Billet originel du 1er décembrePARTIS PRIS 📢
— 24h Pujadas (@24hPujadas) December 9, 2020
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En perdant 700 000 résidents au cours des cinq dernières années, l’Italie est passée sous la barre des 60 millions d’habitants.
La pandémie a rendu la situation démographique italienne encore plus difficile, car la crise économique affecte désormais la propension des Italiens à construire une famille, dans un pays où le taux de fécondité est de 1,3 enfant par femme et où le chômage des jeunes est parmi les plus élevés d’Europe.
EN AOÛT 2020, la population italienne est descendue au-dessous des 60 millions d’habitants pour la première fois depuis 2013. En cause, la hausse de la mortalité due à la pandémie et la baisse de la natalité. Cette barre symbolique était, en réalité, très prévisible dans un pays qui affiche un solde naturel négatif depuis 1993, et où l’immigration ne compense plus l’émigration et le manque de naissances.
La classe politique n’a jamais réellement affronté le problème, alors que la dépopulation affiche pourtant un rythme préoccupant : l’Italie a perdu environ 700 000 habitants au cours des cinq dernières années, et les décès records dus au coronavirus ont accéléré cette courbe.
La pandémie a rendu la situation encore plus difficile, car la crise économique affecte désormais la propension des Italiens à construire une famille. Une étude, conduite par Ipsos et l’Institut Toniolo, a demandé à un échantillon de jeunes Européens si leur projet d’avoir un enfant avait été modifié par l’épidémie : 36 % des personnes interrogées de nationalité italienne ont répondu avoir complètement abandonné cette idée, tandis que 37,9 % ont dit l’avoir seulement décalée. Des chiffres très différents de ceux des jeunes Français : 50 % de ces derniers ont déclaré décaler leur projet, mais seulement 14 % disent y avoir renoncé, tandis que 32 % n’ont pas changé d’avis — contre 25 % en Italie. En Italie, ces comportements devraient avoir un impact sur les naissances en 2020, mais aussi en 2021.
« Approche systémique ». Selon Francesca Puppi, chercheuse à l’université Catholique de Milan et coautrice de l’étude, il est indéniable que la crise aura des conséquences démographiques. Mais ils pourraient être atténués, sur le long terme, par la mise en place de politiques ciblées : « L’Allemagne était dans une situation comparable à celle de l’Italie. Mais, à partir du 2012, le gouvernement fédéral a affronté le problème. Aujourd’hui Berlin affiche un taux de fécondité de 1,6 enfant par femme, contre 1,3 pour l’Italie. Ce résultat est encourageant », explique la chercheuse, qui souligne que le gouvernement italien à tendance à ne regarder le problème qu’au travers de l’aide financière aux familles.
Ce point est important, mais insuffisant pour affronter l’hiver démographique du pays, insiste l’universitaire : « Inverser la courbe est possible, mais il faut une approche systémique. D’abord, on devrait donner un horizon aux plus jeunes, il ne suffit pas de prendre des mesures pour un ou deux ans, mais il s’agit de définir un avenir à moyen terme pour les encourager à faire des enfants. Ensuite, l’activité des femmes doit augmenter. En Italie, elle est trop faible, et cela a un impact sur le budget des familles. Enfin, il faut intervenir sur les services à l’enfance, notamment les crèches, et aider financièrement les couples via des allocations familiales. Les “trois jambes” doivent fonctionner ensemble, et il faut de la patience. »
Selon l’association Svimez, « en 2065 la population en âge de travailler aura baissé de 15 % dans le nord et de 40 % dans le sud »
Emploi des jeunes. Le gouvernement a commencé à intervenir sur le dernier point, en prévoyant à partir de juillet 2021, la distribution d’un chèque mensuel pour chaque enfant. La mesure devrait coûter environ 3 milliards par an et devra être approuvée par le Parlement. Concernant les crèches, le pays reste très en retard : selon l’OCDE, l’Italie consacre une part très résiduelle de son PIB (0,09 %) à ces infrastructures, tandis que la Suède (1,1 %), la France (0,63 %) et la Finlande (0,59 %) ont choisi d’y investir, avec des résultats très positifs en termes de natalité. L’Italie affiche également beaucoup de difficultés sur l’emploi des jeunes. Dans cette catégorie, le chômage est parmi les plus élevés en Europe — 29,7 % chez les 15-24 ans et 15,4 % chez les 25-34 ans. Le taux d’activité des femmes reste, lui, très bas : 56 % contre 75 % pour les hommes.
Conséquences de ces chiffres, les plus instruits partent à l’étranger. Depuis 2006, le nombre d’Italiens résidant en dehors de la péninsule a ainsi augmenté de 70 %, passant de 3,1 millions à 5,3 millions. Une hémorragie qui débouche sur trois problèmes : une baisse du nombre d’habitants, une diminution potentielle du nombre d’enfants, et une perte de capital humain bien formé. Selon l’association Svimez, qui étudie les problèmes de compétitivité économiques et industriels du sud de l’Italie, « en 2065 la population en âge de travailler aura baissé de 15 % dans le nord (-3,9 millions de personnes) et de 40 % dans le sud (-5,2 millions) ».
Source : L'Opinion
Répartition des projets de vie parmi les jeunes au début 2020
Vivre seul | Italie | Allemagne | France | Espagne | Royaume-Uni |
---|---|---|---|---|---|
Confirmé | 20,0 | 30,6 | 31,7 | 19,4 | 25,1 |
Reporté | 45,6 | 46,4 | 55,3 | 51,5 | 50,7 |
Abandonné | 34,4 | 23,0 | 13,0 | 29,1 | 24,2 |
100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | |
Vivre seul | Italie | Allemagne | France | Espagne | Royaume-Uni |
Confirmé | 23,1 | 36,8 | 41,4 | 26,4 | 30,6 |
Reporté | 43,4 | 50,5 | 43,8 | 52,6 | 51,4 |
Abandonné | 33,5 | 12,7 | 14,8 | 21,0 | 18,0 |
100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | |
Se marier | Italie | Allemagne | France | Espagne | Royaume-Uni |
Confirmé | 16,6 | 29,0 | 18,0 | 20,4 | 24,9 |
Reporté | 43,0 | 53,7 | 58,9 | 57,1 | 50,8 |
Abandonné | 40,4 | 17,3 | 23,1 | 22,5 | 24,3 |
100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | |
Avoir un enfant | Italie | Allemagne | France | Espagne | Royaume-Uni |
Confirmé | 25,6 | 30,7 | 32,0 | 21,2 | 23,0 |
Reporté | 37,9 | 55,1 | 50,7 | 49,6 | 57,8 |
Abandonné | 36,5 | 14,2 | 17,3 | 29,2 | 19,2 |
100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
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