dimanche 24 avril 2022

La vérité sur l'affaire Galilée, l'hypothèse sans preuve (rediff)

Dans un ouvrage qui fera date, Aimé Richardt, lauréat de l’Académie française pour sa biographie de Fénelon (1994), décrypte le mythe Galilée en rétablissant une vérité historique fondée sur une étude minutieuse des textes. Dans La vérité sur l’Affaire Galilée, l’auteur donne les raisons de la condamnation du Florentin en la replaçant dans le contexte des connaissances historiques et scientifiques de l’époque. Un ouvrage préfacé par Mgr Huot-Pleuroux, ancien Secrétaire général de l’Épiscopat.

Le 22 juin 1633, un certain Galilée fut condamné à Rome par le tribunal du Saint Office. La sentence prononcée par des cardinaux de l’Eglise catholique — appelés en la circonstance « inquisiteurs généraux », fut la suivante : « Nous te condamnons dit le jugement à la prison formelle de ce Saint Office pour le temps qu’il nous plaira de fixer. De plus, au titre d’une pénitence salutaire, nous t’ordonnons de réciter les 7 psaumes de la pénitence salutaire, une fois par semaine, pendant les trois prochaines années... ». Et pourtant, Galilée ne fit pas un seul jour de prison… Il ne récita pas plus les psaumes de la pénitence salutaire puisqu’il confia ce pensum à sa fille religieuse qui s’en acquitta dûment. Et Galilée termina ses jours tranquillement à Arcetri, près de Florence, où il vécut jusqu’à sa mort en 1642.

Le nom de Galilée est généralement associé à un symbole, parfois même à un mythe, celui de la résistance à l’obscurantisme religieux en général et catholique en particulier. Pourtant qui connaît réellement Galileo Galilei, fils de Vincenzio Galilei né à Pise le 15 février 1564 ? Quelles furent ses spécialités scientifiques ? Qu’a-t-il inventé et légué à la science et à la postérité ? Peut-on parler à son endroit de victime de l’Église et de l’obscurantisme ? Bref, pourquoi Galilée fut-il condamné par l’Église catholique ? C’est ce que l’émission ci-dessous vous propose de découvrir en compagnie de l’historien Aimé Richardt, grand prix d’Histoire de l’Académie française, pour son Fénelon, et auteur récemment de La Vérité sur l’affaire Galilée [1].

Écoutez l'émission de Canal Académie avec Aimé Richardt (1 heure 1 minute) :




Adresse directe du fichier MP3 : https://api.canalacademies.com/download/audio?file=audios/hist318.mp3

L’auteur.

Aimé Richardt, historien, est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il s’est intéressé à l’affaire Galilée, après avoir étudié l’œuvre d’un des plus grands intellectuels de l’histoire de l’Eglise, Robert Bellarmin [2]. Il est aussi l’auteur de Louvois, le bras armé de Louis XIV [3] ; Le Soleil du Grand Siècle, prix Hugues Capet [4], Les savants du Roi Soleil [5], etc.

Présentation de l’éditeur.

Depuis le XIXe siècle, la cause était entendue : l’Église catholique avait condamné, emprisonné et martyrisé Galilée, un astronome génial, qui avait démontré que la Terre tournait autour du Soleil, ce que l’Église refusait d’admettre.

Or la réalité est tout autre ! Non seulement Galilée n’a jamais passé un jour en prison, n’a jamais été martyrisé, mais Aimé Richardt démontre, en s’appuyant sur des documents irréfutables, que Galilée n’a jamais prouvé la rotation de la Terre autour du Soleil, et que l’Église était fondée à le condamner. En effet, les plus hautes autorités religieuses lui avaient demandé, en 1616, d’apporter une preuve à sa théorie, qui était d’ailleurs celle de Copernic, ou de parler d’hypothèse et, surtout, de ne pas intervenir dans l’explication des textes de la Bible qui paraissaient soutenir la thèse opposée du géocentrisme.

