lundi 1 novembre 2021

Bjorn Lomborg : « Le changement climatique n’est pas la fin du monde »

Comme Michael Shellenberger, Bjorn Lomborg, statisticien danois, considère qu’il existe des problèmes plus prioritaires que le réchauffement climatique. Bjorn Lomborg, fondateur du réseau pensant le Copenhagen Consensus Center, s’interroge sur un discours alarmiste et contre-productif. Chroniqueur au Wall Sreet Journal, il est résolument confiant dans les capacités d’innovation de l’humanité. Il a accordé un entretien à l’hebdomadaire français Le Point

 


Le Point — Vous estimez que la peur du changement climatique est exagérée. Pourquoi ?

Bjorn Lomborg. — Le changement climatique ne représente qu’une infime partie des centres d’intérêt du Copenhagen Consensus Center. En son sein, nous cherchons à savoir comment utiliser les ressources collectives au mieux, pour le plus grand bénéfice de l’humanité. Or il s’avère qu’il existe de nombreux autres domaines dans lesquels on peut faire beaucoup de bien par dollar dépensé. Les maladies infectieuses, la nutrition des jeunes enfants, la santé maternelle et néonatale… Par exemple, chaque année, 1,5 million de personnes meurent de la tuberculose. Pourquoi n’en parlons-nous pas davantage ? Nous ne devrions pas nous concentrer uniquement sur le réchauffement de la planète.

Je suis spécialiste en sciences sociales : je prends pour argent comptant ce que les spécialistes des sciences naturelles nous disent, à savoir que le réchauffement climatique est réel, qu’il est dû à l’homme et aux gaz à effet de serre, et qu’il aura un certain nombre d’effets négatifs significatifs. Mais, face à ces faits, je pose la question suivante : quel sera son véritable impact ? Par exemple, on prévoit que le niveau des mers augmentera de 0,5 à 1 mètre d’ici la fin du siècle. Dans le monde, 187 millions de personnes vivent sur des terres situées à moins d’un mètre du niveau moyen ou élevé de la mer. On entend régulièrement dire que 187 millions de personnes vont devoir déménager d’ici la fin du siècle, ou même que 187 millions de personnes vont se noyer. C’est faux. Tout d’abord, elles ne se noieront pas, car elles auront quatre-vingts ans pour se préparer. Surtout, en disant cela, nous faisons comme si aucune nation n’allait construire davantage de défenses maritimes. Or, à mesure que le niveau de la mer va augmenter, la plupart des sociétés vont évidemment mieux s’en protéger. En tenant compte de l’enrichissement à venir de nos sociétés, peut-être qu’environ 300 000 personnes, selon mes calculs, devront se déplacer, sur une population d’environ 9 milliards d’individus. C’est un résultat très différent : l’un est une catastrophe, l’autre est un problème. C’est pourquoi j’estime que le changement climatique n’est pas la fin du monde.

– Le problème migratoire sera aggravé par d’autres problèmes : plus le monde se réchauffe, moins il y a de lieux adaptés à la vie humaine…

– Il y a certainement un ensemble de défis à affronter. Mais rappelez-vous qu’en 1900, par exemple, les gens avaient une vision pessimiste de l’avenir. Entre-temps, l’humanité a développé énormément de solutions, que personne ne prévoyait, comme les antibiotiques ou Internet. De même, nous faisons l’erreur de ne pas prendre en compte le fait qu’à la fin du siècle, selon la plupart des scénarios, nous vivrons plus longtemps, nous serons mieux éduqués, et nous aurons des revenus plus élevés. Les gens devront se déplacer, mais seront mieux lotis à presque tous les égards.

Bjorn Lomborg
— Selon les projections économiques, le changement climatique aura également un impact sur le PIB…

– Le seul économiste spécialiste du climat à avoir reçu le prix Nobel d’économie, William Nordhaus, estime que d’ici la fin du siècle, si nous ne faisons rien, le coût du changement climatique se situera entre 3 et 4 % du PIB. N’oubliez pas que d’ici là, notre PIB par personne sera bien plus important qu’il ne l’est aujourd’hui. Cela signifie que nous serons mieux lotis, mais seulement un peu moins que si le réchauffement climatique n’existait pas. Une histoire très différente de celle selon laquelle « nous allons tous mourir ».

– Des boucles de rétroaction non linéaires — quand des conséquences environnementales néfastes rétroagissent sur leurs causes, ce qui accroît le phénomène — pourraient avoir des effets fort néfastes. Il est donc rationnel de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter une situation très improbable, mais à haut risque : que la Terre devienne inhabitable.

