jeudi 21 août 2008

Complément au cours d'ECR — le bouddhisme militariste


On pense souvent en Occident que le boudhhisme est intrinsèquement une philosophie pacifiste incapable d'excès militaires ou de soutien à l'agression, que ce genre de comportement n'est réservé qu'à l'Occident et au christianisme dévoyé. Les manuels d'ECR analysés ne font rien pour combattre ce préjugé, un d'entre eux propose même comme modèle aux jeunes enfants de 11 et 12 ans le dalaï-lama (parmi tout un panthéon de modèles des plus prévisibles et fort à la mode chez nos « élites »).

Apportons donc notre pierre pour combattre ce préjugé si répandu aujourd'hui et jeter une lumière plus crue sur le bouddhisme « religion pacifiste » en présentant l'ouvrage de Brian Victoria intitulé Le Zen en guerre, 1868-1945.

Présentation de l'éditeur

Comment les écoles du zen ont-elles pu, à ce point et dès l’aube du XXe siècle, identifier bouddhisme et militarisme impérial ? Comment ont-elles pu collecter des fonds pour soutenir l’effort de guerre, organiser des cérémonies pour obtenir la victoire, créer des centres d’instruction réactivant ainsi le mythe du moine guerrier ? Alors qu’on s’interroge aujourd’hui sur les rapports entre les religions et la guerre, Brian Victoria apporte une importante contribution à cette réflexion en dévoilant comment le bouddhisme japonais s’est dévoyé en devenant une idéologie au service d’un pouvoir agressif et impérialiste.

Bénédiction des drapeaux, croisade pour la défense de la civilisation chrétienne face au bolchevisme, théories suspectes de la guerre juste, on croyait ces images et ces thèmes réservés à l'Occident. Au moins la compassion bouddhiste aurait-elle protégé l'Asie de pareilles dérives. Point, comme le démontre à l'envi le livre de Brian Victoria. Très tôt dans le XXe siècle, le bouddhisme japonais s'est dévoyé en idéologie guerrière au service d'un pouvoir agressif et impérialiste. Les plus grands maîtres, et le célèbre D. T. Suzuki, ont légitimé l'alliance entre le sabre et le zen. Collecte de fonds pour l'effort de guerre, cérémonies spéciales pour l'obtention de la victoire, création de centres d'instruction, activités de renseignement, endoctrinement des populations, cette collusion n'a pas cessé en 1945, elle s'est métamorphosée dans le fameux « zen d'entreprise », du Japon en plein essor. Le pouvoir impérial a réussi à fabriquer de toutes pièces, avec la complicité des maîtres de sagesse, une « âme du Japon éternel » inquiétante.