samedi 30 novembre 2024

Le permis de séjour de 200 000 diplômés étrangers expirera d'ici fin 2025, quitteront-ils le Canada ?

Des centaines de milliers d'étudiants étrangers diplômés risquent d'être expulsés à l'expiration de leur permis de travail au cours de l'année prochaine.

S'exprimant depuis un campement de tentes à Brampton, en Ontario, où elle a protesté contre les récents changements apportés à la politique d'immigration, Gurkirat Kaur, diplômée d'un collège de l'Ontario, déclare à CTV News qu'elle ne « veut pas vivre (au Canada) illégalement ».

Mme Kaur fait partie des plus de 200 000 étudiants étrangers au Canada qui ont déjà obtenu leur diplôme et qui risquent maintenant de perdre leur statut légal lorsque leur permis de travail expirera au cours des 13 prochains mois.

Arrière-plan de la page d'accueil du Sheridan College : une clientèle étudiante peu diversifiée

Les récents changements apportés à la politique d'immigration du gouvernement fédéral, qui comprennent de nouvelles restrictions sur les permis de travail des diplômés, font craindre à Kaur et à beaucoup d'autres que leur demande de résidence permanente soit rejetée et qu'à l'expiration de leur permis de travail, ils n'aient plus que deux choix : rester au Canada illégalement ou être contraints de quitter le pays.

Kaur dit qu'elle a payé 36 000 dollars pour obtenir son diplôme

Elle explique que son père a dépensé toutes ses économies pour l'envoyer au Centennial College de l'Ontario, où elle a obtenu un diplôme de biotechnologie en 2022. Elle travaille actuellement pour une société pharmaceutique et son permis de travail expire dans dix mois.

« J'ai déjà beaucoup investi dans mon éducation. J'ai payé 36 000 dollars pour obtenir mon diplôme », a déclaré Kaur, désemparée.

Selon ces étudiants étrangers le Canada promettait la résidence permanente à la fin des études

Elle et d'autres disent que le gouvernement fédéral leur a vendu la possibilité de venir au Canada, avec des publicités qui disaient aux étudiants de venir « étudier, explorer, travailler et rester », selon Kaur.

Cependant, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) adresse un message différent aux étudiants étrangers.

« Le fait de demander à étudier dans un établissement canadien confère un statut temporaire au Canada, et non un statut permanent, et le fait d'avoir un statut temporaire ne garantit pas une transition vers la résidence permanente », explique en partie IRCC dans un courriel envoyé à CTV News.

« Les paramètres d'admissibilité au permis de travail de troisième cycle ont été recalibrés en fonction du capital humain et des facteurs du marché du travail », a ajouté le ministère.

Le permis de travail de du diplômé étranger Bikram Singh a déjà expiré. Ce technicien automobile utilise maintenant un visa de visiteur pour rester dans le pays, mais il craint d'être bientôt expulsé, même s'il est lui aussi diplômé d'un collège de l'Ontario.

« Nous sommes venus ici avec le rêve d'une bonne vie, mais on ne peut pas imaginer une bonne vie sans résidence permanente », a déclaré Singh.

 
Licenciements dans les collèges à diplômés étrangers

Les modifications apportées par Ottawa en matière d'immigration prévoient également un nouveau plafond pour le nombre d'étudiants étrangers acceptés dans le pays. En réaction, le Sheridan College de l'Ontario a annoncé cette semaine qu'il suspendait 40 programmes et licenciait du personnel.

Dans un courriel adressé à CTV News, le Sheridan College affirme que « d'après nos prévisions d'inscriptions, nous aurons environ 30 % d'étudiants en moins dans les années à venir, ce qui entraînera une perte de revenus d'environ 112 millions de dollars au cours de la prochaine année fiscale. Nous devons donc réduire nos dépenses. »

Cette semaine, le ministre canadien de l'immigration, Marc Miller, a été contraint de défendre les récents changements apportés par les libéraux à leur politique, notamment en ce qui concerne la manière dont ils prévoient de vérifier que les résidents dont le statut a expiré quittent le pays.

Les personnes présentes au campement de Brampton, en Ontario, espèrent ne pas en arriver là.

Ils demandent à Ottawa de prolonger les permis de travail arrivant à expiration et de faire passer la durée de validité de trois à cinq ans. Ils demandent également au gouvernement fédéral de tenir la promesse qu'ils prétendent avoir reçue lorsqu'ils ont décidé de venir au Canada, à savoir ce qu'il nomme une procédure claire et équitable pour l'obtention de la résidence permanente.

La résidence permanente nullement promise par le Canada
 
Pour la journaliste au Financial Post, Rpua Subramanya, elle-même immigrante le Canada n'a jamais fait une telle promesse. Dans un message sur 𝕏, elle indique : 
 Une étudiante internationale titulaire d'un permis de travail qui va bientôt expirer reproche au Canada de l'obliger à partir, alors qu'aucune garantie de ce type n'est donnée aux étudiants ou aux travailleurs temporaires. Je suis bien placée pour le savoir, car je suis venue au Canada en tant qu'étudiante internationale il y a près de 30 ans.

Elle et ses amis explorent maintenant les moyens de rester au Canada, y compris la demande de statut de réfugié, qui sera bloquée pendant des années jusqu'à ce que leur cas soit tranché. Notre ministre de l'immigration @MarcMillerVM croit naïvement que les personnes dont le permis expire vont quitter le Canada de leur plein gré, ce qui est une plaisanterie. Il devrait regarder cette vidéo.

