Le directeur de l’école polyvalente de Jonquière, Mario Bernier, a indiqué au Journal de Québec qu’il appuyait l’approche pédagogique de l’enseignante de son école qui a décidé de faire porter le voile à ses élèves, dans le cadre du cours d’éthique et de culture religieuse.
Si l’initiative de l’enseignante de 5e secondaire, France Gagnon, n’a pas soulevé de tollé chez les élèves ou les parents, l’exercice de quelques minutes a suscité maintes réactions dans la province.
« Des médias n’ont pas arrêté de m’appeler vendredi, a fait savoir le directeur. Quand on touche à la religion au Québec, ça suscite beaucoup de réactions, surtout depuis la commission Bouchard-Taylor, mais là, je ne pensais pas que ça créerait un tel tumulte. Il y a un genre de panique médiatique. »
M. Bernier a également mentionné que l’enseignante ne voulait dorénavant plus parler aux médias. « C’est sûr qu’elle est très nerveuse. Elle ne pensait pas que ça allait devenir aussi gros. »
Pas d’objection
Même si « certains », selon le Journal de Québec, ont contesté la technique utilisée par Mme Gagnon pour animer son cours, le directeur a indiqué que l’objectif de la démarche ne cachait aucune mauvaise intention. « Il a été proposé, d’une façon volontaire, que les élèves portent un petit voile pendant quelques minutes pour qu’ils aient la perception par rapport à une différenciation. »
L’enseignante aurait réalisé l’exercice avec deux groupes durant environ 15 minutes. Les garçons ont également participé.
Mme Gagnon a envoyé une lettre aux parents avant de faire l’exercice et aucun d’entre eux ne s’y est opposé. Malheureusement, le Journal de Québec ne reproduit pas cette lettre.
Beaucoup de dérapages pour le MLQ
« On a toujours été contre. On appréhende beaucoup de dérapages, étant donné que le sujet de la religion, en soi, c’est très délicat. Une situation comme celle de cette enseignante ne fait que confirmer nos appréhensions », a affirmé Marie-Michelle Poisson, présidente du Mouvement laïque québécois (MLQ).
« Le voile, c’est la pratique la plus controversée chez les musulmans. Ça prendrait un cours complet pour l’expliquer. C’est ça le problème, les enseignants ont beaucoup de matière à voir et on risque de prendre des raccourcis. Il faudrait l’enseigner dans un cours où on a la possibilité de faire toutes les nuances, comme dans un cours d’histoire par exemple. »
Selon Mme Poisson, le fait de réduire la religion à un aspect culturel en l’enseignant dans un cours de culture religieuse est fort discutable. « Ça donne lieu à toutes sortes de caricatures », ajoute-t-elle.
Les enseignants laissés à eux-mêmes pour la CLÉ
Quant à Richard Décarie, de la Coalition pour la liberté en éducation (CLÉ), il partage le même avis. « Ça vient montrer que les enseignants sont laissés à eux-mêmes. Ils font ce qu’ils veulent. On n’est pas surpris de voir ça », a-t-il laissé entendre.
Voile dégradant pour la femme ?
Interrogé sur le débat que suscite le voile pour l’image de la femme, M. Bernier a indiqué que l’exercice ne devait pas être interprété de cette manière et visait plutôt à permettre aux élèves de comprendre comment les gens perçoivent cette situation. On peut cependant douter que 15 minutes avec un voile sur la tête permettent de comprendre quoi que ce soit si ce n'est ce que l'enseignante voudra faire ressortir de cet exercice insolite pour les élèves, plus particulièrement on voit mal comment les élèves pourraient vraiment se mettre à la place de gens pour qui le voile fait partie de la vie de tous les jours par exemple.
