samedi 15 février 2025

Le Chat — Un agent conversationnel français très félin

mIAou, place au Chat

L'une des questions les plus pressantes du sommet de l'intelligence artificielle (IA) qui s'est tenu à Paris cette semaine était la suivante : l'assistant de Mistral AI est-il un chat ou un tchat (agent conversationnel) ? Baptisé Le Chat et développé par une jeune entreprise française pour concurrencer ChatGPT, il a été lancé sous la forme d'une application pour téléphone intelligent le 6 février. Pour les anglophones, Le Chat ressemble à une version française du tchat de l'IA comme chatGPT. Pourtant, lors du colloque, le président Emmanuel Macron l'a lancé en utilisant un « ch » doux comme dans le félin français. Arthur Mensch, 32 ans, patron de Mistral, affirme que son bébé est bien à quatre pattes. Regardez bien l'icône en forme de M, dit-il : c'est aussi une tête de chat.

Quelques jours après son lancement, Le Chat est devenu l'application iOS la plus téléchargée en France. Alimenté par des puces de Cerebras, un concurrent américain de Nvidia, il est beaucoup plus rapide à utiliser que d'autres assistants d'IA, dont ChatGPT. Comme le DeepSeek chinois, il utilise des modèles à source ouverte, mais contrairement à l'assistant d'IA chinois, Le Chat ne soulève pas de questions en matière de sécurité nationale pour les Européens. Le ministère français de la défense, ainsi que Helsing, une nouvelle entreprise allemande spécialisée dans les drones d'attaque intelligents, ont signé des accords avec Mistral. « Le Chat n'existe nulle part ailleurs en Europe », affirme Verity Harding, spécialiste britannique de l'IA. « En le téléchargeant, a déclaré M. Macron, vous aidez un champion européen.

Notez que l'interface gratuite du Chat sur Internet n'est qu'en anglais même s'il peut converser en français. Il passe aussi en français quand on s'inscrit.



Comme toujours, essayer de créer des champions était un message central à Paris, même s'il a été terni par une prise de bec avec J.D. Vance, le vice-président américain, au sujet de la réglementation. Les participants au sommet avaient promis une technologie « sûre, sécurisée et digne de confiance » ; M. Vance a accusé les dirigeants mondiaux de vouloir « étrangler » l'IA. La France a tout de même annoncé un investissement privé dans l'IA de 109 milliards d'euros (113 milliards de dollars) au cours des prochaines années, principalement en provenance de l'étranger, dont une grande partie sera consacrée aux centres de données qui peuvent utiliser l'électricité nucléaire à faible teneur en carbone du pays.

Ce coup de pouce au secteur français de l'IA dépasse largement les 39 milliards de livres sterling (49 milliards de dollars) que la Grande-Bretagne déclare vouloir consacrer à l'IA. Malgré tous ses déboires politiques, M. Macron s'est montré remarquablement enjoué lorsqu'il a cajolé des patrons et des dirigeants de sociétés technologiques étrangères autour de foie gras et de champagne au palais de l'Élysée.

Le Chat a encore du pain sur la planche. Il est peu connu, même en Europe. Mistral est un nain parmi les géants américains de la technologie. Mais à Paris, il a fait parler le monde de l'IA. Demandez au Chat d'expliquer son nom avec humour et il vous répondra : « un début de conversation et un coup marketing un déclencheur de conversations et un coup de patte marketing rrron-flant ». 


Source : The Economist 

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Repenser l'école à l'heure de l'IA

15 février 1839 — Pendaison des patriotes du Bas-Canada par les Britanniques

Extrait du film 15 Février 1839 relatant la pendaison de cinq patriotes cette journée-là dont Marie Thomas Chevalier de Lorimier et Charles Hindelang. Film québécois produit par le cinéaste indépendantiste Pierre Falardeau.

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23 juillet 1840 — Sanction royale de l’Acte d’union du Haut-Canada et du Bas-Canada


Le célèbre écrivain Jules Verne a écrit un roman portant sur la rébellion des Patriotes intitulé Famille-Sans-Nom. Écrit en 1887 le livre illustre la vie d'une famille du Bas-Canada pendant la rébellion des Patriotes. Le roman est paru en édition grand format illustré chez Hetzel en 1889, en deux parties. En parlant de la période de 1837-1838, Jules Verne voulait rappeler à ses compatriotes les problèmes qu'avait la communauté française au Québec à l'époque de la sortie de son livre, en 1888. [Plus de détails]

Illustration ci-contre tirée de cet ouvrage.

France — Instruction en famille : victoire en Cour d’appel de Versailles

Il aura fallu plusieurs années de persévérance à un couple franco-américain en IEF (instruction en famille) pour obtenir gain de cause. Accompagnés par notre association, notre président-avocat et la HSLDA (ligue du homeschooling aux Etats-Unis), la Cour d’appel de Versailles leur a donné raison avant-hier.