Le mentalité d'ayant-droit de certaines de ces personnes est stupéfiante. Elle n'a pas légalement le droit de rester au Canada au-delà de la date d'expiration de son permis actuel et si elle refuse de partir, elle devrait être expulsée.

Ces personnes jouent sur la culpabilité des Blancs, la chose la plus facile à exploiter au Canada où les gens sont généralement naïfs et pensent que tout le monde est bien intentionné.

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Extension du domaine de l’antiracisme

Chronique de Mathieu Bock-Côté dans le Figaro.

Sous prétexte de sanctionner les propos haineux, discriminatoires ou racistes, on entend en fait empêcher la mise en circulation d’informations ou d’analyses troublant le récit de la diversité heureuse.

Le 27 novembre, Érik Tegnér, le directeur du média Frontières, lançait un appel à l’aide sur 𝕏 (ex-Twitter) en dévoilant la campagne de harcèlement dont il est la cible. Le 11 décembre, il se retrouvera ainsi, à l’initiative de SOS-Racisme , devant la 17e chambre pour avoir accueilli sur sa plateforme Marguerite Stern, qui s’y était inquiété du lien entre l’immigration et l’insécurité . Ce n’était pas la première fois. Sous prétexte de sanctionner les propos haineux, discriminatoires ou racistes, on entend en fait empêcher la mise en circulation d’informations ou d’analyses troublant le récit de la diversité heureuse.

Journalistes, militants, intellectuels ou politiques peuvent ainsi se retrouver devant les tribunaux pour délit d’opinion – c’est la fameuse formule voulant que « le racisme (ne soit) pas une opinion mais un délit », qui s’appuie évidemment sur une définition extravagante et toujours plus étendue du racisme. Il en est de même aujourd’hui pour ce qui est de la « transphobie » : qui n’adhère pas à l’idée voulant qu’il suffise à un homme de s’identifier comme femme pour être désormais socialement et médiatiquement reconnu ainsi, et cela, de manière obligatoire, sera victime de harcèlement juridique.

Tout ce qui contredit le dogme fondateur du diversitaire relève ainsi de l’hérésie idéologique juridiquement sanctionnée. Et ce sont généralement les associations militantes qui conduiront les réfractaires devant les tribunaux. Elles ont pour fonction de transformer les dissidents en parias, frappés d’interdit professionnel et condamnés à la peine de mort sociale. Elles le font d’autant plus qu’ils leur sont désignés par des médias, se donnant pour mission de signaler les délinquants idéologiques à surveiller, en les étiquetant de sale manière pour que tous les sachent dangereux.

La censure jusque dans le domaine privé

Plus tôt cette année, c’est le mensuel L’Incorrect qui a été chassé de sa banque. La persécution bancaire n’est pas réservée à la presse de droite. Nombreux sont les militants « identitaires » à avoir été frappés du même sort – l’acharnement contre cette mouvance, qui a vu son association principale dissoute, nombre de ses comptes sur les réseaux sociaux suspendus ainsi qu’un de ses colloques annulé par crainte des discours qu’on pourrait y entendre, laisse croire que le régime diversitaire y voit le visage de l’ennemi de l’intérieur.

Même les réactions populaires contre le régime diversitaire et ses politiques sont de plus en plus mises en péril, comme on l’a vu avec l’interdiction de la manifestation prévue à Romans-sur-Isère pour honorer la mémoire de Thomas, tué il y a un an par une bande annonçant son intention de « planter du Blanc ». L’arrêté a été finalement suspendu par la justice. Il s’agit toutefois de faire monter le coût de la liberté d’expression, pour créer un environnement public et médiatique suffisamment dissuasif pour que chacun comprenne qu’il vaut mieux se taire que de tout risquer pour avancer une idée interdite.

La censure des « discours haineux » jusque dans le domaine privé pousse ainsi chacun à une vigilance et à une inhibition permanentes. Tout cela nous rappelle l’existence d’un dispositif de censure sophistiqué allant de l’État avec ses lois jusqu’au délateur de salon, invité à multiplier les signalements à l’Arcom, qui infligera ensuite aux contrevenants de lourdes amendes. Demain, c’est la possibilité juridique même de la critique de l’immigration massive qui sera peut-être interdite, au nom de la censure de la « théorie du grand remplacement », comme on l’a proposé, en 2023, à l’Assemblée nationale. N’a-t-elle pas ouvert la porte, il y a un an, à l’interdiction médiatique du climatoscepticisme ?

Dogme diversitaire

S’il est permis de critiquer les excès de ce dispositif de censure, on en remet plus rarement en question les fondements, et encore moins la légitimité. C’est pourtant la possibilité même du délit d’opinion qu’il faudrait juridiquement abolir. La liberté d’expression devrait être limitée par l’interdiction de la diffamation et de l’appel à la violence. Le reste, même le plus choquant, devrait être autorisé. Conséquemment, les associations militantes ne devraient plus être en droit de traîner devant les tribunaux les individus tenant des propos qu’ils réprouvent. Cette possibilité juridique ne devrait plus exister.

Nos sociétés ont réinstauré le blasphème à travers le dogme diversitaire. Et pour cela, à l’échelle de l’histoire, il s’agit d’abolir à nouveau le délit de blasphème et le dispositif institutionnel de la nouvelle inquisition. Ce ne sont pas seulement les excès de la censure qu’il faut réprouver, mais le régime de censure lui-même, en le démantelant loi par loi, subvention par subvention, tribunal par tribunal, autrement dit pièce par pièce. Il est étonnant qu’ils soient si peu nombreux, à droite, à en être conscients.