Après l’avoir promis, Galilée est revenu sur sa parole, il a donc été jugé et condamné, avec une mansuétude toute particulière, réclamée par le pape qui était son ami. On est bien loin de l’image d’Épinal du martyr en proie à la persécution de l’Église...



La Vérité sur l'Affaire Galilée


Extrait de l'ouvrage


Chapitre 19


Galilée vu par Arthur Koestler. Une évaluation de son œuvre d'astronome. Sa «récupération» par les libres-penseurs des XVIIIe et XIXe siècles, puis par les marxistes contemporains. Quelques réflexions sur la position de l'Église.


Pour Koestler
« ...dans la mythographie rationaliste il [Galilée] devient la Pucelle d'Orléans de la Science, le saint Georges qui terrasse le dragon de l'Inquisition. Il n'est donc guère surprenant que la gloire de cet homme de génie repose surtout sur des découvertes qu'il n'a jamais faites, et sur des exploits qu'il n'a jamais accomplis. Contrairement aux affirmations de nombreux manuels, même récents, d'histoire des sciences, Galilée n'a pas inventé le télescope. Ni le microscope. Ni le thermomètre. Ni l'horloge à balancier. Il n'a pas découvert la loi d'inertie, ni le parallélogramme de forces ou de mouvement, ni les taches du Soleil. Il n'a apporté aucune contribution à l'astronomie théorique, il n'a pas laissé tomber de poids du haut de la Tour de Pise, et il n'a pas démontré la vérité du système de Copernic. Il n'a pas été torturé par l'Inquisition, il n'a point langui dans ses cachots, il n'a pas dit eppur si muove, il n'a pas été un martyr de la Science. »
Jugement sévère, trop sévère diront certains, mais qui est cependant exact, et répond à nombre de propos fantaisistes des défenseurs de Galilée. C'est ainsi que Bernini écrivait dans son Histoire des hérésies « qu'il [Galilée] resta cinq ans en prison, que Pontécoulant affirmait qu'il soutint la rotation de la terre dans les prisons de l'Inquisition », où il n'entra jamais !

En 1908 Pierre Duhem fit, au sujet du système de Copernic et de la position de Galilée à son sujet, une déclaration qui mérite d'être citée :
« ... [les plus récents progrès de la physique montrent que] la logique était du parti d'Osiander, de Bellarmin et d'Urbain VIlI, et non pas du parti de Kepler et de Galilée, que ceux-là avaient compris l'exacte portée de la méthode expérimentale et, qu'à cet égard, ceux-ci [Kepler et Galilée] s'étaient mépris... Que les hypothèses de Copernic réussissent à sauver toutes les apparences connues, on en conclura que ces hypothèses peuvent être vraies, on n'en conclura pas qu'elles sont certainement vraies; pour légitimer cette conclusion, il faudrait prouver auparavant qu'aucun autre ensemble d'hypothèses ne saurait être imaginé qui permet de sauver tout aussi bien les apparences, et cette dernière démonstration n'a jamais été donnée... [par Galilée]... »
Alexandre Koyré, ce remarquable historien des sciences, ne réserve aucune place à Galilée dans son étude, devenue classique, La Révolution astronomique. Elle est divisée en trois parties :
  • Copernic et le bouleversement cosmique ;
  • Kepler et l'astronomie nouvelle.
  • Borelli et la mécanique céleste.

