vendredi 12 novembre 2021

Les sciences dures et le wokisme

Un texte de Joseph Facal sur une dérive de plus à l’Université Concordia, abcès d’anglicisation à Montréal, fortement subventionnée — pourquoi ? — par le gouvernement du Québec.

Ne vous laissez pas décourager par le début un peu ardu de ce qui suit.

L’Université Concordia veut combler une chaire de recherche du Canada dans le domaine des nanomatériaux pour l’énergie durable. La personne recrutée deviendrait professeur et chercheur aux départements de physique et de génie chimique.

L’affichage précise qu’on veut quelqu’un avec un doctorat en physique ou en génie dans ce domaine, et avec une liste substantielle de publications dans des revues scientifiques réputées.

Critères

Où est le problème, me direz-vous ?

Il s’en vient le problème.

L’affichage invite ensuite les gens intéressés à expliquer en quoi « leur cheminement professionnel et leur expertise les ont préparés à offrir un enseignement pertinent pour une société canadienne diversifiée, multiculturelle et contemporaine. »

Vous voyez venir l’affaire ?

Je vous rappelle qu’on cherche un physicien ou un ingénieur — donc un scientifique hard — spécialisé dans les nanomatériaux.

Poursuivons la lecture de l’appel de candidatures :

« Nous les invitons par exemple à décrire leur expérience ou leurs projets touchant : l’enseignement sur les populations sous-représentées ; le mentorat d’étudiantes et d’étudiants issus de milieux sous-représentés. »

Le physicien ou l’ingénieur doit donc, comme s’il était un intervenant communautaire en milieu autochtone ou dans un quartier multiethnique chaud, montrer qu’il est socialement engagé derrière la bonne cause.

Ne serait-ce pas, demanderez-vous peut-être, un souhait de l’employeur plutôt qu’une exigence ferme ?

Dans la section « Qualifications et atouts », il est clairement écrit :

« Une (sic !) historique importante de promotion de l’équité, de la diversité et de l’inclusion en science et/ou en génie est aussi un atout considérable. »

Un cours de l’Université de Toronto. Libérer les mathématiques, cette libération, ce progrès est en grande partie due aux mathématiciennes, en particulier les femmes noires, les femmes autochtones et les femmes des minorités visibles.

Bref, un scientifique de haut vol, sorti du MIT ou de UCLA, qui jugerait que son travail se passe pour l’essentiel dans un laboratoire et qui laisserait le militantisme à d’autres, passera très probablement après quelqu’un issu d’une université de seconde zone, mais qui aura un parcours exemplaire de militant woke.

Un collègue me fait une remarque savoureuse.

Imaginez si le poste affiché disait quelque chose comme : « Nous considérerons en priorité les candidats pouvant démontrer un engagement dans la promotion d’une science conforme à la doctrine chrétienne, au conservatisme, etc. »

Imaginez le tollé tout à fait justifié.

Mais si l’engagement politique est du bon bord, cela passe.

En fait, ce n’est pas juste que ça passerait. C’est carrément un critère d’embauche.

Je pourrais multiplier les exemples dont m’inondent des collègues effarés.

Dévoiement

Tout cela montre deux choses.

La première est que le wokisme a toutes les caractéristiques d’une secte, mais qu’à la différence des marxistes-léninistes des années 1970, les tenants du wokisme se hissent aux plus hauts échelons du monde académique, d’où ils tirent les ficelles.

La seconde est que nous ne sommes plus dans un délire n’affectant que la sociologie, l’anthropologie ou les études littéraires.

Ce sont toutes les disciplines, toutes les sciences que l’on essaie de dévoyer à des fins strictement idéologiques.

Et j’en garde du meilleur pour une prochaine chronique.


Poste de professeur de chimie réservé aux candidats qui s’identifient comme membre d’un ou plusieurs groupes à la recherche d’« équité » à l’Université de Dalhousie en Nouvelle-Écosse

Voir aussi

Universités — candidats universitaires en sciences (STIM) doivent promettre de promouvoir la diversité (avec liste de postes de professeur ou d’assistant à pourvoir).

Université anglophone Concordia : « Repérer et contrer le colonialisme en physique contemporaine »

Étude sur les pressions, les sanctions, la discrimination politique et l’autocensure à l’université

Aux racines du wokisme dans les universités. Pourquoi cette crise dans les universités ?

Royaume-Uni — le gouvernement s’attaque à la censure et l’intimidation dans les universités 

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