vendredi 18 mai 2012

Garderies : pour une répartition juste de la subvention

Khalid Daher, président de l'Association québécoise des garderies privées non subventionnées (AQGPNS), s'exprime dans une lettre ouverte :

Les garderies ont été mêlées malgré elles à des scandales politico-financiers indignes, c'est du moins ce qui ressort des débats à l'Assemblée nationale. La situation est telle que trois ministres se sont succédé et les plaies ne parviennent pas à se cicatriser, tellement les ravages, et à tous les niveaux, sont intenses.

À commencer par notre démocratie, postulat de notre charte et donc de toutes nos institutions. Utiliser ce système ou ce réseau à des fins partisanes est un crime moralement inacceptable, passible du châtiment suprême; la peine politique capitale, à savoir la destitution irrévocable ou le bannissement à perpétuité. Mais aujourd'hui, ce genre de délit bénéficie d'une indulgence navrante, ainsi qu'en témoignent les derniers sondages. Peut-être accoutumé, après tant d'affaires peu reluisantes, telles que celles qu'a connues le secteur de la construction, et surtout après avoir été soumis à un népotisme si vigoureux, ces dernières années, que notre phénotype en a pâti, notre seuil de tolérance a été rehaussé de plusieurs crans, et que cela a fini dans nos moeurs par bourrage intempestif.

Plus de 35 000 parents sont écartés de ce système devenu incontrôlable et insondable. Ils ne comprennent plus rien aux politiques fuligineuses du ministère de la Famille.

L'unique manière de se prémunir contre ce mal troublant est que la subvention soit familiale et non institutionnelle. En d'autres termes, et puisque Revenu Québec a déjà la structure, l'information ainsi que le savoir-faire, ce sera aux parents d'en faire la demande et ce ne sera plus l'apanage des CPE ou des garderies auxquels elle était destinée.

Le gagnant sera, en premier lieu le gouvernement qui sauvera des centaines de millions de dollars, en second lieu ce seront les parents qui seront vraiment privilégiés dans ce nouveau système, et en troisième lieu, ce sera le Ministère qui pourra enfin bénéficier d'un réseau où c'est la compétence qui prime et non l'appartenance à telle ou telle catégorie de ce réseau à vitesse variable. Seuls les gens de métier seront capables de se maintenir et l'on aura moins de prospecteurs.

Cette approche a l'avantage incontestable de bien répartir la subvention du gouvernement. Ceux aux salaires élevés ne l'auront pas, tandis que ceux qui en ont besoin l'auront, et bien entendu le reste sera traité proportionnellement au revenu familial. C'est une solution équitable pour tous et personne ne la contestera. Sauf bien sûr les CPE et les garderies subventionnées, ces élus habitués à la manne. Il y aura des réticences démesurées de la part de ces deux entités. Il faut espérer que le gouvernement soit tout aussi intransigeant et intraitable qu'il l'a été avec les étudiants. C'est la seule incertitude. Car l'on ne connait pas très bien le référentiel de la logique gouvernementale. C'est souvent nébuleux allant jusqu'au chaotique.

Plus précisément, il n'y aura plus d'appels d'offres, plus d'annonces, plus de dépenses abusives au nom d'un principe - celui de l'universalité devenu désuet, il n'y aura qu'une seule chose; la concurrence saine et le travail méritoire, l'essence même de notre démocratie. Les parents iront là où ils voudront, sans être contraints de choisir des garderies ou CPE juste parce qu'elles proposent des places à 7$. C'est le meilleur moyen d'enrayer le favoritisme et l'injustice qui minent notre société.

C'est la solution pour sortir de cette situation, du moins intenable, qui n'arrange ni le réseau et ses innombrables facettes; garderies privées subventionnées, non subventionnées, CPE, milieu familial reconnu, garderies illicites ni les parents qui se sentent lésés dans ce système où ils se demandent à qui il profite vraiment. En bref, ce sont les parents et les enfants qui en seront les privilégiés et non pas les amis du régime ou ses proches.




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