– Tout à fait. L’économiste et lauréat du prix Nobel Thomas Schelling a été l’un des premiers à faire cette remarque en 1992. Mais vous ne pouvez pas vous contenter de souligner l’existence d’une probabilité non nulle que quelque chose de terrible se produise pour justifier qu’on la traite en priorité sur les autres. Pourquoi alors ne pas en faire davantage pour prévenir une guerre nucléaire, le bioterrorisme, la gelée grise ou les risques liés à l’intelligence artificielle ? Il existe un nombre presque infini de risques qui pourraient potentiellement éradiquer l’humanité et contre lesquels nous pourrions dépenser une quantité infinie d’argent. Or nous ne le faisons pas. Un exemple : à la fin des années 1990, des scientifiques ont commencé à repérer dans l’espace des objets géocroiseurs — des astéroïdes qui pouvaient frapper la Terre et éradiquer l’humanité. La Nasa avait la possibilité de cartographier la plupart d’entre eux, mais le Congrès américain a refusé de dépenser les sommes nécessaires. Au lieu de vouloir sauver l’humanité en nous concentrant sur un seul sujet, il vaut donc mieux nous assurer qu’à l’avenir nos enfants et petits-enfants soient plus prospères et savants et se tirent seuls d’affaire.

– Vous soulignez aussi certains impacts positifs du changement climatique. Quels sont-ils ?

– Dans l’ensemble, le réchauffement climatique a bien plus d’impacts négatifs que positifs [Il n’est pas évident que ce bilan soit négatif dans des pays très froids comme le Québec.] Pour autant, ceux-ci existent : ainsi le monde est devenu beaucoup plus vert au cours des trente dernières années grâce aux émissions de CO2. On n’en parle jamais ! Ou encore, aujourd’hui, il y a environ neuf fois plus de décès dus au froid qu’à la chaleur. Mais, avec l’augmentation des températures, il y a plus de morts causées par le froid évitées que de morts supplémentaires provoquées par la chaleur, même si cette tendance risque à terme de s’inverser.

– Si l’on vous suit, il faut s’attaquer au changement climatique avec prudence. Que recommandez-vous ?

–  À la fin des années 2010, les Nations unies ont constaté que ces années avaient été une « décennie perdue » à cause d’opportunités manquées. Il était impossible de savoir, concluaient-elles dans un rapport, si les actions entreprises depuis 2005 avaient eu un effet. Malgré quinze ans de discussions dans diverses conférences, la situation semblait figée. Il est évident que certains pays, durant cette période, se sont décarbonés, mais, dans le même temps, la Chine s’est enrichie et a émis bien plus de carbone. Cela suggère que la méthode actuelle, de surcroît fort coûteuse, n’est pas la bonne. Que faire alors ? Pour commencer, examiner le coût des effets du changement climatique et le comparer à celui de la politique environnementale à mettre en œuvre : c’est ce que fait l’économie du climat. On devrait imposer une taxe carbone faible, mais croissante sur toutes les émissions de gaz à effet de serre, de préférence au niveau mondial, afin de réduire les pires effets du réchauffement. Mais cela ne sera pas suffisant. C’est pourquoi nous avons aussi besoin d’innovation. Nous essayons de résoudre un problème significatif avec une méthode qui n’a jamais fonctionné auparavant : demander à nos congénères de vivre avec moins. En regard, nous avons toujours, historiquement, répondu aux défis qui se posaient à nous par l’innovation. Dans les années 1960, lorsque nous nous sommes inquiétés de la pénurie de nourriture en Afrique et en Asie du Sud, on a lancé la « révolution verte ». Nous devrions faire de même pour l’énergie.

– Certaines solutions innovantes peuvent créer des problèmes pires que les avantages qu’elles apportent. Prenez, par exemple, la géo-ingénierie [l’ensemble des techniques et pratiques mises en œuvre ou projetées dans une visée corrective à grande échelle d’effets de la pression anthropique sur l’environnement, NDLR].

– Tout ce que nous pourrons faire pour réduire les émissions aura forcément un impact négatif. Cependant, je n’ai jamais prôné la géo-ingénierie, car elle est potentiellement dangereuse. J’estime, en revanche, que nous devrions mener des recherches pour savoir si elle est ou non une option envisageable. Plus largement, il est réaliste de penser que les grandes découvertes prendront du temps : elles se produiront plutôt au cours du prochain demi-siècle.

