jeudi 26 janvier 2012

Apprendre le chinois — un atout d'avenir ?

En France, il est aujourd'hui pos­sible d'apprendre le chi­nois dans 30 écoles pri­maires et 535 col­lèges et lycées fran­çais. À la ren­trée 2011, 29.505 élèves appre­naient le chi­nois dans le secon­daire, contre 9.328 en 2004. Le man­da­rin occupe aujourd'hui la 5e place parmi les langues ensei­gnées dans le second degré. Dans le même temps, quelque 6.000 étudiants fran­çais sont par­tis cette année dans des établis­se­ments sco­laires chi­nois, soit une grosse part des 22.000 étudiants euro­péens dans cette situa­tion. Cet attrait du chi­nois tient notam­ment à la mon­tée en puis­sance de la Chine sur la scène internationale, désormais deuxième puissance économique mondiale.

« Quand vous allez sor­tir d'une école de com­merce ou d'ingénieurs avec le chi­nois dans votre bagage, vous aurez un atout extra­or­di­naire », affirme Alain Coine, conseiller du com­merce exté­rieur res­pon­sable de la zone Asie-Pacifique. « La plu­part des entre­prises fran­çaises cherchent des col­la­bo­ra­teurs pour les accom­pa­gner dans leurs investissements. :»

Si beau­coup de jeunes entre­pre­neurs qui connais­saient la langue « ont échoué » dans la créa­tion de leur propre entreprise en Chine, il est par contre pos­sible de deve­nir « cadre très jeune » au sein de grands groupes, ajoute Alain Coine. Le témoi­gnage de Thomas Oudart, qui a com­mencé le chi­nois en 4e (secondaire III au Québec) à l'École als­cienne, abonde dans son sens. Cet ancien élève du pro­gramme CESEM de la Reims « Management School » [sic] a été nommé direc­teur com­mer­cial du groupe Novotel à Pékin quand il n'avait encore que 22 ans !

Autre façon de penser

Les atouts du chi­nois ne se limitent bien sûr pas au plan pro­fes­sion­nel. Vincent Ruaz, déve­lop­peur du logi­ciel d'apprentissage Kinep, note que « contrai­re­ment aux langues latines, le chi­nois entraîne un vrai cham­bou­le­ment de la pen­sée ». Pour Laure Von, busi­ness mana­ger chez Areva, « le chi­nois per­met un impor­tant déve­lop­pe­ment per­son­nel », et son appren­tis­sage entraîne la mémoire.

Martine Raibaud, maître de confé­rences à l'université de la Rochelle, rap­pelle que la hausse des effec­tifs en cours de chi­nois est due à la situa­tion écono­mique, mais aussi à « un inté­rêt pour une culture et une phi­lo­so­phie dif­fé­rentes. » « On entend sou­vent un dis­cours uti­li­ta­riste : "ça va nous ser­vir plus tard". Mais ceux qui y arrivent le mieux sont ceux qui font preuve d'une pas­sion dés­in­té­res­sée », estime Alice Ekman, cher­cheur à l'IFRI et ensei­gnante à Sciences Po.

Pour les dif­fé­rents inter­ve­nants du col­loque, le man­da­rin, langue répu­tée dif­fi­cile, n'est pas à réser­ver à une élite. « L'apprentissage du chi­nois n'a rien à voir avec l'apprentissage des mathé­ma­tiques », observe Charlène Flores. « C'est une ques­tion de moti­va­tion, de pas­sion. Une langue s'apprend par curio­sité ou par amour », estime-t-elle.

Apprendre le chi­nois : « seul l'écrit est difficile »

On peut très bien débu­ter son appren­tis­sage dans le supé­rieur. Gang Bai, pro­fes­seur de chi­nois à l'École poly­tech­nique, a observé des débu­tants rat­tra­per faci­le­ment leur retard à l'oral face à des élèves qui avaient pra­ti­qué le chi­nois dans le secon­daire, mais se repo­saient sur leurs acquis. Pour elle, « seul l'écrit est dif­fi­cile ». Malheureusement l'écrit est peu ensei­gné dans le secon­daire, car l'épreuve de chi­nois au bac­ca­lau­réat est un oral, ce qui ralen­tit la progression.
Pour par­faire son appren­tis­sage de la langue, il est vive­ment encou­ragé de par­tir en voyage en Chine, notam­ment pour sur­mon­ter les moments de décou­ra­ge­ment. « Quand on réus­sit à dia­lo­guer avec quelqu'un là-bas, on passe un cap psy­cho­lo­gique. Moi-même, je ne parle pas cou­ram­ment, mais je me débrouille pour dia­lo­guer avec mes par­te­naires de tra­vail », pré­cise Charlène Flores.

