jeudi 12 avril 2018

Québec — Jamais aussi peu de naissances depuis 10 ans, jamais autant de décès

Les chiffres prévisionnels sur le nombre de décès et de naissances pour le Québec en 2017 ont été publiés par l’Institut de la statistique du Québec.

Il n’y a jamais eu autant de décès en une année au Québec qu’en 2017 (66 200). En 2000, le nombre de décès n’était encore que de 53 287.

Quant aux naissances, le Québec n’en a pas connu aussi peu depuis 2006 alors que le Québec comptait de près de 700 000 habitants de moins, soit près de 10 % de moins quaujourdhui. Cette différence s’expliquant principalement par l’immigration. Rappelons, en effet, qu’en 15 ans, les minorités visibles sont passées au Québec de 7 % (2001) à 13 % (2016) de la population. Cette augmentation s’accompagnant d’un accroissement de l’utilisation de l’anglais. C’est ainsi qu’à Laval, si 7 % de la population est anglophone de naissance, 13 % des résidents disent parler l’anglais à la maison. Les Lavallois qui emploient l’anglais comme première langue officielle parlée sont encore plus nombreux : ils représentent 17 % de la population.

Aucun parti politique ne semble se préoccuper de ce taux de fécondité anémique qui augure mal pour la survie du peuple francophone québécois. Tous pensent que l’immigration comblera le manque de naissances. Les difficultés d’intégration économique (le chômage est plus important parmi les minorités ethniques), linguistique, culturelle et religieuse dans la société québécoise ne semblent pas préoccuper les politiciens outre mesure. Certains partis semblent même surtout voir dans cette immigration nombreuse de futurs consommateurs et électeurs fédéralistes.

200620072008200920102011201220132014201520162017
Naissances  81 96284 45387 86588 89188 43688 61888 93388 86788 03786 80086 40083 900
Décès54 43456 74857 14958 04358 84159 53961 00761 31563 24464 18563 60066 200

On trouvera ci-dessous les graphiques de la natalité pour deux périodes (1900-2017 et 1980-2017). Le taux de natalité se calcule en prenant le nombre de naissances divisé par 1000 habitants (on ajoute le signe ‰, pour mille, à la fin). Le taux de natalité officiel pour 2017 n’est pas encore connu, il devrait l’être d’ici un mois ou deux. Pour le calculer nous avons pris la population du Québec en 2017 selon l’Institut de la statistique du Québec (8 394 034 habitants, ce chiffre est provisoire) et les naissances pour 2017 (83 900) pour obtenir un taux de natalité de (9,99 ‰). Préférant pécher par optimisme, nous avons corrigé cette valeur vers le haut et avons utilisé 10,1 ‰ comme taux de natalité ci-dessous.



Comme le graphique ci-dessus l’indique que la natalité a connu une chute vertigineuse depuis les années d’après-guerre et le rebond du baby-boom. Dès le début de la Révolution tranquille, la natalité s’effondre au Québec.




Notons aussi que les dépenses en « politique familiale » ont augmenté pendant cette même période (en réalité il s’agit principalement des mesures destinées au retour des femmes au travail puisque les femmes qui restent à la maison pour élever leurs enfants sont exclues de ces dépenses, elles ne reçoivent pas d'aides financières correspondantes, c'est inique). Ces dépenses massives dans les garderies n’ont pas permis donc de relancer la natalité, elles n’ont pas plus abouti à une amélioration globale des résultats scolaires, certaines études pointent à l’inverse vers des comportements asociaux parmi certains jeunes enfants envoyés en garderie. Enfin, si le taux d’emploi des femmes a augmenté au Québec depuis l’instauration des services de garderie, il a connu une même hausse ailleurs au Canada sans ce programme très coûteux qui interdit en pratique (car les dépenses ne peuvent plus guère augmenter) des mesures natalistes ambitieuses.




Malgré cette natalité anémique au Québec, Montréal connaît un manque de places dans les écoles de la région métropolitaine. Les écoles primaires de Montréal dépasseront jusqu’à deux fois leur capacité d’accueil en élèves dans cinq ans si rien ne change, met en garde un rapport de la Commission scolaire de Montréal. Car trop souvent, le ministère sous-estime la surpopulation à venir, surtout celle venant de l’immigration, expliquent les présidentes des deux plus importantes commissions scolaires de l’île. À la rentrée 2017-2018, malgré une natalité québécoise en berne, la Commission scolaire de Montréal a accueilli 1 844 élèves de plus que l’an dernier. Au 31 janvier 2018, le nombre d’élèves immigrés en classe d’accueil a atteint 3 831 (259 classes), incluant 1 265 demandeurs d’asile. Le ministère de l’Éducation prévoit d’ici cinq ans que 6 800 nouveaux élèves s’ajouteront à la population scolaire de la Commission scolaire de Montréal, l’équivalent de 15 écoles de 450 élèves. Cette prévision ne tient pas compte de deux variables : l’immigration et les nouveaux projets résidentiels. Rappelons que la Commission scolaire de Montréal éduque environ la moitié des élèves de l’île de Montréal (deux autres commissions scolaires francophones y existent : Marguerite-Bourgeoys et Pointe-de-l’Île).

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Des balises et des fonds viennent « encadrer » et aider l’école à la maison

Selon le Soleil de Québec, le gouvernement Couillard double la mise et investit 7 millions $ par année pour soutenir les familles qui font l’école à la maison.

Le Soleil a appris que le ministre de l’Éducation Sébastien Proulx profitera du débat sur l’école à domicile jeudi après-midi à l’Assemblée nationale pour annoncer qu’il fera passer de 3 à 7 millions $ le montant dédié aux enfants qui apprennent en marge du système d’éducation traditionnel.

