mardi 11 octobre 2022

Qu'est-ce qu’une femme ?
(vidéo sous-titrée en français)

Documentaire de Matt Walsh (Daily Wire) qui s'interroge sur la logique de l'idéologie du genre et le mouvement transgenre qui vise de nos jours les femmes et surtout les enfants, à travers cette question qui pourtant semble fondamentale : « Qu’est-ce qu’une femme ? »


France — Malgré un budget de l'éducation publique en hausse constante, l’enseignement privé remporte la mise

Alors que l’école de la République atteint les tréfonds des classements internationaux, l’enseignement privé tire son épingle du jeu grâce à une autonomie et des projets pédagogiques qui séduisent les familles de toutes origines, soucieuses de la réussite de leurs enfants.

Musulmane pratiquante, Dhekra Bedoui a fait le choix du privé pour ses deux garçons. À Aulnay-sous-Bois (93), puis à Choisy-le-Roi (94). « Des environnements pas toujours rassurants, résume-t-elle pudiquement. Je voulais un établissement sérieux, bienveillant, porteur de valeurs. » Lorsqu’elle découvre l’existence des écoles catholiques, elle se demande s’il « faut être chrétien » pour les intégrer. « Mon mari a connu l’école coranique en Tunisie. Il se demandait si c’était pareil, raconte-t-elle. À Saint-André, à Choisy, nous n’avons jamais eu de problèmes liés à nos origines. L’éveil religieux concerne toutes les religions et s’appuie sur la tolérance et l’unicité de Dieu. À la cantine, mes enfants ne mangent pas de porc. Mais s’ils veulent manger hallal, ils le feront ailleurs, ou plus tard. »

Présidente de l’Apel (Association de parents de l’enseignement libre) de son établissement depuis six ans, Dhekra Bedoui constate que Saint-André — qui affiche des frais de scolarité d’environ 250 euros par mois — accueille « de plus en plus de parents musulmans ». « Je dirais 40 %, précise cette chef de projet informatique chez Elior. Ils choisissent cet établissement pour son modèle éducatif et ses résultats au bac. » Son fils aîné est aujourd’hui en deuxième année d’école d’ingénieur.

Des familles musulmanes dans des écoles privées ? Un phénomène aujourd’hui banal, tant le privé est devenu un refuge pour les familles, et ce, quelle que soit leur origine. Il est vrai que l’exemple vient d’en haut. Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale, qui a déclaré en septembre vouloir s’attaquer au collège, « l’homme malade du système », ne cache pas avoir enlevé ses enfants du public pour les mettre à l’École alsacienne afin de leur assurer « une scolarité sereine et heureuse ». Avant eux, cet établissement privé laïc parisien a accueilli le ministre Gabriel Attal, la journaliste de France Inter Léa Salamé, l’avocat d’extrême gauche Juan Branco ou encore Élisabeth Badinter.

Davantage d’autonomie

« Il faut être lucide, l’école de la République française n’est plus à la hauteur. » C’est le président Macron lui-même qui en fait le « cruel » constat le 25 août, face aux recteurs réunis pour la rentrée. Évoquant des élèves « malheureux », des parents « anxieux », des professeurs « désabusés », il a appelé ces hauts fonctionnaires de l’Éducation à « l’audace » pour « changer de méthode ». De l’audace, il en faudra, tant la situation est préoccupante pour la France, septième puissance mondiale, mais 23 en lecture parmi les pays de l’OCDE, avec moins de 10 % de très bons lecteurs — un niveau comparable à la République tchèque, au Portugal et à la Belgique. Les taux de réussite au brevet et au bac (96 % au bac général en 2022) ne parviennent plus à leurrer personne.

« L’enseignement public aurait intérêt à s’inspirer du privé », lâche Jean-Paul Brighelli. L’auteur se désole d’avoir eu raison, il y a quinze ans, avec son succès de librairie La Fabrique du crétin, dont le second tome est paru en 2022. « Le privé est souvent conçu en cités scolaires, comme c’était le cas avant dans les lycées publics. Si l’on constate des lacunes en seconde, les professeurs du collège peuvent réagir plus rapidement », ajoute-t-il.

