mercredi 30 avril 2014

« Avoir droit » ou « être obligé » ?

Nouveau reportage hier d'Émilie Dubreuil à Radio-Canada sur les juifs hassidiques, une de ses spécialités depuis des années.

Argument contre les méchants juifs ultra-orthodoxes qui ne suivent pas le programme unique du Monopole de l'Éducation : les élèves du Québec « ont droit au service de l'éducation préscolaire et aux services d'enseignement primaire et secondaire prévus » dans la Loi sur l'instruction publique (c'est son article 1).

Il semblait bien que dans le reportage de Mme Dubreuil qu'il ne s'agissait plus d'un droit, mais d'une obligation. Ce qui est bien sûr le cas en réalité : tous les enfants doivent suivre le programme et la pédagogie imposés par le Monopole de l'éducation.

Ce n'est pas sans rappeler l'épisode de l'éthique et culture religieuse que le Québec « offrait » aux élèves alors qu'il l'imposait. (Voir ce collège qui « offre » le programme ECR).

Source

Parlez-vous le français socialiste ?

Sélection novlangue de la semaine (en construction)

Sélection novlangue de la semaine (2)

Novlangue au Monopole : le mot athée désormais tabou

Ne dites plus... parlez pédagogiste...

Lexique du Plateau

Novlangue — OQLF prescrit « action positive » plutôt que « discrimination positive »

 



†  Cette journaliste aime bien interroger les religieux conservateurs, voir cette relation d'une rencontre où l'on apprend que Radio-Canada a coupé à la diffusion les parties où Mme Dubreuil avait « freaké ».

Lors d'une manifestation contre le programme ECR, selon plusieurs témoins, Mme Dubreuil avait posé plusieurs questions étranges à une très jeune fille, questions coupées lors de la diffusion du reportage où l'on voit bien la petite fille répondre. Parmi les questions de la journaliste spécialisée dans les religieux réfractaires on trouvait celle-ci : « Est-ce que tu pries à Dieu contre le cours d'ECR ? » Un avocat qui avait vu la reporter à l'œuvre avait prévenu sur place Émilie Dubreuil de procéder avec une grande prudence lors de la diffusion de propos de très jeunes enfants.

Évangéliques : L’école, lieu de transmission de quelle sagesse?

Trois évangéliques débattent de l'école, de l'éducation, de l'instruction et de la « neutralité » dans ces domaines.

« Quel modèle d’éducation vous semble idéal ? Avez-vous une philosophie de l’éducation ? Y a-t-il une différence entre l’école séculière et l’école chrétienne au niveau de l’apprentissage ? Le point de vue qui vous sera présenté dans l’émission d’aujourd’hui risque d’être assez différent de celui qui reflète les valeurs séculières de l’État. Notre désir est de favoriser votre réflexion par rapport à l’éducation; en particulier si vous avez des enfants. Nous espérons que cette discussion vous permettra de constater l’importance du sujet que nous allons traiter.

Mes invités pour cette émission sont le pasteur Bernard Westerveld de l’église réformée St-Marc à Québec et le pasteur-conférencier Luc Bussière qui est président de l’Association des établissements scolaires protestants évangéliques en francophonie.

Source »




[Pour les gens pressés, nous recommandons l'écoute à partir de la 15e minute. Rappelons cependant que la liberté scolaire est bien moindre au Québec qu'en France pour les écoles non subventionnées : pas de programme imposé en France juste un tronc de connaissances de base, pas de pédagogie imposée : l'affaire Loyola y est inconcevable, pas de grandes limitations à l'embauche des enseignants (pas de diplôme en enseignement par exemple)]

Autres liens audio : audio mp3 | iTunes | iPhone | Android | RSS

Voici quelques liens pour en apprendre plus sur M. Bussière ainsi que sur différentes établissements scolaires mentionnés du Québec :
Site personnel de M. Bussière
Établissement Daniel (France)
École chrétienne Emmanuel (Montréal)
École chrétienne l’Eau-Vive (Québec)
École chrétienne La Source (Sherbrooke) 
 

Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

Des cours de « médium » au cégep


Le cégep Montmorency à Laval proposait cet hiver des cours d'« éveil à la médiumnité » et de « compréhension de l'énergie universelle » offerts par une conférencière dirigeant ses clients vers des médiums qui communiquent «avec les personnes décédées» et « avec les animaux ».

