mercredi 11 décembre 2013

La charte des valeurs s'opposerait à la philosophie du programme ECR

Analyse de Vincent Beaucher, postdoctorant en éducation à l’Université du Québec à Trois-Rivières et chargé de cours en éducation à l’Université de Sherbrooke, un pur produit de l'université progressiste et multiculturaliste,la charte des valeurs (que nous ne soutenons pas avec ferveur) seraient contraire au programme d'éthique et de culture religieuse. Ce qui est intéressant dans sa dénonciation c'est que cet universitaire bon teint oppose à la charte un programme scolaire, c'est donc bien qu'ECR aurait une visée politique ?

« Depuis déjà plus de trois mois, le projet de charte des valeurs québécoise tel que proposé par le Parti québécois est un élément de discussion et de réflexion incontournable. Échaudés par divers événements survenus au cours des dernières années et aussi en fonction de ce qui passe ailleurs dans le monde, les Québécois sont désormais (hyper)sensibles à l’influence que pourrait (r)avoir la religion sur nos mœurs sociales et politiques.

En éducation, la place de la religion a connu un sort conséquent de l’évolution de sa place dans la société, bien que plus lentement. Ainsi, même si l’État s’est officiellement distancé du clergé à la suite de la Révolution tranquille, il a été convenu et socialement accepté que l’enseignement religieux se poursuive dans les écoles, et ce, jusqu’au tournant du nouveau millénaire. Ce n’est qu’en 2008 que le programme d’éthique et culture religieuse (ECR) prend officiellement la relève de l’enseignement moral et surtout de l’enseignement religieux.

Bien que toujours débattue, cette idée d’offrir une formation en culture religieuse se base sur plusieurs constats. Pour n’en nommer que quelques-uns, il y a celui que l’école publique n’a pas à former de « bons petits chrétiens », donc à offrir l’enseignement religieux, même si l’alternative de l’enseignement moral laïque existe. Cependant, l’histoire du Québec est grandement influencée, qu’on le veuille ou non, par la présence de l’Église.

Il apparaît alors pertinent de développer une connaissance de cet état de fait toujours visible et expliquant notre développement social. À cela s’ajoute le fait que ce même développement social s’est grandement métamorphosé au cours des dernières décennies, l’immigration ayant changé le
portrait du Québec contemporain. Une des conséquences concerne évidemment une nouvelle pluralité de croyances spirituelles auxquelles il convient de s’intéresser.

Le programme d’ECR, de par ses finalités que sont la reconnaissance de l’autre et la poursuite du bien commun, s’oriente exactement dans le sens des constats énoncés ci-haut, à savoir que le Québec a des liens passés et actuels avec le fait religieux. La compétence « Manifester une compréhension du phénomène religieux », appuyée par la compétence « Pratiquer le dialogue », cherche donc à faire des ponts avec les fondements du Québec (le passé) et aussi avec ses citoyens aux origines et croyances diverses (le passé, le présent et le futur). En filigrane de l’ensemble du programme d’ECR se trouve un élément très important, à savoir que la ligne entre l’acceptable et l’inacceptable est définie, entre autres, par les valeurs communes du Québec.

Ces dernières proviennent, par exemple, de la Charte des droits et libertés de la personne que l’Assemblée nationale a adoptée il y a près de 40 ans. Ainsi, pour donner un cas « classique », il serait clairement et définitivement inacceptable qu’un élève affirme la suprématie de l’homme sur la femme, peu importe l’origine culturelle ou religieuse d’une telle croyance. Il serait du devoir de l’enseignant de remettre en question cette position, voire de la réprimer.

[Aveu intéressant, surtout quand viendra le temps d'interpréter ce qu'est la suprématie supposée de l'homme. Est-ce que tout discours qui ne serait pas servilement féministe et progressiste serait inacceptable ? Est-ce que dire, par exemple, que la femme a un rôle distinct dans la famille serait inacceptable et donc réprimé ?]

Un de ces objectifs du cours d’ECR consiste à donner l’occasion aux élèves d’en apprendre sur les religions, le catholicisme en tête. Il ne s’agit pas à proprement parler « d’enseigner les religions », mais plutôt de les découvrir en passant par différents thèmes, comme « Les rites qui entourent la naissance ». [Et les célébrations comme le Noël des souris ou les figures religieuses et mythiques comme dans Superman comparé à Jésus.]

[Voir Mathieu Bock-Côté et Joëlle Quérin : la transmission des connaissances factuelles n'est pas le but du cours ECR, mais l'inculcation d'une attitude multiculturaliste (certains diront relativiste) envers toutes les religions et les cultures.] 

Durant le primaire et le secondaire, il sera ainsi question de thèmes touchant les fêtes, les personnages, les livres, les institutions, etc., qui fondent les spiritualités. Il n’y a pas d’obligation à tout couvrir, seuls les thèmes sont prescrits. En ce sens, les apprentissages pourront varier en fonction des réalités propres à chaque milieu. Bref, un gros menu en perspective, qui représente tout un défi pour les enseignants et les élèves, mais qui peut être, somme toute, une aventure éminemment enrichissante.


Le cas de la charte

Un questionnement émerge alors avec l’annonce du projet de la charte des valeurs québécoises. Si le contenu de la charte réaffirme pour l’essentiel des valeurs déjà sous-entendues dans le programme d’ECR, l’intention d’interdire le port de signes religieux ostentatoires chez certains fonctionnaires envoie un drôle de message [le style!], pour ne pas dire un message contradictoire à l’essence de l’éducation aux cultures religieuses contenue dans le cours d’ECR.

En effet, alors que le gouvernement demande aux jeunes Québécois de tout horizon de s’intéresser aux différentes religions que l’on retrouve au Québec et dans le monde, la branche exécutive du même gouvernement veut légiférer pour qu’on ne puisse plus voir la présence de ces religions au sein de son appareil (mais peut-être sans inclure les élus...?). Bien que l’intention puisse ultimement être défendable, il n’en demeure pas moins que pendant 11 ans, soit tout le primaire et tout le secondaire, on dit en quelque sorte aux élèves que les religions sont globalement bonnes, qu’il faut les comprendre et les respecter. [Si toutes les religions sont bonnes, ne tombe-t-on pas dans un relativisme ?]

Sauf qu’en même temps, le débat actuel soulève le fait qu’il n’est peut-être pas bien vu de (trop?!) s’afficher en tant que croyant, tout particulièrement aux yeux du gouvernement. Si les citoyens adultes se heurtent à la complexité de la situation amenée par la charte, qu’en sera-t-il des élèves? Devrions-nous croire que les jeunes accepteront sans mot dire ce double message? Rien n’est moins sûr, surtout que le programme d’ECR, avec son volet éthique, vise le développement de la pensée critique  [alors que certaines pensées sont à réprimer, voir plus haut ?] en amenant les jeunes à se questionner en s’appuyant sur des faits et des valeurs communes [vagues et décidées par qui ? Les élèves qui y arrivent par « le dialogue », l'animatrice ECR, l'État ?




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