De son côté le professeur Stillman Drake a écrit :
« L'intérêt de Galilée pour l'astronomie théorique en tant que telle ne fut jamais très grand. Même son combat pour le copernicanisme fut mené principalement sur le terrain de la physique. Il le centra autour de la théorie mécanique des marées et de la réfutation de quelques objections physiques extravagantes soulevées contre tout mouvement de la Terre. Dans la mesure où il s'agit du Dialogue, la théorie copernicienne est présentée sous une forme simplifiée jusqu'à l'absurde, avec le Soleil qui occupe exactement le centre d'orbites circulaires concentriques, schéma que Copernic en personne avait reconnu être insoutenable et qui ne pouvait s'accorder avec aucune des tables astronomiques qui aient jamais été réalisées. »
Alors se pose la question : pourquoi Galilée est-il devenu, à partir du XVIIIe siècle, le « patriarche » de la Science, opposé à l'obscurantisme des Églises en général, et de l'Église catholique en particulier ?

Le rôle des libres-penseurs

Dès 1754, le tome IV de l'Encyclopédie contenait dans l'article « Copernic » un passage consacré à Galilée :
« Le grand Galilée fut autrefois cité devant l'inquisition, et son opinion du mouvement de la Terre condamnée comme hérétique... Galilée, nonobstant cette censure, ayant continué de dogmatiser sur le mouvement de la Terre, fut condamné de nouveau, obligé de se rétracter publiquement et d'abjurer sa prétendue erreur, de bouche et par écrit, ce qu'il fit le 22 juin 1633, et ayant promis à genoux, la main sur les évangiles, qu'il ne dirait et ne ferait jamais rien de contraire à cette ordonnance, il fut ramené dans les prisons de l'inquisition... »
Voici donc une première salve où, en quelques lignes, Galilée est présenté comme un martyr [les prisons de l'inquisition] et dans lesquelles Diderot et consorts négligent de mentionner qu'il n'avait apporté aucune preuve des mouvements de la Terre, se cramponnant à sa théorie (fausse) du flux et du reflux des marées.

Arago, le grand astronome français, n'hésite pas à affirmer que « quelques heures auraient pu suffire à toutes les observations que fit Galilée dans les années 1610 et 1611. »

« Il est incontestable, écrit Pierre Costabel que le fondateur de la philosophie positive, Auguste Comte, a joué à cet égard un rôle majeur, et que l'image de Galilée, savant positif victime du dogmatisme, doit considérablement à tout le courant philosophique issu, en France, de ce maître à penser aux allures de prophète. L'image susdite a servi de symbole pour l'anticléricalisme qui a présidé aux réformes scolaires de la IIIe République... ... dans la deuxième moitié du XIXe siècle, il y a à la fois consensus quasi universel sur la vérité du mouvement de la Terre et l'injustice de la condamnation de Galilée... » « Galilée hier » c'est donc une image d'Épinal qui alimente aussi bien l'agressivité anticléricale que le malaise d'une grande partie des catholiques... en est-il autrement aujourd'hui ? »

La récupération marxiste

La récupération de Galilée par les milieux marxistes est utilisée comme justification de la lutte antichrétienne. C'est ainsi que l'Encyclopédie Philosophique (Moscou, 1960) affirme que « Galilée a eu une profonde influence sur le développement de la représentation purement matérialiste du monde. »

Selon l'auteur de l'article, il aurait « démontré l'infinitude de l'Univers et interprété les phénomènes de la nature comme matérialiste mécaniste. » Pour faire bonne mesure, l'auteur conclut en affirmant que Galilée « n'aurait jamais accepté l'idée de la création du Soleil et des planètes par Dieu, sinon comme condition mécaniste initiale. »

Kouznetsov, l'auteur russe de Galilée n'hésite pas à en faire un précurseur de la philosophie marxiste :
« Dans sa conception du monde et son style, tout grand penseur reflète son époque et son milieu. Mais il reflète aussi le passé et le futur, ainsi que les autres milieux sociaux et nationaux dans lesquels ses idées se formèrent, résonnèrent, ou subirent une évolution. L'histoire de la nature prouve... le lien indissoluble entre les idées et les modes de pensée particuliers aux diverses nations, unies dans le progrès scientifique et culturel communs. »
Puis, après cet exposé généraliste, Kouznetsov enfonce le clou :
« les savants exceptionnels [au nombre desquels il range Galilée) nous semblent seulement des hommes qui ont su exprimer la logique historique objective de l'évolution unidirectionnelle [lire marxiste léniniste) de la science... »
Quelques réflexions sur la position de l'Église

