D’après une étude américaine, le cannabis est la drogue illicite (pour l’instant) la plus utilisée pendant la grossesse, et son utilisation augmente. De 2002 à 2014, la prévalence de consommation de marijuana aux États-Unis pour les femmes enceintes adultes est passée de 2,4 % à 3,9 %.
Les études actuelles se limitent à des questionnaires, lesquels sous-estiment probablement la prévalence de ce comportement puisque fumer et se droguer, plus particulièrement pendant la grossesse, sont des comportements socialement inacceptables.
L’étude a voulu vérifier ces déclarations et les tendances à la consommation du cannabis pendant la grossesse en se basant sur un large échantillon de plus de 279 000 femmes californiennes enceintes.
Elle a comparé les déclarations de ces femmes aux données issues de prélèvements urinaires lors d’un dépistage universel. Toutes ces futures mères étaient suivies dans des cliniques qui effectuent systématiquement, auprès de toutes les futures mères, un test de dépistage du THC, la principale molécule active du cannabis. Ce test permet de déterminer si la patiente a fumé du cannabis, ou en a consommé sous une autre forme, durant les 30 derniers jours.
Forte sous-déclaration de la part des futures mères
Parallèlement donc, les femmes étudiées ont été amenées à indiquer, à l’aide de questionnaires, si elles fumaient du cannabis, à quelle fréquence et en quelles quantités. Parmi celles qui se sont révélées positives au test du THC, 55 % s’étaient abstenues de le déclarer par écrit.
Aux États-Unis, la proportion de femmes enceintes consommant du cannabis serait passée de 4,2 % à 7,1 % de 2009 à 2016. Parmi les moins de 18 ans, ce taux est passé de 13 % en 2009 à près de 22 % en 2016. Et de 10 % à 19 % chez les femmes âgées de 18 à 24 ans.
Intérêt de cette étude
Selon le directeur de cette étude Kelly Young et l’auteur principal de l’étude, Dr Nancy Goler, « Des études américaines antérieures ont montré que la prévalence de la marijuana chez les femmes enceintes adultes a augmenté ces dernières années, mais ces études ne se fondant pas sur des mesures objectives de consommation de marijuana vérifiée par des tests biochimiques [mais plutôt des déclarations des futures mères], elles sous-estiment probablement la prévalence ».
Effets néfastes du cannabis lors de la grossesse
Pour les auteurs de l’étude, « Les premiers résultats de la recherche suggèrent que la consommation de marijuana pendant la grossesse peut nuire à la croissance et au développement neurologique du fœtus [1], mais 79 % des femmes enceintes interrogées entre 2007 et 2012 perçoivent peu ou mal les risques à sa consommation prénatale. [2] Une surveillance suivie de cette tendance, du moment de l’exposition et des résultats de la progéniture est importante alors que le taux de THC du cannabis a augmenté ces dernières années [3], et cela dans un environnement juridique de plus en plus permissif. »
« Nous ne faisons qu’effleurer les questions liées à la consommation de cannabis pendant la grossesse », a déclaré le Dr Marcel Bonn-Miller, chercheur à l’école de médecine Perelman de l’Université de Pennsylvanie. Le Dr Bonn-Miller n’a pas participé à l’étude.
Bien que les résultats du dépistage en Californie du Nord pourraient ne pas refléter les taux d’utilisation de drogues dans d’autres régions des États-Unis, cette tendance est cependant alarmante, a déclaré Bonn-Miller par courriel au Globe and Mail.
« En raison de la possibilité de consommation concomitante de marijuana et d’autres substances toxiques, on ne peut isoler le cannabis comme la seule substance parmi celles-ci directement responsable du travail prématuré, de la moindre croissance fœtale, de l’accouchement prématuré, de l’insuffisance pondérale à la naissance et de la mortinatalité que l’on observe parmi les enfants nés de mère consommant du cannabis », a déclaré Yankey, chercheuse en santé publique à l’Université de l’État de Géorgie à Atlanta. Mme Yankey n’a pas pris part à l’étude.
« Les effets néfastes sur le développement et les complications de l’utilisation de la marijuana sur l’enfant à naître dépendent également de la fréquence et de la dose d’utilisation de la marijuana », a ajouté Yankey.
« Plus nous étudions l’usage de cannabis pendant la grossesse, plus nous comprenons à quel point ceci peut être nocif », a ajouté Bonn-Miller.
Le rôle de la légalisation
L’utilisation de la marijuana pendant la grossesse pourrait être en hausse notamment en raison de la légalisation de la marijuana médicale qui pousserait les gens à penser que celle-ci est peu dangereuse, même pendant la grossesse, a déclaré Barbara Yankey.
Sources : Journal of the American Medical Association et The Globe and Mail
Notes :
[1] Volkow ND, Compton WM, Wargo EM. The risks of marijuana use during pregnancy.JAMA. 2017; 317 (2):129–130.
[2] Ko JY, Farr SL, Tong VT, Creanga AA, Callaghan WM. Prevalence and patterns of marijuana use among pregnant and nonpregnant women of reproductive age. Am J Obstet Gynecol. 2015; 213 (2):201.e1-201.e10.
[3] ElSohly MA, Mehmedic Z, Foster S, Gon C, Chandra S, Church JC. Changes in cannabis potency over the last 2 decades (1995–2014). Biol Psychiatry. 2016;
79 (7):613–619.
