lundi 31 août 2015

Humour — « Une majorité des Québécois préfèrent la connaissance à l'ignorance »

Remarque amusante du Premier ministre Couillard (ci-contre) interrogé au sujet du nouveau programme d’éducation à la sexualité (encore moins d’heures de français, voir aussi ici ?) en marge de la rencontre des Premiers ministres de l’est du Canada et des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre, Philippe Couillard a souligné qu’« il faut que le cours soit bien fait, donné par des personnes compétentes qui ont la formation pour le faire, qu’il soit équilibré et qu’il tienne compte de l’âge et du niveau des enfants auxquels il s’adresse ».

« Sur ce point-là, je pense que déjà une bonne majorité des Québécois préfèrent la connaissance à l’ignorance », a-t-il ajouté.

Le Premier ministre est un grand pince-sans-rire.

Il est bien évident que les gens préfèrent la qualité à de la camelote et la connaissance à l’ignorance.

Mais... lui-même admet que cette connaissance doit tenir « compte de l’âge et du niveau des enfants ». Donc toute connaissance n’est peut-être pas bonne à donner dès la maternelle ? Une certaine innocence s’accompagnant d’une certaine ignorance...

Et, surtout, est-ce que le programme d’éducation à la sexualité est vraiment
  • uniquement informatif ? Aucune idéologie comme cette lutte contre les stéréotypes sexuels dès 7-8 ans prévue dans le programme, hmmm ? En quoi ceci est-il de la connaissance plutôt qu’une volonté idéologique de changer la société :
    « Les élèves réfléchissent :
    aux diverses façons de s’exprimer comme garçon ou comme fille, au-delà des stéréotypes ; aux normes sociales et aux stéréotypes véhiculés dans l’espace public (publicité, télévision, Internet, etc.) ; à l’importance du respect des différences, aux impacts du sexisme et de l’homophobie »
    Lutter à 7 ans contre l’homophobie...!? L’homophobie de ces garçonnets et fillettes étant sans doute simplement une préférence pour les couples hétérosexuels comme papa et maman. Très mal. L’État doit bien sûr intervenir, c’est évident, n’est-ce pas ?
  • et totalement informatif ? Le programme n’occulte-t-il aucun fait désagréable pour la doctrine hédoniste favorable à une sexualité précoce qui serait une bonne chose tant qu’« elle est [censément] protégée » ?  
Par exemple :
    • Les forts taux de maladies liées aux relations anales, inhérentes à la biologie de l’anus, 
    • Le fait que certaines infections vénériennes, parmi les plus courantes aujourd’hui d’ailleurs, s’attrapent même avec un condom...
     

Voir aussi

Québec — éducation sexuelle : dispense en 1992, aucune exemption en 2015.

La Théorie du genre — une volonté idéologique de déconstruire la société

Le juriste et philosophe Drieu Godefridi, dans un court essai, La loi du genre s’attache à décrypter l’idéologie du genre. Selon lui, elle s’impose à la société par voie technocratique et supranationale.

Le « djendeur ». C’est ainsi que les esprits forts appellent la théorie du genre pour se moquer de ceux qui s’en inquiètent. Pour eux, la théorie du genre n’existe pas et ceux qui prétendent la dénoncer ne savent pas de quoi ils parlent. Ils n’ont rien à craindre : le genre est un simple outil au service de l’égalité. Fermez le ban !

Drieu Godefridi, dans un court essai, La loi du genre, à l’argumentation rigoureuse et implacable, s’applique à démontrer le contraire. Oui, la « théorie du genre » existe. Oui, il y a bien, derrière les discours progressistes consensuels, une volonté idéologique de déconstruire la société.

Certes, les études de genre, qui existent depuis bien longtemps, ont leur pertinence. L’étude de « la relativité des catégories du masculin et du féminin » appartient évidemment au champ de la connaissance. Mais, souligne l’auteur, « bien vite, se dessina au cœur des études de genre un courant qui ne visait plus tant à connaître son objet, à le décrire et le comprendre, qu’à le transformer ». Savoir-pouvoir, disait Foucault, maître de la papesse américaine du genre Judith Butler, qui soulignait les liens indissociables entre la théorie et l’ingénierie sociale.