Dans un article publié en 1790, l'abbé Bergier écrit: « Ce philosophe [Galilée] ne fut point persécuté comme bon astronome, mais comme un mauvais théologien, pour avoir voulu se mêler d'expliquer la Bible. Ses découvertes lui suscitèrent sans doute des ennemis jaloux, mais c'est son entêtement à vouloir concilier la Bible avec Copernic qui lui donna des juges, et sa pétulance seule fut la cause de ses chagrins. »

Propos calme, lucide, et qui nous parait bien fondé. Appliquons-nous à une démonstration en reprenant le parcours de Galilée et les causes de ses différends avec l'Église.

Né dans une famille peu titrée et encore moins fortunée, Galilée fut doté par la nature de deux talents : un don pour les mathématiques, et une grande facilité à se faire des amis pouvant lui rendre des services. Il usera de l'un et l'autre de ces talents pour décrocher son premier poste, celui de professeur de mathématiques à l'Université de Pise, qu'il obtint d'une part grâce à ses travaux sur les centres de gravités des solides, d'autre part, et surtout, grâce à l'intervention du mathématicien jésuite Clavius et du cardinal del Monte.

Peu apprécié des autres professeurs, son contrat ne fut pas renouvelé et Galilée recommença la chasse aux soutiens. Grâce au cardinal del Monte et au Frère Paolo Sarpi, il fut nommé professeur de mathématiques à l'Université de Pise.

En 1597 il commence à s'intéresser à l'astronomie et aux théories de Copernic, son intérêt va croissant. La chance de sa vie se produit en juillet 1609 où, grâce au Frère Sarpi, il put empêcher un Hollandais porteur d'une « longue-vue » de la présenter aux autorités de Venise, puis la copier et l'améliorer en un peu plus d'une semaine, et enfin la présenter au Sénat de Venise comme étant son invention, ce qui lui valut honneurs et récompenses financières.

La fin de 1609 et le début de 1610 voient Galilée utiliser son «télescope» pour examiner les cieux. Il est le premier astronome italien à le faire et les observations s'accumulent : étude de la surface de la Lune qui, démontre-t-il, est recouverte de montagnes, et surtout, en janvier 1610, découverte de quatre satellites de Jupiter qu'il nomme les «planètes médicéennes» en hommage à la famille du grand duc de Toscane, démontrant qu'il est aussi bon courtisan qu'astronome. Il devient mathématicien en chef de l'Université de Pise, et rassemble ses observations dans un petit livre: Le Messager étoilé qui fait sensation.

En 1611 il se rend à Rome où il est accueilli à bras ouverts par Clavius et les astronomes jésuites du Collège Romain. Il rencontre le cardinal Barberini (le futur pape Urbain VIII) dont il se fait un ami. Tout lui sourit, le prince Cesi le fait recevoir membre de l'Académie des Lynx. C'est la Gloire.

Une première ombre apparaît : il se querelle avec le P. Scheiner, astronome jésuite réputé, au sujet de la découverte des taches du Soleil dont il prétend (à tort) être l'auteur.

En 1613 il défend, pour la première fois, la théorie de Copernic par écrit. En décembre 1613, dans sa lettre à Castelli, il met en doute l'interprétation que fait l'Église de certains passages des Écritures, commençant ainsi à mécontenter plusieurs théologiens, surtout dominicains. En effet, le concile de Trente a réservé à l'Église, et à elle seule, le droit d'interprétation de la Bible, voulant éviter ce qui se passait chez les protestants où des interprétations diverses donnaient lieu à de vives querelles entre factions.

