La police prévient crier (« shouting ») punissable de 1000 $ d'amende |
La grande noirceur canadienne
par Mathieu Bock-Côté
Il faudra bien un jour cesser de se faire croire que le Canada est un pays de liberté.
Le Canada est devenu le laboratoire d’une expérience idéologique inédite où, au nom de la « diversité », s’installe une censure, directe et indirecte, officielle et officieuse, assumée et hypocrite.
Le dernier épisode en date de cette censure touche le livre Nègres blancs d’Amérique – cet ouvrage classique de Pierre Vallières, central dans l’histoire de la pensée québécoise, dont le titre, depuis quelques années, fait scandale. [Lire aussi : Orwell — chien de garde fédéral (CRTC) ordonne à Radio-Canada de s'excuser pour avoir prononcé le mot « nègre »]
Nous le savons, il suffit de prononcer le titre de cet ouvrage à la télévision, en classe, ou ailleurs, pour qu’immédiatement se lèvent des militants fanatiques, qui font semblant de ressentir un traumatisme chaque fois qu’ils l’entendent.
Radio-Canada
Ils s’offusquent qu’on ose prononcer ce qu’ils appellent le « mot en n », même si c’est dans un contexte purement explicatif, à l’université ou dans une émission d’affaires publiques.
On le sait, le CRTC vient de rendre un « jugement » lunaire, qui réprimande Radio-Canada et lui demande de s’excuser pour avoir permis qu’on le prononce en ondes, dans le cadre, justement, d’une chronique consacrée au livre de Vallières.
La logique du CRTC ?
Dans notre société organisée autour du culte de la diversité, il faut tenir compte des tabous qui structurent chaque communauté. Qui ne le fait pas blasphème. Qui blasphème doit être puni.
Mais qui parle au nom de ces « communautés » autoproclamées ? Qui a le droit de se dire officiellement bafoué, insulté, blessé ? Qui sont les interprètes consacrés des blessures communautaires ?
Souvent des militants braillards et sans talent qui trouvent dans les lamentations victimaires la seule manière d’exister publiquement. C’est le cas dans la présente histoire.
Citons le CRTC. Il affirme que les « titulaires autorisés ont la responsabilité de diffuser des émissions conformes en tout temps aux normes établies par la société ».
Traduisons ce charabia.
Écoutez Les idées mènent le monde, une série balado qui cherche a éclairer, à travers le travail des intellectuels, les grands enjeux de sociétés. Cela revient à dire que la liberté d’expression est conditionnée aux normes sociales du moment, et qu’il ne sera plus possible de remettre en question les dogmes et les discours qui dominent la vie publique.
Cela accorde un privilège immense à ceux qui ont le pouvoir de définir médiatiquement ces normes.
Mais soyons honnêtes : le CRTC se contente ici de transformer en principe explicite le conformisme social écrasant qui domine les élites canadiennes.
Le Canada ne permet pas de débats sur le multiculturalisme, il ne permet pas de débats sur l’immigration massive, il ne permet pas de débats sur la discrimination positive, il ne permet pas de débats sur la théorie du racisme systémique. [Le Québec n'emprunte-t-il pas le même chemin dans ses écoles :Voici le cours de citoyenneté qui remplacera celui d'Éthique et culture religieuse ?]
En fait, qui ose en débattre est cloué au pilori.
Censure
Se lèvent automatiquement contre lui les vents mauvais d’une haine idéologique qui se réclame de la vertu.
Évidemment, le Québec ne respecte pas ces règles débiles. Son histoire est différente, sa culture aussi, mais le Canada ne l’accepte pas.
Et c’est parce qu’il ne s’y soumet pas que l’intolérance canadienne à son endroit est plus vive que jamais.
La grande noirceur, c’est maintenant. Et elle n’est plus québécoise. [C'est une concept de progressistes anti-cléricaux très exagéré] Elle est canadienne.