jeudi 15 octobre 2009

Affaire Françoise David et les cahiers d'ECR — la plainte de Mme David rejetée

MONTRÉAL — Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) a rejeté une plainte de la formation politique de gauche Québec solidaire contre l'animateur Sylvain Bouchard, du FM 93,3 à Québec.

Indigné de constater que Françoise David, l'une des deux leaders de Québec solidaire, avait sa photo dans un cahier d'exercices du cours gouvernemental obligatoire d'Éthique et de culture religieuse ainsi que plusieurs pages consacrées à sa plateforme politique, l'hiver dernier, M. Bouchard avait notamment parlé de « propagande politique communiste » de la part de « profs gauchistes » en faveur d'une « soviétique et marxiste » rapellant par là les liens qui existent entre Québec Solidaire et le Parti communiste.

Sylvain Bouchard avait souligné qu'alors qu'on lui reprochait des propos injurieux, il n'avait fait que qualifier Mme David de « communiste », de « marxiste » ou de « soviétique ». « Je fais référence à ses choix idéologiques et non pas à la personne », avait-il expliqué, ajoutant que « c'est une caricature de ce qu'elle représente sur l'échiquier politique québécois ».

« J'aurais aimé que certains mentionnent que Québec solidaire a été l'allié du Parti communiste aux dernières élections, mais aucun média ne l'a écrit », avait-il alors déploré.

Sylvain Bouchard avait également demandé aux élèves de quatrième secondaire, à qui le cahier était destiné, d'arracher la page où se trouvait la photo et de la lui expédier dans le cadre d'un concours.

Dans un avis très clair daté de mercredi, le secrétariat du CCNR estime qu'il n'y pas eu de manquement à un code qu'il administre.


Écoutez l'émission de l'époque (uniquement les extraits ECR) :



Françoise David dit merci aux éditions de la pensée (suite)
(page 199, du cahier d'éthique et de culture religieuse, Dialogue II, publié par les éditions La Pensée, 2008)



Françoise David dit merci aux éditions de la pensée
(page 198, du cahier d'éthique et de culture religieuse, Dialogue II, publié par les éditions La Pensée, 2008)


Le président national du CCNR, Ronald I. Cohen, y affirme que Sylvain Bouchard avait le droit d'exprimer son point de vue tel qu'il l'a fait, puisque ses « commentaires visaient uniquement Mme David en raison de ses opinions et gestes politiques et ne constituaient pas des attaques personnelles sans fondement ».

M. Cohen ajoute même que « les critiques politiques du genre constituent un élément fondamental de la liberté d'expression dans une démocratie, même lorsque ces critiques sont exprimées sur un ton très animé ou dénotant la colère ».

Quant à l'invitation faite aux élèves à déchirer leur cahier scolaire, le secrétariat y voit « simplement un geste de défi », puisque ledit cahier était la propriété des élèves. Il précise que ce n'était « certainement pas un geste nuisible, dangereux ou violent ».






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Cardinal Ouellet : les commissions scolaires ne peuvent plus s'appuyer sur les évêques pour refuser les demandes d'exemption

Billet du Cardinal Ouellet paru dans Le Soleil du 11 octobre 2009 :

L’ÉDUCATION À LA LIBERTÉ FONDE LA DÉMOCRATIE

Le mois dernier, le Centre de réadaptation Ubald-Villeneuve lançait sa campagne de financement pour venir en aide aux personnes souffrant de diverses dépendances : alcool, drogues, jeux, etc. J’étais heureux d’apporter l’offrande du clergé de Québec à cette œuvre qui restaure la liberté des individus victimes de l’un ou l’autre esclavage. J’invite la population à encourager les responsables et les bénévoles de cette œuvre. Leur expertise d’éducation à la liberté répond à un pressant besoin.

La liberté est la valeur suprême de la modernité. C’est en son nom qu’on a fait toutes les révolutions et qu’on promeut partout la démocratie. De nos jours, la démocratie est en crise. Voyez les questions éthiques qui assaillent les milieux financiers, les syndicats et les partis politiques ! Par ailleurs, on ne sait plus comment concilier les libertés individuelles et le bien commun. Le rapport de l’État à la religion est au cœur de cette crise. Comment l’État intègre-t-il le religieux dans l’organisation de la société civile ? En le reléguant dans la sphère privée ? En imposant une interprétation laïque uniforme du phénomène religieux à tous les citoyens ? Ni l’un ni l’autre ne satisfait l’idéal moderne de la liberté.

Cette crise de la démocratie affecte les rapports de l’Église et de l’État.

L’Assemblée des évêques a dû se résigner devant la décision du gouvernement d’imposer unilatéralement le cours d’Éthique et de Culture religieuse (ÉCR) qui a supprimé la liberté de choix des parents. Le malaise éclate quand cette position modérée est largement utilisée pour débouter les demandes légitimes d’exemption des parents. La décision du juge Dubois dans le procès de Drummondville et son argumentaire accentue ce malaise. Comment puis-je rester silencieux face à la perte des acquis de liberté en éducation au profit d’une pensée unique qui impose sa loi à tous les citoyens et citoyennes ?

Au début des années 80 en France, le président François Mitterand et son gouvernement socialiste projetèrent d’en finir avec le système d’écoles libres financées par l’État. Deux millions de personnes descendirent dans la rue à Paris le 24 juin 1984 pour défendre le droit des parents à la liberté en éducation. Mitterand dut reculer, le premier ministre et le ministre de l’éducation démissionnèrent, et la page fut tournée. Des projets et des opinions semblables circulent au Québec. Évidemment le Québec n’est pas la France, mais il y enracine sa démocratie qui compose ici avec d’autres héritages, notamment avec l’idéal de liberté religieuse qui a fait naître les États-Unis d’Amérique.

Le 15 septembre 2009, les évêques ont transmis à la ministre de l’Éducation une critique de la mise en œuvre du cours ÉCR depuis un an : les parents sont mal informés, les maîtres ne sont pas adéquatement formés et la prédominance promise à l’héritage judéo-chrétien n’est pas appliquée. Après cette critique, les commissions scolaires ne peuvent plus s’appuyer sur la position des évêques pour refuser sans examen les demandes d’exemption. Je leur demande donc d’accueillir et d’évaluer chaque requête des parents de mon diocèse afin que leur liberté de conscience soit intégralement respectée.

Les dépendances multiples qui flagellent une proportion inquiétante de notre population réclament un effort collectif pour restaurer la liberté de nos frères et sœurs malheureux et pour améliorer le « vivre-ensemble » de la société québécoise en quête de valeurs. La crise de la démocratie chez nous s’enracine dans une crise de l’éducation à la liberté. Croyez-vous qu’en limitant la liberté des parents on s’achemine vers un renouveau de la démocratie ?






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