jeudi 24 février 2022

Histoire — Le premier journal de l'Ukraine actuelle a été publié en français en 1776

En 1776, paraît la Gazette de Léopol, un périodique en langue française, premier journal d’Ukraine. C’est le plus ancien journal publié sur le territoire de l’actuelle Ukraine. Léopol (la ville du lion) est l’ancien nom français de Lviv (Львів). La ville porte le nom de Lvov en russe (Львов), Lemberg en allemand et Leopolis en latin. Elle est le centre historique de la Galicie et la plus grande ville de la partie occidentale de l’Ukraine.

La Gazette de Léopol a été créée par un certain « Chevalier Ossoudi » et publiée par l’imprimeur Anton Piller.

La Gazette de Leopol informait ses lecteurs issus de l’élite locale sur l’actualité politique des pays européens. Les faits divers étaient rares. Le nombre de reportages dans chaque numéro du journal pouvait varier de deux à dix, selon le volume de nouvelles. Les articles couvraient l’ensemble du monde européen. Les sources les plus probables des articles sont des reprises de journaux français de l’époque ou des traductions de journaux allemands.

Seule la première année du journal a été conservée, ce qui suggère qu’il n’a pas paru plus d’un an. Une collection est conservée au département des livres manuscrits, anciens et rares de la Bibliothèque scientifique de l’Université nationale Ivan-Franko de Léopol. Une autre est conservée à la Bibliothèque de l’université de Varsovie.

Le bibliographe et historien Symon Narijnyi a noté que ce journal ressemblait à ses prédécesseurs la Gazette de Varsovie (1758) et la Gazette de Vienne (1759).

Le journal était publié avec un format de 18 cm sur 23 cm et comptait quatre pages, avec de temps en temps un supplément de 24 pages, in-4°.

Le titre du journal représentait les armoiries de l’Autriche (aigle à deux têtes) portant des fleurs des deux côtés et tenant dans ses serres la devise du journal : Sub Umbra alarum tuarum (À l’ombre de tes ailes, extrait du verset 8 du Psaume 17 [16]).

Le premier journal de la ville d’Odessa (Ukraine) fut également publié en français.

C’est en 1792 que la Russie complète la conquête de la côte septentrionale de la mer Noire, longtemps possession ottomane. L’impératrice entend arrimer ces terres, rebaptisées « Nouvelle-Russie », à ses États. Elles sont alors presque vides, mais les lettrés savent qu’elles avaient été, dans l’Antiquité, le grenier à blé de la Grèce. Catherine II y crée des villes, des ports, cherche à fixer des colons.

En 1782, Catherine ordonna de construire une réplique symbolique de la cathédrale Sainte-Sophie de Tsarskoïe Selo.  
 

Odessa fut officiellement fondée en 1794 comme forteresse russe sur les territoires annexés à l’Empire ottoman après le traité d’Iași en 1792. La ville aurait été nommée d’après le nom d’Ulysse (ou du nom d’une ancienne colonie grecque sur le Pont-Euxin), en grec Odysseos, féminisé en « Odessa ». En effet, les villes de Nouvelle Russie à cette époque portaient fréquemment des noms grecs selon la volonté de l’impératrice : Sébastopol (Crimée), Kherson, Marioupol, Melitopol, etc. Ce « projet grec » (Греческий проект) s’étendit également à l’architecture.

De 1803 à 1814, Armand du Plessis, duc de Richelieu, fut gouverneur d’Odessa et de Nouvelle Russie. Ayant fui la Révolution française, il servit dans l’armée russe contre les Ottomans. On lui attribue le tracé de la ville et l’organisation de ses aménagements et de ses infrastructures.

 

Statue du duc de Richelieu à Odessa

L’empereur Alexandre Ier nomma Alexandre Louis Andrault de Langeron gouverneur militaire, en remplacement de Richelieu, de la province de la Nouvelle Russie. Sous son commandement, les exportations de cette province atteignirent la somme de 14 millions de roubles par an (avec un maximum atteint en 1817). Ceci s’explique par le fait que Langeron avait déclaré le port d’Odessa, port franc, aucune taxe n’était donc perçue pour les marchandises arrivant par la ville. Il crée à Odessa le Lycée Richelieu, établissement d’élite permettant la formation des nouveaux émigrants venant de Grèce et des fils des riches marchands de la ville. Il supervise également la construction du Jardin botanique de la ville et du boulevard Primorsky (boulevard maritime). Odessa nomma une rue et une plage en son honneur et il est considéré comme un de ses fondateurs.

Le père Goriot de Balzac (publié en 1834), ruiné par ses filles, prunelles de ses yeux, espère se refaire à Odessa : « J’irai à Odessa pour y acheter du grain. Les blés valent là trois fois moins que les nôtres ne coûtent. »

À Odessa, Langeron fonda Le Messager de la Russie méridionale, journal en français lu par l’élite de l’époque. Le Messager de la Russie méridionale ou Feuille commerciale commença à paraître le 1er avril 1820. Chaque numéro (le journal paressait deux fois la semaine, le mardi et le vendredi) comporte deux parties : Nouvelles de l’intérieur (Russie) et Nouvelles de l’extérieur (Autriche, Angleterre, France, Espagne, etc.) Il était publié par les soins de l’éditeur Davallon, ancien agronome. La première imprimerie avait été fondée par un certain Rosset et rachetée à sa mort, en 1814, par la municipalité.

Sous Langeron, la population d’Odessa continue de croître, notamment grâce à l’immigration française, représentée par des éducateurs, des médecins, des artisans, des domestiques et des viticulteurs français ou suisses. En fait, la Nouvelle-Russie, comme toute l’Europe, regorge de Français : effet du trop-plein démographique d’un pays qui, avec ses quelque 30 millions d’habitants, surclasse tous ses voisins, mais aussi des émigrations politiques. Armand-Emmanuel de Saint-Priest, fils d’un ambassadeur à Constantinople, préside le tribunal ; le Marseillais Charles Sicard dirige la quarantaine maritime puis fonde des messageries ; Jacques de la Fère, ancien président du parlement de Rouen, gère les domaines agricoles de la Couronne ; Léon de Rochechouart dirige l’administration. Sans parler des petites gens, comme ce Peltier, soldat de la Grande Armée qui survit à la débâcle de 1812, épouse une Ukrainienne, mais conserve la nationalité française, et dont le petit-fils François-Louis devient un médecin de renom…