dimanche 17 mars 2024

France — Projet de loi visant les «Conversations privées, gare à la délation !»

Mise à jour du 17 mars


Billet du 12 mars


Texte de Bock-Côté sur le même thème paru dans Le Figaro du 16 mars

La proposition de loi votée en première lecture par l’assemblée nationale «visant à renforcer la réponse pénale contre les infractions à caractère raciste, antisémite ou discriminatoire » peut surprendre, dans la mesure où elle projette d’étendre la pénalisation de ce qu’on appelle communément les discours haineux dans le domaine privé. Son promoteur semble surpris qu’on puisse s’y opposer : il soutient que cette proposition de loi n’innove en rien, ne change en rien la caractérisation des délits, et actualise seulement un dispositif répressif nécessaire, dans un contexte marqué par la renaissance de l’antisémitisme, suite au 7 octobre.

Mais la référence au 7 octobre semble surtout servir de prétexte. Car le véritable contexte est autre. Depuis plusieurs années, plusieurs sociétés occidentales ont voulu mettre en place un appareil juridique pour traquer les propos haineux dans le domaine privé. La lutte contre la haine justifie tout, et des lois sont élaborées pour persécuter ceux qui s’en rendraient coupables. L’écosse comme l’irlande ont montré jusqu’où cette volonté pouvait conduire. Mais l’abolition de la distinction entre le public et le privé n’est-elle pas la marque distinctive du totalitarisme, qui met toujours en place non seulement une police de la pensée mais aussi une police des arrièrepensées ?

On nous répond alors que la proposition de loi ne vise pas les propos strictement privés - en gros, ceux qui sont tenus dans la chambre à coucher - mais les propos tenus dans le domaine « non public ». Cette distinction jésuitique, ou orwellienne, devrait-on dire, est censée nous rassurer. On y verra surtout une manière comme une autre d’étendre la société de surveillance à des domaines de l’existence qui, autrefois, étaient sanctuarisés. Elle donne ainsi aux pouvoirs publics de s’immiscer dans les boucles Whatsapp, dans les groupes Facebook privés, pour pénaliser d’éventuels propos jugés litigieux.

Elle permet aussi de surveiller et de sanctionner les propos haineux qui se tiennent, par exemple, sur un lieu de travail. Le principal promoteur de la PPL a ainsi expliqué qu’on pourrait sanctionner un homme qui dirait à un autre «sale juif ». Certes. Mais c’est ici qu’on bute sur la question de la définition des propos haineux. Car le domaine de ces derniers n’a cessé de s’étendre depuis quelques années. Sera-t-il possible, ainsi, de pénaliser celui qui, dans une conversation à la machine à café, oserait affirmer qu’il y a en France un « grand remplacement », quand on sait que cette formule est systématiquement associée par la presse de gauche à une théorie conspirationniste et raciste? Il ne s’agit pas ici de reprendre cette formule à notre compte mais de savoir quel sort sera réservé à celui qui le ferait.

Quel sort réservera-t-on à celui qui, contestant la valeur de la théorie du genre, refusera de croire qu’un homme puisse devenir une femme et osera blaguer à ce sujet? Faudra-t-il sanctionner celui qui se permettra quelques observations sur les liens entre l’insécurité et l’immigration? Ou le farceur, plus ou moins maladroit, qui, au second degré, se moquera de tel ou tel article du dogme diversitaire? On nous répondra peut-être qu’il appartiendra aux tribunaux d’en juger - ce qui ne devrait rassurer personne, quand on voit le bilan de ces derniers. C’est un effet d’engrenage qui s’enclenche. Et quoi qu’on en dise, tôt ou tard, les dîners tomberont aussi sous le coup de la loi. La vie privée sera placée sous surveillance étatique.

Surtout, la pénalisation des propos dans le domaine «non public» s’accompagne par définition d’un appel à la délation généralisé, chacun devant surveiller son prochain pour s’assurer qu’il ne dérape pas, qu’il ne sort pas du cadre de la loi, qu’il ne tient pas des propos que l’ordre idéologico-juridique de notre temps prescrit. Et que faire de ceux qui se seront tus, et n’auront pas dénoncé ? Seront-ils considérés comme complices de l’odieux propos? On devrait pourtant savoir que la transformation du délateur zélé en citoyen exemplaire vient avilir l’esprit civique d’un peuple et semer une méfiance globale qui détruit le lien politique et fait régner partout le soupçon.

Ajoutons que la définition de la haine ne cessant de s’étendre, on ne sait jamais à quel moment tel propos hier anodin sera d’un coup jugé litigieux. Les lois qui sanctionnent le délit d’opinion favorisent à la fois l’autocensure et le règne de l’arbitraire, et marquent au fer rouge le déviant idéologique qu’il faudra un jour priver de ses droits civiques. Le délit d’opinion n’est-il pas que la forme sécularisée du délit de blasphème d’autrefois? J’ai cru comprendre que le simple fait de remettre en question une telle loi suffisait à étiqueter un homme à « l’extrême droite ». Étrange société qui est parvenue à se convaincre que la défense de la société libérale est le masque du fascisme.

