vendredi 9 août 2013

Instruction et éducation...


« Moi, je crois qu’il faut revenir à des choses simples. Il faut distinguer entre l’instruction (c’est-à-dire le rôle des profs c’est d’instruire, c’est de transmettre le savoir) et l'éducation qui n‘est pas le rôle des profs. Je crois que ça a été une grave erreur d’appeler ministère de l’Éducation nationale. En 45 il fallait garder le titre: l’Instruction publique. Ce n’est pas aux profs d’éduquer, c’est aux parents. »

Éric ZEMMOUR


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« Ce n'est pas par hasard que Napoléon Bonaparte a créé le Monopole de la presse à trois ans d'écart du Monopole de l'éducation. »


Pic de natalité en Grande-Bretagne, les enfants coûtent trop pour les Allemands (m.-à-j. vidéo)


« L'Angleterre du baby-boom », titre l'Independent qui explique que « la population du Royaume-Uni augmente plus rapidement que partout ailleurs en Europe, après que le taux de natalité soit monté en flèche, au plus haut depuis 40 ans ».

Les raisons ? Davantage de mères d'une vingtaine d'années, l'immigration et la récession.

Mieux que la France, beaucoup mieux que l'Allemagne

L'année dernière, le Royaume-Uni a vu sa population augmenter de 419 000 personnes, pour atteindre 63,7 millions d'habitants. C'est plus que la France, habituellement championne du taux de natalité, mais dont la population n'a augmenté que de 319 000 personnes (65,48 millions au total) en 2012. Et plus que l'Allemagne, avec 166 000 nouveaux habitants (80,39 millions).

Pour le quotidien, ces centaines de milliers de nouveaux bébés « sont les abeilles ouvrières du futur ». « Bien sûr, ils vont augmenter la pression sur les places à l'école, les services de santé, le logement, les transports, la campagne... Mais sans eux, notre système de retraite court à sa perte, l'État-providence semble bancal et le financement des services publics va se ratatiner , note le I, la version allégée du Independent.

Avant d'ajouter : « Et de toute façon, les bébés sont drôles. Parfois. »

Un enfant sur quatre né d'une immigrante

L'immigration paraît être la première raison de cette explosion des naissances : un enfant sur quatre né l'an passé a une mère née à l'étranger (contre un sur six, il y a dix ans). L'autre facteur, c'est la crise économique. « Est-ce que les gens font plus souvent l'amour quand on est en récession ? » s'interroge le quotidien. Avec la crise, l'évolution du taux de natalité aux États-Unis et en Europe continentale a plutôt été à la baisse, en partie parce que mes familles ont moins d'argent. « Mais pas au Royaume-Uni, cependant », note le I : « Ici, certaines femmes privilégient la maternité à l'emploi. » Eh, oui, c'est une question de priorité, pas uniquement de politiques gouvernementales.

Pendant ce temps en Allemagne

Une étude allemande menée par la Stiftung für Zukunftsfragen révèle que la charge financière d’un enfant est la première raison pour laquelle les Allemands ne font pas plus d’enfants. Faire un enfant coûte cher et ce serait principalement pour cette raison que les Allemands choisissent de ne pas en faire. C’est en tout cas ce que révèle une étude publiée dernièrement par le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung. Alors qu’ils n’étaient que 58 % en 2011, aujourd'hui 67 % des personnes interrogées, hommes et femmes confondus, ont en effet avancé le coût trop élevé de la charge d’un enfant comme la principale raison de ne pas fonder une famille.

La chancelière Angela Merkel (à gauche) a pris des mesures pour augmenter le nombre de places, mais aussi mettre en place des allocations pour les parents qui choisissent d'élever leur enfant eux-mêmes.

Un vieillissement accéléré de la population

Cette tendance à la stérilité volontaire inquiète le gouvernement qui constate un vieillissement accéléré de la population allemande, en raison d’un taux de natalité extrêmement bas depuis de nombreuses années : 1,36 enfant par femme contre 2 en France en 2012.

Deux mesures ont pourtant été mises en place par le gouvernement allemand, visant à alléger légèrement le coût pointé du doigt par les parents : une nouvelle allocation de 140 euros par mois pour un enfant de moins de trois ans et une place garantie à chaque enfant de 1 ou de 2 ans dans les jardins d’enfants. Les parents allemands ne bénéficient en effet pas d’écoles maternelles, mais de jardins d’enfants payants dont le coût est estimé 250 et 500 dollars pour 45 heures de garde. Cette solution reste cependant l’alternative préférée à l’embauche d’une nourrice, trop onéreuse pour la plupart des parents. Ces derniers choisissent le plus souvent de poursuivre leur activité professionnelle malgré la naissance du bébé, afin de pouvoir assumer cette charge financière.