Bernard, Tracy et leur fils Emmanuel ont passé outre un refus d'instruction à la maison.

Le rectorat de Versailles dans une décision du 3 juillet 2023, suivi par le tribunal administratif de Versailles le 6 novembre 2023, avaient rejeté leur demande d’instruction en famille alors même qu’il faisait état que c’était la seule solution pour permettre à leur fils de rester bilingue, du fait de l’impossibilité pour l’enseignement public, de garantir le maintien de son bilinguisme.

Le père ayant eu des fonctions militaires importantes était également appelé à déménager très souvent et l’instruction en famille était un facteur de stabilité pour l’enfant.

L’enfant était également très précoce et diagnostiqué haut potentiel intellectuel. Les parents avaient finalement obtenu l’autorisation 2024-2025 mais ont persévéré pour demander l’annulation de la décision de refus de 2023-2024 devant la Cour administrative d’appel de Versailles.L’État ne peut contraindre à des frais de scolarité élevés

Par un arrêt rendu le 12 février 2025, la Cour administrative d’appel de Versailles a enfin reconnu que l’enfant avait bien une situation propre et a cassé le jugement de première instance validant celle du recteur d’académie et du DASEN des Yvelines.

Parmi les apports intéressants de cet arrêt, l’État ne peut, sous couvert de l’obligation scolaire, contraindre une famille à exposer des frais dans une école hors-contrat.

Les requérants auraient en effet étaient tenu de mettre leur enfant dans une école bilingue, exposant des frais de scolarité élevés, alors même que cette école était située très loin de leur domicile.

Une ouverture pour le choix d’une pédagogie alternative

Ceci pourra servir à des familles qui choisiront une pédagogie spécifique pour leur enfant, comme par exemple le choix la pédagogie Montessori, ne trouvent pas d’école publique adaptée, souhaitent donc choisir l’instruction en famille et sont confrontés à des frais très élevés des écoles hors contrat.

Le maintien du bilinguisme est donc ici considéré comme un critère pouvant justifier une situation propre à l’enfant motivant le projet éducatif.

Ceci ne doit pas faire oublier que toutes les familles sont confrontées aujourd’hui à de grandes difficultés avec de nombreux refus selon les académies, une discrimination territoriale doublée d’un grand flou sur les refus, avec une absence de chiffres au niveau régional et local, et donc un limpide manque de transparence, motif par motif, académie par académie, département par département.

…Malgré la chute vertigineuse de ce libre choix de l’instruction

Rappelons ainsi que nous sommes passés de 72.000 enfants instruits en famille en 2021 à 35.000 enfants instruits en famille en 2025, soit une chute de 57% de ce libre choix de l’instruction, et -36% par rapport à l’année dernière, selon le ministre de l’Education nationale le 16 janvier dernier à l’Assemblée nationale, au moment de l’évaluation de la loi par la Commission des lois.

Cette victoire masque également toute la difficulté de la jurisprudence du Conseil d’État qui nécessite de démontrer la plus-value de l’instruction en famille par rapport à la scolarisation à l’école. Une difficulté de plus pour les familles, qui doivent chaque année établir un dossier de plusieurs dizaines de pages sans aucune garantie toutefois d’obtenir l’autorisation, alors que s’ouvre de nouveau, à partir du 1er mars et jusqu’au 31 mai seulement, la période d’annualisation, elle-même liberticide.

Cette situation de précarité administrative doit cesser pour le bien de tous les enfants et pour éviter des marathons judiciaires comme celui-ci, qui ne sont pas suspensifs des décisions des recteurs d’académie et sont très onéreux en frais d’avocats. Comment admettre qu’une famille puisse avoir gain de cause après trois ans de procédures ?

Par ailleurs, comme l’a tweeté hier un autre avocat spécialiste d’éducation et d’instruction en famille, Me Fouret, d’autres victoires ont été obtenues devant les tribunaux administratifs de Nancy et Melun…, sans compter les situations de désobéissance civile, qui se multiplient (*).

Nous luttons pour une juste cause, celle de nos enfants, et tôt ou tard, nous finirons par l’emporter définitivement contre cette loi inique, à rebours de toutes les conventions internationales, comme l’ONU l’a rappelé à la France.

(*) Mardi prochain 18 février 2025 à 14h, le couple leader de l’association Enfance Libre, comptant plus de 140 familles en IEF et en désobéissance civile sur le territoire national, sont convoqués pour la seconde fois au tribunal correctionnel de Foix. Ils avaient déjà été condamnés à 500€ d’amende avec sursis chacun pour ne pas avoir déposé de demande d’autorisation. 