Sur plus de 12 millions d’élèves, près de 17 % sont scolarisés dans l’enseignement privé sous contrat — 97 % l’étant dans l’enseignement catholique. Un « contrat » avec l’État qui rémunère les enseignants, en contrepartie de quoi les établissements doivent se conformer aux programmes officiels. Le fameux « caractère propre », inscrit dans la loi Debré de 1959, leur laisse cependant une marge de liberté. « Le caractère propre, ce n’est pas seulement la catholicité. Ce sont les projets pédagogiques, très variés d’un établissement à un autre, et le fait que l’on sait où l’on met les pieds, explique Frédéric Gautier, actuel directeur de Stanislas à Paris, passé par Saint-Joseph à Reims et Franklin à Paris. Cela procure chez les familles un sentiment d’adhésion et de sécurité. Les élèves ne sont pas affectés par territoire, en fonction d’une carte scolaire, mais par choix. » Et puis il y a « les valeurs ». « Dans l’enseignement public, les valeurs républicaines ne font finalement référence qu’au “vivre-ensemble”. Elles déclinent la lutte contre le racisme, l’antisémitisme, ou encore la transphobie. Dans l’enseignement catholique, nous n’avons pas “une certaine idée” de la personne, mais “une idée certaine” de ce qu’est un homme, une femme, une jeune fille, un jeune garçon. Une conception éclairée par l’Évangile, loin des délires du moment », ajoute-t-il.

Stanislas, qualifié de sexiste [par l’extrême gauche]

Un caractère propre et des valeurs attaquées par l’extrême gauche, bien décidée à relancer la guerre public-privé. En juin dernier, c’est un article de Mediapart [média d’extrême gauche] qui a mis le feu aux poudres, dénonçant Stanislas comme un établissement « sexiste et homophobe », en ciblant notamment ses classes non mixtes, son règlement intérieur qui précise la tenue des élèves (des hauts opaques pour les filles, interdiction de pantalons taille basse, de survêtements, etc.). Ce qui n’a pas fait trembler l’établissement. Dans un communiqué, l’école vieille de plus de deux cents ans a affirmé son « attachement indéfectible à tout l’enseignement de l’Église catholique, même sur les questions qui peuvent susciter l’incompréhension d’une partie de nos contemporains et qui sont parfois ressenties comme un “scandale” ». Dans la foulée, le groupe écologiste Gauche communiste, écologiste et citoyenne (GCEC) en a profité pour demander la suppression des subventions de la région. Une demande rejetée illico par Valérie Pécresse. À la rentrée, le règlement intérieur qui interdit les mangas à Stanislas, mais aussi jeux électroniques et jeux de rôle, a encore fait beaucoup réagir sur les réseaux sociaux.

Toutefois, il faut être lucide, Stanislas est une exception. En réalité, la discipline a beaucoup molli ces dernières années dans le privé. L’uniforme et la non-mixité ont disparu avec les années 1980. « Beaucoup d’écoles catholiques n’ont de catholique que le nom », regrette même Servane, institutrice en retraite dans les Bouches-du-Rhône, qui avait choisi l’école privée par conviction religieuse. « Le collège privé de notre ville ne proposait même pas de pastorale », se souvient-elle. Reste que le privé affiche généralement un règlement intérieur plus strict sur la tenue scolaire, les retards, les absences, le niveau de langage, l’utilisation du téléphone portable, ce qui est apprécié des familles. Caroline*, professeur du public dans le Val-de-Marne, a opté pour le privé en raison de « l’encadrement, des fréquentations, et pour que ses enfants soient tirés vers le haut ». Et surtout, les familles adhèrent au règlement imposé. « Au moment de l’entretien, je l’explique aux familles qui choisissent ou pas d’inscrire leur enfant. C’est la grande différence avec le public où les élèves sont affectés », explique Marie-Astrid Courtoux-Escolle, directrice de Saint-Michel-de-Picpus dans le 12e arrondissement de Paris.