Les études actuelles se limitent à des questionnaires, lesquels sous-estiment probablement la prévalence de ce comportement puisque fumer et se droguer, plus particulièrement pendant la grossesse, sont des comportements socialement inacceptables.
L’étude a voulu vérifier ces déclarations et les tendances à la consommation du cannabis pendant la grossesse en se basant sur un large échantillon de plus de 279 000 femmes californiennes enceintes.
Elle a comparé les déclarations de ces femmes aux données issues de prélèvements urinaires lors d’un dépistage universel. Toutes ces futures mères étaient suivies dans des cliniques qui effectuent systématiquement, auprès de toutes les futures mères, un test de dépistage du THC, la principale molécule active du cannabis. Ce test permet de déterminer si la patiente a fumé du cannabis, ou en a consommé sous une autre forme, durant les 30 derniers jours.
Prévalence ajustée de la consommation de cannabis en % de 2009 à 2016 |
Forte sous-déclaration de la part des futures mères
Parallèlement donc, les femmes étudiées ont été amenées à indiquer, à l’aide de questionnaires, si elles fumaient du cannabis, à quelle fréquence et en quelles quantités. Parmi celles qui se sont révélées positives au test du THC, 55 % s’étaient abstenues de le déclarer par écrit.
Aux États-Unis, la proportion de femmes enceintes consommant du cannabis serait passée de 4,2 % à 7,1 % de 2009 à 2016. Parmi les moins de 18 ans, ce taux est passé de 13 % en 2009 à près de 22 % en 2016. Et de 10 % à 19 % chez les femmes âgées de 18 à 24 ans.
Prévalence ajustée de la consommation de cannabis en % de 2009 à 2016 selon l'âge |
Intérêt de cette étude
Selon le directeur de cette étude Kelly Young et l’auteur principal de l’étude, Dr Nancy Goler, « Des études américaines antérieures ont montré que la prévalence de la marijuana chez les femmes enceintes adultes a augmenté ces dernières années, mais ces études ne se fondant pas sur des mesures objectives de consommation de marijuana vérifiée par des tests biochimiques [mais plutôt des déclarations des futures mères], elles sous-estiment probablement la prévalence ».
Effets néfastes du cannabis lors de la grossesse
Pour les auteurs de l’étude, « Les premiers résultats de la recherche suggèrent que la consommation de marijuana pendant la grossesse peut nuire à la croissance et au développement neurologique du fœtus [1], mais 79 % des femmes enceintes interrogées entre 2007 et 2012 perçoivent peu ou mal les risques à sa consommation prénatale. [2] Une surveillance suivie de cette tendance, du moment de l’exposition et des résultats de la progéniture est importante alors que le taux de THC du cannabis a augmenté ces dernières années [3], et cela dans un environnement juridique de plus en plus permissif. »
« Nous ne faisons qu’effleurer les questions liées à la consommation de cannabis pendant la grossesse », a déclaré le Dr Marcel Bonn-Miller, chercheur à l’école de médecine Perelman de l’Université de Pennsylvanie. Le Dr Bonn-Miller n’a pas participé à l’étude.
Bien que les résultats du dépistage en Californie du Nord pourraient ne pas refléter les taux d’utilisation de drogues dans d’autres régions des États-Unis, cette tendance est cependant alarmante, a déclaré Bonn-Miller par courriel au Globe and Mail.
« En raison de la possibilité de consommation concomitante de marijuana et d’autres substances toxiques, on ne peut isoler le cannabis comme la seule substance parmi celles-ci directement responsable du travail prématuré, de la moindre croissance fœtale, de l’accouchement prématuré, de l’insuffisance pondérale à la naissance et de la mortinatalité que l’on observe parmi les enfants nés de mère consommant du cannabis », a déclaré Yankey, chercheuse en santé publique à l’Université de l’État de Géorgie à Atlanta. Mme Yankey n’a pas pris part à l’étude.
« Les effets néfastes sur le développement et les complications de l’utilisation de la marijuana sur l’enfant à naître dépendent également de la fréquence et de la dose d’utilisation de la marijuana », a ajouté Yankey.
« Plus nous étudions l’usage de cannabis pendant la grossesse, plus nous comprenons à quel point ceci peut être nocif », a ajouté Bonn-Miller.
Le rôle de la légalisation
L’utilisation de la marijuana pendant la grossesse pourrait être en hausse notamment en raison de la légalisation de la marijuana médicale qui pousserait les gens à penser que celle-ci est peu dangereuse, même pendant la grossesse, a déclaré Barbara Yankey.
Sources : Journal of the American Medical Association et The Globe and Mail
Notes :
[1] Volkow ND, Compton WM, Wargo EM. The risks of marijuana use during pregnancy.JAMA. 2017; 317 (2):129–130.
[2] Ko JY, Farr SL, Tong VT, Creanga AA, Callaghan WM. Prevalence and patterns of marijuana use among pregnant and nonpregnant women of reproductive age. Am J Obstet Gynecol. 2015; 213 (2):201.e1-201.e10.
[3] ElSohly MA, Mehmedic Z, Foster S, Gon C, Chandra S, Church JC. Changes in cannabis potency over the last 2 decades (1995–2014). Biol Psychiatry. 2016;
79 (7):613–619.