– Vous avez été souvent pris pour cible par des experts qui vous reprochent de faire un mauvais usage des modèles scientifiques. Quelle est votre réponse ?

–  Je prends ces critiques au sérieux. Pour autant, je suis rarement critiqué pour utiliser de bons ou de mauvais modèles, mais parce qu’on n’apprécie pas mes conclusions politiques. On m’accuse de sous-estimer le coût du changement climatique, mais je cite en réalité la seule personne à avoir obtenu le prix Nobel d’économie pour ce travail. Certes, il est peu probable qu’une seule personne ait cerné l’ensemble du domaine de manière absolument correcte, mais il est légitime, lorsque tant de militants veulent dépenser des milliers de milliards d’euros pour lutter contre le changement climatique, d’évaluer avec soin son ampleur et ses conséquences.

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La Norvège défend l’environnement et les hydrocarbures… avec l'argent du pétrole et du gaz

Alors que le Premier ministre du Québec, François Legault, se vante d’interdire toute exploration et exploitation des hydrocarbures au Québec (voir le gisement Old Harry), la Norvège  joue résolument sur les deux tableaux : l’environnement (elle bénéficie d'un fort secteur hydroélectrique comme le Québec) et le pétrole pour maximiser ses chances de profiter de la conjoncture.


 

Le professeur Alejandro Varela pousse la porte de la salle et jette un œil. Il grimace. « Il y en a quatre qui ne viennent plus », dit-il. Il salue son collègue installé sous un écran géant noirci de formules mathématiques. Le cours de géophysique est désert. Seuls trois étudiants y participent, deux Italiens et un Ghanéen. Ils recopient les équations énoncées en anglais par l’enseignant. Celui-ci parle à voix basse, mais chacun l’entend dans cet amphi oublié conçu pour une centaine de personnes. « On sera bientôt plus nombreux que nos élèves », souffle Alejandro, Vénézuélien de 47 ans, titulaire d’un doctorat de géologie obtenu au Texas, employé depuis plus de dix ans à Stavanger, berceau de l’industrie pétrolière norvégienne. L’université est l’une des meilleures du pays, mais, pour lui, la rentrée s’annonce catastrophique. Les maîtrises spécialisées dans les hydrocarbures n’attirent que 35 postulants. Trois fois moins qu’il y a cinq ans ! Pourtant, il se démène. Il a rebaptisé sa discipline : plus question d’y faire apparaître « pétrole » ou « gaz », seules les « sciences de la Terre » y sont mentionnées. Mais rien ne bouge. « On nous a prévenus qu’il fallait remonter les courbes, sinon on risque de fermer le département », poursuit Alejandro.

Le désamour s’explique : sensibles [sensibilisés] à l’urgence climatique, les jeunes boudent les métiers polluants. Sauf qu’il frappe un lieu emblématique. C’est ici, sur les côtes de Stavanger, que l’ex-compagnie américaine Esso a entrepris, en 1966, ses premiers forages. Et que la folie de l’or noir a suivi, avec la découverte du gisement géant Ekofisk et la ruée des multinationales. C’est aussi ici que se bâtit la richesse d’un pays de 5,3 millions d’habitants, devenu le premier producteur de pétrole d’Europe de l’Ouest et le troisième exportateur mondial de gaz, derrière la Russie et le Qatar. Un demi-siècle plus tard, Stavanger et ses 140 000 âmes ont oublié les boîtes de sardines décorées de leur Viking moustachu, jadis l’unique ressource du coin. Le baril a transformé la vie des habitants des petites maisons de bois colorées. Le salaire moyen avoisine les 10 000 euros [14 300 $ canadiens] mensuels, et le sandwich aux crevettes roses, les 15 euros [21,4 $ canadiens]. Alors, au fond du fjord, derrière les façades de verre de l’université, les malheurs d’Alejandro illustrent le dilemme norvégien : comment défendre son statut de champion des hydrocarbures face au défi écologique ? Côté pile, tout va bien. La Norvège affiche de grandes ambitions environnementales : 70 % des voitures vendues sont électriques ; les véhicules essence ou diesel disparaîtront des catalogues en 2025 ; 93 % de l’électricité provient des barrages, et le chauffage au fioul est banni depuis l’an passé. Quant aux taxes sur les émissions de CO2, le pays prévoit de les quadrupler à l’horizon 2030. Objectif ? Atteindre la neutralité carbone en 2050, conformément à l’accord sur le climat.

