samedi 5 novembre 2016

France — Un journaliste embauché comme prof de math en 10 minutes

Reportage intéressant qui montre à quel point certaines académies, de grosses commissions scolaires, sont désespérées et prêtes à embaucher n’importe qui pour pourvoir à des postes d’enseignement contractuels. Conséquence du manque de professeurs chevronnés ou dûment diplômés, les professeurs de mathématiques devenant rares en France.

Jeudi soir, le magazine de France 2 « Envoyé spécial » s’est penché sur le recrutement des contractuels, appelés à remplacer les professeurs quand ils sont absents. Paul Sanfourche, journaliste et auteur de l’enquête, a eu quelques surprises en réalisant son sujet: malgré son profil tout à fait inadapté, il s’est retrouvé devant une classe de collège comme professeur de mathématiques une semaine après avoir passé l’entretien. Lui-même le reconnait : « un domaine où je n’ai vraiment aucune compétence et où je suis très mauvais ».

Paul Sanfourche est revenu sur cette expérience dans un entretien à Franceinfo. « J’ai envoyé une douzaine de candidatures, dans quatre matières, et j’ai été embauché comme prof deux fois, en français et en mathématiques », raconte-t-il. Sur son CV, le reporter s’est même inventé un diplôme dans une école de commerce qui n’existe pas.

« Une académie m’a très vite répondu. L’entretien a été très étonnant : il n’a duré que 11 minutes au total. En huit minutes d’interrogation, j’ai quand même réussi à me tromper un paquet de fois », explique-t-il.


Envoyé spécial - Comment devenir prof de maths... (extrait)

« À ma grande surprise, il m’a donné un avis favorable pour enseigner au collège, en me disant qu’il faudrait quand même réviser un peu pour le lycée ».

Une semaine après l’entretien, le journaliste donnait cours en tant que prof de maths. « Face aux élèves, j’ai très vite oublié que je filmais (en caméra cachée) et j’ai fait de mon mieux avec les moyens que j’avais. J’ai eu le sentiment qu’il y avait parfois des flottements », relate-t-il. Le journaliste a mis fin à sa carrière de prof au bout de trois jours.

Pas très rassurant pour le système scolaire français...

Mais l’auteur de ce billet ayant embauché une tutrice, au Québec donc, pour le primaire qui faisait plus de fautes (répétées) de français que certains de ses élèves, nous ne sommes pas convaincus que ce problème n’existe pas également au Québec.



Envoyé spécial. Prof à la gomme (intégralité du reportage)