lundi 24 octobre 2016

France — le système scolaire toujours plus inégalitaire

Une étude du Cnesco (Conseil national d’évaluation du système scolaire) a publié fin septembre une synthèse de différents rapports pointant tous l’explosion des inégalités au sein du système éducatif français.

Le Monde s’en fait le relais.

Le constat n’est certes pas nouveau : cela fait plusieurs années que le classement PISA, réalisé tous les trois ans par l’OCDE, pointe du doigt la France, qui bat des records en termes d’inégalités scolaires.

L’ennemi facile et tout désigné serait bien sûr l’enseignement privé. Mais les rapports accusent précisément les politiques éducatives menées depuis trente ans, et supposées réduire lesdites égalités.

Au premier rang sur le banc des accusés, la politique des ZEP, ou Zones d’éducation prioritaire [dans les banlieues accueillant des populations issues de l’immigration], qui a engendré de la « discrimination négative » : donner moins à ceux qui ont moins. Le temps horaire consacré à l’enseignement y est dramatiquement bas, de même que l’expérience des professeurs. Quant aux attentes pédagogiques, elles y sont constamment revues à la baisse, empêchant d’avoir toute espèce d’ambition stimulante pour les élèves.

Les remèdes déployés ne sont que cautère sur jambe de bois : temps individualisé de soutien, plans de « relance », jamais évalués et sans cesse reconduits.

Nous ne saurions nous étonner de ces conclusions, que nous produisons nous-mêmes depuis plusieurs années, et qui nous poussent à explorer d’autres voies en milieu difficile, comme les écoles pilotées par la Fondation Espérance Banlieues, qui choisissent précisément la voie de la qualité et de l’exigence pédagogiques là où elles ont disparu.


Mixité sociale obligatoire organisée par l’État ?


Là où le bât blesse, c’est quand le CNESCO propose, comme solution unique, d’améliorer la « mixité sociale. » En clair, répondre à l’échec du système par encore un peu plus de contraintes, ôter encore un peu plus aux parents la liberté du choix de l’établissement où scolariser leurs enfants, au nom d’impératifs d’un brassage des enfants décrété par le haut qui ne saurait jamais, à lui seul, suffire à faire progresser le niveau des établissements paralysés par une mauvaise gestion et des méthodes inadaptées.

Une réelle mixité scolaire s’instaurerait bien plus sûrement en offrant financièrement la possibilité aux familles qui le désirent de mettre leurs enfants dans des établissements privés, qui leur sont actuellement fermés faute d’en avoir les moyens : l’État est le premier à organiser la ségrégation sociale, en se refusant à accorder un financement de l’éducation, qui permette aux parents de choisir la structure d’accueil de leur enfant en fonction de leurs attentes pédagogiques, et non en fonction de leur porte-monnaie, comme cela se fait naturellement à l’étranger.

Quelques esquisses de solutions alternatives ont été cependant évoquées, malheureusement sans jamais que leur mise en œuvre soit pleinement efficiente : expérimentation de travail en petits groupes au collège, par exemple. L’objectif affiché, une véritable « pédagogie différenciée » au sein de la classe, est loin d’être atteint.

Il faut aller plus loin, et casser une approche unitariste de l’enseignement au collège, là où les inégalités explosent : l’enseignement par groupe de niveaux est souhaitable, y compris dans le public. Cessons de le voir comme stigmatisant pour les faibles ou créateur d’inégalités : il permet au contraire à chacun de progresser à la mesure de ses capacités dans un climat de confiance restauré.

Enfin, parallèlement à ces groupes de niveaux, l’instauration de tests de niveaux annuels permettrait de mesurer de manière concrète et objective les progrès réalisés par les élèves en difficulté ou au contraire, leurs blocages, afin d’éviter de promener de classe en classe des enfants que l’on occupe bon gré mal gré, et que guettent à tout moment la sortie de piste et la mise à l’écart du système scolaire.

Constance Prazel

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