Côté face, c’est plus compliqué. Les autorités protègent les puits, pourtant responsables d’un tiers des émissions. Pas question de fermer les robinets : la manne représente 14 % du PIB, plus de 40 % des exportations et près de 200 000 emplois. Et qu’importe si l’Agence internationale de l’énergie préconise l’arrêt immédiat des développements de nouveaux gisements afin de respecter les critères de 2050. Certes, la classe politique s’accorde à penser que l’ère pétrolière s’achèvera un jour, mais ce jour appartient à un horizon lointain.

Tentation. À la chambre de commerce de Stavanger, un homme incarne la procrastination norvégienne : Ulf Rosenberg, une carrière consacrée à l’énergie, influent conseiller de la ville et tromboniste à ses heures perdues. Il déplie une carte constellée de pastilles noires. On y dénombre 37 champs récemment découverts — y compris en mer de Barents, la nouvelle province pétrolière et gazière arctique — et prêts à jaillir au cours des deux prochaines années. « Il y en a pour au moins 30 milliards d’euros d’investissements, affirme-t-il, enthousiaste, 45 milliards en comptant large. » Il désigne deux pépites sous-marines, l’une toute au nord, Wisting, l’autre à l’ouest, Noaka : « Si les autres ont des réserves de 100 millions de barils, ces deux-là peuvent en atteindre 500 millions. » Abandonner le pétrole et le gaz ? « Pourquoi ? Vous voulez dépendre de Poutine et de l’Algérie ? » répond-il. Avant d’ajouter, se voulant rassurant : « On n’augmente pas nos investissements, ils restent stables. »

Et ce n’est pas le nouveau gouvernement travailliste issu des élections de septembre qui entend freiner le rythme. « On se concentrera sur les petits champs », a tout de même précisé le Premier ministre Jonas Gahr Store, un francophile, ancien de Sciences Po Paris. Un engagement qui laisse perplexe. « Ils ont besoin d’une grosse découverte pour maintenir l’activité, alors ils accorderont de nouvelles licences d’exploration », regrette l’expert Jon Evang, de l’Institut Zero, organisme chargé de conseiller la nouvelle équipe au pouvoir sur la stratégie environnementale. « Ce n’est plus “fore, bébé, fore”, poursuit-il en reprenant le credo des lobbys pétroliers, mais “fore encore un petit peu plus”. » 

Autre symptôme du malaise : la lenteur avec laquelle le pays procède à la fermeture de sa dernière mine de charbon, dans l’archipel arctique du Svalbard. Une échéance fixée à 2023 vient enfin de tomber. Mais, d’ici là, l’exploitant a reçu l’autorisation de gonfler sa production. Résultat, sur la scène politique, les positions se crispent. Le nouveau gouvernement a échoué à rallier le Parti socialiste de gauche, pourtant candidat à la coalition. « On demandait la fin de l’exploration, mais ils veulent encore produire pendant vingt à vingt-cinq ans », souligne la députée Kari Elisabeth Kaski, 34 ans, connue pour avoir arraché, il y a deux ans, l’interdiction des projets de forage au large des îles Lofoten, où se trouve la plus grande barrière de corail en eaux froides. « Il va falloir que l’on pousse au Parlement en menaçant de ne pas voter le budget. »

Statu quo. En face, les partisans du statu quo soignent leurs arguments. Et usent d’une tactique : jouer sur les deux tableaux. Oui, il faut continuer, mais en participant à la transition verte, affirment-ils. À Stavanger, au siège de la compagnie nationale Equinor (ex-Statoil), détenue à 70 % par l’État, les professions de foi écologiques s’enchaînent. L’énergie éolienne ? Une capacité de 12 à 16 gigawatts, essentiellement en mer, arrivera sur le marché d’ici à 2030, soit l’équivalent de 13 réacteurs nucléaires. L’hydrogène ? Des projets se développent dans le nord de l’Angleterre et en Allemagne. La capture et le stockage de dioxyde de carbone ? Un partenariat voit le jour avec Shell et Total. « Mais on veut que tout cela soit profitable, nuance Philippe Mathieu, un Français chargé de la stratégie du groupe. Et, pour assurer le financement, nous avons besoin de l’argent généré par nos activités d’hydrocarbures. »

Du coup, l’affaire risque de traîner. Le plan d’Equinor prévoit qu’en 2030 la moitié des investissements ira aux énergies renouvelables. On en est loin. Pour l’heure, 5 % leur sont alloués.

