vendredi 13 octobre 2023

Allemagne — Les élèves n'ont jamais été aussi mauvais en allemand et aussi bons en anglais

Les élèves de neuvième année n’ont jamais été aussi mauvais en allemand — mais comprennent mieux que jamais l’anglais. Les élèves immigrés jouent un rôle particulier dans les deux cas.

Les élèves allemands apprennent l’anglais dès le primaire
 

On n’avait jamais obtenu un tel résultat auparavant. Depuis plus de deux décennies, les responsables de la politique scolaire font tester scientifiquement à intervalles réguliers ce que les élèves allemands savent faire dans les principales matières d’enseignement. C’était maintenant au tour des élèves de neuvième année d’être testés en anglais et en allemand. Et les résultats surprennent même les observateurs de longue date des courbes de compétences : alors que les performances en allemand atteignent un nouveau plancher, les capacités en anglais s’envolent vers des sommets insoupçonnés.

D’abord la vallée des larmes. Ce que le bilan des élèves de l’école primaire avait déjà laissé entrevoir l’année dernière s’est maintenant confirmé pour les élèves plus âgés, mais de manière encore plus radicale. Dans tous les types d’écoles, dans tous les Länder et dans chacun des trois domaines testés — lecture, écoute et orthographe — l’Institut pour le développement de la qualité dans l’éducation (IQB) observe dans son rapport des « changements défavorables », des « baisses importantes des performances », des « reculs continus des compétences ». En fin de compte, il semble que l’équipe de recherche de Berlin ait manqué de termes négatifs.

Trois chiffres tirés du rapport de 460 pages suffisent à illustrer le caractère dramatique de l’évolution.

  • L’IQB indique systématiquement les performances des élèves en points de performance. Dans le domaine de la lecture, les élèves de neuvième année obtiennent cette fois-ci en moyenne 25 points de moins que les élèves testés en 2015, ce qui correspond à l’apprentissage attendu pour une année scolaire complète.
  • La proportion de très mauvais lecteurs s’élève désormais à près d’un tiers dans toute l’Allemagne (près de la moitié à Brême). Ces élèves de 9e année n’atteignent même pas les exigences minimales dans la matière pour leur âge. Cela signifie qu’en 9e année ils comprennent les informations d’un texte à peu près au niveau escompté par un bon élève de l’école primaire en fin de 4e année.
  • Les régions les plus durement touchées sont la Rhénanie-du-Nord–Westphalie, le Brandebourg et le Schleswig-Holstein, tandis que Hambourg et le Bade-Wurtemberg s’en sortent un peu moins mal. Mais même les régions qui étaient jusqu’à présent des modèles, comme la Bavière, connaissent désormais des difficultés. En compréhension orale, les élèves y ont presque atteint le niveau moyen des élèves brêmois (les cancres) en 2009. En bref, la Bavière est devenue Brême.
Comment les compétences en lecture en allemand se sont-elles développées ?
Évolution des performances des élèves de 9e de 2015 à 2022 en points*

 

Bock-Côté : « Je n'ai jamais compris pourquoi on ne tenait pas compte de la compatibilité culturelle » dans l'immigration

À 8 min 32 : « Moi, je n'ai jamais compris pourquoi on refusait de tenir compte des appartenances historiques, identitaires, géographiques des gens qui arrivaient. À un moment donné, le fait est... Et surtout, les gens n'arrivent plus — quoi qu'on en dise — individuellement à notre époque, les gens arrivent par communauté. »


Trois jours après l’hommage national à Samuel Paty, enseignant décapité en France, un autre professeur d’histoire est violemment agressé au couteau, cette fois à Arras. 

«Aujourd’hui, les professeurs d’histoire ont une cible au front», déplore Bock-Côté

Ce genre de discours valait (et vaut peut-être encore) un procès en racisme. Voir ce que disait Jean-Marie Le Pen il y a 35 ans.

Québec haussera les tarifs pour les étudiants qui ne résident pas au Québec

Le gouvernement Legault compte augmenter dès l’automne 2024 les tarifs imposés aux étudiants étrangers et aux étudiants canadiens hors Québec des universités de la province, qui, selon son évaluation, profitent surtout aux établissements anglophones que sont McGill, Concordia et Bishop’s. 

Le gouvernement ne semble, toutefois, pas vouloir imposer la francisation de certaines facultés de ces nombreuses universités anglophones. Pourquoi continue-t-il ainsi d’offrir des formations fort coûteuses subventionnées par les contribuables en médecine en anglais ? C’est former des docteurs qui ne pourront parler correctement la langue officielle du Québec, tiendront des dossiers en anglais qu’ils communiqueront à des collègues québécois ou qui s’expatrieront rapidement.