« On doit développer des enfants avec un esprit critique qui sont capables de se positionner. L’algèbre, ça vient des Arabes. Va-t-on arrêter d’enseigner les mathématiques puisqu’on fêtera les dix ans des attentats du 11 septembre, dimanche ? C’est un peu ça. Le voile, c’était un petit morceau de tissu et ça a duré quelques minutes. »
Et voilà à quoi se résume le cours d'éthique et de culture religieuse ? Des approximations (les Arabes ne sont pas tous musulmans), de la mièvrerie multiculturaliste, des amalgames ? Quel rapport entre le voile, musulman donc, et les mathématiques ? Comme si on ne pouvait pas accepter des éléments scientifiques d'autres civilisations tout en réprouvant ou non des éléments religieux ou culturels de ces mêmes civilisations ! C'est cela développer l'esprit critique ?
L'algèbre « vient des Arabes » !?
Rappel : si le mot algèbre est d'origine arabe, la chose algébrique « ne vient pas des Arabes » encore moins « les mathématiques » dont l'algèbre n'est qu'une branche. Le grand algébriste El-Khwarizmi Mouhammed ibn Moussa était d'origine persane et non arabe. Ces travaux étaient eux-mêmes inspirés de ceux de l'Indien Brahmagoupta et de mathématiciens grecs comme Diophante.
Le Grec Diophante d'Alexandrie (vers 200/214 - vers 284/298), au IIIe siècle de l'ère chrétienne, fut le premier à pratiquer l'algèbre en introduisant le concept d'inconnue en tant que nombre, et à ce titre peut être considéré comme « le père » de l'algèbre.
Notons enfin que c'est à François Viète (1540-1603) que l'on doit l'idée de noter les inconnues numériques à l'aide de lettres. Son livre phare Isagoge marque en 1591 le début de la révolution algébrique qui, poursuivie par Thomas Harriot, William Oughtred, Albert Girard et René Descartes, fondera les notations de l'algèbre contemporaine.
Bref, les « Arabes » (en fait la civilisation arabo-musulmane dont beaucoup de savants ne sont ni arabes ni musulmans comme les nombreux médecins syriaques de la Bagdad abbasside) forment un chaînon de l'invention de l'algèbre, mais on ne peut en rien dire que « l'algèbre vient des Arabes » et encore moins « les mathématiques ».
Voir aussi sur cette affaire
Comment on a traité les parents à Jonquière par Myriam Ségal, journaliste dans la région
Si l’initiative de l’enseignante de 5e secondaire, France Gagnon, n’a pas soulevé de tollé chez les élèves ou les parents, l’exercice de quelques minutes a suscité maintes réactions dans la province.
« Des médias n’ont pas arrêté de m’appeler vendredi, a fait savoir le directeur. Quand on touche à la religion au Québec, ça suscite beaucoup de réactions, surtout depuis la commission Bouchard-Taylor, mais là, je ne pensais pas que ça créerait un tel tumulte. Il y a un genre de panique médiatique. »
M. Bernier a également mentionné que l’enseignante ne voulait dorénavant plus parler aux médias. « C’est sûr qu’elle est très nerveuse. Elle ne pensait pas que ça allait devenir aussi gros. »
Pas d’objection
Même si « certains », selon le Journal de Québec, ont contesté la technique utilisée par Mme Gagnon pour animer son cours, le directeur a indiqué que l’objectif de la démarche ne cachait aucune mauvaise intention. « Il a été proposé, d’une façon volontaire, que les élèves portent un petit voile pendant quelques minutes pour qu’ils aient la perception par rapport à une différenciation. »
L’enseignante aurait réalisé l’exercice avec deux groupes durant environ 15 minutes. Les garçons ont également participé.
Mme Gagnon a envoyé une lettre aux parents avant de faire l’exercice et aucun d’entre eux ne s’y est opposé. Malheureusement, le Journal de Québec ne reproduit pas cette lettre.
Beaucoup de dérapages pour le MLQ
« On a toujours été contre. On appréhende beaucoup de dérapages, étant donné que le sujet de la religion, en soi, c’est très délicat. Une situation comme celle de cette enseignante ne fait que confirmer nos appréhensions », a affirmé Marie-Michelle Poisson, présidente du Mouvement laïque québécois (MLQ).
