dimanche 14 mai 2023

Le danger d'une morale hypertrophiée (selon Arnold Gehlen)

Faisons-nous face à une « décadence morale » ou bien plutôt à une « hypermorale », une morale universelle hypertrophiée, fondée sur les bons sentiments ? 
 
Au lieu d’un retour à la morale, ce dont notre époque a besoin n’est-il pas plutôt de mettre des bornes aux exigences morales disproportionnées de l’humanitarisme et de refonder un « pluralisme éthique » ? De concilier des morales d’ordre différent ? À rebours d’une pensée « humanitariste » et universaliste, fondée sur l’hypertrophie des bons sentiments, Gehlen postule que la morale est engendrée par les institutions.
 
Telle était l’ambition d’Arnold Gehlen quand il écrivit son remarquable essai « Morale et Hypermorale », récemment traduit en français. 
 
Écrit en 1969, peu après les divers mouvements de 68, il s’agit sans nul doute d’un des meilleurs ouvrages de cette période, dont les thèses principales n’ont rien perdu de leur force aujourd’hui.