En 1614 il est attaqué en chaire par un dominicain, le P. Caccini qui l'accuse d'hérésie. Cette accusation est reprise, en 1615, par le P. Lorini, un autre dominicain, qui le dénonce officiellement à l'Inquisition romaine.

Toujours en 1615 le cardinal Bellarmin écrit au P. Foscarini, un carme, une lettre pleine de sagesse :
« Il me semble que Votre Révérence et le Seigneur Galilée agiront prudemment en se contentant de parler par hypothèse et non pas absolument, car c'est ainsi que j'ai toujours compris que Copernic a parlé. »
À la mi-1615, Galilée reprend et développe les arguments qu'il avait exposés dans la lettre à Castelli, dans une lettre ouverte adressée à Christine de Lorraine. Il y parle de preuves qu'il apporte à la théorie de Copernic, ce qui est faux, mais il s'affirme surtout en défenseur de cette théorie et explique comment, selon lui, l'Église devrait interpréter les Écritures. Cette lettre est dénoncée avec vigueur par les dominicains.

En février 1616, une commission de théologiens du Saint Office condamne deux propositions affirmant l'immobilité du Soleil et le mouvement de la Terre. À la demande du pape Paul V, le cardinal Bellarmin convoque Galilée et lui intime l'ordre d'abandonner sa position de défenseur des thèses de Copernic, lui disant de travailler en savant, par hypothèses, et non d'affirmer sans preuves. Galilée donne son accord et promet obéissance.

En 1618, il se brouille avec les astronomes jésuites du Collège Romain au sujet des comètes, les jésuites soutenant, avec raison, qu'il s'agit de corps solides, et Galilée soutenant, à tort, qu'il s'agit de phénomènes atmosphériques. Il publie le Saggiattore dans lequel il se moque cruellement du P. Grassi. Un autre jésuite, le P. Grienberger écrit à ce propos : « Si Galilée ne s'était pas mis la Compagnie à dos, il aurait pu continuer librement à écrire sur le mouvement de la Terre jusqu'à la fin de ses jours... »

Le 6 août 1623, le cardinal Maffeo Barberini, l'ami de Galilée, est élu pape sous le nom d'Urbain VIII. L'orgueil de Galilée ne connaît plus de bornes, il revient à Rome où le pape le reçoit plusieurs fois. Galilée se sentant « tout illuminé des faveurs pontificales » décide alors de se consacrer à une grande apologie de Copernic. Il va y travailler dix ans, et la termine en 1630. Après avoir obtenu l'imprimatur en dissimulant sa promesse de 1616, il publie le Dialogue sur les grands systèmes du monde en 1631. Sans que l'on puisse s'expliquer pourquoi il met certains des propos d'Urbain VIII dans la bouche d'un benêt, Simplicio, ce qui fait enrager le pape. À la demande de celui-ci, une commission de trois théologiens examine le Dialogue, le condamne, et renvoie Galilée devant le tribunal de l'Inquisition. Le procès commence en février 1633.

Galilée est alors traité avec une mansuétude extraordinaire : il loge, pendant le procès, tantôt à l'ambassade de Florence, tantôt dans l'appartement du procureur du tribunal. Mis en difficulté par ses mensonges, il reconnaît ses erreurs, en particulier celle d'avoir enfreint l'interdiction de 1616, abjure, et est condamné à de la prison. Cette peine est immédiatement commuée en une assignation à résidence dans sa villa d'Arceti, près de Florence, où il reçoit librement amis et élèves. Il meurt le 8 janvier 1642.