Source : Liberté éducation

Discours de J.-D. Vance devant les apparatchiks européistes à face de carême

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Le discours de J. D Vance en français : 

Merci à tous les délégués, sommités et professionnels des médias rassemblés, et merci tout particulièrement à notre hôte de la Conférence de Munich sur la sécurité d’avoir pu organiser un événement aussi incroyable. Nous sommes, bien sûr, ravis d’être ici.

L’une des choses dont je voulais parler aujourd’hui, ce sont bien sûr nos valeurs communes.

C’est formidable d’être de retour en Allemagne. Comme vous l’avez entendu tout à l’heure, j’étais ici l’année dernière en tant que sénateur des États-Unis. J’ai croisé le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy qui plaisantait en disant que nous avions tous les deux des postes différents l’année dernière de ceux que nous avons maintenant.

Mais il est désormais temps, dans nos pays, pour tous ceux qui ont eu la chance de se voir confier un pouvoir politique par nos peuples respectifs, de l’utiliser à bon escient pour améliorer leur vie. Et je tiens à dire que j’ai eu la chance, pendant mon séjour ici, de passer un peu de temps en dehors des murs de cette conférence au cours des dernières 24 heures. Et j’ai été très impressionné par l’hospitalité des gens alors qu’ils sont encore sous le choc de l’horrible attentat d’hier. La première fois que je suis venu à Munich, c’était avec ma femme, qui est ici avec moi aujourd’hui pour un voyage personnel. J’ai toujours aimé la ville de Munich et j’ai toujours aimé ses habitants.

Je tiens à dire que nous sommes très émus et que nos pensées et nos prières vont à Munich et à toutes les personnes touchées par le mal qui a été infligé à cette belle communauté. Nous pensons à vous, nous prions pour vous et il va de soi que nous vous soutiendrons dans les jours et les semaines à venir.

(Applaudissements)

J’espère que ce n’est pas la dernière salve d’applaudissements que je recevrai. Mais nous sommes réunis à cette conférence, bien sûr, pour discuter de sécurité.

La veille de l’ouverture de la Conférence de Munich sur la sécurité, jeudi 13 février, un conducteur a percuté volontairement un groupe de personnes dans la ville, faisant au moins une trentaine de blessés. Selon les autorités allemandes, l’auteur de l’attentat aurait été motivé par des revendications religieuses, criant « Allah Akhbar » à la suite de son arrestation.

Habituellement, nous parlons des menaces qui pèsent sur notre sécurité extérieure et je vois de nombreux hauts gradés réunis ici aujourd’hui. Mais alors que l’administration Trump est très préoccupée par la sécurité européenne et croit que nous pouvons parvenir à un règlement raisonnable entre la Russie et l’Ukraine, nous pensons également qu’il est important que l’Europe prenne des mesures importantes dans les années à venir pour assurer sa propre défense.

Car la menace qui m’inquiète le plus vis-à-vis de l’Europe n’est pas la Russie, ce n’est pas la Chine, ce n’est aucun autre acteur extérieur.

Et ce qui m’inquiète, c’est la menace de l’intérieur : le recul de l’Europe sur certaines de ses valeurs les plus fondamentales. Des valeurs partagées avec les États-Unis.

Or j’ai été frappé qu’un ancien commissaire européen puisse récemment s’exprimer à la télévision pour se réjouir que le gouvernement roumain annule une élection présidentielle. Il a averti que si les choses ne se déroulaient pas comme prévu, la même chose pourrait se produire en Allemagne également.

Ces déclarations cavalières sont choquantes pour les oreilles américaines.

Pendant des années, on nous a dit que tout ce que nous financions et soutenions l’était au nom de nos valeurs démocratiques communes. Tout — de notre politique envers l’Ukraine au numérique — est présenté comme une défense de la démocratie.

Mais lorsque nous voyons des tribunaux européens annuler des élections et de hauts fonctionnaires menacer d’en annuler d’autres, nous devons nous demander si nous nous imposons des normes suffisamment élevées. Et je dis « nous » parce que je crois fondamentalement que nous sommes dans la même équipe. Nous devons faire plus que parler de valeurs démocratiques. Nous devons les vivre maintenant, dans la mémoire vivante de beaucoup d’entre vous dans cette salle.

La guerre froide a opposé les défenseurs de la démocratie à des forces beaucoup plus tyranniques sur ce continent. Considérez le camp dans ce combat qui a censuré les dissidents, qui a fermé les églises, qui a annulé les élections : étaient-ils les gentils ? Certainement pas. Et Dieu merci, ils ont perdu la Guerre froide. Ils ont perdu parce qu’ils n’ont ni apprécié ni respecté tous les bienfaits extraordinaires de la liberté. La liberté de surprendre, de faire des erreurs, d’inventer, de construire. Il s’avère que l’on ne peut pas imposer l’innovation ou la créativité, tout comme on ne peut pas forcer les gens à penser, à ressentir ou à croire. Et ces deux choses sont sans aucun doute liées. Malheureusement, quand je regarde l’Europe aujourd’hui, on ne sait pas toujours très bien ce qui est arrivé à certains des vainqueurs de la Guerre froide.