« Le voile, c’est la pratique la plus controversée chez les musulmans. Ça prendrait un cours complet pour l’expliquer. C’est ça le problème, les enseignants ont beaucoup de matière à voir et on risque de prendre des raccourcis. Il faudrait l’enseigner dans un cours où on a la possibilité de faire toutes les nuances, comme dans un cours d’histoire par exemple. »
Selon Mme Poisson, le fait de réduire la religion à un aspect culturel en l’enseignant dans un cours de culture religieuse est fort discutable. « Ça donne lieu à toutes sortes de caricatures », ajoute-t-elle.
Les enseignants laissés à eux-mêmes pour la CLÉ
Quant à Richard Décarie, de la Coalition pour la liberté en éducation (CLÉ), il partage le même avis. « Ça vient montrer que les enseignants sont laissés à eux-mêmes. Ils font ce qu’ils veulent. On n’est pas surpris de voir ça », a-t-il laissé entendre.
Voile dégradant pour la femme ?
Interrogé sur le débat que suscite le voile pour l’image de la femme, M. Bernier a indiqué que l’exercice ne devait pas être interprété de cette manière et visait plutôt à permettre aux élèves de comprendre comment les gens perçoivent cette situation. On peut cependant douter que 15 minutes avec un voile sur la tête permettent de comprendre quoi que ce soit si ce n'est ce que l'enseignante voudra faire ressortir de cet exercice insolite pour les élèves, plus particulièrement on voit mal comment les élèves pourraient vraiment se mettre à la place de gens pour qui le voile fait partie de la vie de tous les jours par exemple.
« On doit développer des enfants avec un esprit critique qui sont capables de se positionner. L’algèbre, ça vient des Arabes. Va-t-on arrêter d’enseigner les mathématiques puisqu’on fêtera les dix ans des attentats du 11 septembre, dimanche ? C’est un peu ça. Le voile, c’était un petit morceau de tissu et ça a duré quelques minutes. »
Et voilà à quoi se résume le cours d'éthique et de culture religieuse ? Des approximations (les Arabes ne sont pas tous musulmans), de la mièvrerie multiculturaliste, des amalgames ? Quel rapport entre le voile, musulman donc, et les mathématiques ? Comme si on ne pouvait pas accepter des éléments scientifiques d'autres civilisations tout en réprouvant ou non des éléments religieux ou culturels de ces mêmes civilisations ! C'est cela développer l'esprit critique ?
L'algèbre « vient des Arabes » !?
Rappel : si le mot algèbre est d'origine arabe, la chose algébrique « ne vient pas des Arabes » encore moins « les mathématiques » dont l'algèbre n'est qu'une branche. Le grand algébriste El-Khwarizmi Mouhammed ibn Moussa était d'origine persane et non arabe. Ces travaux étaient eux-mêmes inspirés de ceux de l'Indien Brahmagoupta et de mathématiciens grecs comme Diophante.
Le Grec Diophante d'Alexandrie (vers 200/214 - vers 284/298), au IIIe siècle de l'ère chrétienne, fut le premier à pratiquer l'algèbre en introduisant le concept d'inconnue en tant que nombre, et à ce titre peut être considéré comme « le père » de l'algèbre.
Notons enfin que c'est à François Viète (1540-1603) que l'on doit l'idée de noter les inconnues numériques à l'aide de lettres. Son livre phare Isagoge marque en 1591 le début de la révolution algébrique qui, poursuivie par Thomas Harriot, William Oughtred, Albert Girard et René Descartes, fondera les notations de l'algèbre contemporaine.
Bref, les « Arabes » (en fait la civilisation arabo-musulmane dont beaucoup de savants ne sont ni arabes ni musulmans comme les nombreux médecins syriaques de la Bagdad abbasside) forment un chaînon de l'invention de l'algèbre, mais on ne peut en rien dire que « l'algèbre vient des Arabes » et encore moins « les mathématiques ».
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