Selon le Parti québécois (PQ), « La priorité doit aller à la lutte contre le décrochage scolaire ».
Évidemment, lutter contre le décrochage scolaire est important.
Mais quand va-t-on s’interroger sur la qualité de ce qui est enseigné ? D’une plus grande diversité des apprentissages ? D’une liberté scolaire accrue comme moyen d’intéresser les parents et les enfants à mieux se former ?
On a l’impression que l’important c’est de faire du chiffre sous l’œil vigilant d’un État comptable et vétilleux qui craint surtout de mal paraître dans les statistiques internationales.
On ne parle à peu près jamais des contenus (sauf pour emprunter tous les lieux communs de la gauche internationaliste, multiculturaliste, féministe et pro-LGBT). On ne se demande jamais comment restaurer la transmission culturelle, l’amour de la langue française (on ajoute sans cesse des heures d’anglais), comment faire aimer les classiques, ceux qui touchent l’âme et le cœur. Comment faire en sorte que les jeunes Québécois renouent avec le patrimoine culturel et spirituel de la civilisation occidentale. Comment s’assurer que des jeunes — pas tous bien sûr, mais une bonne proportion — puissent sortir de l’école (à 16 ans) avec une solide culture classique, un excellent français, une connaissance de l’histoire du Québec et du monde occidental avant de se spécialiser dans des domaines plus techniques. Bref, de condenser au besoin les études pour les meilleurs (oui de ne pas avoir peur de l’élitisme pour les plus méritants) et d’accorder à tous une meilleure maîtrise de leur histoire, de leur langue et de leur culture.
Nous ne pensons pas que les informaticiens, les chimistes ou les vendeurs doivent mal connaître le français (comme c’est trop souvent le cas malheureusement) et ne pas avoir une excellente culture générale. Au contraire, ils devraient les apprendre au secondaire avant de se spécialiser dans des domaines techniques au cégep et à l’université. C’était le cas en Europe il y a une génération et ce l’est encore là-bas dans une moindre mesure aujourd’hui.
À ce sujet, citons quelques passages sévères (mais sont-ils injustes ?) de l’ouvrage de Carl Bergeron, Voir le monde avec un chapeau (critique élogieuse, critique nuancée), quand il parle de la culture (ou plutôt du manque de culture) des jeunes Québécois, des professeurs de littérature dans les universités québécoises et de leur peu d’intérêt pour la transmission d’une culture plutôt que celui d’acteurs politiquement corrects qui participent goulument à la déconstruction de l’« homme blanc hétérosexuel » :
Ceci ne veut pas dire que l'enseignement du français soit parfait en France, loin de là : on y consacre nettement moins de temps qu'auparavant, les quartiers immigrés (les zones d'éducation prioritaires) présentent d'énormes « défis », la méthode d'enseignement de la littérature a changé pour adopter l'analyse structuraliste.
Le livre de Carl Bergeron est d’abord le livre d’une éducation que l’auteur a dû faire seul parce que l’école québécoise n’y parvient pas. Celle qui consista d’abord à se réapproprier cette langue française que tant de nos compatriotes portent comme une « blessure », dit-il. Car, selon l’auteur, « parler et écrire souverainement le français est à lui seul, au Québec, un acte de subversion ». C’est ce combat que Carl Bergeron nomme « l’Épreuve ». C’est un effort constant pour réapprendre sa langue, prononcer ses syllabes au lieu de les « manger », les faire entendre au lieu d’en avoir honte :
Québec — taux de diplomation en hausse grâce aux « qualifications »
Nombre d’heures de français en diminution alors qu’une majorité de décrocheurs en 5e secondaire échoue en français
Pas de classiques de la littérature, mais la lutte contre l’hétérosexisme en classe de français, d’anglais, d’histoire et de mathématiques
Traitement cosmétique ? Le décrochage au Québec est-il vraiment en baisse ?
Évidemment, lutter contre le décrochage scolaire est important.
Mais quand va-t-on s’interroger sur la qualité de ce qui est enseigné ? D’une plus grande diversité des apprentissages ? D’une liberté scolaire accrue comme moyen d’intéresser les parents et les enfants à mieux se former ?
On a l’impression que l’important c’est de faire du chiffre sous l’œil vigilant d’un État comptable et vétilleux qui craint surtout de mal paraître dans les statistiques internationales.
