« Le genre seul, c’est fini », a déclaré en commission parlementaire le ministre de la Justice Mariano Cuneo Libarona (ci-contre), revendiquant « l’égalité de traitement » hommes-femmes devant la loi. Des propos qui ont déclenché une vague de protestations dans les cercles dits progressistes.
« Nous rejetons la diversité des identités sexuelles qui ne correspondent pas à la biologie, ce sont des inventions subjectives », a déclaré mardi le ministre Mariano Cuneo Libarona en commission parlementaire sur les Femmes et la diversité, qui l’auditionnait sur la politique gouvernementale en la matière.
« Le genre seul, c’est fini. Pour nous les valeurs c’est la famille, qui est le centre de la société et de l’éducation », a-t-il ajouté, revendiquant pour credo libéral « l’égalité de traitement » hommes-femmes devant la loi. Et fustigeant au passage « l’hypocrisie », le « gaspillage inutile », « l’arnaque » d’organismes voués à la défense des femmes, de la diversité, inefficaces selon lui.
Le gouvernement de Javier Milei, au pouvoir depuis décembre, n’a jamais fait mystère de son hostilité envers la théorie de genre, selon lui un « fonds de commerce politique ». Il a aboli la moitié des ministères, dont celui de la Femme, fermé l’Institut contre les discriminations créé en 1995 et banni le langage inclusif dans l’armée et l’administration nationale.
En commissions, le ministre a été interpellé avec véhémence. « Peu importe ce que vous pensez, vous êtes ministre de la Justice et tenu d’appliquer la loi », a lancé Carla Carizzo, député de l’Union civique radicale (opposition, centre-gauche, membre de l’internationale socialiste). « Il ne vous manque plus que dire que nous sommes malades ! », a lancé le député homosexuel Maximiliano Ferraro, de la Coalition civique (centre).
Amnesty International Argentine a condamné un discours « qui promeut violence et haine contre la diversité », et la Fédération argentine LGBT+ des « propos inacceptables venant de qui devrait protéger nos droits, non leur porter atteinte ». L’université de Buenos Aires, principale du pays, a dénoncé jeudi un discours « ignorant les bases constitutionnelles et légales de la nation, et les droits de toutes les personnes, sans distinction de genre ou d’orientation sexuelle ».
Le député socialiste et militant LGBT Esteban Paulon a appelé à la démission du ministre, auquel le porte-parole présidentiel Manuel Adorni a cependant réaffirmé son soutien. « Nous ne voulons aucune discrimination, mais nous voulons que quiconque se perçoit comme il se perçoit n’exige pas que les autres reconnaissent cette auto-perception », a-t-il commenté.