Dans le privé, on travaille plus

Le Covid a aussi exacerbé cette impression que dans le privé « on travaille plus que dans le public ». « Pendant la crise, je voyais bien que les profs de mon fils se contentaient d’envoyer des courriels, alors que les enfants de mes amies, qui étaient dans le privé, suivaient leurs cours sur Zoom », raconte Béatrice, dont le fils était en troisième, en 2020, au collège Chappe dans le 19e, et qui avoue s’être ruinée en cours particuliers afin qu’il puisse suivre une fois au lycée.

Les établissements privés se distinguent aussi par une plus grande souplesse et une « gestion » plus proche du terrain. « Si un prof de maths est absent une semaine, les élèves feront plus de physique et rattraperont les heures de maths la suivante », fait valoir Gilles Demarquet, le président de l’Apel.

Dans le privé, le directeur a davantage de marge de manœuvre. Il recrute lui-même ses enseignants et ses suppléants (l’équivalent des contractuels). La gestion des ressources humaines est aussi plus décentralisée. Là où un enseignant stagiaire du public peut être affecté à l’autre bout de la France, les débutants du privé ont toutes les chances de rester dans leur académie d’origine. « Pour les professeurs des écoles, la gestion est départementale, et pour ceux du collège et du lycée, elle est académique, précise Yann Diraison, adjoint au secrétaire général de l’enseignement catholique. Nous essayons de faire du cousu main. » De fait, sur 2300 lauréats au concours du second degré, seuls 33 ne sont pas affectés dans l’académie de leur choix. « Les salaires sont les mêmes. Mais la grosse différence est que j’ai la liberté de choisir les enseignants, qui eux aussi peuvent nous choisir. Cela change tout en termes de bien-être, de motivation, d’ambiance dans l’équipe, explique Marie-Astrid Courtoux-Escolle. Ils ne sont pas envoyés loin de chez eux. Il y a des établissements compliqués aussi dans l’enseignement catholique, mais l’enseignant n’est pas déraciné. » D’ailleurs, le dernier bilan social de l’Éducation nationale (2020-2021) montre que les enseignants du privé sont moins en arrêt maladie que leurs homologues du public (près de 5 points de différence dans le second degré).

Des professeurs choisis

Des atouts déterminants à l’heure où « le plus beau métier du monde » souffre d’une grave crise d’attractivité. Une crise à laquelle le privé n’échappe pas. Tout en réussissant, jusqu’alors, à sauver les meubles. « Il y a quinze ans, nous comptions sept candidats au concours de professeurs des écoles pour un poste. Aujourd’hui, nous sommes à 2,8 », explique Yann Diraison. Reste que, depuis 2018, la totalité ou presque des postes proposés sont pourvus. Là où dans le public 75,7 % ne l’ont pas été en 2022, contre 92 % en 2016. « Au-delà de la question du salaire (1800 euros net mensuels pour un enseignant débutant, après l’année de stage rémunérée à 1400 euros, NDLR), nous voulons une affectation digne », répète Loïc, qui a enseigné pendant vingt ans dans le public, en lycée professionnel.

Après avoir obtenu brillamment le Capes de lettres, pour enseigner en lycée général, le voilà aujourd’hui contraint de faire son année de stage à Rennes, où il a passé le concours — « C’est une circulaire qui le dit ! », explique-t-il —, alors qu’il vit à Bordeaux, avec sa femme, magistrate, et son fils. Il fera donc des allers-retours. À ses frais. Alors même que l’académie de Rennes, parmi les plus attractives de France, ne souffre pas de la pénurie de professeurs, comme celles de Créteil ou de Versailles, où des « job dating » [entretiens d’embauche minute/rencontres express] ont été organisés à l’été, pour recruter des contractuels.