Versé aux commissions scolaires, l’argent servira à offrir des manuels scolaires à ces familles, de même que des services d’orthopédagogie, d’orthophonie, etc. Les commissions scolaires devront faire preuve d’ouverture et accueillir au besoin ces familles dans leurs bibliothèques, leurs gymnases, et leurs laboratoires de sciences, entre autres.

L’objectif est d’offrir à ces jeunes de meilleures chances de réussir et à leurs parents une bonne raison de reprendre contact avec leur commission scolaire.

Pas d’examens obligatoires, mais preuves d’apprentissage et d’évaluations

Publié à la fin mars, le projet de règlement sur l’enseignement à la maison prévoit que les parents devront transmettre des notions de français, d’une deuxième langue et de mathématiques à leurs enfants. Aucune autre matière n’est exigée et les examens du ministère de l’Éducation restent optionnels. En revanche, les parents devront fournir au ministère des plans d’apprentissage et des évaluations de leurs enfants, en plus d’offrir des « activités variées et stimulantes ».

Le ministre Proulx croit que ce règlement permet de respecter le « tronc commun » de l’éducation au Québec, tout en laissant de la latitude aux parents qui font ce choix. « C’est un droit de vouloir faire l’école à la maison », a-t-il évoqué en mêlée de presse mercredi.

Les parents qui enseignent à domicile devront présenter des plans d’apprentissages et des évaluations de leurs enfants au ministère de l’Éducation. Ils pourront simplement envoyer des portfolios, qui ne mèneront toutefois pas à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires. Notons qu’il existe cependant des mécanismes pour obtenir une équivalence du diplôme d’études secondaires comme le GED (peu utilisé, mais pan-nord-américain) ou l’AENS (québécoise) en passant des examens dans les matières de base. Les tests d’équivalence de niveau secondaire (TENS) sont reconnus par le Ministère de l’Éducation du Québec, la réussite aux TENS donne droit à une attestation d’équivalence d’études secondaires (AENS).

Plus de 2000 enfants

L’objectif du ministre Proulx est de faire en sorte que les enfants scolarisés à la maison sortent de l’ombre. À l’heure actuelle, environ 2000 sont signalés aux différentes commissions scolaires, un chiffre qui serait sous-représentatif du phénomène au Québec. « On pense qu’il y en a beaucoup plus », a cependant affirmé le ministre en impromptu de presse, mercredi.

Il doit aussi créer une table de concertation nationale sur l’enseignement à la maison et produire un guide à cette fin d’ici 2019.

La loi 144 vise à garantir à tous les enfants, quel que soit leur statut, l’accès au régime pédagogique québécois. Trois groupes d’enfants sont particulièrement visés : les enfants qui étudient dans des écoles religieuses, ceux qui sont scolarisés à la maison et les enfants sans papiers.

La loi permet aux autorités de croiser les données de l’assurance-maladie avec les inscriptions à l’école. Les enfants qui ont une carte-soleil, mais pas de code permanent, seront identifiés et suivis, a promis le ministre.

Alors que le débat sur la loi 144 faisait rage l’automne dernier, des familles avaient exprimé la crainte que leurs droits soient compromis. Par exemple, elles s’opposaient à ce que le gouvernement retire le droit à l’éducation à domicile aux enfants qui sont en échec scolaire.

Plusieurs aussi rejetaient l’imposition d’un suivi par évaluation ou par examen.

Le ministre s’est dit prêt, mercredi, à bonifier son règlement si nécessaire.

Doutes à la CAQ et au PQ

La Coalition avenir Québec (CAQ) qualifie ce règlement de « recul ». Le député Jean-François Roberge souhaite que ces enfants reçoivent obligatoirement des notions d’histoire, de géographie et de sciences. M. Roberge se méfie de ceux qui pourraient se servir de ce nouveau règlement pour envoyer leur enfant dans une école religieuse illégale une grande partie de la journée en prétextant faire l’école à la maison.

Il accuse le gouvernement libéral de « bafouer le droit à l’éducation » de ces enfants et d’être « à genoux devant certains lobbys ultrareligieux »... Le porte-parole caquiste en matière d’éducation, Jean-François Roberge, a plaidé pour sa part que les enfants qui voudraient un jour réintégrer le réseau scolaire ne pourront pas le faire, faute d’acquis. « On les abandonne », a-t-il déclaré. Pourtant, il existe des passerelles entre l’instruction à domicile et le réseau postsecondaire (voir les examens GED et TENSS). Le gouvernement pourrait bien être encore plus souple c’est vrai. Notons aussi que Jean-François Roberge ne semble pas imaginer que des enfants instruits à la maison puissent apprendre plus que le strict minimum et s’en sortent très bien.

La députée du Parti québécois Carole Poirier s’inquiète quant à elle de la « flexibilité » du règlement, qui permettrait à certaines familles francophones de contourner la loi 101 et d’offrir une formation en anglais à la maison à leurs enfants. « Aussi, ce que je veux m’assurer, c’est que les enfants puissent aller au cégep et à l’université. » (À nouveau voir GED, TENSS et autres examens à inscription libre comme le bac français qui n'oblige en rien d'aller à une école en dur pour passer l'examen qui donne accès à une université québécoise et bien sûr française.)

Noémie Berlus, présidente de l’Association québécoise pour l’éducation à domicile (AQED), voit quant à elle d’un bon œil le fait que pour la première fois, le gouvernement reconnaît les particularités de l’enseignement à domicile, une option dans toute « société ouverte où la pensée est libre. »

Mme Berlus doute toutefois que les écoles ouvrent vraiment leurs portes aux jeunes scolarisés à la maison et déplore que leurs parents seront maintenant submergés de « paperasse ».

Sources : Le Soleil, L’Actualité