mardi 4 avril 2023

Quand les discours haineux sont permis

Rien n’est plus consensuel aujourd’hui que la dénonciation des discours haineux. Mais pour peu qu’on cherche à comprendre la définition du discours haineux, le consensus s’effrite.

Qu’on me permette de donner quelques exemples.

Il y a quelques semaines, à l’Université McGill [anglophone à Montréal], une conférence a été obstruée par des militants trans radicaux qui voulaient l’empêcher de se tenir.

Campus urbain de McGill

Militants

Leur argument ? L’invité, Robert Wintemute, qui critiquait la théorie du genre, tiendrait un « discours haineux ». La critique de cette théorie est-elle encore permise ?

Inversement, les militants qui multiplièrent les insultes à l’endroit de ceux qui se rendaient à la conférence ne furent pas accusés de tenir un discours haineux. À moins qu’il ne s’agisse d’une haine autorisée ?

Autre exemple. On connaît la formule « all cops are bastards ». Traduction : tous les policiers sont des salauds. Il s’agit de haine antipolicière. Une chanteuse peut même porter un t-shirt affichant ce slogan. Sera-t-elle accusée de propos haineux ? Non. Mais pourquoi ?

Autre exemple : une écrivaine française écrivait un livre en 2020 où elle disait détester les hommes. Un quotidien québécois s’enthousiasmait pour l’ouvrage en se demandant pourquoi « il est encore tabou, interdit même, d’imaginer un monde où l’on pourrait haïr les hommes ». Cette haine n’était pas condamnée, mais revendiquée. 

Cela m’oblige à réviser mon introduction.

Notre société condamne-t-elle les discours haineux ? Cela dépend.

Policiers

Elle assimilera aux discours haineux la moindre critique des « minorités ». Vous n’êtes pas convaincu que les drag queens [travestis] ont leur place à l’école primaire ? Vous êtes haineux ! Vous ne croyez pas à la théorie du racisme systémique ? Toujours haineux ! Vous avez des réserves sur une religion minoritaire ? Encore haineux !

Mais vous détestez les hommes, et encore plus s’ils sont blancs ? Vous êtes une audacieuse provocatrice ! Vous détestez les policiers ? Vous militez pour la justice sociale. 

Ou alors vous avez la haine vertueuse. On vous applaudira.

Voir aussi

L’ancienne femen devait intervenir lors d’un colloque, organisé le 15 avril par le Comité Laïcité République Pays de la Loire, pour parler de l’état du féminisme après #BalanceTonPorc. Face aux menaces et pressions de ses détracteurs, les organisateurs ont préféré annuler sa participation.

«Je trouve ça lâche» : ce mardi matin, un sentiment de colère anime l’ancienne femen Marguerite Stern. Elle vient d’apprendre l’annulation de sa conférence organisée le 15 avril, à Nantes, au château des Ducs de Bretagne, intitulée «Cinq ans après #MeToo , où en est le féminisme ?». «Je me sens empêchée dans ma liberté d’expression. C’est une forme de totalitarisme, de censure. C’est grave», a réagi auprès du Figaro la féministe. Celle qui dénonce depuis trois ans les dangers de l’idéologie transgenre avait affronté ce week-end une levée de boucliers avant même d’avoir annoncé personnellement sa venue. Un «Appel à la contre-manifestation contre la transphobe Marguerite Stern» avait été lancé.