« Avez-vous un vagin ? »

Godefridi divise cette idéologie du genre en deux branches. Dans sa branche « homosexualiste », celle théorisée par Butler dans Trouble dans le genre, elle se développe avec pour objectif affiché de « destituer l’hétéronormativité ». Il s’agit d’en finir avec la polarisation universelle du genre humain en deux sexes, jugée artificielle, arbitraire et stigmatisante, au profit, d’une « transidentité » floue (« queer »), ou au contraire d’étiquettes très précises quant à l’« orientation sexuelle » (« gay » « lesbienne » « bi », etc.). Les deux pouvant, bien sûr, se combiner. « Avez-vous un vagin ? » à cette question, Monique Wittig, disciple de Butler, répondit simplement : « non ». Cet idéalisme forcené (Butler a fait sa thèse sur Hegel, maitre indépassable de l’idéalisme allemand) qui rompt avec le réalisme biologique, est aussi — paradoxe — un relativisme. En effet, si tout est culture, tout est langage, il n’existe aucune norme extérieure à la subjectivité de la personne.

Les féministes-genristes, idiotes utiles de Butler

Là où Butler veut détruire la division universelle de l’humanité en deux sexes — soit la matrice hétérosexuelle — les féministes ont la plus modeste ambition de détruire la domination d’un sexe sur l’autre. Ainsi, dans sa version « féministe », le genre sert d’outil pour établir un continuum entre stéréotypes et violences faites aux femmes, devenu le fer de lance de la cause féministe. De « Madame la présidente » à l’Assemblée nationale au viol dans le métro, c’est une seule et même violence, celle du patriarcat, qui s’exerce sous des formes physiques ou symboliques. En gros, c’est parce que maman fait la vaisselle que papa se sent le droit de la frapper. C’est parce que les petites filles rêvent d’être des Princesses qu’il n’y a pas de femme présidente de la République.

[Note du carnet, le nouveau programme d’éducation à la sexualité du Québec compte lutter contre ces horribles stéréotypes dès le primaire (7-8 ans). Quelle horreur ! Des enfants pourraient penser qu’il y a des jouets pour enfants (apparemment, c’est pourtant le cas), il faut que l’État intervienne au plus tôt !
« Les stéréotypes sexuels influencent les choix (jeux, vêtements, activités) des garçons et des filles.

La lutte contre les stéréotypes favorise le développement du plein potentiel des filles et des garçons, et contribue à des rapports égalitaires et plus harmonieux entre les sexes. »

Et toujours à 7 et 8 ans :

« Les élèves réfléchissent :
aux diverses façons de s’exprimer comme garçon ou comme fille, au-delà des stéréotypes ;
aux normes sociales et aux stéréotypes véhiculés dans l’espace public (publicité, télévision, Internet, etc.) ;
à l’importance du respect des différences, aux impacts du sexisme et de l’homophobie
»

Lutter contre l’homophobie... À 7 ans...]


La philosophe Sylviane Agacinski a elle bien vu cet écueil, critiquant cette « subversion du féminisme » que constitue l’adoption des thèses butleriennes par les féministes. « En s’engouffrant, à la suite de Butler, dans la négation de la biologie, les féministes du genre servent des étrangers à leur cause, qui est, en dernière analyse, la complète égalité matérielle des hommes et des femmes. » écrit Godefridi. « Les féministo-genristes sont les idiotes utiles du genre Butler » conclut l’auteur. L’échec de cette convergence des luttes trouve un aveu flagrant dans la revendication LGBT de la gestation pour autrui, véritable mise en esclavage du corps féminin, nié par un idéalisme qui refuse toute pertinence au biologique.

De plus, en plus d’être déresponsabilisant (c’est pas de ma faute, c’est la société) cette continuité entre préjugés et passage à la violence physique, n’a aucune validité scientifique, démontre l’auteur.

De la non-scientificité de la théorie du genre

D’ailleurs, une des intuitions passionnantes de cet essai est la confrontation de la « théorie du genre » au critère de scientificité de Karl Popper. Pour Karl Popper, ce qui distingue une théorie scientifique d’une théorie métaphysique (ou d’une idéologie) c’est sa possibilité d’être réfutée, ou falsifiée. Une théorie infalsifiable, c’est à dire non-scientifique, est une théorie qui résiste à la démonstration du contraire, et inclut cette réfutation comme faisant partie de la théorie. Exemple : si vous critiquez le marxisme, c’est que vous êtes un bourgeois. Si vous critiquez la psychanalyse, c’est que vous êtes névrosé. Si vous critiquez la théorie du genre, c’est bien la preuve que le monde est bien dirigé par la « caste hétérosexuelle » cherchant à maintenir son pouvoir par tous les moyens. Logique implacable et orwelienne, qui nie toute possibilité d’une critique en la renvoyant en ricanant aux fantasmes du « djendeur ».

