Le gouvernement Legault a décidé de revoir à la hausse le nombre de demandes de parrainage collectif de réfugiés.
Dès le 18 janvier prochain, un maximum de 825 demandes d'engagement seront analysées par Québec. Ces demandes peuvent concerner plusieurs personnes.
Ce seuil, qui était fixé à 750 par le passé, concerne à la fois les organismes de parrainage et les groupes de 2 à 5 personnes qui souhaitent venir en aide à un réfugié ou sa famille.
La ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, Nadine Girault, a officialisé cette nouvelle en annonçant la réouverture de ce programme dans la Gazette officielle.
Billet originel du 23/X/2021
Dix-huit organismes réalisant du parrainage d’immigrés au Québec seront suspendus. Cette décision sera officiellement publiée dans la prochaine Gazette officielle, la semaine prochaine.
Ces informations ont été confirmées par le cabinet de la ministre de l’Immigration, Nadine Girault.
Dans la mire du ministère : Shah Ismatullah Habibi, directeur de l’Association éducative transculturelle de Sherbrooke |
L’an passé, Québec avait suspendu le volet de ce programme de parrainage collectif réservé aux organismes, en évoquant alors des allégations sérieuses de fraudes. Des enquêtes ont été lancées par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI), qui a réclamé leurs états financiers à de multiples organismes de parrainage.
Des stratagèmes frauduleux ont bel et bien été découverts, a récemment révélé Radio-Canada. Il y avait des enjeux d’intégrité, soutient le cabinet de Nadine Girault.
« À notre arrivée au pouvoir, le programme de parrainage collectif comportait des lacunes importantes léguées par le gouvernement précédent. Pour notre gouvernement, c’est inacceptable que des organismes tirent profit des personnes réfugiées », selon Nadine Girault, ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration.
Plusieurs pratiques, interdites, ont été repérées par les enquêteurs. On parle par exemple d’un montant d’argent demandé par des organismes aux réfugiés ou à leur famille pour postuler à ce programme.
Des dons destinés aux réfugiés ont aussi été déposés dans des fonds de placement par des organismes qui ont récupéré les intérêts. De fausses déclarations ont également été répertoriées, tout comme des manquements dans l’accueil de ces réfugiés, qui ne recevaient pas l’aide financière et matérielle promise.
Plus de 160 demandes rejetées
En 2020, lors de la dernière ouverture de ce programme, 50 organismes ont déposé une ou plusieurs demandes de parrainage, détaille l’équipe de Nadine Girault.
Quelque 18 d’entre eux ont présenté des informations ou documents faux et trompeurs, et plus des deux tiers de leurs requêtes ont été rejetés. On parle d’un total de 164 demandes refusées.
Parmi les demandes rejetées, il y a celles de l’Association éducative transculturelle de Sherbrooke.
Son directeur, Shah Ismatullah Habibi, a confirmé à Radio-Canada qu’il conteste depuis des semaines une décision prise par le ministère de l’Immigration.
Joint par téléphone, M. Habibi a refusé de donner des détails. Il a cependant admis avoir, par le passé, demandé des frais aux réfugiés.
« On avait facturé environ 500 dollars par dossier. C’était pour faire avancer le dossier, pour faire le travail. Ça payait le loyer, les employés », de dire Shah Ismatullah Habibi, directeur de l’Association éducative transculturelle de Sherbrooke.
Ça nous coûte déjà 240 dollars pour aller accueillir chaque famille à l’aéroport [de Montréal], insiste M. Habibi, qui a récemment fait l’objet d’un long portrait sur Radio-Canada.ca. Dans ce dernier, il est mentionné que plus de 3000 personnes, dont 1500 Afghans ont pu s’installer à Sherbrooke grâce à son aide au fil des ans.
Cette pratique a duré jusqu’en 2018. On nous a dit qu’on n’avait pas le droit de facturer des frais aux clients, on a arrêté, indique M. Habibi, tout en assurant avoir fourni un reçu pour ces frais et n’avoir rien à cacher.
Il affirme n’avoir aucune idée des éventuelles sanctions imposées par le MIFI ni s’il sera visé par cette suspension. Le Ministère n’a d’ailleurs pas voulu rendre public le nom des 18 organismes visés.