On ne parle à peu près jamais des contenus (sauf pour emprunter tous les lieux communs de la gauche internationaliste, multiculturaliste, féministe et pro-LGBT). On ne se demande jamais comment restaurer la transmission culturelle, l’amour de la langue française (on ajoute sans cesse des heures d’anglais), comment faire aimer les classiques, ceux qui touchent l’âme et le cœur. Comment faire en sorte que les jeunes Québécois renouent avec le patrimoine culturel et spirituel de la civilisation occidentale. Comment s’assurer que des jeunes — pas tous bien sûr, mais une bonne proportion — puissent sortir de l’école (à 16 ans) avec une solide culture classique, un excellent français, une connaissance de l’histoire du Québec et du monde occidental avant de se spécialiser dans des domaines plus techniques. Bref, de condenser au besoin les études pour les meilleurs (oui de ne pas avoir peur de l’élitisme pour les plus méritants) et d’accorder à tous une meilleure maîtrise de leur histoire, de leur langue et de leur culture.
Nous ne pensons pas que les informaticiens, les chimistes ou les vendeurs doivent mal connaître le français (comme c’est trop souvent le cas malheureusement) et ne pas avoir une excellente culture générale. Au contraire, ils devraient les apprendre au secondaire avant de se spécialiser dans des domaines techniques au cégep et à l’université. C’était le cas en Europe il y a une génération et ce l’est encore là-bas dans une moindre mesure aujourd’hui.
À ce sujet, citons quelques passages sévères (mais sont-ils injustes ?) de l’ouvrage de Carl Bergeron, Voir le monde avec un chapeau (critique élogieuse, critique nuancée), quand il parle de la culture (ou plutôt du manque de culture) des jeunes Québécois, des professeurs de littérature dans les universités québécoises et de leur peu d’intérêt pour la transmission d’une culture plutôt que celui d’acteurs politiquement corrects qui participent goulument à la déconstruction de l’« homme blanc hétérosexuel » :
Les adolescents en France lisent Dumas à partir de onze ou douze ans ; je n’ai pas eu, hélas, cette chance. Je suis pour ainsi dire passé directement du Journal de Québec, qu’on recevait chaque matin à la maison (principale lecture de mon enfance et de mon adolescence), à La Comédie humaine de Balzac au cégep. L’initiation littéraire à l’école secondaire n’existait pas, la lecture étant une activité laissée à la discrétion de chaque élève, qui se voyait ainsi réduit à se lancer de lui-même et de façon très approximative dans la découverte d’un patrimoine la plupart du temps folklorique ou populaire.C’est exact, les jeunes adolescents en France doivent lire nettement plus de classiques, voici les ouvrages que le CNED prescrit pour la 5e (12-13 ans) et la 4e (13-14 ans) :
Livres prescrits en français pour les écoliers de 5e au CNED (en France) |
Livres prescrits en français pour les écoliers de 4e au CNED (en France) |
Le livre de Carl Bergeron est d’abord le livre d’une éducation que l’auteur a dû faire seul parce que l’école québécoise n’y parvient pas. Celle qui consista d’abord à se réapproprier cette langue française que tant de nos compatriotes portent comme une « blessure », dit-il. Car, selon l’auteur, « parler et écrire souverainement le français est à lui seul, au Québec, un acte de subversion ». C’est ce combat que Carl Bergeron nomme « l’Épreuve ». C’est un effort constant pour réapprendre sa langue, prononcer ses syllabes au lieu de les « manger », les faire entendre au lieu d’en avoir honte :
« La nuit, devant le château Frontenac illuminé, écrit-il, luttant entre répulsion et émulation, je scandais à voix haute, dans ma mansarde, ces mots qui devaient aller de soi pour tout autre francophone, mais qui pour moi constituaient un obstacle à vaincre. Quand je réussissais enfin à en posséder un qui m’avait posé problème, je m’empressais de le répéter pour en prendre le pli et ne pas le “perdre”. Et c’est ainsi que, peu à peu, je réappris ma langue maternelle. En la nettoyant des scories de la honte. »L’auteur trentenaire n’est pas tendre avec ses anciens professeurs de littérature à l’université :