Alors Galilée maltraité par l'Église ? Martyr ? Certainement pas. À une époque particulièrement rude, il a toujours été traité avec courtoisie et bienveillance. Que n'a-t-il suivi le conseil éclairé et paternel de Bellarmin :
parlez par hypothèse, ne demandez pas à l'Église de réinterpréter certains passages des Écritures tant que vous n'apportez pas la preuve de la théorie de Copernic. Si vous apportez cette preuve, alors bien sûr, nous verrons à modifier l'interprétation que nous faisons de ces passages, mais nous ne pouvons pas le faire sans ces preuves que vous n'apportez pas.
Pourquoi Galilée s'est-il fourré dans ce guêpier, dont il aurait pu sortir en bien plus mauvais état qu'il ne l'a fait ? On ne comprend pas ! Quoi, voilà un homme parti de rien, qui grâce à son intelligence, à ses amis, à une bonne part de chance, se hisse au rang de savant célèbre, familier de nobles fortunés, de prélats influents, d'un pape, et qui, malgré les mises en garde s'obstine à vouloir jouer au théologien, terrain particulièrement dangereux dans la Rome du XVIIe siècle. Or il n'avait rien à y gagner, sa réputation était faite. Alors ?

Selon nous, la réponse est l'orgueil démesuré, quasi luciférien, de Galilée, ce défaut majeur que les Grecs anciens appelaient hubris, et dont ils disaient que c'était une révolte contre les dieux ou les hommes, et que ceux qui en étaient affligés étaient menacés de destruction.

Aristote le définit de la manière suivante : « Hubris est une revanche, les hommes qui y trouvent un plaisir pensent qu'en en maltraitant d'autres ils affirment leur supériorité ».

25 avril 1849 : Incendie du Parlement de Montréal


Incendie du Parlement
à Montréal en 1849
Capitale du Canada-Uni depuis 1843, Montréal abrite le siège du gouvernement. Le Parlement se situe alors sur l’actuelle Place d’Youville, dans le Vieux-Montréal. Lord Elgin, gouverneur du Canada-Uni, vient de donner son accord à la proposition des députés pour indemniser les habitants du Bas-Canada ayant subi des pertes matérielles lors des rébellions de 1837-1838.

Certains que cela confirme la domination politique des Canadiens français, les anglophones voient rouge ! À l’initiative du journal The Gazette, une manifestation est organisée le 25 avril 1849 sur le Champ-de-Mars. Réunissant plus de 1 500 personnes, le « cortège » gagne finalement le Parlement. On assiste alors à des jets de pierres sur le bâtiment et d’œufs pourris sur les députés… Puis l’incendie se déclare soudainement. Il détruira totalement l’édifice. Sur 25 000 livres, archives et documents, seuls 200 seront sauvés des flammes. L’historien François-Xavier Garneau parle de notre « désastre d’Alexandrie », faisant référence à la disparition de l’antique bibliothèque d’Alexandrie, en Égypte.

En 2011, des fouilles archéologiques importantes ont permis de trouver nombre de vestiges liés à cet événement.

La colère des incendiaires

Les excès de colère qui mèneront à l’incendie du Parlement sont dus à des circonstances bien particulières. D’abord, après avoir instauré le Canada Corn Act (Loi sur les céréales) en 1843 qui garantissait sur les marchés britanniques un tarif favorable à la farine et au blé canadien, l’Angleterre met fin à sa politique protectionniste en 1846, résultat de l’effervescence économique en Europe. La réaction de la classe marchande de Montréal (presque exclusivement britannique) est forte et négative : on craint l’abandon de l’Angleterre et l'on propose même l’annexion aux États-Unis. Le parti de la classe marchande montréalaise, les Tories, favorise des liens étroits avec la couronne britannique. Depuis la Conquête, le pouvoir politique était exercé par le gouverneur général et le conseil exécutif, où les Tories sont bien présents. Forts des liens étroits qu’ils entretenaient avec ce dernier, plusieurs Tories s’y voyaient nommés. L’avènement de l’Acte d’Union en 1840 et de la responsabilité ministérielle en 1848 brisent cette suprématie. L’alliance entre les réformistes du Haut-Canada et ceux du Bas-Canada les a mis en minorité. Plus encore, les décisions et les lois votées et adoptées à la chambre d’assemblée n’auront plus à recevoir l’assentiment du gouverneur pour entrer en vigueur.

