vendredi 17 juin 2022

France — Les élèves du hors contrat victimes d’une organisation chaotique du bac

Comme tous les autres candidats, les élèves de terminale des écoles hors contrat ont passé pour la première fois le nouveau baccalauréat. De nombreux dysfonctionnements sont pourtant pointés du doigt dans l’organisation de leurs épreuves.


 

À l’instar des événements du Stade de France, le passage du baccalauréat pour les élèves du hors contrat montre, lui aussi, les limites de l’État en matière d’organisation. Trois ans après l’entrée en vigueur du fameux « bac Blanquer », l’édition 2022 était la première à ne pas être impactée par l’épidémie de Covid-19. Pour la première fois, les nouvelles modalités du bac sont organisées pour les plus de 700 000 candidats : épreuves de spécialité, grand oral, part importante de contrôle continu,… Pourtant, les 4 000 élèves de terminale scolarisés dans le hors contrat ont jusqu’ici été confronté à différentes injustices, allant d’une différence de traitement dans les épreuves à la désorganisation de l’État.

De graves défaillances dans l’organisation

« En mai, lors des épreuves de spécialité, on a fait face à de nombreux dysfonctionnements, » signale à Famille Chrétienne Anne Coffinier, présidente de l’association Créer son école. Dans un communiqué publié il y a peu, l’association dénonce même « une négligence qui s’apparente à de la maltraitance. » En cause ? Les conditions d’organisation déplorables de nombreuses épreuves. Les exemples sont légion. Anne Coffinier cite par exemple celui-ci : « Alors que des élèves étaient convoqués dans l’immense Parc des expositions de Villepinte, il n’y avait aucune signalétique pour les guider. Pire : l’entrée indiquée sur leur convocation était fermée à clef. Les candidats n’ont pu y pénétrer qu’en entrant par un grillage déchiré… »

Pap Ndiaye à l’Éducation nationale, la mauvaise surprise

Le père d’une lycéenne passant son bac cette année raconte également le passage d’une épreuve orale de latin. Convoquée avec des camarades à 14 heures à la maison des examens d’Arcueil, sa fille se retrouve confrontée à une administration ne connaissant pas l’existence de cette épreuve et à l’absence de l’examinateur. Ce dernier arriva finalement avec deux heures de retard et divisa alors le groupe en deux. La première partie put passer l’épreuve, l’autre devait revenir le lendemain. Ces défaillances ne sont malheureusement pas des exceptions regrette Anne Coffinier qui expose d’autres exemples hallucinants. « Lors des épreuves de spécialité, les convocations ont souvent été envoyées au dernier moment aux établissements. Par exemple au collège Stanislas, à Paris, lors des premières épreuves, l’établissement avait été prévenu qu’il était centre d’examen la veille à 20 heures… Le lendemain à 9 heures, quand les candidats se sont rendus sur place, rien n’était prêt bien sûr ! » Antoine, élève de terminale dans un établissement hors contrat de région parisienne a conscience du désintérêt de l’Éducation Nationale pour eux : « On est la cinquième roue du carrosse ! À presque toutes mes épreuves, je sentais l’exaspération des examinateurs de devoir faire passer l’examen à des élèves du hors contrat ! »

« Un bac à deux vitesses »

Dans le nouveau baccalauréat, 40 % de la note finale est attribuée au contrôle continu. Pourtant, cette nouveauté ne concerne pas les candidats du hors contrat. Les notes reçues pendant l’année dans ces établissements ne sont pas reconnues par l’Éducation Nationale. Les élèves ont donc dû passer des « épreuves ponctuelles » dans chaque matière afin de remplacer le contrôle continu. Antoine témoigne : « On a le sentiment que les épreuves que nous avons passées sont plus dures que le contrôle continu dans les lycées publics et sous-contrat… La perspective de jouer toute sa note sur une épreuve plutôt que sur l’ensemble des notes de l’année est tout de même assez stressante ! » « On a donc un bac à deux vitesses, dénonce Anne Coffinier. Tout le monde a le même diplôme mais les gens le passent différemment. Cela montre bien que ce sont des élèves de seconde zone pour l’Éducation Nationale ».

Pourtant, ces difficultés ont-elles été mises volontairement sur la route des candidats du hors contrat ? « La question de l’intentionnalité est toujours compliquée… Ce que je sais c’est que l’Éducation Nationale ne souhaite pas le développement des écoles indépendantes. On cherche à leur compliquer l’existence pour les décourager, ça c’est clair ! » Afin de faire toute la lumière sur les défaillances du bac 2022, l’association Créer son école a demandé la constitution d’une commission d’enquête afin de définir les responsables d’une telle désorganisation et obtenir une compensation pour les élèves ayant subi des préjudices. Affaire à suivre donc…


Source : Famille chrétienne