jeudi 15 août 2024

Étude — Les écrans causeraient plus de colères chez les 3 à 5 ans

Une étude révèle que plus les tout-petits passent du temps sur un écran, plus ils risquent de faire des crises de colère.


Les conséquences nocives des écrans chez les tout-petits se précisent : plus un enfant passe de temps devant une tablette ou un cellulaire, plus il risque de faire des crises de colère, ce qui contribue à augmenter encore plus son temps d’écran, un cercle vicieux qui peut compromettre son entrée à l’école.

Voilà les résultats d’une nouvelle étude menée par la professeure Caroline Fitzpatrick, de l’université de Sherbrooke, et son équipe auprès d’enfants de 5 ans et moins, dont les résultats viennent d’être publiés dans la revue scientifique JAMA Pediatrics.

Les chercheurs ont découvert que les enfants de 3 ans qui utilisent une tablette sont plus susceptibles de manifester de la colère et de la frustration un an plus tard.

La difficulté à maîtriser leurs émotions contribuerait par la suite à l’augmentation du temps passé devant un écran à l’âge de 5 ans, puisque les parents pourraient avoir tendance à leur refiler une tablette ou un cellulaire pour les calmer.

PRÉVISIBLE

Il s’agit de résultats préoccupants, mais qui ne sont néanmoins pas étonnants, indique Mme Fitzpatrick.

« À l’âge de 3 ans, les enfants sont très sensibles à leur environnement. Ils ont besoin d’interactions, d’apprendre comment réguler leurs émotions, et le temps passé sur la tablette ne leur permet pas de pratiquer ces habiletés-là », explique-t-elle.

Les parents pourraient devenir moins patients devant les accès de colère de leurs enfants, ce qui pourrait expliquer que le temps rivé à l’écran augmente par la suite.

Or, le recours à la tablette pour calmer un enfant ne lui permet pas de développer des mécanismes pour gérer lui-même ses frustrations, comme de nommer ses émotions ou de parvenir à se changer les idées, explique la chercheuse.

COMMENCER L’ÉCOLE DU BON PIED

L’utilisation des écrans est cruciale dans la vie de jeunes enfants puisqu’elle peut avoir un impact sur la réussite scolaire.

La capacité à bien gérer ses émotions est un « élément clé » d’une entrée à l’école réussie, indique Mme Fitzpatrick.

Ces résultats de recherche viennent confirmer un phénomène observé depuis déjà plusieurs années par des enseignantes de maternelle ou du début du primaire qui affirment devoir gérer un nombre grandissant de crises dans leur classe.

À la maison, la chercheuse recommande aux parents de limiter le plus possible l’utilisation des écrans chez les tout-petits et de se doter de règles familiales claires.

Les parents doivent aussi donner l’exemple lorsqu’ils sont en présence de leur enfant, ajoute-t-elle.

Cette étude portait spécifiquement sur l’utilisation des tablettes, mais les résultats peuvent être facilement extrapolés aux cellulaires, puisque les deux appareils partagent plusieurs caractéristiques.

« On peut les trimballer partout avec nous, on les utilise pour aider les enfants à patienter au resto ou dans la voiture, ils peuvent se connecter à internet, si bien que les contenus sont disponibles en quantité illimitée », souligne-t-elle.


Sources : Le Journal de Quebec, Université de Sherbrooke

Immigration en Angleterre : le discours d'Enoch Powell

Depuis la fin du mois de juillet, l’Angleterre connaît des convulsions et des troubles importants. À la suite du meurtre odieux de trois enfants, des manifestations hostiles à l’immigration de masse se sont organisées spontanément un peu partout dans le pays avec une ampleur qu’on avait rarement vue jusqu’alors. En réaction, les autorités britanniques ont réagi avec une grande fermeté, rejetant uniquement la faute sur la fameuse « extrême-droite ».

Cette actualité brûlante est l’occasion de redécouvrir les prédictions visionnaires d’Enoch Powell, la plus grande figure de la vie politique anglaise d’après-guerre. Le 20 avril 1968, dans un discours célèbre que la postérité qualifiera de « Discours des fleuves de sang », cet esprit brillant mettait en garde ses contemporains devant la menace d’une immigration de peuplement qui allait irrémédiablement changer le visage de son pays s’il ne réagissait pas à temps. À ses yeux, seule la « re-emigration » (remigration) pouvait sauver la culture de son pays et désamorcer l’escalade dans la violence.

Sondages sur l’immigration et sur le discours d’Enoch Powell

Un sondage réalisé l’année dernière par la British Election Study a révélé que parmi les membres de la catégorie sociale A (cadres supérieurs et professions libérales), 23 % souhaitaient une nette diminution de l’immigration, contre 42 % des membres de la catégorie E, qui occupent des emplois subalternes ou vivent d’allocations. Pourtant, il n’y a guère de signes indiquant qu’il existe une élite aux opinions clairement libérales, si l’on entend par là les personnes occupant des emplois d’élite. Tous les groupes de la classe moyenne, A, B et C1, pensent de la même manière.

Les Blancs de la classe ouvrière sont plus opposés, mais il y a un hic. Le groupe C2, composé de travailleurs manuels qualifiés, est plus opposé à l’immigration que les personnes du groupe D (travailleurs manuels semi-qualifiés et non qualifiés). Cela correspond à un sondage réalisé par Ipsos après les élections générales du 4 juillet, qui a révélé que les personnes du groupe C2 étaient les plus susceptibles d’avoir voté en faveur du parti Reform UK. Les travailleurs manuels qualifiés pourraient se sentir plus menacés par les immigrants parce qu’ils ont plus à perdre.

Si la classe sociale façonne les attitudes de manière complexe, l’âge le fait de manière puissante et fiable. Tous les groupes d’âge sont plus opposés à l’immigration que les plus jeunes. Les différences sont énormes : les personnes âgées de plus de 65 ans sont plus de trois fois plus susceptibles de souhaiter une diminution de l’immigration que les jeunes de 18 à 25 ans. L’âge peut expliquer une partie de la répartition par classe : le groupe social E est plus âgé que les autres.

Après qu’Enoch Powell, député conservateur, s’est insurgé contre l’immigration dans son discours sur les « rivières de sang » en 1968, de nombreux Britanniques de la classe ouvrière ont défilé pour le soutenir, les dockers et les découpeurs de viande londoniens se distinguant tout particulièrement. Puis des sondages d’opinion sont apparus, montrant une tendance étonnante. L’un d’eux, réalisé par NOP, révèle que 67 % des personnes appartenant aux groupes sociaux A, B et C1, 71 % des personnes appartenant au groupe C2 et 63 % des personnes appartenant aux groupes D et E étaient d’accord avec ses opinions. Powell avait séduit presque tout le monde, même si ce sont surtout les groupes sociaux les moins favorisés qui ont manifesté dans la rue pour soutenir Enoch Powell alors que ce sont les groupes sociaux les plus favorisés qui approuvaient le plus ces thèses.

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Dernières nouvelles de l’Angleterre par Mark Steyn