La nouvelle a été confirmée vendredi matin par le biais d’un communiqué rédigé par les cabinets de la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, et du ministre responsable de la Langue française, Jean-François Roberge.

Deux mesures en lien avec « la tarification s’appliquant aux étudiants non québécois » sont annoncées.

La première consistera en un tarif plancher qui sera établi « pour tous les étudiants québécois inscrits aux 1er cycle et au 2e cycle professionnel », explique-t-on.

La seconde verra les étudiants canadiens non résidents du Québec payer « un tarif équivalent à ce que coûte la formation au gouvernement du Québec, alors que le tarif établi pour les étudiants internationaux sera plus élevé ». Les frais de scolarité pour un étudiant canadien provenant de l’extérieur du Québec, actuellement de 8992 $, passeront à près de 17 000 $ annuellement dès l’an prochain. Québec affirme que cette somme permettra de couvrir l’ensemble des coûts liés à leur formation.

À l’Université de Toronto, par exemple, une année au bac [licence] en administration coûtera 15 900 $. Pour étudier en droit, c’est près de 35 000 $ qu’il faudra débourser.  À 17 000 $/an au Québec, venir étudier en anglais au Québec constituera toujours une aubaine.

 L’annonce de ce vendredi s’inscrit dans le cadre des travaux lancés plus tôt cette année par le Groupe d’action pour l’avenir de la langue française, composé, entre autres, des ministres Jean-François Roberge (au centre), Christine Fréchette (à gauche) et Pascale Déry (à droite).

« De plus, le ministère de l’Enseignement supérieur va récupérer un montant forfaitaire pour chaque étudiant non québécois », poursuit-on. Les établissements universitaires, cela dit, « conserveront le droit de facturer un montant discrétionnaire additionnel selon leur stratégie et leurs priorités de recrutement à l’étranger ».

Ces mesures, espère-t-on, permettront de corriger le déséquilibre financier entre les réseaux francophone et anglophone, mis à mal par « l’adoption de la politique de déréglementation » du gouvernement Couillard.

De 2019 à 2022, cette politique a permis aux universités d’engranger 407 M$ en revenus additionnels grâce aux droits de scolarité des étudiants internationaux. Or, McGill, Concordia et Bishop’s ont à elles seules encaissé 282 M$ de cette enveloppe, contrairement à 47 M$ pour les 10 établissements de l’Université du Québec.

Le Journal de Montréal révélait récemment que les contribuables québécois paient 200 millions $ par année pour subventionner le parcours scolaire d’étudiants du Canada anglais et de l’étranger inscrits dans des universités anglophones. Ces fonds publics « contribuent directement » à l’anglicisation du Québec, dénonçait Martin Maltais, professeur spécialisé en financement de l’éducation à l’Université du Québec à Rimouski.

Des exceptions sont toutefois prévues

« Les étudiants visés par des ententes internationales, notamment les Français et les Belges, ainsi que les étudiants non québécois inscrits dans des programmes au 2e cycle (recherche) et au 3e cycle, ne seront pas touchés par ces changements », précisent les cabinets des ministres Déry et Roberge. Il n’est pas précisé si cette exception vaudra toujours pour les Belges et les Français inscrits dans les universités anglophones du Québec.

En outre, les étudiants internationaux et les étudiants canadiens hors Québec ayant déjà entamé leur programme d’études « pourront continuer de bénéficier des conditions de tarification actuelles jusqu’à leur diplomation », assure-t-on.

Résumé des coûts

  • Étudiant québécois en 2022-2023 : 2881 $
  • Canadien hors Québec actuellement : 8992 $
  • Canadien hors Québec l’an prochain : ~17 000 $
  • Étudiants étrangers l’an prochain : 20 000 $ et +
  • Les exemptions demeurent pour les ententes internationales (France, Belgique, etc.)
  • La mesure ne s’applique pas au 2e cycle (recherche) et au 3e cycle

Réactions du chef du Parti Québécois, une mesure timide insuffisante

Paul St-Pierre Plamondon a réagit en ces termes à ces annonces :

L'intention du gouvernement est certes louable. La mesure va cependant manquer d'envergure et aura donc un impact limité. Ce n'est pas parce que ça coûte un peu plus cher qu’on réussira à changer les dynamiques migratoires et linguistiques. Ainsi, nous appuyons très certainement la démarche mais elle doit venir avec d'autres mesures plus structurantes.

L'enjeu est le NOMBRE. Comme nous l’avons déjà proposé, il faut donc mettre un quota MAXIMAL pour les étudiants étrangers dans les universités anglophones.