[…]

[L]e pays peut compter sur un fabuleux trésor : son fonds souverain — le plus élevé du monde —, estimé à 1 162 milliards d’euros, alimenté par les taxes pétrolières et prospérant via ses placements en actions auprès de 8 800 entreprises, au point de détenir 1,5 % de la capitalisation boursière de la planète. Une simple remontée des cours et ses réserves gonflent de 100 milliards d’euros ! Or ce magot — quatre fois le PIB du pays —, destiné à payer les retraites des futures générations, personne n’entend y toucher. Il réconforte. « Après la guerre, on était le pays le plus pauvre d’Europe, explique Ingrid, venue d’Oslo en famille visiter le musée du pétrole à Stavanger. On tient à notre niveau de vie. » Puis, se tournant vers son fils qui s’extrait d’une capsule sous-marine exposée : « Tu te souviens des intérêts dégagés cette année par notre fonds ? » « Plus de 10 % », répond-il sans hésiter.

À Oslo, le ministre du Climat et de l’Environnement, Espen Barth Eide, est, lui, catégorique. « Si demain la production pétrolière s’interrompt, cela n’empêchera pas le fonds d’augmenter, même lentement. » Mais, là encore, on le pare d’une identité verte pour masquer ses origines fossiles. « Nous souhaitons qu’il investisse dans des firmes engagées dans une stratégie zéro carbone », poursuit le ministre. Un bas de laine gorgé d’or noir qui sert à donner des leçons de vertu. Ainsi va le paradoxe norvégien… « Bien sûr qu’on a une responsabilité morale, admet l’ex-vice-ministre de l’Énergie Tony Christian Tiller, 40 ans, fier de se rendre en bus à son bureau. D’ailleurs, nos taxes sur le carbone remontent aux années 1990, quand d’autres subventionnaient encore leurs industries fossiles. »

[…]

Pétrole : 1er producteur en Europe
Les plus grands producteurs de pétrole brut en 2019, en millions de barils par jour


Gaz : 3e exportateur mondial
Exportations nettes de gaz naturel en 2019, en milliards de mètres cubes


(Source : BP Statistical Review of World Energy 2020.)

Le pétrole brut et le gaz naturel représentent 42 % de la valeur totale des exportations norvégiennes de marchandises en 2020.

Source : Le Point

Voir aussi 

The Guardian : nous avions tort au sujet du pic pétrolier (2012) 

Quarante-neuf prédictions écoapocalyptiques qui ne se sont jamais réalisées  

Côte d'Ivoire : « Découverte majeure » de pétrole et de gaz naturel (2021)

Alaska : gisement géant de 1,2 milliard de barils (168 millions de tonnes de brut) (2017)

Chine : découverte du plus grand gisement de pétrole de schiste jamais découvert (2021)

Turquie : découverte de 405 milliards de mètres cubes de gaz naturel en mer Noire (2021)

Abou Dhabi : 22 milliards de barils de pétrole non conventionnel récupérables ont été découverts (2020)

Mexique : l'une des dix « découvertes [de pétrole] les plus importantes au monde au cours des 15 dernières années » (2018)

Bahrein : découverte du plus grand champ pétrolier jamais découvert sur le territoire (2018)

« Urgence climatique » — Le point de rupture à nouveau reporté ? (Pas grave, les gens oublient)

Greta La Science Thunberg devant le Congrès : « Même avec 1 ° C, un nombre inacceptable de vies perdues »

Climat et élèves en grève : « On ne veut pas mourir dans 10 ans » (m-à-j)

Allemagne — les élèves qui ne manifestent pas pour le climat « ont un problème ».

Québec — consommation d’antidépresseurs a augmenté de 68 % chez jeunes filles au cours des 5 dernières années
 

Les États-Unis bientôt premier producteur de pétrole grâce aux schistes... Que fait le Québec ?

 

États-Unis — 34% des étudiants blancs ont menti sur leur race pour être admis ou bénéficier d'aides

Résumé :

  • 34 % des Américains blancs qui ont fait une demande d’admission dans une université américaine admettent avoir menti quant à leur appartenance à une minorité raciale.
  • 48 % des gens ayant menti ont déclaré être amérindiens (« autochtones américains »).
  • Les trois quarts des blancs ayant prétendu appartenir à une minorité raciale ont été acceptés par les universités auxquelles ils avaient menti.