Les professeurs sont-ils « meilleurs » dans le privé que dans le public ? A priori, peu de différences. Ils ont le même niveau de formation, passent des concours comparables et touchent le même salaire. La proportion de contractuels y est même supérieure : 30 % des enseignants de collèges et lycées, contre 8 à 9 % dans le public. « Quand les jeunes enseignants, diplômés bac + 5, arrivent à la Goutte-d’Or, ils tombent de haut, qu’ils enseignent dans le privé ou le public », résume Isabelle, au rectorat de Paris, qui fait passer les oraux de concours aux deux populations. »

Et la pédagogie ? Là encore, pas de fossé criant entre les deux mondes, le « pédagogisme » à l’œuvre depuis les années 1970 ayant infusé partout. Mais dans le monde du privé sous contrat, on trouve des projets bien différents. « Dans le public, j’entends souvent la formule “la pédagogie que l’on défend”, explique Baptiste Jacomino, adjoint au directeur diocésain de Paris. De la tradition jésuite à Montessori, il y a chez nous DES pédagogies. Mon travail consiste à encourager les établissements à aller au bout de leurs projets. » À Stanislas, établissement d’excellence, où 70 % des bacheliers font une prépa et 20 % intègrent médecine, on considère « qu’apprendre par cœur reste la meilleure manière d’apprendre, explique son directeur, Frédéric Gautier. Nous nous appuyons sur une tradition pédagogique ancienne, qui a fait ses preuves. Dans une époque de fragilité, cette approche classique est rassurante pour les familles. »

Les investisseurs en embuscade

Toutefois, beaucoup pensent que le privé sous contrat n’en fait pas assez et suit trop la pédagogie et les valeurs Éducation nationale. « Si c’était à refaire, je mettrais mes enfants dans le privé hors contrat », déclare Caroline, enseignante dans le Val-de-Marne, qui a mis ses trois enfants dans le privé sous contrat avec des allers-retours dans le public. Ces dernières années, le petit monde du hors contrat (0,7 % des élèves y sont scolarisés) connaît une croissance significative. Ses quelque 1700 établissements ne sont pas tenus au cadre Éducation nationale, même s’ils sont soumis à des contrôles de l’État, de plus en plus fréquents depuis la loi contre le séparatisme d’août 2021. Cette année, 172 établissements hors contrat ont ouvert, selon l’association Créer son école. « Contrairement aux idées reçues, 82 % des écoles indépendantes sont aconfessionnelles », relève Anne Coffinier, sa présidente. À leurs côtés, 11 % d’établissements catholiques, 5 % musulmans, 1 % juifs et 1 % protestants. « Les créations, en cette année 2022, montrent que les écoles sont en harmonie avec l’évolution de la société, ajoute Anne Coffinier. On trouve beaucoup d’établissements spécialisés — des troubles de l’apprentissage au sport de haut niveau —, ainsi qu’un fort ancrage à la nature, avec des “forest schools” [c’est la France !, l’école en forêt au Québec]. Mais la tendance de fond, c’est l’ouverture croissante d’écoles bilingues. »

Et la dégringolade du système français aiguise les appétits des fonds de pension américains. Le groupe Globeducate, propriété du fonds d’investissement américain Providence, possède ainsi une dizaine d’établissements en France, dont le Cours Hattemer, Mougins British International School dans le Var, mais aussi les EIB (Écoles internationales bilingues à Paris), des écoles bilingues privées sous contrat réputées, qui se développent à vitesse grand V dans la capitale. Dans ce paysage, le bac français cède du terrain. De plus en plus d’écoles privées proposent à leurs élèves de passer le bac américain, avec une préparation qui débute dès la troisième, à raison de 1250 euros par an. Les organismes privés, eux, créent à tour de bras des certificats en orthographe, en maths, en physique, en anglais, sortes de badges de compétences que les jeunes peuvent exhiber dans leur dossier scolaire à défaut de diplôme reconnu. Nulle crainte que le bac enterré soit rapidement remplacé.

* Les prénoms ont été changés à la demande des intéressés.


Source : Le Figaro

Voir aussi

Éducation — La France a l’un des budgets les plus élevés au monde, mais avec des résultats en baisse » 

Philippe Nemo : « La vraie cause de la fuite des professeurs, c’est le choix politique qu’est l’école unique »

Les trois enfants d’Éric Zemmour ont été scolarisés au Cours Hattemer « à la pédagogie surannée » selon Paris-Match