Contrairement à ce que pense la ministre de l’Immigration, le Québec dispose bel et bien des pouvoirs pour agir en la matière. Nous contrôlons nos universités et délivrons nous-mêmes nos certificats d'acceptation. Le laisser-faire total de la CAQ a comme résultat que le Québec finance sa propre anglicisation comme jamais auparavant depuis cinq ans.

On est passé de 160 000 immigrants temporaires à 471 000 en cinq ans de gouvernance caquiste. Environ la moitié sont des étudiants étrangers. Un peu moins de la moitié ne maîtrisent pas le français.

Le rythme annualisé était de 12 000 par année sous Couillard. Seulement cette année, entre janvier et juillet, le nombre d'immigrants temporaires a augmenté de 85 000. L'année dernière, le nombre annualisé sous la CAQ était 7x plus important que celui sous les libéraux; à ce rythme, il sera 8x ou 9x plus élevé cette année.

L'enjeu, il est là. Et ça n'a rien à voir avec notre volonté de recevoir des jeunes de partout à travers la planète. Il s'agit de ne pas créer un écosystème linguistique dans lequel le français est condamné à décliner et c'est exactement ce que la CAQ a fait en 5 ans. Hausser les frais de scolarité est une mesure timide qui ne renversera pas ces dynamiques, bien que nous l'appuyons.

 

 

Sources : Radio-Canada, Journal de Montréal, X

Voir aussi

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Sur l’île de Montréal, chaque étudiant qui étudie en anglais reçoit 56 % de plus de fonds d’immobilisation que celui qui étudie en français

 

Attentat islamiste au cri d'«Allah Akbar» dans le nord de la France : un enseignant tué, un autre poignardé

Un enseignant a été égorgé, un autre poignardé à Arras dans le nord de la France ; l’auteur est un Tchétchène de 20 ans fiché S pour radicalisation islamiste. La Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) l’avait contrôlé hier. L’auteur cherchait un professeur d’histoire, comme Samuel Paty qui avait été égorgé le 16 octobre 2020.

Le frère de l’auteur aurait été interpellé par la DGSI pour son implication dans un projet d’attentat déjoué le 26 avril 2019. Six individus projetaient une action violente visant l’Élysée et le commissariat d’Aulnay-sous-Bois.


En 2014, la famille du terroriste présumé d’Arras aurait dû être expulsée du territoire. Les associations de défense des sans-papiers ont fait pression sur la préfecture pour annuler sa décision.

Ce que l'on sait à ce stade

Un homme armé d’un couteau a tué un enseignant devant le lycée Gambetta à Arras (Pas-de-Calais) ce vendredi matin vers 11 heures, au cri d’« Allah Akhbar ». L’homme est ensuite entré dans le lycée et a fait deux blessés graves. Les élèves ont été confinés et n’ont pas été blessés.

Combien de victimes déplore-t-on ?


Un enseignant a été tué. Selon BFMTV, il s’appelle Dominique Bernard. Il était professeur de lettres et âgé d’une quarantaine d’années.

Deux personnes sont blessées, parmi elles, un agent du lycée en urgence absolue après avoir été atteint par plusieurs coups de couteau, selon une source policière. Il est «très gravement blessé, entre la vie et la mort». Le deuxième blessé est un enseignant, qui se trouve en urgence relative, informe Le Figaro.

Que sait-on de l’assaillant ?


Le meurtrier se nomme Mohamed Mogouchkov, un Tchétchène né en 2003 en Russie, et fiché S pour islamisme radical. Il n’avait pas obtenu la nationalité française. Il avait encore été contrôlé par la police ce jeudi 12 octobre. L’homme est un ancien élève du lycée.

« L’auteur des faits a été interpellé par la police », assure le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur X. Son frère a également été arrêté, selon Beauvau. Tous deux seraient d’origine tchétchène.

Le père du terroriste tchétchène, expulsé en 2018, est revenu en France en février 2019... Lunaire, hallucinant.

Triple système : l'intelligence intuitive rapide, l'intelligence logique lente et, enfin, la curiosité, le regret et le doute

C’est l’un des paradoxes de la condition humaine : de l’apparition d’Homo sapiens, il y a 300 000 ans, à son entrée dans l’histoire et aux temps modernes, l’homme a connu un singulier perfectionnement de ses capacités intellectuelles. Il ne cesse, pour autant, de se tromper.

Les psychologues se sont penchés, depuis la fin du XIXe siècle, sur cette énigme. Récompensé par le prix Nobel d’économie en 2002, Daniel Kahneman l’avait expliquée par la concurrence, dans notre cerveau, entre une intelligence intuitive, approximative et rapide (ce qu’il appelle le système 1), et une intelligence logique, fondée sur l’analyse, plus sûre, mais plus lente (système 2). Nos erreurs seraient dues à la prévalence, dans de nombreuses circonstances, de la démarche intuitive, elle-même affectée par le jeu des émotions primaires — peur, joie, tristesse ou colère —, sur la démarche logique. Le constat avait paru remettre en cause les analyses de Jean Piaget, selon lequel la sortie de l’enfance consistait en un passage progressif de comportements dictés par des intuitions trop rapides à une plus grande rationalité grâce au développement des capacités d’abstraction.