L’argent n’est pas la seule raison En outre, 813 000 nouvelles places dans les jardins d’enfants seront donc disponibles d’ici la rentrée 2013. Les couples allemands pourraient cependant ne pas être séduits : avoir des enfants coûtent nettement plus cher que 140 dollars alors que n'avoir pas d'enfant n'a aucun impact direct sur le montant de sa retraite personnelle, si ce n'est sans doute de pouvoir gagner plus d'argent et donc de bénéficier d'une plus haute retraite potentielle payée par les enfants des autres puisque le système de retraite allemand en est un par répartition. La charge financière d’un bébé n’est bien sûr pas l’unique raison avancée pour ne pas enfanter. L’incompatibilité entre carrière et famille, la peur de perdre son indépendance, de voyager (Deutschland ist eine Urlaubsgesellschaft) et bien sûr le fait de ne pas avoir trouvé le bon partenaire ont souvent été cité par les personnes interrogées comme d’excellentes raisons de ne pas avoir de descendance.

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Reportage sur une ville allemande qui se vide (Illingen en Sarre, près de la France, 16.000 habitants)

Le poids des retraites des enseignants dans le secteur public

Dans l'État d'Illinois (dont le président Barack Obama fut un sénateur) :
« pour chaque dollar consacré à l'éducation publique dans l'Illinois au cours des cinq dernières années, pas moins de 71 cents servent à financer les retraites des enseignants. »
Source

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Le RitalinMC n'améliore pas les résultats scolaires, il semble parfois empirer les choses

 En 1997, une réforme politique a élargi la couverture d’assurance-médicaments au Québec. Elle a été accompagnée par une augmentation spectaculaire chez les adolescents par rapport au reste du Canada de l’utilisation du Ritalin, l'un des stimulants couramment prescrits pour traiter les troubles de l’attention (TDAH), augmentation également observée pour d’autres médicaments similaires. En théorie, plus de médicaments devraient signifier de meilleurs résultats dans des domaines tels que l’éducation où les enfants atteints de TDAH connaissent souvent des difficultés.

Janet Currie, professeur d’économie et d’affaires publiques à Princeton, au New Jersey, avec des collègues de l’Université de Toronto et de Cornell ont suivi 15 000 enfants et leur famille au Québec et ailleurs au Canada pendant 14 ans. Ils ont notamment étudié les résultats scolaires des élèves qui prenaient du Ritalin.

Cette étude estime que le Ritalin n’améliore pas les résultats scolaires des enfants à qui il est prescrit pour lutter contre leurs troubles de l’attention. Ils ont conclu que, non seulement il n’y a pas d’amélioration, mais qu’il y aurait une régression des résultats scolaires chez certains élèves.

À noter que 44 % du Ritalin prescrit au Canada est consommé au Québec, qui connaît par ailleurs l’un des taux de décrochage scolaire les plus élevés au pays. Les ordonnances de Ritalin auraient d’ailleurs triplé au Québec après l’adoption du régime public d’assurance-médicaments.



Dans le cas des enfants hyperactifs, cette augmentation de la consommation du médicament nuirait en effet à leur développement. En effet, plus les symptômes du TDAH sont aigus chez un enfant, pire sont ses résultats, quelle que soit la mesure. Mais même si les auteurs confirment une augmentation de l’utilisation du Ritalin, surtout parmi les enfants les plus affectés par le TDAH, les chercheurs n’ont constaté que « peu d’amélioration globale des résultats » dans le court terme. Après le changement de politique, les enfants à fort TDAH étaient encore plus susceptibles de connaître des difficultés à l’école, de redoubler une année et d’avoir des résultats inférieurs aux épreuves normalisées de mathématiques. Cet effet négatif se faisait plus sentir chez les garçons que chez les filles — les garçons étant également plus susceptibles d’abandonner l’école. Les enfants présentant des symptômes moyens du TDAH, en particulier les filles dans ce cas, ont connu une augmentation de 24 pour cent de leur mécontentement, une fois que le Ritalin a été plus couramment utilisé.

Au Québec, 70 % de toutes les prescriptions de Ritalin sont pour des garçons.

« Pourquoi autant de gars ? Est-ce que le fait d’être un gars est en soi un problème pédopsychiatrique qui implique d’avoir une médication ? Posez-vous la question, a ajouté Gérald Boutin, qui suggère plus de tolérance. C’est normal de bouger. On ne peut pas rester comme ça, à 7 ou 10 ans, assis sur son petit derrière. C’est affolant, ce serait inquiétant.