Je regarde Bruxelles, où des commissaires européens avertissent les citoyens qu’ils ont l’intention de fermer les réseaux sociaux en période de troubles civils dès qu’ils repèrent ce qu’ils ont jugé être, je cite, du « contenu haineux ».

Ou bien dans ce pays même, où la police a mené des descentes contre des citoyens soupçonnés d’avoir publié des commentaires antiféministes en ligne dans le cadre, je cite toujours, de la lutte contre la misogynie sur Internet.

Je me tourne vers la Suède, où le gouvernement a condamné il y a deux semaines un activiste chrétien pour avoir participé à des incendies de Corans, qui ont entraîné le meurtre de son ami. Comme l’a fait remarquer de manière effrayante le juge dans son affaire, les lois suédoises, censées protéger la liberté d’expression, n’accordent pas, et je cite, « un laissez-passer » pour faire ou dire n’importe quoi sans risquer d’offenser le groupe qui détient cette croyance.

Peut-être plus inquiétant encore, je me tourne vers nos très chers amis du Royaume-Uni, où le recul des droits de conscience a mis en péril les libertés fondamentales des Britanniques, en particulier des croyants. Il y a un peu plus de deux ans, le gouvernement britannique a accusé Adam Smith Connor, un kinésithérapeute de 51 ans et ancien combattant, du crime odieux d’avoir prié en silence pendant trois minutes à 50 mètres d’une clinique d’avortement. Il n’a gêné personne, n’a interagi avec personne ; il a simplement prié en silence. Après que les forces de l’ordre britanniques l’eurent repéré et lui eurent demandé pour quelle raison il priait, Adam a répondu simplement qu’il priait pour le fils qu’il aurait pu avoir avec son ex-petite amie et qu’ils avaient fait avorter des années auparavant.

Les agents sont restés de marbre et Adam a été reconnu coupable d’avoir enfreint la nouvelle loi gouvernementale sur les « zones tampons », qui criminalise la prière silencieuse et d’autres actions susceptibles d’influencer la décision d’une personne dans un rayon de 200 mètres autour d’un centre d’avortement. Il a été condamné à payer des milliers de livres de frais de justice à l’accusation.

J’aimerais pouvoir dire que c’était un hasard, un exemple unique et fou d’une loi mal écrite, promulguée contre une seule personne — mais non.

En octobre dernier, il y a quelques mois à peine, le gouvernement écossais a commencé à distribuer des lettres aux citoyens dont les maisons se trouvaient dans des zones dites « d’accès sécurisé », les avertissant que même la prière privée chez eux pouvait constituer une infraction à la loi. Naturellement, le gouvernement a exhorté les lecteurs à signaler tout citoyen soupçonné de crime d’opinion en Grande-Bretagne et dans toute l’Europe.

La liberté d’expression, je le crains, est en recul.

Et dans un souci d’humour, chers amis, mais aussi dans un souci de vérité, je serai prêt à admettre que parfois, les voix les plus fortes en faveur de la censure ne viennent pas d’Europe, mais de mon propre pays — où l’administration précédente a menacé et intimidé les réseaux sociaux pour qu’ils censurent ce qu’elle appelait la désinformation. La désinformation, notamment l’idée que le coronavirus s’était probablement échappé d’un laboratoire en Chine. Notre propre gouvernement a encouragé les entreprises privées à faire taire les personnes qui osaient dire ce qui s’est avéré être une vérité évidente.

Je viens donc ici aujourd’hui non seulement avec une observation, mais aussi avec une proposition. L’administration Biden semblait prête à tout pour faire taire les gens qui exprimaient leur opinion : l’administration Trump fera exactement le contraire. Et j’espère que nous pourrons travailler ensemble à Washington.

Il y a un nouveau shérif en ville.

Sous la direction de Donald Trump, nous pouvons être en désaccord avec vos opinions, mais nous nous battrons pour défendre votre droit de les exprimer sur la place publique. Êtes-vous d’accord ? Nous en sommes au point où la situation est devenue si critique qu’en décembre dernier, la Roumanie a carrément annulé les résultats d’une élection présidentielle sur la base des vagues soupçons d’une agence de renseignement et des énormes pressions de ses voisins continentaux.