Chaque année, des candidats à l’université remplissent des dossiers d’admission, dans l’espoir que leurs notes, leurs activités extrascolaires et leurs lettres de recommandation leur permettront de se démarquer et d’être acceptés dans l’établissement de leur choix.

Cependant, certains candidats falsifient leur race afin de profiter des politiques diversitaires ou obtenir des aides financières plus importantes.

Intelligent.com a demandé à 1 250 candidats blancs âgés de 16 ans et plus s’ils avaient menti dans leur dossier de candidature en indiquant qu’ils appartenaient à une minorité raciale.

34 % des Américains blancs qui ont fait une demande d’admission dans une université américaine admettent avoir menti

 
L’enquête indique que 34 % des Américains blancs ayant fait une demande d’inscription à l’université ont faussement déclaré dans leur dossier qu’ils appartenaient à une minorité raciale.

La première raison pour laquelle les candidats ont feint appartenir à une minorité est d’améliorer leurs chances d’être admis (81 %). Cinquante pour cent l’ont fait pour bénéficier d’aides financières destinées aux minorités.

Les hommes sont trois fois plus tendance que les femmes de mentir sur leur race dans une demande d’admission à l’université. Quarante-huit pour cent des hommes interrogés ont déclaré appartenir à une minorité dans leur demande d’admission à l’université, contre seulement 16 % des femmes.

Le mensonge varie également selon les groupes d’âge, 43 % des personnes âgées de 35 à 44 ans et 41 % des 16-24 ans admettent avoir simulé leur appartenance à une minorité raciale lors de leur candidature à l’université.

Ces taux sont plus faibles pour les 25-34 ans (31 %), les 45-54 ans (28 %) et les 54 ans et plus (13 %).


 Le statut d’amérindien est la minorité la plus souvent revendiquée

Près de la moitié des répondants qui ont menti sur leur appartenance à une minorité (48 %) se sont identifiés comme Amérindiens dans leur demande.

13 % ont déclaré être Latino, 10 % ont déclaré être Noirs et 9 % ont déclaré être Asiatiques ou Insulaires du Pacifique.

Deux fois plus d’hommes que de femmes ont déclaré être d’origine amérindienne sur leur demande (54 % contre 24 %). En outre, une femme sur quatre (24 %) a déclaré être latina. Les femmes sont également deux fois plus susceptibles que les hommes de prétendre être noires (18 % contre 8 %).

Selon Kristen Scatton, rédactrice en chef d’Intelligent.com, la prévalence des candidats qui prétendent avoir des ancêtres amérindiens est peut-être due au fait que, pour de nombreux Américains, un petit pourcentage de leur ADN provient d’une tribu amérindienne. [Les Américains d’origine africaine ont environ 1,0 % d’haplotypes amérindiens (de sang indien) et ceux d’Europe occidentale environ 0,1 % ou 0,2 %.]

« Les candidats à l’université qui tentent de rehausser leur candidature en prétendant appartenir à une minorité raciale peuvent s’appuyer sur l’idée que de nombreux Américains d’origine européenne ont un peu d’ADN amérindien dans leur lignée », explique M. Scatton. « Toutefois, les recherches ont montré que ce n’est pas si fréquent, en particulier chez les Américains blancs. Mais les candidats misent sur le fait qu’aucune université ne va leur demander de fournir un échantillon d’ADN pour vérifier. »

Plus de 3/4 des étudiants blancs ayant simulé leur appartenance à une minorité ont été acceptés

En outre, 77 % des blancs qui ont prétendu appartenir à une minorité raciale dans leur dossier de candidature ont été acceptés par les universités auxquels ils ou elles ont menti.

Bien que d’autres facteurs aient pu avoir joué un rôle dans leur admission, 85 % des candidats de première année ayant indiqué avoir menti pensent que leur prétendue appartenance à une minorité raciale a facilité leur admission par l’université de leur choix. [...]

Source : Intelligent

Voir aussi

Presque Noir : L'histoire vraie de comment j'ai été reçu en faculté de médecine en prétendant être noir (Almost Black: The True Story of How I Got Into Medical School By Pretending to Be Black) est le récit de Vijay Jojo Chokal-Ingam, d'extraction indo-pakistanaise. Il y relate comment il a été reçu dans une des meilleures écoles de médecine des États-Unis en prétendant être noir malgré ses notes nettement inférieures à la moyenne des candidats reçus.

  • 352 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 1483576043
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-1483576046