samedi 3 février 2024

Le taux de natalité de l’Ukraine s’effondre alors que sa population décroît rapidement

L’Ukraine a désormais le taux de fécondité total le plus bas du monde, avec une moyenne de 0,7 enfant par femme en âge de procréer, a révélé un groupe de réflexion financé par le gouvernement au Times de Londres. Ce manque d’enfants, aggravé par les morts violentes massives et l’exode de millions de réfugiés, remet en question la survie de la nation. Selon les spécialistes, le tableau démographique est sombre. 


 « L’espérance de vie des hommes est passée de 66-67 ans avant la guerre à 57-58 ans, selon les estimations de nos experts », explique Ella Libanova, directrice de l’Institut de démographie et d’études sociales de l’Académie nationale des sciences d’Ukraine. Seuls le Tchad (54), le Nigeria (54), le Lesotho (55) et la République centrafricaine (55) ont une espérance de vie inférieure.

Avant la guerre, l’Ukraine comptait déjà une infime proportion de personnes âgées de 20 à 40 ans

 Les pertes militaires sont tenues secrètes en Ukraine, mais une équipe de 12 universitaires spécialistes de la démographie a calculé leur impact sur la société ukrainienne en utilisant un éventail de sources différentes. « L’information fuit et nous avons connaissance de l’âge des personnes tuées. Nous nous penchons sur l’expérience de la guerre des Balkans, nous examinons nos données antérieures et nous utilisons toutes les sources disponibles pour estimer la situation actuelle. Nous discutons avec les maires et comprenons la situation du taux de mortalité dans les grandes villes, comme Kiev, Kharkov, Zaporijié, Dniepropetrovsk (Iekaterinoslav), etc. », explique Mme Libanova.

L’Ukraine connaissait déjà une profonde crise démographique avant la guerre, avec un taux de natalité de 1,16 et une infime proportion de la population âgée de 20 à 40 ans, la tranche la plus susceptible de mourir au combat.

Aujourd’hui, la crise est devenue si grave que les ministres ukrainiens ont dû élaborer une stratégie de repeuplement pour 2040, révèle Mme Libonova, mais il n’y a pas de plan concret pour contrer la tendance.

« Il existe des objectifs stratégiques : augmentation du taux de natalité, élimination de la mortalité précoce, croissance des migrations, adaptation de la société au vieillissement de la population. Mais aucune mesure n’est préconisée. Pour parler franchement, ils ont essayé de sauter tout ce qui devait être fait ».

 Quelque six millions de personnes auraient fui le pays pour l’Europe (1,2 million en Russie), et environ quatre millions d’autres dans les territoires qui font désormais partie de la Russie (Zaparojié, Kherson, Donetsk, Lougansk et Crimée). Les hommes en âge de servir dans l’armée n’ont pas le droit de quitter le pays et beaucoup d’entre eux servent au front, de sorte que les sexes sont largement séparés.

Selon une étude réalisée par Gradus, une société de recherche ukrainienne, seuls 57 % des familles de réfugiés ukrainiens déclarent qu’elles retourneront en Ukraine à la fin de la guerre.

La population de l’Ukraine a diminué d’environ 11 millions de personnes en raison des pertes dues à la guerre et de l’émigration, selon des chercheurs

Selon des chercheurs, la population de l’Ukraine a diminué d’environ 11 millions de personnes en raison des pertes dues à la guerre et de l’émigration.

« Ils disent qu’ils vont revenir maintenant — mais s’ils restent assez longtemps, ces enfants vont dans des jardins d’enfants et des écoles, ils s’intégreront et finiront par perdre la motivation de revenir », déclare Timofiy Brik, recteur de l’École d’économie de Kiev et chercheur invité à l’École d’économie et de sciences politiques de Londres (LSE).