Si j’ai bien compris, l’argument était que la désinformation russe avait infecté les élections roumaines. Mais je demanderais à mes amis européens de prendre du recul : vous pouvez penser qu’il est mal que la Russie achète des publicités sur les réseaux sociaux pour influencer vos élections. Nous le pensons également. Vous pouvez même le condamner sur la scène mondiale. Mais si votre démocratie peut être détruite avec quelques centaines de milliers de dollars de publicité numérique provenant d’un pays étranger, alors c’est qu’elle n’était pas très solide au départ.

La bonne nouvelle, c’est que je pense que vos démocraties sont nettement moins fragiles que ce que beaucoup de gens craignent apparemment.

Et je pense fondamentalement que permettre à nos citoyens d’exprimer leur opinion les rendra encore plus forts.

Ce qui, bien sûr, nous ramène à Munich — où les organisateurs de cette conférence ont interdit aux législateurs représentant les partis populistes de gauche et de droite de participer à ces conversations.

Or, là encore, nous ne sommes pas obligés d’être d’accord avec tout ou partie de ce que les gens disent, mais lorsque des personnes, lorsque des dirigeants politiques représentent une circonscription importante, il nous incombe au moins de dialoguer avec eux. Or pour beaucoup d’entre nous, de l’autre côté de l’Atlantique, tout cela ressemble de plus en plus à de vieux intérêts bien établis qui se cachent derrière des mots hideux de l’ère soviétique tels que désinformation et mésinformation, et qui n’aiment tout simplement pas l’idée que quelqu’un ayant un point de vue différent puisse exprimer une opinion différente ou, Dieu nous en préserve, voter différemment ou, pire encore, gagner une élection.

Nous sommes à une conférence sur la sécurité.

Et je suis sûr que vous êtes tous venus ici prêts à parler de la manière exacte dont vous comptez augmenter les dépenses de défense au cours des prochaines années, conformément à un nouvel objectif que vous vous êtes fixé. Et c’est très bien, car, comme le président Trump l’a clairement indiqué, il estime que nos amis européens doivent jouer un rôle plus important dans l’avenir de ce continent.

Nous ne pensons pas que vous entendiez bien ce terme de partage du fardeau — mais nous pensons qu’il est important, dans le cadre d’une alliance commune, que les Européens prennent le relais pendant que l’Amérique se concentre sur les régions du monde qui sont en grand danger. Mais laissez-moi également vous demander comment vous allez même commencer à réfléchir aux questions budgétaires si nous ne savons pas ce que nous défendons en premier lieu ?

J’ai eu de très nombreuses conversations intéressantes avec beaucoup de personnes réunies ici dans cette salle. J’ai beaucoup entendu parler de ce dont vous avez besoin pour vous défendre — et, bien sûr, c’est important. Mais ce qui m’a semblé un peu moins clair, et certainement à de nombreux citoyens européens, c’est la raison exacte pour laquelle vous vous défendez : quelle est la vision positive qui anime ce pacte de sécurité partagé que nous considérons tous comme si important ? Or je crois profondément qu’il n’y a pas de sécurité si vous avez peur des voix, des opinions et de la conscience qui guident votre propre peuple.

L’Europe est confrontée à de nombreux défis, mais la crise à laquelle ce continent est actuellement confronté, la crise à laquelle nous sommes tous confrontés ensemble, je crois, est une crise que nous avons nous-mêmes provoquée. Si vous craignez vos propres électeurs, l’Amérique ne peut rien faire pour vous. D’ailleurs, vous ne pouvez rien faire non plus pour le peuple américain qui m’a élu et qui a élu le président Trump. Vous avez besoin de mandats démocratiques pour accomplir quoi que ce soit de valable dans les années à venir. N’avons-nous rien appris ? Que les mandats faibles produisent des résultats instables ? Mais il y a tant de choses utiles qui peuvent être accomplies avec le type de mandat démocratique qui, je pense, viendra d’une plus grande écoute des voix de vos citoyens.

Si vous voulez profiter d’économies compétitives, si vous voulez profiter d’une énergie abordable et de chaînes d’approvisionnement sûres, alors vous avez besoin de mandats pour gouverner, car vous devez faire des choix difficiles pour profiter de toutes ces choses. Nous le savons très bien en Amérique : on ne peut pas obtenir un mandat démocratique en censurant ses adversaires ou en les mettant en prison, qu’il s’agisse du chef de l’opposition, d’un humble chrétien en train de prier ou d’un journaliste qui tente de rapporter l’actualité.

On ne peut pas non plus en obtenir un en ignorant son électorat de base sur des questions aussi centrales que celle de savoir qui peut faire partie de notre société commune.

Et de tous les défis urgents auxquels sont confrontés les pays représentés ici, je crois qu’il n’y a rien de plus urgent que l’immigration de masse.

Aujourd’hui, près d’une personne sur cinq vivant dans ce pays est venue de l’étranger. C’est bien sûr un record historique. C’est un chiffre similaire, d’ailleurs, aux États-Unis, également un record historique. Le nombre d’immigrés entrés dans l’Union en provenance de pays non membres de l’Union a doublé rien qu’entre 2021 et 2022. Et bien sûr, il a encore augmenté depuis.