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Écosse : projet de loi prévoit de poursuivre les discours « haineux » tenus chez soi

Boeing : victoire des diversitaires pieux, déboires dans les cieux

Les résultats financiers de Boeing sont mauvais (voir le graphique ci-dessous), ses avions connaissent des avaries embarrassantes, mais la compagnie américaine a décidé d’appuyer sur l’accélérateur diversitaire : elle embauchera plus de personnes de couleurs et ses cadres seront dorénavant aussi récompensés pour leurs résultats selon des critères wokes. 

Les voyageurs anxieux auront des sueurs froides en voyant les photos d’un trou béant dans le fuselage d’un Boeing 737 MAX 9 d’Alaska Airlines, creusé à 15 000 pieds (4 600 mètres) après le décollage de l’avion au-dessus de l’Oregon, le 5 janvier dernier. Les investisseurs nerveux auront la même réaction face aux cours des actions de Boeing et de Spirit AeroSystems, une société issue de la scission du constructeur aéronautique en 2005. Spirit a fabriqué le fuselage et la pièce défaillante, un orifice dans la cellule où certains modèles MAX 9 peuvent avoir une sortie de secours. La valeur boursière des deux entreprises a chuté respectivement de 8 % et de 11 % à la suite de l’incident.

Par miracle, personne n’a été grièvement blessé ; si l’avion s’était rapidement dépressurisé à une altitude plus élevée, l’issue aurait pu être pire. La cause précise du dysfonctionnement n’a pas encore été élucidée. L’avion, livré à Alaska Airlines le 11 novembre, était flambant neuf. Des sorties de secours similaires inutilisées avaient été installées sans problème sur une version précédente du 737.


Le plus gros problème pour Boeing est que cet épisode renforce l’impression qu’il a perdu son chemin. La descente du champion américain de l’aérospatiale, autrefois de haut vol, a commencé en octobre 2018, lorsqu’un 737 MAX s’est écrasé en Indonésie. Cinq mois plus tard, le même modèle s’est écrasé en Éthiopie. Les deux catastrophes étaient liées à des problèmes de logiciel de contrôle de vol et ont conduit à l’immobilisation de toute la flotte de 737 MAX pendant 20 mois, le temps que le logiciel soit corrigé. Boeing a payé environ 20 milliards de dollars d’amendes et de compensations. Les critiques ont reproché à l’entreprise d’accorder trop d’attention à la redistribution de l’argent aux actionnaires et pas assez à l’ingénierie. Dave Calhoun, le nouveau directeur général nommé début 2020 pour redorer le blason de Boeing, a promis de ramener l’entreprise à ses racines, à savoir l’excellence technique.

À lui seul, le retard du 777x a coûté au moins 8 milliards de dollars à l’entreprise. L’incident survenu dans l’Oregon ne fera qu’aggraver la situation, en obligeant l’entreprise à revoir ses processus de production. Boeing n’a pas réalisé de bénéfices annuels depuis 2018. Il accuse un retard de 4800 à 7300 commandes d’avions court-courriers par rapport à son grand rival européen, Airbus. Il s’efforce de réembaucher les travailleurs qualifiés licenciés pendant l’accalmie du covid-19 alors qu’il tente d’augmenter la production du 737 MAX de 38 par mois à 50 d’ici 2025-26, afin de répondre à la forte demande des compagnies aériennes qui font face à une recrudescence des vols de « revanche » après la pandémie.

Entretemps, des documents déposés par Boeing auprès de la Commission des opérations de bourse (SEC) révèlent qu’au début de l’année 2022, le plan de primes annuelles destiné à récompenser le PDG et les cadres pour leur contribution à l’augmentation des bénéfices et à la sécurité a été modifié pour les récompenser s’ils atteignent les objectifs en matière de « diversité, équité et inclusion » (DEI).

Elon Musk a réagi à cette révélation : « Voulez-vous prendre place dans un avion où la priorité est donnée à l’embauche de DEI plutôt qu’à votre sécurité ? C’est ce qui se passe actuellement. »

Boeing s’est aussi donné comme défi d’augmenter de 20 % le taux de représentation des Noirs parmi ses employés aux États-Unis.






74 % des Québécois inquiets de l'augmentation du nombre de « demandeurs d'asile »

Dans l’ensemble de la province, 74 % des gens se disent «beaucoup ou plutôt préoccupés» par le fait que le Québec, en 2024, reçoit davantage de demandes d’asile qu’auparavant.

Une proportion qui s’élève à 78 % dans la région métropolitaine de recensement (RMR) de Québec et à 80 % ailleurs au Québec.

«Les gens de la région de Montréal sont un peu moins préoccupés, même si c’est un peu plus que les deux tiers avec 68 %», indique Éric Lacroix, vice-président de la firme de sondage SOM.