Louis-Hippolyte Lafontaine
Lorsque le gouverneur du Canada-Uni, lord Elgin, donne son accord au projet de loi d’indemnisation, il met bien malgré lui le feu aux poudres. Ce projet de loi d’indemnisation visait à indemniser les habitants du Bas-Canada ayant subi des pertes matérielles lors des rébellions de 1837-38. Il s’agit d’une loi qui s'inspire d'une mesure semblable votée au Haut-Canada et elle se fonde sur un rapport de réclamations approuvé en principe en 1846. La Fontaine voit en ce projet un moyen symbolique de panser les blessures de la rébellion et de reconnaître les droits des Canadiens français à l’égalité dans les deux Canadas. Déjà échaudés, les Tories voient l’acceptation de ce projet de loi comme une confirmation de la domination politique des Canadiens français. Tout cela est, pour eux, intolérable.

Ainsi donc, à la demande du journal The Gazette, plus de 1 500 personnes se réunissent sur le Champ-de-Mars en ce début de soirée du 25 avril 1849. Le ton employé par les orateurs est menaçant. On y parle de trahison du gouverneur Elgin, d’une domination politique canadienne-française, de l’abandon de l’Angleterre. On rejette le projet de loi sur l’indemnisation, car, selon les Tories, il vise à aider les assassins d’hier : les Rebels de 1837-38. Bien qu’une loi semblable ait été votée et adoptée au Haut-Canada quelques années plus tôt dans le calme, la situation à Montréal s’envenime d’heure en heure. Au bout d’un moment, la foule réunie au Champ-de-Mars prend bruyamment la direction du Parlement par la rue Saint-Paul. Les résidents effrayés préfèrent la quiétude de leur demeure à la colère des Tories qui emplissent les rues. Sitôt arrivés devant le Parlement, les Tories et leurs sympathisants se joignent aux chahuteurs qui lancent déjà des pierres sur le bâtiment. Plusieurs émeutiers iront jusqu’à entrer dans la Parlement pour poursuivre le saccage. Les députés de l’assemblée tentent de sortir à la dérobée. Peine perdue, on leur lance des œufs pourris (le même traitement a été réservé à lord Elgin plus tôt cette journée-là), certains seront même pris à partie par les émeutiers.

La disgrâce de la Grande-Bretagne consommée !

Le Canada vendu et abandonné !

La loi sur les pertes de la rébellion approuvée !!

Œufs pourris lancés sur le gouverneur !!!

The Gazette, 25 avril 1849

Cet après-midi, il circulait une rumeur en ville que le gouverneur général se rendrait à la Chambre et donnerait sanction à certains projets de loi ; mais on ne pouvait pas supposer que le projet de loi sur l’indemnisation des pertes de la rébellion serait du nombre.

Honteux du rôle qu’il allait jouer, et espérant en imposer au sentiment public, lord Elgin vint ramper dans la Chambre une heure après le temps marqué et, quand on put croire qu’il avait changé d’intentions, il se montra dans la Chambre du Conseil législatif. Après la lecture de plusieurs projets de loi de peu d’importance, le greffier lut d’un ton qui n’annonçait pas le désir d’attirer l’attention du public :

LE PROJET DE LOI SUR LES PERTES DE LA RÉBELLION.

Et, à la honte éternelle de la Grande-Bretagne,

LA RÉBELLION EST LA LOI DU SOL.

Le bruit de ce fait a été accueilli par des cris de rage et des battements de pieds. Plusieurs autres projets de loi ont reçu la sanction royale après cela, mais les galeries se vidèrent par dégoût, « murmurant et maugréant tout haut et tout bas » des malédictions qui auront effet quelque autre jour.

