mardi 15 décembre 2020

Révision du cours de multiculturalisme 101 (ECR) : davantage de lutte contre le racisme

Le gouvernement Legault profiterait de la réforme du cours Éthique et culture religieuse (ECR) pour « sensibiliser » encore davantage les élèves du primaire et du secondaire à la lutte contre le racisme. Il s’agit de l’une des 25 mesures que le Groupe d’action contre le racisme présentera ce lundi, mesures qui touchent quatre domaines : l’accès au marché de l’emploi, la sécurité publique, le droit au logement et l’éducation.

Aucune des mesures ne nécessite un changement législatif. Elles ont été retenues parce qu’elles sont applicables dans un délai raisonnable.

Il n’est pas question que le gouvernement reconnaisse l’existence d’un racisme ou d’une discrimination « systémique » à l’égard des communautés culturelles. Le Premier ministre François Legault a été clair à ce sujet — bien qu’utiliser l’expression « discrimination systémique » à l’égard des autochtones ait été considéré un moment par le Groupe d’action. La commission d’enquête du juge à la retraite Jacques Viens a reconnu la discrimination systémique [fédérale] à l’égard des autochtones dans son rapport déposé l’an dernier. [Il n’est pas clair que les autochtones accepteraient les mesures égalitaires de Tom Flanagan dans son livre Au-delà de la loi des Indiens (Septentrion) où il propose propose la création d’un nouveau système qui permettrait aux Premières Nations de jouir de la pleine propriété de leurs terres, à titre individuel ou collectif, un système qui pourrait améliorer la qualité de vie dans les communautés autochtones de tout le pays.]

En éducation, le Groupe d’action veut que l’enjeu du racisme fasse partie du nouveau programme qui doit être donné au primaire et au secondaire en lieu et place du cours Éthique et culture religieuse (ECR) à compter de 2022. Le ministère de l’Éducation a mené une consultation plus tôt cette année sur une réforme d’ECR. Le nouveau programme abordera d’autres thèmes, comme la démocratie, la citoyenneté numérique et l’éducation à la sexualité.

En matière d’employabilité, le Groupe d’action souhaite réduire le chômage plus élevé chez les immigrants, en particulier les minorités visibles. Le gouvernement lui-même n’est pas exemplaire ; les cibles d’embauche de personnes issues de communautés culturelles n’ont pas été respectées jusqu’ici.

Le Groupe d’action n’ira cependant pas jusqu’à proposer le CV anonyme. Cette mesure, qui avait été proposée par le Parti québécois lors des dernières élections, vise à ce qu’une personne ne soit pas écartée à la seule lecture de son nom ; l’idée est de faire en sorte que la compétence et l’expérience soient d’abord considérées, avant la convocation à une entrevue. La raison de ce refus d’utiliser le CV anonyme est peut-être liée au fait que cette mesure peut en fait renforcer l’embauche de blancs mâles (horresco referens). Voir Canada — Projet-pilote de recrutement anonyme : pas de biais détecté (2018), Partialité ? Préférence pour nommer des femmes professeurs dans les sciences plutôt qu’hommes avec même CV, et  Australie — Recrutement sur base de CV anonymisés augmente nombre d’hommes blancs sélectionnés (les CV anonymisés ont été abandonnés).

 En matière de sécurité publique, des ajustements à la formation des policiers seraient proposés par le Groupe d’action.

C’est dans le secteur de l’accès au logement que le groupe d’action a eu plus de mal à accoucher de propositions.

Le groupe ne chiffre pas les sommes nécessaires pour mettre en œuvre les 25 mesures. Chaque ministère concerné sera chargé de dégager les fonds et devra rendre des comptes sur la mise en œuvre des recommandations qui le concernent.

Le Groupe d’action a présenté ses conclusions à François Legault il y a une semaine. Le Conseil des ministres a approuvé le rapport mercredi, lors de sa réunion hebdomadaire.

Lionel Carmant, qui est coprésident du Groupe avec Nadine Girault, promet que les recommandations qui seront présentées « vont changer la donne pour les jeunes des différentes communautés ethnoculturelles qui grandissent au Québec ».

« Les propositions qu’on fait vont être solides, et on va faire le suivi nous autres », a-t-il confié à La Presse lors d’une entrevue de fin d’année.