Et nous connaissons cette situation. Elle ne vient pas de nulle part. C’est le résultat d’une série de décisions conscientes prises par des politiciens de tout le continent et d’autres à travers le monde sur une période d’une décennie. Nous avons vu les horreurs engendrées par ces décisions hier dans cette ville même. Je ne peux pas en parler sans penser aux terribles victimes qui ont vu une belle journée d’hiver à Munich gâchée. Nos pensées et nos prières les accompagnent et les accompagneront toujours.

Mais pourquoi cela s’est-il produit ? C’est une histoire terrible, mais que nous avons entendue bien trop souvent en Europe et, malheureusement, bien trop souvent aussi aux États-Unis. Un demandeur d’asile, souvent un jeune homme d’une vingtaine d’années, déjà connu de la police, fonce dans une foule avec sa voiture et détruit une communauté. Combien de fois devrons-nous subir ces revers épouvantables avant de changer de cap et de donner une nouvelle direction à notre civilisation commune ? Aucun électeur de ce continent n’est allé aux urnes pour ouvrir les vannes à l’entrée non contrôlée de millions d’immigrés.

Les Anglais ont voté pour le Brexit. Que vous soyez d’accord ou non, ils ont voté pour. Et de plus en plus, partout en Europe, les gens votent pour des dirigeants politiques qui promettent de mettre fin à une immigration incontrôlée. Il se trouve que je partage bon nombre de ces préoccupations mais vous n’êtes pas obligé d’être d’accord avec moi. Je pense simplement que les gens se soucient de leur foyer, de leurs rêves, de leur sécurité et de leur capacité à subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants.

Et ils sont intelligents. Je pense que c’est l’une des choses les plus importantes que j’ai apprises au cours de mon bref passage en politique.

Contrairement à ce que l’on peut entendre à Davos, les citoyens de tous nos pays ne se considèrent généralement pas comme des animaux éduqués ou comme des rouages interchangeables d’une économie mondiale. Et il n’est guère surprenant qu’ils ne veuillent pas être ballotés ou impitoyablement ignorés par leurs dirigeants. C’est le rôle de la démocratie de trancher ces grandes questions par les urnes. Je crois que rejeter les gens, rejeter leurs préoccupations ou, pire encore, fermer les médias, interrompre les élections ou exclure les gens du processus politique ne protège rien. En fait, c’est le moyen le plus sûr de détruire la démocratie. S’exprimer et exprimer ses opinions n’est pas une ingérence électorale, même lorsque les gens expriment des opinions en dehors de votre propre pays, et même lorsque ces personnes sont très influentes.

Et croyez-moi, je dis cela avec humour, si la démocratie américaine peut survivre à dix ans de réprimandes de Greta Thunberg, vous pouvez survivre à quelques mois d’Elon Musk. Mais ce à quoi aucune démocratie, qu’elle soit allemande, américaine ou européenne, ne survivra, c’est de dire à des millions d’électeurs que leurs pensées et leurs préoccupations, leurs aspirations, leurs demandes d’aide sont invalides ou ne méritent même pas d’être prises en considération. La démocratie repose sur le principe sacré que la voix du peuple compte. Il n’y a pas de place pour les cordons sanitaires. Soit vous défendez le principe, soit vous ne le faites pas.

Le peuple européen a une voix. Les dirigeants européens ont le choix.

Je suis fermement convaincu que nous n’avons pas à avoir peur de l’avenir. Vous pouvez accepter ce que votre peuple vous dit, même si c’est surprenant, même si vous n’êtes pas d’accord. Et si vous le faites, vous pouvez affronter l’avenir avec certitude et confiance, en sachant que la nation vous soutient tous. C’est là, pour moi, que réside la grande magie de la démocratie. Elle ne se trouve pas derrière les murs en pierre épaisse de ces bâtiments ou ces beaux hôtels. Elle ne se trouve même pas dans les grandes institutions que nous avons construites ensemble en tant que société partagée.

Croire en la démocratie, c’est comprendre que chacun de nos citoyens a de la sagesse et une voix. Et si nous refusons d’écouter cette voix, même nos combats les plus fructueux n’aboutiront à rien. Comme l’a dit un jour le pape Jean-Paul II, qui est à mon avis l’un des plus grands défenseurs de la démocratie sur ce continent ou ailleurs : n’ayez pas peur. Nous ne devons pas avoir peur de notre peuple, même lorsqu’il exprime des opinions qui ne sont pas en accord avec ses dirigeants. Merci à tous. Bonne chance à vous tous. Que Dieu vous bénisse.

