La ministre de l'Éducation française, Élisabeth Borne, a annoncé, au micro d’Europe 1 et CNews ce 20 mars, l’annulation d’une commande d’une version modernisée du conte « La Belle et la Bête » destinée aux élèves de CM2. Selon la ministre de l’Éducation, le livre n’est « pas adapté » aux enfants en l’absence « d’accompagnement pédagogique ».
Une version revisitée du conte « La Belle et la Bête », sollicitée par l’Éducation nationale, a finalement été décommandée par le ministère car jugée « pas adaptée » aux enfants, a expliqué Élisabeth Borne au micro d’Europe 1 et CNews, ce jeudi 20 mars. Cette commande publique de 800 000 livres illustrés, destinée aux élèves de CM2 (âgés habituellement de 10/11 ans), a été annulée à l’initiative de la directrice générale de l’enseignement scolaire,
La ministre de l’Éducation nationale indique également avoir refusé de préfacer l’ouvrage, estimant que la version du conte, ayant vocation à être lu « pendant l’été et en famille », n’est pas adaptée à des enfants de 10-11 ans « sans décodage » et « sans accompagnement pédagogique ». Face à Sonia Mabrouk, Élisabeth Borne a fait part de sa volonté de privilégier des contes « aux messages simples », sans ironie ni second degré.
« Une réécriture moderne »
Avant d’avoir été notamment adapté par Jean Cocteau en 1946 et par Walt Disney en 1991, le célèbre conte avait été déjà été revisité par Jeanne-Marie Leprince de Beaumont au XVIIIe siècle. Dans la nouvelle version du dessinateur Jul, le père de la Belle, ivre, verre de vin et bouteille à la main, entonne par exemple Les Lacs du Connemara de Michel Sardou.
« C’est une réécriture moderne. On a un père de famille qui arrive d’Algérie, qui doit commettre des fraudes, qui se fait contrôler par les policiers » commente Élisabeth Borne. « Jul [le dessinateur] a beaucoup de talent, il manie l’ironie, le second degré. Mais sans accompagnement pédagogique, je pense que ça n’est pas adapté », a détaillé la ministre du gouvernement de François Bayrou.
Le livre illustre aussi des scènes mythiques de l'histoire : le père de
Belle arrivant sous la neige devant le château de la Bête, le Belle
fouillant la bibliothèque mais tombant sur la comédie musicale La La Land,
la Bête, représentée comme un monstre poilu noir aux longues dents et
aux yeux jaunes, surprenant le père en train de lui voler une rose. Franceinfo a partagé quelques images de l'ouvrage.
Des « prétextes fallacieux » selon Jul
De son côté, après cette annonce, l’illustrateur Jul, de son vrai nom Julien Berjeaut, dénonce des prétextes « fallacieux » et s’estime lésé par une telle « décision politique ». « Le "grand remplacement" des princesses blondes par des jeunes filles méditerranéennes serait-il la limite à ne pas franchir pour l’administration versaillaise du ministère ? », fustige le dessinateur, connu comme scénariste de Lucky Luke, qui se dit « estomaqué » face à cette « censure » « évidente et pharaonique ».
Lancé en 2017 par l’ancien ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, dans le cadre de l’opération « Un livre pour les vacances », en partenariat avec la maison d’édition des musées nationaux GrandPalais-RMN Éditions, l’ouvrage ne sera donc finalement pas proposé aux élèves de CM2.