudent pas du tout les cours de français à Québec, contrairement à Montréal. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas moyen de vivre en anglais à Québec, alors que la chose est facile à Montréal et le deviendra de plus en plus quand tous les jeunes Québécois seront devenus bilingues.

Afin d'assurer la francisation de tous les immigrants, Pauline Marois qu'il faut revenir à la formule des COFI (les Centres d'orientation et de formation des immigrants) que le gouvernement péquiste a abolis à la fin des années 90.

Ah, le retour nostalgique ! Rappelons qui les a abolis en 1998 : M. André Boisclair, un ministre du Parti québécois. Un peu comme Mme Marois a lancé la réforme scolaire et le renouveau pédagogique quand elle était ministre de l’Éducation, réforme qui fait couler beaucoup d’encre. Mais, de cela, il ne faut plus parler selon Mme Marois.

Selon Mme Marois, le Québec n'a d'autre choix que d'augmenter le nombre d'immigrants qu'il accueille afin de combler ses besoins en main-d’œuvre.

Il faudrait à nouveau que Mme Marois prouve qu’il n’y ait pas d’autre manière : plus grande automatisation, meilleure formation des chômeurs actuels, rallongement de la durée du travail, programme nataliste universel en faveur de la famille plutôt qu’un programme très coûteux de garderie utilisé par 50 % des enfants de moins de 6 ans de la province et tant pis si les féministes poussent des cris d’orfraie.

Dans cette optique, le PQ a appuyé le gouvernement Charest qui a décidé de hausser de 45 000 à 55 000 les seuils d'immigration au cours des trois prochaines années. Pour la chef péquiste, le manque de données sur l'intégration des immigrants, alors que le gouvernement garde pour lui des études depuis un an et demi, et le fait que plus du tiers des immigrants qui ne parlent le français à leur arrivée boudent les cours de français ne sont pas des raisons suffisantes pour renoncer à cette augmentation, comme le voudrait l'Action démocratique du Québec. «Il faut être très actifs. On ne peut pas penser que [l'intégration], ça va se faire tout seul», a-t-elle fait valoir.

On ne sait donc pas à quel point ces immigrants (qui représentent chaque année environ 0,7 % de la population d’accueil, faites le calcul sur 20 ans) s’intègrent, les jeunes immigrants boudent les cours de français, mais cela n’est pas grave. Il faut continuer à importer de plus en plus d’immigrants dont les enfants soulèvent des difficultés scolaires (et des coûts supplémentaires).

Il suffit de dire qu'on va être actif dans l’intégration. Mais cette activité ne peut quand même pas se résumer à augmenter leur nombre, imposer de plus en plus l’anglais à l’école, ne pas redresser la natalité des Québécois, Mme Marois ? Ah, j'oubliais l'arme secrète face à l'anglais omniprésent sur le continent, dans les bureaux et les classes : les COFI! On ne peut que secouer la tête devant tant de naïveté.

Rappelons que si Mme Marois veut faire de tous les Québécois des bilingues, il s’agit là de l’étape préliminaire par laquelle passe toute minorité avant son assimilation : tous ses locuteurs parlent d’abord la langue dominante avant, de guerre lasse, d’adopter celle-ci.

Ne vaudrait-il pas mieux augmenter le poids démographique et l’utilité du français pour s’assurer de l’intégration des immigrants ? Cette augmentation passe par plus de francophones travaillant en français et non l'inverse ! Si la loi 101 (sans doute renforcée) était réellement appliquée, il n’y aurait pas besoin que tous les Québécois soient bilingues. Or, notre expérience professionnelle a démontré qu’à Montréal le bilinguisme est requis de manière bien trop systématique : même pour des emplois sans aucun contact avec une clientèle anglophone externe à l’entreprise. Ces employés doivent d’abord être bilingues pour pouvoir parler en anglais avec leurs collègues anglophones, même ceux censément bilingues et formés au Québec.

Exiger que tous les élèves francophones sortent de l'école secondaire parfaitement bilingues a autant de sens que de tous les contraindre à réussir les cours avancés de mathématiques et de français sans tenir compte de leur orientation professionnelle ultérieure.

Et dire que le PQ est censément un parti nationaliste qui aurait à cœur le sort du français au Québec et non celui de simplement renforcer le poids naturel de l'anglais au Québec !

