mardi 11 décembre 2012

PIRLS — Les jeunes élèves québécois lisent moins bien que élèves du reste du Canada


Le Programme international de recherche en lecture scolaire (PIRLS) est une évaluation internationale qui dégage les tendances dans le rendement en lecture des élèves de 4e année et dans les politiques et des pratiques en matière de "littératie". L’étude est réalisée tous les cinq ans par l’Association internationale pour l’évaluation du rendement scolaire (AIE), consortium indépendant d’instituts de recherche et d’organismes gouvernementaux.

Les résultats des élèves du Québec sont demeurés stables, ils se classent sous la moyenne canadienne.

Lors de cette évaluation, les élèves devaient répondre à des questions à choix multiples et à des questions à réponse construite. Plus d’un quart de million d’élèves, ainsi que leurs parents, leurs enseignantes et enseignants et les directrices et directeurs de leurs écoles, ont également rempli des questionnaires les interrogeant sur divers facteurs contextuels, à la maison et à l’école, associés au rendement en lecture.

Résultats en lecture selon le pays ou la province
Rang Pays et province  Note
moyenne 
 Écart
Type
1Hong Kong (RAS)571(2,3)
2Fédération de Russie568(2,7)
3Finlande568(1,9)
4Singapour567(3,3)
5Irlande du Nord558(2,4)
6Colombie-Britannique556(3,2)
7États-Unis556(1,5)
8Danemark554(1,7)
9Croatie553(1,9)
10Formose (Taïwan)553(1,9)
11Ontario552(2,6)
12Irlande552(2,3)
13Angleterre552(2,6)
14Nouvelle-Écosse549(2,4)
15Alberta548(2,9)
16Canada548(1,6)
17Terre-Neuve-et-Labrador546(2,8)
18Pays-Bas546(1,9)
19République tchèque545(2,2)
20Suède542(2,1)
21Italie541(2,2)
22Allemagne541(2,2)
23Israël541(2,7)
24Portugal541(2,6)
25Hongrie539(2,9)
26Québec538(2,1)
27République slovaque535(2,8)
28Bulgarie532(4,1)
29Nouvelle-Zélande531(1,9)
30Slovénie530(2,0)
31Autriche529(2,0)
32Lituanie528(2,0)
33Australie527(2,2)
34Pologne526(2,1)
35France520(2,6)
36Nouveau-Brunswick francophone514(2,7)
37Espagne513(2,3)
38Norvège507(1,9)
39Belgique (francophone)506(2,9)
40Roumanie502(4,3)
Point central de l’échelle du PIRLS500
41Géorgie488(3,1)
42Malte477(1,4)
43Trinité-et-Tobago471(3,8)
44Azerbaïdjan462(3,3)
45Iran (République islamique)457(2,8)
46Colombie448(4,1)
47Émirats arabes unis439(2,2)
48Arabie séoudite430(4,4)
49Indonésie428(4,2)
50Qatar425(3,5)
51Oman391(2,8)
52Maroc310(3,9)

Forte progression des premiers, stabilité du Canada et du Québec

Alors que le Canada et le Québec ont des résultats stables depuis 2001 : le Québec progresse d'un seul point non statistiquement significatif et le Canada de quatre points, les premiers du classement ont beaucoup progressé. Hong-Kong, la Russie et Singapour augmentent leurs résultats de près de 40 points.

Même les États-Unis ont bien progressé.  Depuis 1997, la lecture y est devenue un combat national. À cette date, le Congrès a mis en place une commission chargée de faire la synthèse de toutes les recherches scientifiques sur l'apprentissage de la lecture, d'identifier les méthodes les plus efficaces et d'établir un plan de bataille, le National Reading Panel, qui a sensibilisé de nombreux Etats de l'Union. Résultat : les écoliers américains ont nettement amélioré leurs performances en lecture depuis dix ans.

Peu de lecteurs très avancés au Québec

Par rapport aux autres pays, le Canada affiche un pourcentage moindre d’élèves ayant un faible rendement, mais il présente également une proportion plus faible d’élèves très performants par rapport aux pays en tête de classement. En outre, les élèves des écoles de langue anglaise au Canada sont plus nombreux que leurs camarades des écoles de langue française à se classer aux seuils repères élevé et avancé. Pour ce qui est de l’écart des résultats selon le sexe, les filles sont proportionnellement plus nombreuses que les garçons à atteindre le seuil repère avancé au Canada.


Le Québec affiche un pourcentage moindre d'élèves performants (43 %) et très performants (7 %) que la moyenne internationale, respectivement 44 % et 8 %. En d'autres mots, le Québec a peu de très bons lecteurs, mais sa moyenne est supérieure à la moyenne internationale parce qu'il a moins de très mauvais lecteurs. Plusieurs pays avec une note moyenne moins bonne que le Québec ont un nombre plus important de lecteurs performants (voir ci-dessous).