Les personnes qui s’étaient assemblées dans les environs, apprenant ce qui venait de se passer, éclatèrent en hurlements, cris de rage et d’indignation contre le « dernier gouverneur du Canada ». Quand lord Elgin (il ne mérite plus le titre d’Excellence) reparut dans les rues en sortant de la Chambre du Conseil, il fut reçu par les sifflets, les grognements et les cris d’indignation de la foule. On lui lança des œufs pourris, et lui et ses aides de camp furent arrosés de cette liqueur savoureuse, et sa voiture fut couverte du contenu dégoûtant des œufs et de boue. Quand la provision d’œufs fut épuisée, on se servit de pierres pour saluer le départ du carrosse, et il fut emmené au galop au milieu des malédictions de ses compatriotes.

LE DÉBUT DE LA FIN

Anglo-Saxons, vous devez vivre pour l’avenir ; votre sang et votre race seront désormais votre loi suprême, si vous êtes vrais à vous-mêmes. Vous serez Anglais, « dussiez-vous n’être plus Britanniques ». À qui va et quelle est votre allégeance maintenant ? Que chacun réponde en son âme et conscience.

Le pantin pompeux doit être rappelé ou chassé par le mépris universel du peuple.

Dans le langage de Guillaume IV, « LE CANADA EST PERDU ET LIVRÉ ». LA FOULE DOIT S’ASSEMBLER SUR LA PLACE D’ARMES, CE SOIR, À HUIT HEURES.

AU COMBAT, C’EST LE MOMENT !
Et soudainement, l’incendie se déclare : on voit la fumée sortir des fenêtres. L’incendie prend rapidement des proportions inquiétantes. On refuse l’accès aux pompiers et ceux qui parviennent à passer voient leurs boyaux d’arrosage sectionnés. De plus, l’armée n’intervient pas. Le marché Sainte-Anne et le Parlement du Canada qu’il abrite sont complètement démolis, ses bibliothèques brûlées. La journée du 25 avril 1849 se termine sur une note inquiétante : après avoir incendié le Parlement, les émeutiers partent à la chasse aux réformistes. On déménage temporairement le Parlement au marché Bonsecours, puis dans un théâtre de la rue Notre-Dame. Début novembre, la capitale est transférée à Toronto.

L’année 1849 a été qualifiée d’année de la terreur à Montréal. L’incendie du Parlement y est, bien sûr, pour quelque chose. Cependant, l’incendie et l’agitation du 25 avril ne constituent qu’une amorce à ce qui aurait pu devenir une guerre civile si les Réformistes avaient usé des mêmes moyens que les Tories. Ces derniers saccagent plusieurs résidences et commerces appartenant aux réformistes. Plusieurs d’entre eux se dirigent dans le faubourg Sainte-Antoine avec la ferme intention d’aller saccager et incendier la demeure du Premier ministre La Fontaine. Ce dernier est absent, mais des gens armés montent la garde. Près de 200 personnes franchissent les grilles menant à la résidence. Les coups de feu stoppent les ardeurs des émeutiers qui rebroussent chemin avec, sur les bras, un jeune homme atteint mortellement. Pour venger la mort du jeune homme, les émeutiers mettent le feu à l’hôtel Cyrus, lieu de l’enquête sur la mort du jeune homme, sur la place Jacques-Cartier. Cet incendie a lieu le 16 août et n’est qu’un parmi de nombreux à avoir été déclenchés au cours de l’été. Dans ces temps difficiles, on note également plusieurs décès reliés aux émeutes : la jeune Anne McDonnell est morte dans le feu qui a complètement détruit le magasin de chaussures de M. P. Murray, situé au coin des rues Notre-Dame et Saint-Gabriel. L’arrivée de l’automne ramène un calme relatif dans la ville maintenant dépouillée de son titre de capitale.

Les années 1850 sont des années de prospérité économique qui changeront le visage de Montréal. Elle n’est plus la capitale du Canada-Uni, mais elle demeure la ville économique et industrielle la plus importante du pays pour près d’un siècle à venir.





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