mercredi 20 février 2008

Réunion des partisans du choix en éducation à Montréal

Plus de deux cents personnes se sont réunies hier, mardi, dans une grande salle de l'oratoire Saint-Joseph à Montréal, pour écouter quatre conférenciers s'exprimer sur le cours obligatoire que le Ministère de l'Éducation (MELS) du Québec veut imposer à tous les enfants de la province.

La conférence a commencé par l'intervention de Gary Gordon Caldwell, sociologue, écrivain et ex-commissaire des États-Généraux sur l’Éducation. Il a insisté sur le danger croissant de voir les parents perdre leurs droits à décider de l'éducation de leurs enfants. Perte de droits qui s'accompagne d'une emprise de plus en plus grande de la part de l'État en matière d'enseignement.

Madame Jean Morse-Chevrier, psychologue et présidente de l’Association des parents catholiques du Québec, s'est ensuite penchée sur le nouveau programme « Éthique et Culture religieuse » pour en signaler par des exemples concrets les dérives possibles : demande prématurée d'abstraction de la part des enfants (dès six ans!), confusion alors que l'enfant demande des repères, pression du groupe fréquente quand le programme demande aux enfants de « dialoguer » (avec quelles connaissances ?) et de voir comment ils sont parvenus à modifier ou non leurs points de vue. Tout cela sur de nombreux sujets délicats qui pourraient embarrasser ou blesser les enfants qui se trouveraient sans réponse ou en minorité.

Me Sylvie Fortin a brièvement rappelé comment on a privé les parents de leurs droits d'éducation religieuse dans les écoles qu'ils paient avec leurs impôts. Voir un résumé ici. Elle a ensuite présenté les possibilités d'action. Elle a rappelé comment les parents qui refusaient de voir leurs enfants assister au cours de religion – quand ceux-ci étaient la norme – pouvaient obtenir une dispense. La loi permet toujours cette dispense. Dans un premier temps, elle invite donc tous les parents opposés à l'imposition du cours d'ECR préparé par le ministère de demander la même dispense conformément à l'article 222, §2 de la Loi sur l'instruction publique :
Pour des raisons humanitaires ou pour éviter un préjudice grave à un élève, la commission scolaire peut, sur demande motivée des parents d'un élève, d'un élève majeur ou d'un directeur d'école, l'exempter de l'application d'une disposition du régime pédagogique. Dans le cas d'une exemption aux règles de sanction des études visée à l'article 460, la commission scolaire doit en faire la demande au ministre.

[...]

Exemption de règles.

460. Le ministre peut, aux conditions qu'il détermine, exempter un élève ou une catégorie d'élèves qu'il indique de l'application de certaines règles de sanction des études ou des acquis.

1988, c. 84, a. 460; 1997, c. 96, a. 135.
À cet effet, il suffit de remplir le document ci-dessous et de l'envoyer au directeur d'école de votre enfant. En pratique, on peut s'attendre à ce que la réponse provienne du directeur, mais seulement lorsque la commission scolaire aura établi des directives pour les écoles. Il est fort possible que le Monopole de l'Éducation en fasse de même à l'égard des commissions scolaires. On peut donc prévoir une période de flottement avant que le ministère et les commissions s'organisent. Toutefois, les commissions seront obligées (ou pourront être obligées[1]) à répondre , quitte à ce que cette réponse soit un refus, à ces demandes d'exemption qui étaient si souvent accordées quand il s'agissait de ne pas exposer un enfant à un cours de religion allant à l'encontre des convictions des parents.



Le formulaire proposé par Me Sylvie Fortin a connu un grand succès et a été distribué à un grand nombre de participants.

Enfin, le professeur de philosophie honoraire Bertrand Rioux, fondateur du Mouvement laïque de langue française, a rappelé l'importance de bien faire la distinction entre une saine laïcité (« Rendre à César ») et un laïcisme fermé où l'État rejette les religions à la stricte sphère privée tout en essayant d'imposer sa vision morale à tous et envahit le domaine réservé des convictions personnelles (César envahissant).

Prochaine réunion, à Mascouche ce samedi 23 février à 9 h  30 au 639, chemin des Anglais. L'équipe de l'émission « Second Regard » de la télévision de Radio-canada sera présente.

[1] Selon certains juristes présents, un recours en mandamus pourrait s'imposer dans les cas de refus de réponse, dans un délai raisonnable, de la part de l'Administration. La Coalition pour la liberté en éducation désire connaître les cas de refus ou d'absence de réponse.