dimanche 3 juin 2012

Manitoba — Aucune exemption, peu importe le cours, recommande un syndicat d'enseignants

La Société des enseignants du Manitoba (MTS) a décidé samedi 26 mai que les parents n'ont pas le droit de retirer leurs enfants des classes d’éducation sexuelle.

Le syndicat fera également pression sur le gouvernement provincial pour empêcher les parents « de retirer leurs enfants de toute partie du programme d'études du Manitoba. » « Bien que l'intention originelle de la résolution fût que les parents ne puissent pas retirer leurs enfants des cours d’éducation sexuelle, les délégués ont voté pour que cette politique s’applique à tout le programme en une démonstration de soutien à l'égard du programme dans son intégralité », de souligner un communiqué de presse du syndicat.

Les détracteurs de l'initiative ont fustigé cette décision qui s’interpose entre les parents et leurs enfants. « Les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants », a déclaré Maria Slykerman, présidente de la Campagne de la coalition pour la vie au Manitoba. « Ces enseignants du Manitoba violent de manière répréhensible ce devoir sacré quand ils votent en faveur d’une interdiction du droit des parents de retirer leurs enfants de certaines classes et ensuite déclare vouloir faire pression sur le gouvernement pour finalement s'opposer à ces droits parentaux par la force législative. »

Le Winnipeg Free Press nous apprend que les délégués à l'assemblée annuelle de la Société étaient d'abord divisés sur la question de la présence obligatoire aux classes d’éducation sexuelle, certains d’entre eux affirmaient, en effet, que la suppression du droit de retrait conduirait de nombreuses familles à inscrire leurs enfants dans les écoles privées ou à les instruire à domicile. Un enseignant de la division scolaire Frontier aurait déclaré que cette décision équivaudrait à intimider les parents à accepter des points de vue controversés sur des sujets tels que l'orientation sexuelle.

Le directeur d'une école huttérite a exprimé par le truchement d’un des délégués à la réunion que si les écoles étaient contraintes d'enseigner l’éducation sexuelle, son école n'aurait d'autre choix que de quitter le système public.

Le surintendant de la division scolaire de Seven Oaks, Brian O'Leary, a déclaré « Si vous voulez surveillez de près l’influence à laquelle vos enfants sont soumis, les parents devraient instruire eux-mêmes leurs enfants ou les inscrire dans une école confessionnelle indépendante ou quelque chose dans ce genre. »

Cependant, le choix est limité pour les parents manitobains. Le Manitoba n’a pas un secteur d’écoles publiques catholiques contrairement à l'Ontario, l'Alberta et la Saskatchewan. Certaines écoles indépendantes peuvent se qualifier pour un financement provincial si elles suivent fidèlement le programme d'études du Manitoba. Toutefois, même dans ces écoles, les parents doivent encore débourser de l’argent, a ajouté au National Post M. O'Leary. Le défi est plus important pour les enfants qui fréquentent les écoles des colonies huttérites, écoles qui font également partie du système scolaire public du Manitoba.

Jody Parsonage, secrétaire-trésorière de la division scolaire Prairie Spirit, qui comprend 14 écoles huttérites, a déclaré que si les enfants huttérites devaient désormais fréquenter des écoles indépendantes, elles devraient sans doute se rendre en ville parce qu'il y a très peu d'écoles indépendantes à la campagne. Ce commentaire surprend toutefois ce carnet puisque certains mennonites ont leurs propres écoles indépendantes (non subventionnées) dans la campagne manitobaine ; les huttérites devraient pouvoir faire de même.

Paul Olson, président de la MTS
Paul Olson, président de la MTS, a déclaré qu’environ les trois quarts environ des quelque 290 délégués ont voté en faveur de la résolution. La Société représente environ 15.000 enseignants de la province.

Ceux qui ont voté en faveur de la proposition prétendent dans un communiqué de la MTS que, pour ce qui a trait à l’éducation sexuelle, ils laisseraient « les jugements de valeur et le contexte [aux] parents afin qu’ils en discutent avec leurs enfants ».

Mais les défenseurs de la famille prétendent pour leur part que le programme scolaire à la santé du Manitoba dans sa composante d’éducation sexuelle est loin d’être neutre.

Les jeunes enfants de la maternelle commencent leur voyage vers la « santé sexuelle » en apprenant à identifier les parties du corps humain par leur nom : « le pénis, le vagin, les seins ». En 2e année, les enfants sauront que l'« union de l'ovule et du sperme forme des bébés ». En 5e année du primaire, entre 10 et 11 ans, les enfants seront en mesure de « décrire [la] structure et la fonction des systèmes reproducteurs et endocriniens », y compris « la fécondation [et] les rapports sexuels ». Ils seront en mesure d'identifier « les changements physiques associés à la puberté », y compris « la menstruation, l'érection, l'éjaculation, [et] les émissions nocturnes ». En 7e année, à 12 ans, les enfants apprendront des descriptions plus détaillées des « systèmes de reproduction de l'homme en ce qui concerne à la fertilisation et du développement du fœtus ».

Ils apprendront également comment « expliquer le processus de la reproduction humaine» et y mettre fin par le biais de la contraception. En fin de 10e année, entre 15 et 16 ans, ils seront en mesure de décrire les facteurs sociaux qui influent sur « ...l'orientation sexuelle » et ils seront en mesure d'« identifier et d'évaluer les avantages et les inconvénients ou de différentes méthodes de contraception ».

Ce n’est qu’en 10e année que les élèves apprennent que les relations sexuelles peuvent être avoir lieu au sein d'un « mariage », tout aussi légitime pour le programme que la « cohabitation ». L’imposition de cette philosophie n’est guère appréciée par les parents conservateurs sociaux du Manitoba : « Cet enseignement immoral, s’il est imposé à tous les enfants du Manitoba, aura de graves répercussions pour leur développement physique, psychologique et leur bien-être spirituel », a déclaré Slykerman.

Mais président le président Paul Olson a fait valoir que cette imposition contre le gré des parents permettra de « créer une école inclusive pour tout le monde ».

Illustration faisant la promotion des écoles « non sectaires »
(mais uniquement anglaises) au Manitoba après 1890

Une école inclusive a déjà été le prétexte au Manitoba pour interdire les écoles catholiques francophones et les écoles mennonites germanophones… On parlait alors d'écoles « non sectaires, gratuites pour tous ».






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