Trop souvent administré

Des spécialistes de la question déplorent que le médicament soit trop souvent administré au détriment d’autres formes d’aide comme le soutien à l’apprentissage de la lecture ou de l’écriture, ou encore l’amélioration de la sociabilité en classe.

L’étude souligne également qu’il y a énormément de pression sur les parents pour qu’ils donnent du Ritalin à leurs enfants.

« On a la détente beaucoup trop rapide pour identifier les troubles déficitaires d’attention et d’hyperactivité. La deuxième chose, c’est qu’on y va beaucoup trop rapidement, on surmédicalise cette question-là présentement » a commenté au Journal de Montréal Égide Royer, professeur à la Faculté de l’éducation de l’Université Laval.

Effets secondaires

Les spécialistes de l’éducation ne sont pas surpris. Le médicament seul ne suffit pas. Et il a des effets secondaires reconnus. Ils ressentent « une certaine fatigue, un certain sentiment d’incomplétude. L’élève ne se sent pas non plus toujours très bien dans sa peau », selon Gérald Boutin, professeur à la Faculté de l’éducation de l’UQAM.

« Ça augmente la tension, mais ce n’est pas ça qui apprend à écrire et à lire à un jeune, a ajouté M. Boutin. Ce n’est pas ça non plus comme tel qui permet à un jeune de développer certaines habiletés sociales, à fonctionner avec les autres. »

Et les autres études ?

Il est difficile de concilier ces résultats avec la montagne d’études probantes qui tendent à démontrer que les médicaments contre le TDAH améliorent l’attention et la performance des élèves. Mais ces études portaient toutes sur des périodes relativement brèves, tandis que l’étude de Currie est l’une des premières à se pencher sur des années de résultats scolaires. Par ailleurs, l’attention extrême causée par le Ritalin peut aussi bien être néfaste que bénéfique. Bien que ces pilules vous aident à vous concentrer, elles ne déterminent pas l’objet de cette concentration. Des anecdotes abondent au sujet d’étudiants drogués au Adderall qui, impuissants se mettent à ranger leurs placards à 2 heures du matin plutôt que de travailler sur ce rapport à rendre le lendemain.

Currie et ses coauteurs spéculent que quelque chose de semblable pourrait se produire en classe. Du Ritalin peut calmer un enfant hyperactif, mais il peut tout aussi bien le laisser dans un état de transe en train de compter compulsivement des bonbons dans son coin. « Il se pourrait qu’on ait affaire des enfants ‘loin des yeux, loin du cœur’ qui ne reçoivent pas l’aide supplémentaire dont ils ont besoin », a déclaré Currie.

Une explication plus inquiétante serait que ces médicaments aggravent les symptômes du TDAH en provoquant des changements à long terme dans le cerveau. Les scientifiques pensent que le TDAH est causé par de faibles niveaux d’une substance chimique appelée la dopamine. Les médicaments comme le Ritalin agissent en ralentissant la vitesse à laquelle le corps élimine la dopamine dans le cerveau. Mais une étude publiée en mai a révélé que, après douze mois de prise de Ritalin, le corps des sujets s’était adapté et éliminait plus de dopamine, contrecarrant partiellement les effets du médicament.

Leçons à tirer

Il semble que l’on puisse tirer deux leçons. Tout d’abord, il existe un risque moral important, surtout pour un médicament prescrit après un processus particulièrement subjectif et permissif. Au cours de leurs recherches, Currie et ses collègues ont comparé le nombre d’ordonnances de Ritalin et de médicaments contre l’asthme. Seul le nombre de prescriptions de Ritalin a grimpé au Québec après l’adoption du régime public d’assurance-médicaments. Le taux d’ordonnances contre l’asthme est resté le même que dans le reste du Canada. Il devient évident que plus d’enfants au Québec prennent des médicaments contre le TDAH qu’ils ne devraient — simplement parce que ceux-ci étaient désormais plus accessibles — et que ces médicaments ne leur ont pas fait du bien.

L’autre leçon est que les sceptiques au sujet du Ritalin ont eu raison de se demander pourquoi tant d’enfants devaient prendre ce médicament, alors que leur santé ne posait pas de problème, simplement leur comportement. Et l’hyperactivité et le manque de concentration sont-ils une maladie, ou tout simplement la manière dont certains cerveaux fonctionnent ? Il se peut que la classe idéale calme et organisée soit contraire à la manière dont les enfants sont programmés. Créer cette classe idéale à doses de médicaments, surtout si ces médicaments ne semblent pas fonctionner à long terme, prive les enfants des compétences et de comportements dont ils ont besoin pour rester concentrés par eux-mêmes.




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