Toutes ces arguties pourraient rester confinées aux couloirs d’université ou aux réunions non-mixtes de militantes trostko-féministes, si la théorie du genre n’avait pas acquis une dimension « technocratique et supranationale », et n’était pas imposée par le haut, à coup de rapports et de résolutions par les institutions de l’Union européenne notamment. Ainsi, rappelle l’auteur, une convention du Conseil de l’Europe, adoptée en 2011 à Istanbul stipule que les Parties « prennent les mesures nécessaires (…) en vue d’éradiquer les préjugés, les coutumes, les traditions, et toute autre pratique fondés sur (…) un rôle stéréotypé des femmes et des hommes. » Un programme d’ingénierie sociale, un « songe totalitaire » échappant à tout débat démocratique. Voilà ce qu’est l’implacable loi du genre.

Présentation de l’éditeur

En l’espace de quelques années, la théorie du genre a saturé l’espace public. Prenant prétexte d’une convention du Conseil de l’Europe, l’auteur revient sur les origines de cette fameuse théorie. Il démontre comment elle s’articule autour de deux lignées fort différentes, d’une part le « genre homosexualiste » brillamment présenté par Judith Butler, de l’autre, le « genre féministe » plus directement actif dans nos systèmes politiques. En fin de compte, l’auteur montre que le « genre » n’est pas une science, mais une tentative idéologique et révolutionnaire de recréer l’homme et la femme par la contrainte de l’État, en niant leur altérité.

Docteur en philosophie (Sorbonne) et juriste, Drieu Godefridi est un épistémologue qui se revendique de la tradition de Friedrich Hayek, Karl Popper et Paul Feyerabend.

La loi du genre,
par Drieu Godefridi,
paru aux Belles Lettres,
à Paris,
en août 2015,
92 pages,
ISBN-13 978-2-251-50305-9

Source

Québec — Les intérêts du ministère et des syndicats au centre du système scolaire ?

Billet d’Adrien Pouliot, chef du Parti conservateur du Québec

L’automne risque d’être chaud en éducation. Pendant que les syndicats des enseignants battent les tam-tams de grève, le Forum des idées du Québec se penche sur le système d’éducation du XXIe siècle au Québec, espérant pouvoir identifier certains points sur lesquels les politiques d’éducation du Québec devraient être concentrées afin d’atteindre ce que devrait être, ou ce à quoi devrait ressembler, un système d’éducation idéal pour le Québec du XXIe siècle.

Les propos de Line Camerlain, vice-présidente de la Centrale des enseignants du Québec (CEQ), relatifs aux quatre innovations dans le système scolaire du Wisconsin soulignées par Mathieu Perreault de La Presse [le 22 août] laissent présager le genre de collaboration que le Forum pourra recevoir des syndicats ancrés dans l’immobilisme et le corporatisme tous azimuts, peu importe l’impact sur les élèves.

Au Wisconsin, de plus en plus de commissions scolaires rémunèrent au mérite et ces évaluations servent aussi aux promotions et aux congédiements, plutôt que l’ancienneté. Qu’en pense Mme Camerlain ? Elle balaie cette idée du revers de la main. De toute façon, selon elle, le prof ne compte que pour 15 à 20 % du succès scolaire ! Belle façon de valoriser la tâche de ses membres ! Et les écoles à charte ? Horreur : c’est une privatisation avec une gestion axée sur les résultats ! Imaginez : au Wisconsin, les résultats comptent !

Que dire de l’idée de permettre aux enseignants d’enseigner les matières qu’ils connaissent bien sans avoir un diplôme en éducation ?

[On se rappellera cette histoire rapportée dans Le Devoir d’un excellent prof de latin qui, lui aussi, n’était pas qualifié au sens de la Loi. Il avait dû renoncer à son poste et enseigner le latin à son successeur qui ne le connaissait pas ou peu, mais qui détenait le diplôme nécessaire en pédagogisme. La chose avait même ému Josée Boileau dans le Devoir qui dénonçait « un incroyable salmigondis administratif, goutte d'eau qui s'ajoute à un parcours fait d'obstacles syndicaux et bureaucratiques qui ne peuvent faire rire que dans les films de Denys Arcand ou un épisode des Bougon. »]

Mme Camerlain affirme que ce n’est pas parce que quelqu’un est bon dans un labo qu’il peut bien enseigner. Madame Camerlain, préférez-vous un prof qui ne connaisse rien en science, mais qui l’enseigne parce qu’il a un diplôme d’enseignement ? Quant à envoyer des premiers de classe universitaires enseigner dans les écoles défavorisées, Mme Camerlain croit qu’on ne fait qu’utiliser de la « main-d’œuvre à bon marché ».

