samedi 6 août 2011

Les écoles catholiques privées du Liban : « blindés de la langue française »

Le journal libanais L'Orient-Le Jour nous apprend qu'une classe entière de jeunes Libanais du Liban-Sud ont pu passer une semaine en France à la suite d'un concours.

La supérieure générale de la Congrégation des sœurs des Saints-Cœurs :
« Nous sommes les blindés de la langue française, vous pouvez compter sur nous »
Le contingent français de la Finul (forces intérimaires des Nations-Unies au Liban) avait lancé dans toute la zone du sud du fleuve Litani (l'antique Léontes) un concours destiné aux élèves des classes de 7e et 6e. Plus de 3 000 élèves ont pris part à ce concours. Ces écoliers devaient se présenter et parler d’eux-mêmes, de leurs vies et activités, sous une forme imagée ou écrite, leur permettant de s’exprimer en quelques mots ou par un ensemble de dessins.

Dans son discours marquant le départ pour la France des gagnants, le général Xavier de Woillemont, chef d’état-major de la Finul, a indiqué que les Casques bleus français estiment que ce genre de programmes constitue un facteur de paix et de stabilité. Il a souligné que « la francophonie n’est pas seulement une participation linguistique, c’est aussi un mélange de cultures et de valeurs humaines portant la paix en soi. C’est cette paix qui est au cœur de la mission de la Finul au Liban-Sud ».

Pour sa part, Didier Chabert, représentant l’ambassade de France, a noté que la participation massive au concours a révélé l’importance que le peuple libanais accorde à l’apprentissage de la langue française, mettant l’accent sur l’histoire du Liban et son valeureux héritage à travers sa culture bilingue.

Arrivés en France, la mairie de la ville d'accueil a organisé une cérémonie officielle à laquelle a notamment pris part le colonel Jérôme Pupa, qui avait lancé le concours de la francophonie avant son départ du Liban.

Prenant la parole, mère Daniella Harrouk, supérieure générale de la Congrégation des Saints-Cœurs, a surpris l’assistance en déclarant : « Nous sommes les blindés de la langue française, vous pouvez compter sur nous », faisant ainsi allusion aux plus de 43 000 élèves qui apprennent le français dans les écoles de l’institution.

De son côté, le maire Philippe Jovan a mis l’accent sur les relations historiques entre le Liban et la France, précisant que « le français n’est pas seulement une langue, mais aussi une histoire et une civilisation ».

Le colonel Pupa a souhaité, pour sa part, que ce voyage marque le début d’une importante série d’activités et de programmes qui contribueront à développer la francophonie. Quatre jours en France, c’était une belle initiative du contingent français de la Finul pour promouvoir sa langue maternelle et c’était aussi une occasion pour ces vingt élèves du caza de Marjeyoun de découvrir la France et échapper à leur quotidien difficile, dans une zone qui n’a quasiment jamais connu la paix.

L'effondrement de la francophone égyptienne, son impact

Au sujet de l'influence de la francophonie sur les pays arabes et leur ancrage à la civilisation occidentale. Notons, a contrario, l'effet de l'élimination des élites francophones en Égypte.

Les Égyptiens sont très fiers d'avoir eu très tôt un élite « moderne », y compris sur le plan religieux. Et cela, disent-ils, depuis Napoléon via Mehemet Ali, mais en fait surtout depuis la fin du XIXe siècle. C'est relativement exact, mais cette élite égyptienne devait beaucoup à l'environnement (français et européen, grec, libanais, juif…) intellectuel et entrepreneurial, religieusement varié et francophone, qui a été détruit par la conjonction du nassérisme (socialisme national panarabe) et de la calamiteuse franco-britannique expédition de 1956. Cette élite a été en gros remplacée par la montée de la petite bourgeoisie musulmane, masculine, nationaliste et souvent fonctionnaire ou du secteur public, donc peu soucieuse de la dérive policière et militaire ou de l’écroulement économique. Elle était également peu soucieuse, malgré quelques proclamations, de la vie concrète du peuple. L’intendance sociale a été abandonnée notamment aux Frères Musulmans, que l'on veillait à emprisonner ou pendre s’ils devenaient politiquement gênants.

Mais Nasser reste populaire, ayant fait de grands et beaux discours dont les peuples se souviennent encore aujourd’hui. Quant à la libéralisation économique partielle menée par ses successeurs, elle a certes accéléré la croissance économique, mais surtout au bénéfice des enfants de cette même élite. On voit bien aujourd’hui les réticences des militaires et des entreprises nationales face aux demandes populaires.

Devenue panarabe, non francophone, fonctionnarisée, l'Égypte (comme d'autres pays arabes nationalistes) envoya au Maghreb des bataillons d'enseignants qui devaient arabiser cette région peuplée en grande partie de Berbères et devenue indépendante. Ces enseignants, souvent médiocres, mais qui connaissaient l'arabe et le coran, eurent une influence notable dans l'apparition de l'islamisme en Algérie.[Voir Pierre Vermeren, historien]





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