Pour McGill maintenant, l'exigence de compétence en français pourrait devenir un plus


L'exigence de compétence pourrait être une « caractéristique distinctive » pour l'université

Après avoir d'abord clamé que les nouvelles exigences en matière de français pour les nouveaux étudiants non québécois pourraient dissuader les recrues potentielles, l'Université McGill affirme maintenant que cette politique pourrait devenir une « caractéristique distinctive » de l'université plutôt qu'un obstacle à l'inscription.

« Cela pourrait être un avantage », a déclaré Christopher Manfredi, doyen de l'université, lors d'une réunion publique la semaine dernière.

« Nous pouvons prendre quelque chose dont nous pensons qu'il va nous nuire et dire qu'il s'agit en fait d'une caractéristique distinctive de Mcgill - que vous viendrez à McGill et que vous deviendrez compétent dans une autre langue », a-t-il ajouté.

M. Manfredi a cité en exemple les étudiants qui s'intéressent à l'industrie aérospatiale. Il s'agit d'une industrie internationale, avec des centres à Montréal, en France, au Brésil et aux États-Unis.

« Quelqu'un qui étudie l'ingénierie aérospatiale à McGill et qui apprend l'anglais et le français, le monde s'ouvre à lui », a-t-il déclaré.

« C'est pourquoi (l'université peut envisager) cette question comme un moyen de distinguer Mcgill plutôt que comme une raison d'éviter McGill ».

Le président de l'université, Deep Saini, a ajouté : « L'apprentissage d'une autre langue est une bonne chose et, à Mcgill, nous sommes particulièrement bien placés pour tirer parti de cette situation », car l'université est située dans une province francophone.

À partir de l'automne 2025, 80 % des étudiants non québécois nouvellement inscrits dans les (trop nombreuses) universités anglaises du Québec devront atteindre un niveau intermédiaire de compétence orale en français avant d'obtenir leur diplôme.  (Il s'agit d'un niveau de base (B2) pour un universitaire...) L'Université McGill et l'Université Concordia se verront imposer des pénalités financières si elles n'atteignent pas cet objectif. [Voir Les cris d'orfraie lassants des universités anglophones au Québec et étudiants non québécois atteindront un niveau B2 de français au diplôme.]

La politique a été annoncée en décembre 2023 par la ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry, et concerne les trois universités anglophones du Québec.

Elle est intervenue quelques semaines après que McGill, Concordia et Bishop's ont proposé que 40 % des étudiants non francophones inscrits à des programmes de premier cycle atteignent un niveau de français intermédiaire au moment de l'obtention de leur diplôme.

Leur proposition visait à convaincre le gouvernement Legault d'annuler la hausse de 8 000 $ des frais de scolarité pour les étudiants du reste du Canada qui étudient au Québec.

Par la suite, M. Déry a cédé et a ramené cette hausse à 3 000 dollars, mais a imposé une exigence plus stricte en matière de français, déclarant que le pourcentage d'étudiants devant atteindre un niveau de français intermédiaire serait de 80 %.

Le gouvernement de la Coalition Avenir Québec a déclaré que la hausse des frais de scolarité était nécessaire pour réduire le nombre d'étudiants non francophones dans la province, suggérant que les étudiants canadiens non québécois contribuaient à angliciser Montréal.

Immédiatement après l'annonce, M. Saini a qualifié le plan de M. Déry de « totalement irréaliste ».

« De nombreux étudiants sont attirés par la culture unique et riche du Québec et s'efforcent d'apprendre le français afin de pouvoir construire leur vie ici après l'obtention de leur diplôme », a déclaré M. Saini dans un communiqué publié en décembre 2023.

Repenser l'école à l'heure de l'IA

Chronique de Luc Ferry paru dans le Figaro du jeudi 13 février.

J’évoquais il y a peu ici même l’échec de « Lucie », cette IA soutenue par l’éducation nationale qu’on a dû retirer d’urgence tellement elle était nulle. L’idée de départ, pourtant, était bonne, car il va bien falloir un jour s’emparer sérieusement du sujet. Avec l’IA, certains s’imaginent qu’on pourra enfin donner chair à l’idéal porté dans l’après-68 d’un monde scolaire où tout deviendrait ludique, un monde où on supprimerait enfin toute forme d’ennui à l’école, fût-ce au prix d’un anéantissement de la notion même de perfectibilité par le travail. Avec l’IA tout deviendrait facile, il suffirait de questionner un modèle de langue de grande taille (MLGT) enfin débarrassé des «hallucinations» qui caractérisaient ses premiers pas pour avoir réponse à toutes les questions ou peu s’en faut, qu’il s’agisse de faire un devoir d’histoire, de science, de littérature ou de philosophie. Plus de travail à faire à la maison, plus d’ennui à l’école! Victoire du «jeu interactif» universel vers lequel l’IA pourra emmener tous ceux qui veulent « jouir sans entraves » !