Protégez-nous des amis politiques du français…

Voir les résultats du PIRLS (lecture et compréhension) pour le Québec après le passage de Mme Marois à l'enseignement. En 2001, le Québec s'était classé sixième. En 2006, il glissait à la seizième place. Plusieurs croient que cette baisse des habiletés de lecture des jeunes Québécois coïncide avec la réforme scolaire.

lundi 4 février 2008

Toujours plus : La CSQ réclame un nouvel investissement de 1,5 milliard en éducation

Dépêche dominicale :
La Centrale des syndicats du Québec réclame un investissement massif en éducation afin de contrer les carences au primaire et au secondaire qui minent les efforts en vue d'assurer la réussite scolaire.
Et si la pédagogie choisie, les réformes du renouveau pédagogique imposées et — attention au tabou ! — le nombre grandissant d'enfants d'immigrés, souvent non francophones, expliquaient bon nombre de ces carences ?

Rappelons que les immigrants de première génération sont nettement moins nombreux à obtenir un diplôme que les autres Québécois (59 % après 7 ans d'études secondaires, contre 72 % pour les autres Québécois) et redoublent plus fréquemment que tous les autres élèves.
La CSQ estime les réinvestissements nécessaires à une mise à jour en éducation à 1,5 milliard $ supplémentaires étalés sur les trois prochaines années.

La CSQ souhaite qu'en bout de compte le réinvestissement se traduise ainsi : 700 millions $ pour le préscolaire, le primaire et le secondaire, 305 millions $ pour l'enseignement collégial et 400 millions $ pour l'enseignement universitaire.

Selon M. Parent, il n'y aurait pas de recette magique et les sommes requises doivent être investies pour réduire les taux élève-enseignant.
Ah, voilà ! Il faut toujours augmenter les sommes dépensées, même quand la population scolaire baisse, ne fût-ce que pour « mieux encadrer » les élèves, sans qu'on ne voie d'amélioration notable dans les résultats par la suite.

Pouvons-nous proposer une autre solution ?

Diminuer la part de l'enseignement public, augmenter le nombre d'écoles privées, subventionnées aujourd'hui au mieux à 60 % ? Les parents y inscriraient en nombre leurs enfants s'ils savaient que celles-ci avaient une plus grande autonomie sur le plan de la pédagogie et du programme enseigné. Gageons que beaucoup d'adversaires du renouveau pédagogique et du cours d'éthique et de culture religieuse y inscriraient leurs enfants s'ils étaient assurés que ces écoles seraient libres de choisir leur programme et exemptes de ces « innovations » imposées par le Monopole de l'Éducation.

L'État économiserait de la sorte pour chaque élève au moins 40 % des sommes consacrées à son instruction dans le secteur public...

dimanche 3 février 2008

« Le cours d'éthique et de culture religieuse n'est pas neutre »

Selon l'anthropologue Paul Gosselin, interrogé à la radio évangélique VPJC après son passage à la Commission Bouchard-Taylor, le programme d'éthique et de culture religieuse n'est pas neutre.

Écoutez l'émission :
1ère partie — Le programme d'Éthique et de culture religieuse du gouvernement du Québec; pourquoi faut-il rejeter la prétendue neutralité de ce programme ? une nouvelle religion d'État ?



2e partie — Questions posées par M. Paul Gosselin à la commission Bouchard-Taylor; la marginalisation du discours judéo-chrétien; le catéchisme postmoderne, la Fuite de l'Absolu; conséquences du postmodernisme pour les handicapés; les mystères de l'existence humaine; quels « accommodements raisonnables » envers les croyants ? qui doit faire ces accomodements ?; conséquences du ECR pour les professeurs « récalcitrants ».



3e partie — la manipulation du langage par les élites postmodernes; comment faire bouillir une grenouille; l'accent de Paul Gosselin, que signifie le mot samizdat[1]; déchristianisation dans le ministère de l'Éducation du Québecé Évangéliques, la tête dans le sable; d'autres conséquences du postmodernisme, une propagande imposée par les institutions publiques; La séparation de l'Église et l'État, une fiction ?; postmodernisme et occultisme.



Autre critique du programme d'éthique et de culture religieuse extraite du site Samizdat, par le pasteur Christian Paulhus.


[1] M. Gosselin dit que le mot samizdat signifie « presse alternative » en russe, si c'est le sens général, la signification précise est celle d'une publication autoéditée, dans le sens de clandestine. Cамиздат est en effet composé de сам (soi, soi-même) et издат (version abrégée de издательство, éditeur).

Pour ceux intéressés par les religions qui n'impliquent la croyance ni en un ou plusieurs dieux personnels ni en un au-delà, lire d'Emilio Gentile, Les religions de la politique, Entre démocraties et totalitarismes, Seuil, Paris, 2005.

samedi 2 février 2008

Créer son école en France

Reportage du journal télévisé de 20 heures de TF1 en date du 8 janvier 2008 portant sur la création d'écoles indépendantes en France. Quarante-cinq mille enfants suivent des cours dans des écoles indépendantes hors contrat en France.

