jeudi 30 octobre 2025

« Nous ne sommes pas en URSS, mais... »

Question. — De livres en livres, d’articles en d’articles, vous ne cessez de pointer la dérive autoritaire, voire totalitaire du camp progressiste. Dans Les Deux Occidents (La Cité), vous allez jusqu’à présenter la victoire de Trump comme une libération et expliquer que le monde occidental est désormais divisé en deux blocs antagonistes : un nouveau rideau de fer séparerait l’Amérique trumpienne d’une Europe dominée par des forces d’« extrême centre ». Avez-vous vraiment le sentiment que l’Union européenne est en train devenir la nouvelle Allemagne de l’Est ou la nouvelle Union soviétique ?

Bock-Côté. — Je n’ai jamais dit que Trump était une libération, mais qu’une bonne moitié de l’Amérique, au moins, l’a vécu ainsi. Le wokisme était devenu tyrannique. Le commun des mortels ne comprenait pas la banalisation de la censure à grande échelle pour lutter contre la « haine », qu’on traite les enfants comme les cobayes de la théorie du genre, qu’on institutionnalise le racisme antiblanc à travers le paradigme du DEI (diversity, equity, and inclusion, une expression résumant les trois principes établis pour promouvoir l’inclusion et la lutte contre les discriminations envers des groupes historiquement minoritaires ou minorisés, NDLR), qu’on légitime une immigration massive devenue inassimilable ou que la puissance américaine se perde dans une forme de guerre perpétuelle pour assurer la promotion de la « démocratie » dans le monde. Alors le commun des mortels s’est révolté en votant pour un homme improbable, extravagant, brutal, qui dira le contraire, entendant renverser la table. Cette victoire de la révolte populiste au cœur de l’empire, à Washington, a fait paniquer la nomenklatura européenne, qui s’est jurée d’empêcher la victoire des insurgés chez eux, et qui aujourd’hui, entend verrouiller les institutions politiques, sous le signe de l’État de droit, pour à tout prix empêcher les populistes d’arriver au pouvoir. Je crois que nous parlerons de ces moyens dans notre entretien.