Les conséquences nocives des écrans chez les tout-petits se précisent : plus un enfant passe de temps devant une tablette ou un cellulaire, plus il risque de faire des crises de colère, ce qui contribue à augmenter encore plus son temps d’écran, un cercle vicieux qui peut compromettre son entrée à l’école.
Voilà les résultats d’une nouvelle étude menée par la professeure Caroline Fitzpatrick, de l’université de Sherbrooke, et son équipe auprès d’enfants de 5 ans et moins, dont les résultats viennent d’être publiés dans la revue scientifique JAMA Pediatrics.
Les chercheurs ont découvert que les enfants de 3 ans qui utilisent une tablette sont plus susceptibles de manifester de la colère et de la frustration un an plus tard.
La difficulté à maîtriser leurs émotions contribuerait par la suite à l’augmentation du temps passé devant un écran à l’âge de 5 ans, puisque les parents pourraient avoir tendance à leur refiler une tablette ou un cellulaire pour les calmer.
PRÉVISIBLE
Il s’agit de résultats préoccupants, mais qui ne sont néanmoins pas étonnants, indique Mme Fitzpatrick.
« À l’âge de 3 ans, les enfants sont très sensibles à leur environnement. Ils ont besoin d’interactions, d’apprendre comment réguler leurs émotions, et le temps passé sur la tablette ne leur permet pas de pratiquer ces habiletés-là », explique-t-elle.
Les parents pourraient devenir moins patients devant les accès de colère de leurs enfants, ce qui pourrait expliquer que le temps rivé à l’écran augmente par la suite.
Or, le recours à la tablette pour calmer un enfant ne lui permet pas de développer des mécanismes pour gérer lui-même ses frustrations, comme de nommer ses émotions ou de parvenir à se changer les idées, explique la chercheuse.
COMMENCER L’ÉCOLE DU BON PIED
L’utilisation des écrans est cruciale dans la vie de jeunes enfants puisqu’elle peut avoir un impact sur la réussite scolaire.
La capacité à bien gérer ses émotions est un « élément clé » d’une entrée à l’école réussie, indique Mme Fitzpatrick.
Ces résultats de recherche viennent confirmer un phénomène observé depuis déjà plusieurs années par des enseignantes de maternelle ou du début du primaire qui affirment devoir gérer un nombre grandissant de crises dans leur classe.
À la maison, la chercheuse recommande aux parents de limiter le plus possible l’utilisation des écrans chez les tout-petits et de se doter de règles familiales claires.
Les parents doivent aussi donner l’exemple lorsqu’ils sont en présence de leur enfant, ajoute-t-elle.
Cette étude portait spécifiquement sur l’utilisation des tablettes, mais les résultats peuvent être facilement extrapolés aux cellulaires, puisque les deux appareils partagent plusieurs caractéristiques.
« On peut les trimballer partout avec nous, on les utilise pour aider les enfants à patienter au resto ou dans la voiture, ils peuvent se connecter à internet, si bien que les contenus sont disponibles en quantité illimitée », souligne-t-elle.