Mettons fin au monopole de l'éducation, pas seulement à la réforme de l'éducation

Plusieurs figures politiques importantes se sont jointes au mouvement Stoppons la réforme qui demande un moratoire dans l'application du « renouveau pédagogique ». Le mouvement politique a été lancé par d’importantes personnalités péquistes — au premier chef l’ancien premier ministre Bernard Landry — qui étaient au pouvoir lorsque la réforme de l’éducation a été pensée et mise en place ont signé un manifeste la fustigeant et exigeant « l’annonce immédiate d’un moratoire » sur son implantation en 4e et 5e secondaire et à l’éducation des adultes.

M. Landry était membre du cabinet Bouchard lorsque la réforme pédagogique a été adoptée en 1997 — alors que Pauline Marois était ministre de l’Éducation — et il était premier ministre lorsqu’elle a été implantée. Mais selon M. Landry, lorsque, « de bonne foi », il l’a soutenue : « on promettait de remettre l’école sur les matières de bases [...] Or, on se rend compte que ça n’a pas été atteint, au contraire », dit-il. « On ne nous a jamais dit, au conseil des ministres, que ça voulait dire la disparition des moyennes de groupe, que ça signifiait le non-redoublement et la primauté des "compétences transversales", des mots à peine compréhensibles ! L’imposition d’une révolution pédagogique à des enseignants, c’est raide, parce qu’eux, c’est leur métier. Or, c’est le ministère qui a choisi les méthodes. ».

L'ancien Premier ministre Parizeau, l'ex-ministre Joseph Facal, l'ex-conseiller politique Jean-François Lisée et le président de la commission politique du Parti québécois, François Rebello, ont également réclamé un moratoire de cette réforme.

Le chef de l'Action démocratique du Québec, M. Dumont, a emboîté le pas aux poids lourds péquistes dès le lendemain, lors d'un passage au nord de Montréal. Mario Dumont a affirmé que la réforme, implantée il y a dix ans, avait transformé les élèves en rats de laboratoire. Pour M. Dumont, l'enseignement doit se recentrer sur les apprentissages de base.

S'appuyant sur les commentaires reçus d'enseignants de sixième année et du secondaire, la coalition «  Stoppons la réforme » avance que le Québec n'aurait jamais formé autant d'élèves dont la maîtrise des connaissances de base en français, en mathématique et en sciences soit aussi faible. La coalition, qui comprend près de 8 000 membres, dont plusieurs enseignants, déposera sous peu une pétition signée par plus de 20 000 personnes.

Écoutez M. Pierre Saint-Germain, président de la Fédération autonome de l'enseignement, au sujet du mouvement Stoppons la réforme :


Comment ne pas comprendre que seul le monopole qu'exerce le ministère de l'Éducation explique l'ampleur d'une telle gabegie ? Ce monopole élabore le programme, la pédagogie et jusqu'aux bulletins scolaires à utiliser dans les écoles québécoises. Si le ministère n'exerçait plus ce monopole, les parents auraient droit à un véritable marché de l'enseignement d'où naîtraient une saine concurrence et une plus grande liberté et adaptation aux besoins et désirs des parents.

On ne comprend pas qu'aucun parti au Québec ne prône la concurrence scolaire alors que tant vantent les vertus de la concurrence dans d'autres domaines. Depuis quand l'enseignement des enfants est-il un pouvoir régalien. Pouvoirs régaliens traditionnellement limités aux droits de perception d'impôts, de police, de justice et de lever une armée ? Rappelons qu'il n'est nul besoin d'avoir un monopole étatique de l'enseignement pour garantir un bon niveau d'éducation. Il suffit, en effet, de se remémorer l'exemple de la Nouvelle-Angleterre où le taux d'alphabétisme était probablement supérieur à celui d'aujourd'hui, plus d'un siècle après l'introduction de l'obligation scolaire et la constitution d'un vaste réseau coûteux d'écoles publiques dites gratuites (il faut bien que quelqu'un paie : les contribuables).

Si l'État peut jouer un rôle dans l'éducation, c'est en permettant aux personnes issues des milieux les moins favorisés d'accéder à un niveau d'instruction qui dépend plus d'eux-mêmes que des ressources de leur famille. Toutefois, et contrairement à la pratique actuelle, cette participation de l'État n'implique pas l'existence et le maintien d'établissements scolaires publics gratuits qui faussent le marché, ni bien sûr d'un programme et d'une pédagogie uniques. Elle peut, par exemple, se faire par une distribution de moyens auprès des personnes concernées que ce soient par des coupons scolaires utilisables auprès d'écoles privées ou de crédits d'impôt liés au nombre d'enfants d'âge scolaire, mesure qui s'appliquerait alors aussi aux parents qui éduquent leurs enfants à la maison que ce soit à l'aide d'un précepteur ou non.