« Avant la guerre, la population était estimée à 36 millions d’habitants, et l’on pense qu’elle est tombée à environ 25 millions aujourd’hui. C’est une chute énorme. Même si la guerre prend fin, l’émigration devrait se poursuivre », estime M. Brik. À titre de comparaison, la population de la Russie au 10 décembre 2023 était d’environ 146 115 376 personnes, soit 5,8 fois plus.

« Si les hommes sont libérés du service militaire, les familles reviendront-elles ou ces hommes iront-ils les retrouver à l’étranger ? L’émigration se poursuivra. »


« L’immensité du territoire ukrainien entraînera des problèmes de densité de population qui laisseront les gens dispersés dans tout le pays et nuiront aux perspectives de redressement économique », ajoute-t-il.

« Il faut du capital humain pour reconstruire le pays et pour investir. Qui va ouvrir une nouvelle société informatique ou une nouvelle banque dans un pays aussi peu peuplé ? »

« Tout gouvernement d’après-guerre devra ouvrir ses frontières afin d’accueillir de nouveaux migrants si le pays veut se redresser », ajoute-t-il.

Selon lui, « politiquement, l’Ukraine doit être prête à accepter cette réalité et mener une politique migratoire très intelligente. Nous devrons attirer de nombreux migrants d’autres pays, notamment des pays asiatiques post-soviétiques, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan, ainsi que des pays européens comme la Pologne, tout en nous efforçant de faire revenir la diaspora ukrainienne. Cela implique également des changements culturels. »

Source : Le Times de Londres

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Plusieurs États américains définissent par la loi ce qu'est une femme et un homme sur base biologique

Le 29 janvier, le Gouverneur de l’Etat de Virginie-Occidentale a apporté son soutien à la Charte des droits de la femme et annoncé qu’il signerait le projet de loi 5243 s’en inspirant lorsqu’il aura été adopté par la Chambre des représentants et le Sénat. Ce projet de loi, présenté par Kathie Hess Crouse, membre de la Chambre des délégués de Virginie-Occidentale, définit les termes « homme » et « femme » sur la base du sexe biologique à la naissance. Il n’existe « que deux sexes et chaque individu est soit un homme soit une femme » complète-t-il tout en précisant que les personnes « intersexes » « ne constituent pas un troisième sexe ».

Cette mesure ne modifie pas la législation de l’État mais permettra d’« éviter des interprétations différentes » alors que les mots « femme » et « féminin » apparaissent à au moins 120 reprises dans les lois de l’État.

La Charte des droits de la femme a été rédigée et publiée en 2022, « en réaction au mouvement transgenre », par deux organisations, Independent Women’s Voice et Independent Women’s Law Center, en collaboration avec Women’s Liberation Front, une organisation de gauche.

Mêmes lois au Kansas, Tennessee, Oklahoma et Nebraska

Le premier État à adopter une loi s’en inspirant a été le Kansas en avril, avant le Tennessee en mai. En 2023, des décrets promulguant la Charte ont été signés par les gouverneurs de l’Oklahoma et du Nebraska
 
Dans le Montana, la loi indique qu’une femme est une «  personne qui produit des ovocytes » alors que « l’homme produit des spermatozoïdes ». Le Kansas reprend en partie cette définition en précisant que « le système reproducteur de l’homme » est conçu pour féconder l’ovule.

Quant au Tennessee, le sexe y est défini comme « le sexe biologique immuable d’une personne tel que déterminé par l’anatomie et la génétique au moment de la naissance ».

Deux lois, au Montana et au Tennessee, devraient arriver sur le bureau du gouverneur incessamment. Quant à la loi du Kansas, les législateurs ont annulé le veto du gouverneur.

De son côté, un district scolaire du Vermont, pour favoriser « une éducation sexuelle non sexiste », a souhaité supprimer les termes « masculin » et « féminin » en les remplaçant par « personne qui produit des spermatozoïdes » ou « personne qui produit des ovocytes ».

 

Source : Washington Times, Valérie Richardson, Généthique