L’énergie avec laquelle des professeurs de littérature investissent les tribunes médiatiques pour nous parler non de Proust, Flaubert ou Molière, mais de justice sociale, d’« éducation à la différence » et d’exploitation des gaz de schiste me laisse dubitatif. D’aucuns rétorqueront que ces professeurs ont le droit de garder Proust pour leur classe et de s’exprimer à titre de citoyens sur les sujets de leur choix. Fort bien. Mais que penser d’un professeur qui, après avoir fréquenté toute sa vie les plus grandes œuvres (du moins si on se fie à ses diplômes), n’a rien d’autre à dire, une fois lâché en public, que des banalités militantes dans l’air du temps ? Ou bien ces professeurs sont possédés par la littérature, et cela transpire de toute leur personnalité, ou bien ils ne le sont pas. L’ironie d’un Flaubert ou d’un Baudelaire devrait s’entendre dans leur voix, à plus forte raison s’il est question de sujets pragmatiques, car la littérature, avant d’être un objet de discours, est d’abord une manière d’être, de sentir, de s’exprimer et même d’aimer. Or, à les entendre et à les voir, rien ne les distingue, sur le fond, des démagogues qui se disputent par centaines la visibilité médiatique au jour le jour. Mais j’oubliais. Les professeurs de littérature, dans l’université du xxie siècle, enseignent-ils seulement encore Molière, Flaubert ou Proust ? Rien n’est moins sûr. D’abord, il y a peu de chances que le docteur en littérature qui s’épuise à la radio à « déconstruire » la « domination masculine » ait touché à Molière, Flaubert ou Proust (ou à tous les écrivains qui ont vraiment compté en littérature française) autrement qu’au moyen d’un survol dans des cours de premier cycle. La culture littéraire classique d’un doctorant postmoderne de trente ans ressemble, grosso modo, à celle d’un lycéen de seize ans dans la France du milieu du XXe siècle.Voir aussi
L’essentiel des « études supérieures » d’un professeur formé à l’école du postmodernisme (l’école de référence dans les départements de lettres et de sciences humaines) est consacré à digérer des livres de théorie illisibles qui sont à des lieues de la singularité littéraire. On s’imagine à tort ces étudiants professionnels plongés en permanence dans une fête de la culture et de l’esprit : ce sont au contraire des ascètes de l’orthodoxie et de l’esprit de sérieux. L’intelligence réduite à l’esclavage, à la stérilité et à l’autoréférence est la norme et constitue de leur point de vue non pas une tare, mais une qualité, que le réflexe de cooptation de la profession a élevée au rang de critère d’embauche. L’enjeu est de taille : carrière protégée et bien rémunérée, régime de retraite, voyages à l’étranger, reconnaissance sociale. L’omerta se perpétue donc, pendant que la crédibilité de l’institution dégringole et que la transmission du savoir s’abîme au cœur de la société. L’establishment universitaire postmoderne est une imposture. Voyez cet étudiant en lettres, fils de l’Épreuve [le lourd poids du Québécois qui doit se réapproprier sa langue, sa culture et ainsi s’affranchir], psychologiquement fragile, porté sain et sauf on ne sait comment, depuis son entrée à l’école élémentaire, par les ailes de la sensibilité et de l’introspection, jusqu’à l’improbable cime du savoir universitaire. Il est désespéré. La secte, appâtée, n’hésitera pas, en l’absence d’une histoire familiale forte, à lui proposer un récit de substitution pour donner un sens à ce qu’il vit comme un manque existentiel. Comme il est rassurant, au pied de l’Everest de la culture, lorsqu’on est fils de la pauvreté, de se faire susurrer à l’oreille que la montagne n’est pas aussi imposante qu’on le croit ; mieux : qu’elle n’est qu’une gigantesque mystification au service de l’« homme blanc hétérosexuel » ! Un château de cartes, en somme, qu’un peu d’insolence et de camaraderie suffiraient à abattre, pour peu qu’on accepte à son tour de remiser son indépendance d’esprit et de se joindre à la secte.
Pour comprendre l’attrait de la secte dans cette petite nation que la Providence a voulue à la fois française et antifrançaise, héritière d’une grande langue de civilisation et d’un destin provincial, il faut voir le jeune Québécois pour ce qu’il est à son arrivée à l’université. Fils de col bleu ou de petit fonctionnaire, il est perdu, déboussolé — et touchant, on ne le dira jamais assez. La distance entre lui et le savoir authentique est si abyssale qu’il n’y a guère que le prêt-à-penser pour cacher la nudité de son ignorance. C’est ce prêt-à-penser que fournit le logiciel de la déconstruction. Son esprit ne demanderait rien de mieux que de s’initier aux vraies œuvres, de s’enchanter au contact de la langue du XVIIe siècle, de voleter d’une période à l’autre, de Démosthène à Montaigne, dans la joie simple du désintéressement, et de commencer à s’interroger honnêtement sur les mystères de l’existence. Mais à ce sujet, il y a une sorte de tabou entre le pédagogue québécois et son pupille. Comme si la tâche était jugée trop lourde d’emblée.
Québec — taux de diplomation en hausse grâce aux « qualifications »
Nombre d’heures de français en diminution alors qu’une majorité de décrocheurs en 5e secondaire échoue en français
Pas de classiques de la littérature, mais la lutte contre l’hétérosexisme en classe de français, d’anglais, d’histoire et de mathématiques
Traitement cosmétique ? Le décrochage au Québec est-il vraiment en baisse ?