lundi 27 octobre 2008

« Cette intolérable liberté »

Critique intéressante de Carl Bergeron, directeur du journal en ligne L'Intelligence conséquente, sur le cours d'éthique et de culture religieuse et ses thuriféraires. M. Bergeron s'en prend aussi un peu à la stratégie de la CLÉ, cette critique n'est pas non plus inintéressante. On y lira une analyse truculente des méthodes du Devoir pour défendre le cours d'ECR qu'il a décidé d'appuyer dans un éditorial il y a quelques mois déjà (Vain Combat, 27 février 2008).

La fin de l'article de M. Bergeron indique bien sous quel angle, selon lui, il faut attaquer le cours ECR :
« Le noyau idéologique du programme ECR a un nom : le multiculturalisme. La mise en place du cours ECR et son caractère obligatoire ne signe pas un commencement d’altération des libertés, mais signe la fin d’une longue manoeuvre d’anesthésie de toutes les fonctions vitales de transmission de la culture. Ça prenait un sacré culot pour imposer cette horreur du début du primaire jusqu’à la fin du secondaire ; que le régime se soit cru autorisé à aller de l’avant ne fait que confirmer son arrogance et sa conviction missionnaire. Critiquer le cours ECR sous l’angle du multiculturalisme reviendrait à tisser la toile qui manque présentement à la CLE en touchant aux sujets limitrophes : politique d’immigration, enseignement de l’histoire, charte des droits, identité nationale, propagande festivo-multiculturelle, réforme socioconstructiviste de l’éducation, etc. Le régime veut fabriquer un nouveau peuple, un homme nouveau, une société utopique, et le cours d’ECR n’est que le point d’orgue de ce Programme de rééducation intégrale. L’erreur de la CLE est de véhiculer sa résistance antitotalitaire par la foi plutôt que par la nation, empêchant ainsi son combat de se lier aux autres poches de résistances qui se forment actuellement contre l’inter/multiculturalisme d’État.

L’inspiration antitotalitaire peut certes être chrétienne, elle l’a même été à plusieurs reprises dans l’histoire, mais son articulation politique, dans le contexte qui est le nôtre en 2008 au Québec, doit reposer sur un langage compréhensible par tous : celui de la nation. Ce n’est pas tout d’avoir raison sur le fond, encore faut-il être rassembleur sur la forme. Il est inutile de penser à obtenir des accommodements auprès du régime, car ces accommodements ne seront toujours que de petites victoires trahissant de grandes défaites. Il faut au contraire renverser tout le régime par la critique de l’inter/multiculturalisme d’État et du chartisme victimaire, une tâche colossale qui ne peut s’accomplir qu’à travers un programme de ressaisissement national. »

(Une petite erreur dans l'article de M. Bergeron : le site de Pour une école libre au Québec est indépendant de la CLÉ. Nous épousons toutefois la même cause dans le dossier ECR : la liberté de choix.)