En travaillant à notre place, l’IA pourra nous débarrasser de toute forme de pénibilité. Le problème, c’est qu’on peut bien faire travailler quelqu’un (en l’occurrence quelque chose, une machine) à sa place, mais on ne peut pas penser à notre place. Si l’IA devait non seulement supprimer une quantité faramineuse d’emplois salariés, mais en outre ôter à nos enfants le soin de penser par eux-mêmes, d’acquérir des connaissances et plus encore d’en comprendre le sens, les IA génératives faisant quasiment tout le travail scolaire pour eux, nous risquerions tout simplement de voir en quelques générations l’humanité sombrer dans la bêtise et l’obscurantisme. Il est crucial ici de bien comprendre la différence entre « sens » et « connaissance ».

L’IA est des millions de fois plus savante que moi grâce aux connaissances qu’on lui a fait ingurgiter, mais comme elle ne possède par elle-même ni valeurs ni émotions, pour elle tout se vaut! Car ce sont nos valeurs qui donnent du sens aux connaissances. Quand on écoute la radio le matin, on s’indigne, on s’attriste, on rit, bref, on donne du sens à ce qu’on entend à partir de ses valeurs. Pour L’IA, tout est équivalent, ses codes éthiques, esthétiques et politiques n’étant pas vécus par elle mais imposés par un programmateur. D’où le caractère irremplaçable du travail personnel, comme le notait déjà Kant dans ses Réflexions sur l’éducation : il est, écrivait-il, « de la plus haute importance que les enfants apprennent à travailler… C’est une idée fausse de s’imaginer que si Adam et Eve étaient demeurés au Paradis, ils n’auraient rien fait d’autre que d’être assis ensemble, chanter des chants d’Arcadie et contempler la beauté de la nature. L’ennui les eût bien vite torturés… »
Je suis convaincu qu’interdire tout usage de l’IA dans le cadre scolaire serait aussi vain qu’au final nuisible. Il me semble plus intelligent d’adapter la pédagogie à cette nouvelle donne en demandant par exemple aux étudiants de poser leurs questions à l’IA multimodale, de citer ses réponses, puis de les résumer avant d’en faire la critique, de les discuter et de les compléter, un exercice qui pourrait être tout à fait pertinent sur un plan pédagogique
On peut engager une personne pour faire le ménage ou pour entretenir son jardin, on ne peut pas engager quelqu’un pour penser et construire sa vie à sa place. Pas davantage une IA… La valorisation républicaine [pas au Royaume-Uni ou au Royaume de Belgique ?] du travail marque ainsi comme par avance une rupture radicale avec l’idéal de ces patrons de l’IA qui plaident pour un revenu universel de base. Pour autant, je suis convaincu qu’interdire tout usage de L’IA dans le cadre scolaire serait aussi vain qu’au final nuisible. Il me semble plus intelligent d’adapter la pédagogie à cette nouvelle donne en demandant par exemple aux étudiants de poser leurs questions à L’IA multimodale, de citer ses réponses, puis de les résumer avant d’en faire la critique, de les discuter et de les compléter, un exercice qui pourrait être tout à fait pertinent sur un plan pédagogique.

Pour en donner une autre illustration à l’école primaire, on montre aux enfants une carte de Noël et on leur demande de la décrire à l’IA pour qu’elle génère une image identique. On compare ensuite le résultat avec l’original et en général, les différences proviennent du fait que les enfants n’ont pas utilisé les mots exacts et les phrases correctes pour décrire ce qu’ils voyaient. On les invite alors à recommencer en employant les mots justes jusqu’à ce que la ressemblance soit convaincante – un exercice qui les obligera à soigner leur expression. On pourrait bien sûr donner bien d’autres exemples dans le domaine de la biologie, de la géographie, de la physique ou de la chimie, où les jumeaux numériques permettent de visualiser et même de pratiquer des expériences de manière extraordinaire, mais ce qui est certain, c’est qu’il y a urgence à organiser la complémentarité entre l’IA et l’élève, car, en toute hypothèse, on n’arrêtera pas le raz de marée…
 

IA; 300 millions d’emplois menacés - Luc Ferry
(Ferry pratique goulûment l'anglicisme, ainsi prompts = invites, affinages, requêtes). Luc Ferry exagère à notre avis la précision de l'IA actuelle qui, malgré son savoir encyclopédique, peine à composer des programmes d'informatique corrects dès que la tâche est un tant soit peu complexe et originale. Les IA, même les dernières versions, hallucinent encore (c'est notamment dû aux transformateurs qui sont très bons pour générer du texte qui semble cohérent mais n'est pas nécessairement exact.)

Voir aussi

Le Chat — Un agent conversationnel français très félin