Pendant ce temps, au Québec, on tenait la semaine dernière le grand encan des esclaves, journée où, tour à tour, les enseignants ayant le moins d’ancienneté se font offrir, par un tirage au sort équivalant à un bingo ou une loterie, des tâches où ils auront plusieurs matières à enseigner à des élèves de plusieurs niveaux différents, parfois même dans des écoles différentes. Ces enseignants apprendront à quelques jours de la rentrée des classes ce qu’ils devront enseigner, sans véritablement avoir le temps de se préparer convenablement. Ceux qui ont le plus d’ancienneté, peu importe leurs compétences, ont pu, eux, choisir leurs assignations au printemps dernier.

Nos écoles regorgent de braves directeurs et de valeureux enseignants qui ont à cœur le succès de leurs élèves, mais le système éducatif coulé dans le béton des conventions collectives enlève les incitatifs à innover pour faire progresser leurs élèves, les menottant dans un immobilisme étouffant.

Afin de revitaliser notre système d’éducation, il y a lieu d’abord de placer les besoins des élèves et l’action constructive des parents au cœur de son fonctionnement. Les parents et leurs enfants doivent commander l’attention première et ultime des gestionnaires des écoles primaires et secondaires.

Les responsabilités et l’imputabilité des conseils d’établissement doivent être rehaussées, quitte à en faire de véritables conseils d’administration, afin qu’ils puissent exercer pleinement leur leadership en matière de pédagogie et d’administration. Une fois les écoles autonomes et responsables, les commissions scolaires deviendraient inutiles.

Les directions d’école devraient pouvoir négocier elles-mêmes la rémunération de leur personnel enseignant avec leur syndicat respectif et elles devraient, dans le cadre d’une évaluation juste, pouvoir congédier ceux qui n'ont pas de bons résultats et promouvoir ceux qui le méritent.

Le ministère de l’Éducation devrait continuer d’établir le cadre général de l’éducation québécoise et de déterminer un cahier de charges par cycle, mais les curriculums doivent être décidés par les directions d’école avec leurs enseignants. Pour éviter que le ministère ne soit juge et partie, je propose qu’une commission d’évaluation (relevant de l’Assemblée nationale plutôt que du ministère) fixe les standards à atteindre au primaire et au secondaire en les relevant progressivement. Elle serait aussi chargée de concevoir et de faire passer les examens nationaux et de diffuser largement les résultats obtenus par les écoles.

Tout en respectant l’universalité de l’accès à l’éducation, je préconise un nouveau mode de financement des écoles qui mettrait un levier de premier ordre entre les mains des parents. Il s’agit d’un système de bons d’étude universels comme on le retrouve notamment en Nouvelle-Zélande, au Danemark et en Suède. Tout parent d’un enfant inscrit à l’école primaire ou secondaire recevrait un bon d’étude pour couvrir les coûts de l’année scolaire et il pourrait ensuite « magasiner » son école, soit l’école publique de son quartier, l’école publique du quartier voisin, ou encore l’école privée (OSBL ou à but lucratif) de son choix.

Je n’invente rien : le ministère de l’Éducation utilise déjà une formule qui s’apparente aux bons d’étude pour financer les universités et les CÉGEPS. En effet, les étudiants des niveaux postsecondaires ont le choix de leur programme à l’intérieur de ces institutions, lesquelles reçoivent une subvention correspondant au nombre de cours suivis par ces étudiants inscrits dans les programmes à une date donnée. En exerçant ces choix, les étudiants soumettent les institutions universitaires et collégiales à la concurrence.

En effet, les bons d’étude universels, offerts à tous les parents, seront de nature à augmenter la qualité des écoles au moyen d’un mécanisme de choix du parent, lequel choix signifie un financement supérieur pour l’école. Il semble évident que les écoles offrant les meilleures formations et celles les mieux adaptées aux besoins des élèves seront choisies plus souvent.

Finalement, il faut vraiment valoriser les professeurs — ils ont un impact majeur sur nos enfants. Les fonctionnaires du ministère ne devraient plus prescrire les méthodes d’enseignement. Désormais imputables de leurs résultats devant leurs patrons ultimes — les parents —, les enseignants, de concert avec les directions d’écoles, auraient la responsabilité d’adopter les méthodes leur apparaissant les plus efficaces. Cette liberté diversifiera l’offre de services éducatifs aux parents.

L’establishment scolaire ne cesse de dire qu’il faut placer l’élève au centre des préoccupations du système alors que, dans les faits, c’est l’intérêt des enseignants syndiqués qui fait l’objet de toutes les attentions. Tant que les enfants et leurs parents n’auront pas le pouvoir de choisir et seront traités comme les récipiendaires des largesses de l’État plutôt que comme des clients, il y a fort à parier que les syndicats continueront d’avoir la main haute sur l’éducation de ceux qui feront l’avenir du Québec.