samedi 27 septembre 2008

Le Petit Robert — mots à orthographe multiple

Alain Rey, le plus célèbre des linguistes, lance un pavé dans la mare en proposant dans son Petit Robert 2009 des mots écrits d’une manière différente de celle des autres dictionnaires. Son but : simplifier notre langue. Le dictionnaire encyclopédique Hachette avait déjà fait ce choix en 2002.

Orthographe rectifiée

Près de 6 000 des 60 000 mots (dont 400 nouveaux) y figurent avec plusieurs orthographes : la traditionnelle et celle souvent dérivée de sa prononciation usuelle. La plupart de ces modifications sont des mots composés que l'on a soudés ou des emprunts aux langues étrangères qui ont été francisés. Cela donne par exemple « millepatte », « bassecour », « parebrise », « pizzéria »,... Acuponcture voisine avec acupuncture.

Nouveaux mots

En ce qui concerne la langue française, de nouveau mots issus des secteurs de l'informatique, du sport et de l'environnement ont été ajoutés. On pourra lire et employer les mots « blogosphère », « glaciériste », « réfugié climatique », « bioéthanol » ou encore « écoparticipation » (taxe pour financer le recyclage).


« Le français n’est pas en décrépitude »

Avec la malice et la gourmandise qui le caractérisent, Alain Rey assume. L’évolution de la langue française, il est vrai, c’est son credo : « Les gens ont toujours une idée unitaire de la langue française, or il y a autant de types de français que d’usages dans le monde francophone. Si on lisait aujourd’hui du Montaigne comme il écrivait à son époque, ce serait illisible. Un ouvrage original de Racine semblerait bourré de fautes : aujourd’hui, il aurait une sale note ! » Alain Ray répond à ceux qui l'accuseraient de contribuer au déclin de la langue française : « Le français n’est pas en décrépitude. C’est si on ne le laisse pas vivre qu’il reculera ! » Alain Rey justifie son dépoussiérage : « Un choix militant, dans le sens où je suis pour une plus grande démocratisation de l’orthographe, trop raide. Il ne s’agit pas de choquer, simplement de donner, avec une prudence de Sioux, quelques exemples de simplification acceptables. »

De plus en plus de cégépiens écrivent mal le français

Les élèves de cégep ont de plus en plus de difficulté à écrire correctement le français. Selon le quotidien Le Soleil, le nombre de cegépiens qui se sont inscrits au cours de rattrapage pour le français a augmenté de 36 % entre 2002 et 2006.

Selon la Fédération des cégeps, cette augmentation peut s'expliquer par les difficultés grandissantes des jeunes Québécois en français. Généralement, ces cours de mise à niveau sont imposés aux élèves qui ont leur diplôme d'études secondaires en poche, mais dont la moyenne générale en français est faible. On peut d'ailleurs se demander à la lumière de ces faiblesses grandissantes ce que ce diplôme d'études secondaires peut bien encore indiquer quant au niveau des connaissances en français de ces diplômés.

Selon les données fournies par la Fédération des cégeps, le nombre d'inscriptions à ces cours est passé de 4 700 en 2002 à 6 400 en 2006.

Les cours de mise à niveau — dont la réussite est obligatoire — permettent de revoir des notions de base : grammaire, orthographe, syntaxe, ponctuation, etc. En cas d'échec, dans la plupart des cégeps, l'élève recommence le même cours de mise à niveau...

Toutefois la réussite au cours de mise à niveau n'est pas un gage de succès pour la suite. Le nombre de fautes permis est deux fois plus élevé que dans les cours de français habituels : une erreur tous les 15 mots plutôt qu'une erreur tous les 30 mots.

Selon Patrick Moreau, professeur de français de cégep au Collège Ahuntsic et auteur du livre Pourquoi nos enfants sortent-ils de l'éco­le ignorants ?, « La langue s'enseigne de plus en plus mal dans les écoles. La majorité ont des lacunes énormes et ils ont de la difficulté à exprimer clairement leurs idées, surtout à l'écrit. »

On se console comme on peut : dans le subjectif

Chantale Lebel, enseignante de français au Cégep Limoilou interrogée par le Soleil, voit dans ces résultats quel­ques lueurs d'espoir : « Je ne sais pas s'ils sont vraiment moins bons à l'écrit, mais une chose est sûre, c'est qu'ils ont plus d'idées, dit-elle. Parfois, ça sort tout croche, mais ils ont de quoi argumenter. »

Encore faudrait-il voir ce qui est qualifié d'arguments, la régurgitation confuse du prêt-à-penser ?

France — École secondaire, la violence entre les lignes

Qu’est-ce que la violence dans les écoles secondaires (les collèges) des quartiers difficiles de France ? Que se passe-t-il dans les têtes de ces élèves capables du pire et du meilleur et qui rendent souvent la tâche difficile aux professeurs ? Une équipe da la télévision publique française a passé trois semaines dans un établissement dit sensible, anciennement ZEP (zone d'éducation prioritaire), dans le quartier du Neuhof à Strasbourg. Une dizaine de faits graves ont été signalés à la justice l’année dernière.