Une mode ?

Pour présenter tous les points de vue, notons que pour le magazine britannique The Economist en 2007 apprendre le chinois n'était qu'une mode sans importance, l'anglais suffirait même en Chine... The Economist est bien sûr écrit en anglais.

L’hebdomadaire londonien a peut-être raison pour ce qui est des grandes entreprises multinationales en Chine (fortement concurrencée par les conglomérats chinois), les grands hôtels et les chercheurs universitaires, mais d'expérience pas ailleurs. La question est de savoir pourquoi il faudrait que tous les enfants de la planète apprennent une seule et même langue étrangère dans un monde qui deviendra sans doute de plus en plus multipolaire et pourquoi 1,3 milliard de Chinois devraient tous continuer d'apprendre l'anglais et quel est le coût de cet apprentissage généralisé alors que, dans la grande majorité des métiers, il est inutile et que des traductions en mandarin seraient nettement moins cher pour la collectivité.

Rappel des faits 

  • Vingt pour cent des humains parlent chinois. Le mandarin est la langue maternelle de plus de 873 millions de personnes, ce qui placent le mandarin en première position dans le monde, loin devant l'anglais (400 millions).
  • Le chinois est également parlé officiellement à Formose (Taïwan). De fortes communautés chinoises l'utilisent en Malaisie, à Singapour, à Brunei, en Mongolie et en Indonésie.
  • La Chine est la seconde économie de la planète. Sa croissance économique dépasse largement celle des États-Unis.
Source

Voir aussi

Corée du Sud — les garderies en anglais sont du gaspillage et néfastes au développement de votre enfant




Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

France — Le rôle de l'école d'abord l'effort et la discipline avant l'ouverture sur le monde

Pour cinquantre-quatre pour cent des Français interrogés par TNS Sofres en octobre 2011, l’école devrait donner avant tout le sens de la discipline et de l’effort, alors que 41 % pensent que l'école devrait d'abord formé un esprit éveillé et critique.



Peut-être les parents pensent-ils que l'effort et la discipline sont des vertus plus concrètes que l'acquisition d'un esprit « éveillé et critique » qui cache souvent un éveil à une idéologique subjective particulière et un regard critique envers certaines positions uniquement tout en acceptant tacitement le prêt-à-penser progressiste diffusé par l'école et ses enseignants ?





Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

Le plan des Conservateurs du Québec en matière de garderies


Dans un communiqué récent, le nouveau Parti conservateur du Québec (PCQ) a fait connaître son plan en matière de garderie : celui-ci consiste en une déréglementation du système des garderies. Le gouvernement cessera de subventionner toutes les garderies et mettra fin à sa politique de fixation des prix. De plus, afin de mettre fin à la pénurie de place en garderie, un gouvernement conservateur abolira le plafond annuel de permis de garderies délivrés. Cette pratique permettrait selon le PCQ à tout Québécois désirant ouvrir une garderie et respectant les règles élémentaires de qualité de le faire. Cela éliminerait aussi « les tentations de copinage entre les propriétaires de services de garde et le gouvernement » qui ont jeté le soupçon notamment sur les ministres libéraux Tomassi et Courchesne.

Ayant à cœur l’accessibilité du service pour tous les Québécois, un gouvernement conservateur remplacera les subventions aux garderies par des subventions individuelles se situant entre 7,80 $ et 22,50 $ par enfant par jour. Subventions inférieures à ce que les garderies reçoivent aujourd'hui : une garderie privée subventionnée reçoit de l'État 34,50 $ par jour pour chaque enfant de plus de 18 mois et 51,70 $ pour chaque poupon, d'après les données de l'Association des garderies privées du Québec (AGPQ). C'est 37,80 $ et 58,60 $ dans le cas d'un centre de la petite enfance (CPE).

Il n'est pas clair d'après le communiqué si cette aide serait perçue par les parents d'enfants en bas âge qui préfèrent garder eux-mêmes leurs poupons plutôt que de les faire garder par une garderie, comme la défunte ADQ le préconisait. Le communiqué ne précise pas plus pourquoi la subvention varierait du simple au triple. Le PCQ ne veut-il aider que les parents pauvres à avoir des enfants ?

En remplaçant le système des CPE actuels, le parti conservateur a bon espoir de pouvoir permettre aux Québécois de ne plus avoir à composer avec des listes d’attente et des pénuries de place tout en permettant aux familles moins bien nanties de la population d’avoir accès à un service de qualité pour leurs enfants. En outre, pour le PCQ cette réforme permettrait de réaliser des économies annuelles de 650 millions de dollars.

Voir aussi :

Prix des subventions des garderies dites à 7 $




Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)