Disciple de Piaget, professeur de psychologie à l’université Paris-Cité, fort d’une réputation internationale pour ses travaux sur le développement cognitif de l’enfant, Olivier Houdé propose ici une théorie nouvelle, qui vient surmonter la contradiction entre les deux hypothèses en les dépassant. Appuyé sur les connaissances que nous donnent les formidables progrès de l’informatique et de l’imagerie médicale, et au terme de vingt ans de travail à la tête du Laboratoire de psychologie du développement et de l’éducation de l’enfant, il estime en effet que procède des neurones de notre cortex préfrontal, à l’avant du cerveau, notre capacité d’inhiber nos réflexes intuitifs en activant au contraire les algorithmes d’où émane la pensée réfléchie.

Le propos ne relève pas de la spéculation théorique : il a des conséquences pratiques d’une immense portée dans la mesure où Olivier Houdé estime que c’est dès lors à cette disposition (système 3) que l’éducation doit d’abord s’adresser en encourageant non la seule logique mais, au terme d’une démarche qui soit presque « morale », les émotions « contrefactuelles » — doute, regret, curiosité — qui entretiennent la crainte de se faire abuser par les apparences ; qu’elle doit certes apprendre à lire, à écrire, à compter, mais plus encore à trier, déduire, raisonner.

Il a réuni et étoffé ici cinq de ses ouvrages pour les ordonner autour de cette question essentielle : Comment raisonne notre cerveau ? Le volume pourrait paraître intimidant au profane. Il suscite au contraire chez le lecteur un constant intérêt. Olivier Houdé ne s’y contente pas en effet de livrer les résultats de ses études et d’apporter une vision toute nouvelle des mécanismes de l’intelligence. Il a replacé son travail dans l’histoire longue de la pensée. Comme il le souligne lui-même, son hypothèse rejoint en effet la théorie de Platon, distinguant « trois systèmes de l’âme » — le désir impétueux, la raison et la volonté — qui correspondent aux trois systèmes de la psychologie contemporaine. « Platon avait déjà compris, écrit-il, une chose importante : le système 2, la raison ou la logique pure, ne peut rien sans le courage et l’ardeur du système 3. » Contre Aristote et sa foi dans la toute-puissance du logos, il avait mesuré que la raison logique n’avait pas en elle-même, dans son formalisme, la force nécessaire pour contrôler le réflexe intuitif, et, partant, l’arrêter ; qu’elle avait besoin du secours de la volonté.

Avant de mettre en scène les grands débats contemporains sur la construction de la logique, d’éclairer le mystère de la persistance, chez l’adulte, de comportements irrationnels, Olivier Houdé fait dès lors, sous cet angle, un survol passionnant de toute l’histoire des idées : comment saint Augustin a décrit dans le De Trinitate illusions et biais perceptifs qui encombrent l’esprit humain ; comment saint Thomas d’Aquin a résolu dans sa Somme l’opposition entre foi et raison en montrant qu’il s’agissait de deux chemins pour atteindre la même vérité. Voici plus loin Montaigne dénonçant dans le fanatisme la prédominance du désir et des impulsions sur la réflexion ; voilà Pascal opposant l’esprit de finesse à l’esprit de géométrie, Hume soulignant combien contiguïtés spatiales ou temporelles, associations d’idées, ressemblances configurent la mémoire humaine en de puissants mécanismes d’assemblage qui conditionnent nos sentiments et, par là, nos idées.

En reliant l’univers aride de la recherche à l’histoire deux fois millénaire de la pensée philosophique, Olivier Houdé nous offre ainsi, sous les couleurs d’un travail purement scientifique, un livre essentiel : à l’heure où domine l’irrationalité, la tyrannie de l’émotion, la superficialité d’une pensée fascinée par la vitesse de réaction des machines, l’abondance d’informations placées sur un pied d’égalité, l’autorité des écrans numériques et leur propension à nous faire réagir de manière intuitive, la tentation de nous en remettre, in fine, aux algorithmes de l’intelligence artificielle, il nous invite à faire usage de la plus précieuse de nos capacités : celle de nous dominer.


Recension : Figaro Histoire

Comment raisonne notre cerveau, 2e édition

par Olivier Houdé
aux Presses universitaires françaises,
dans la collection « Que sais-je ? »,
564 pages,
ISBN-10 : 2 715 418 590
ISBN-13 : 978-2715418592