Pourcentage d'élèves en fonction des seuils de rendement
RangPays et province%
Avancé
%
Élevé
1Singapour2462
2Hong Kong (RAS)1867
3Fédération russe1963
4Finlande1863
5Irlande du Nord1958
6États-Unis1756
7Angleterre1854
8Colombie-Britannique1555
9Irlande1653
10Ontario1554
11Formose (Taïwan)1355
12Danemark1255
13Nouvelle-Écosse1452
14Croatie1154
15Israël1549
16Alberta1351
16Canada1351
18Terre-Neuve1350
19Hongrie1248
20Nouvelle-Zélande1445
21République tchèque850
22Bulgarie1145
23Italie1046
23Allemagne1046
25Portugal947
25Suède947
27Pays-Bas748
28Australie1042
29République slovaque844
Médiane internationale844
30Slovénie842
31Québec743
32Lituanie639
33Autriche539
34France535
35Nouveau-Brunswick (francophone)829
(Classement par ordre décroissant de la somme des élèves à rendement avancé et élevé)

Langue parlée à la maison et influence des parents

Les élèves qui parlent toujours la langue du test à la maison obtiennent un meilleur rendement en lecture.



Le PIRLS confirme également le rôle incontestable des parents comme modèle principal de comportement en lecture. À l’échelle internationale comme au Canada, les élèves dont les parents affirment aimer la lecture ont un rendement en lecture nettement supérieur à celui des élèves dont les parents n’aiment pas la lecture.

Motivation des élèves importante

Ce rapport examine également le rendement des élèves en lecture à la lumière de leurs attitudes, de leurs comportements et de leurs activités en dehors de l’école. Les résultats montrent que les élèves du Canada comptent parmi ceux qui aiment le plus lire au monde et cette propension a une relation positive avec leur rendement en lecture. En outre, les filles aiment plus lire que les garçons, mais les résultats du PIRLS montrent toutefois que les garçons qui aiment lire affichent un aussi bon rendement que les filles. La motivation des élèves vis-à-vis de la lecture et l’investissement des élèves dans les leçons de lecture sont deux autres facteurs qui ont une relation positive avec leur rendement en lecture. Plus les élèves sont motivés ou investis dans leurs leçons de lecture, plus leurs résultats en lecture sont élevés.

Fort taux d'exclusion d'élèves au Canada et au Québec

Au Canada, la population d’élèves de 4e année a été couverte à 90,1 p. 100, avec un taux d’exclusion pondéré global de 9,9 p. 1001. D’un point de vue international, il s’agit de l’un des taux d’exclusion les plus élevés, avec seulement trois participants comptant plus d’exclusions que le Canada : la Région administrative spéciale de Hong Kong (11,8 p. 100), Israël (24,6 p. 100) et la Floride, aux États-Unis (12,9 p. 100). Dans la plupart des autres pays, le taux d’exclusion ne dépassait pas 5 p. 100. Aussi, faut-il être prudent lorsqu’on généralise les résultats du PIRLS à l’ensemble de la population d’élèves de 4e année au Canada.

En règle générale, les élèves (immigrants pour la plupart) qui avaient suivi moins d’une année d’enseignement dans la langue du test devaient être exclus des tests PIRLS. À l’échelle provinciale, le taux d’exclusion à l’échelle des élèves va de 1 p. 100 au Québec à 9,7 p. 100 en Colombie-Britannique. Par contre 99 % des écoles de Colombie-britannique faisant partie de l'échantillon initial ont participé à l'étude, alors que seules 96 % des écoles québécoises l'ont fait.

Le cas italien.. et mormon

Au niveau international, le rapport entre le niveau d’études des enseignants et le rendement en lecture des élèves est positif et linéaire jusqu’au niveau du baccalauréat universitaire.

En ce qui concerne le niveau des études de deuxième et troisième cycle universitaire, les gains sont inégaux d’un pays à l’autre (et il n’y a pas de différence au Canada).

Étrangement, les résultats italiens en lecture sont légèrement supérieurs à ceux du Québec, mais un tiers au moins des institutrices italiennes de 4e année n’ont qu’un diplôme de l’école secondaire.

Il n'est pas clair, pour nous, s'il y a un lien de cause à effet dans cette corrélation : les pays les plus avancés et consacrant le plus de temps et d'argent à l'alphabétisation demandant une plus longue formation sans que celle-ci soit nécessairement utile à un bas âge. Rappelons que la meilleure école primaire en Colombie-Britannique selon le classement de l'Institut Fraser est une école de mormons polygames où aucune des institutrices n'a même un diplôme universitaire à notre connaissance.




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