Les quatre cours figuraient dans l'offre officielle du Collège Montmorency, à Laval, jusqu'à ce que La Presse communique avec l'établissement. Dans les heures qui ont suivi, l'institution a procédé à leur annulation et à leur retrait du site internet.

Plus de détails.

Que de progrès depuis l'abolition de l'affreux et rétrograde cours classique...




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Apocalypse, la 1re Guerre mondiale sur TV 5 Québec Canada

TV5 Québec Canada, après les télévisions francophones européennes, diffusera en mai Apocalypse, la 1re Guerre mondiale sur TV5. Les deux premiers épisodes de la série seront diffusés le lundi 5 mai, à 21 h et 22 h. Les épisodes seront diffusés tous les lundis soir du mois de mai à 21 h et en rediffusion les jeudis à 19 h. La qualité pédagogique de cette série, à notre sens, est bien réelle, mais nous pensons qu'il faut la suppléer par quelques explications de « texte ».

Les images rassemblées sont réelles bien que, pour des raisons techniques à l’époque, les images de bataille soient quasiment toujours posées après les faits. Il aura fallu trois années de travail minutieux pour réunir, restaurer, assembler, sonoriser tous ces précieux documents. La colorisation aurait nécessité 47 semaines à elle seule. Pour notre part, nous avons apprécié cette légère colorisation qui fera sans doute mieux accepter ce documentaire par le grand public. Certaines images de « gueules cassées » peuvent être difficiles à supporter. L'enfer en couleurs pastel.

L'œuvre est divisée en cinq étapes intitulées Furie, Peur, Enfer, Rage et Délivrance, les chapitres d'une histoire racontée par une voix douce dans sa forme, mais directive sur le fond, du cinéaste et comédien Mathieu Kassovitz, sur une musique du Québécois Christian Clermont. Le documentaire aborde également, bien que de façon succincte, le point de vue québécois (la conscription) et canadien (la crête de Vimy) de la guerre.

Sur le front de l’Est, la Russie envahit en 1914 la Prusse orientale :
des milliers de civils allemands fuient alors vers l’ouest de l’Allemagne.
Sur le plan visuel, il s'agit de documents visuels extrêmement intéressants, sans doute inédits, des images rarement vues comme celles qui montrent l'offensive turque dans le Caucase où l'on voit un chien qui déterre et mange un cadavre. Ou bien celles, assez étonnantes, du reporter américain Wilbur Durborough qui a obtenu l’autorisation de filmer les Allemands sur le front de l’Est en 1915.

On a bien, dans le premier épisode, cette impression d'une ­Europe insouciante, ceci pendant le printemps et l'été 1914, même dans les premières semaines après l'attentat de Sarajevo. Puis, c'est l'engrenage[1], l'ultimatum à la Serbie, le déclenchement de la guerre, les mouvements des combats, tout cela est restitué de façon claire et pédagogique.

Les commentaires sont pourtant parfois très orientés. Certaines phrases ressortent de vieux mythes de gauche, des lieux communs risibles sur un plan historique. Globalement, on a l'impression que c'est la caste dirigeante : les rois, les généraux et les patrons qui ont déclenché la guerre, et que les peuples sont les victimes sacrificielles de ce système. Il s'agit d'une vision marxiste classique, quasiment léniniste et même jaurésienne. Jaurès est d'ailleurs favorablement cité. Il est absurde de dire que les patrons français voulaient la guerre pour faire taire les ouvriers. C'est de la propagande de la CGT, le syndicat communiste, de 1920 !



La série insiste beaucoup tout au long des cinq épisodes sur les « empires », les faisant passer pour plus bellicistes que les républiques, alors qu'il n'y avait pas plus revancharde que la France (l'Alsace-Lorraine à reconquérir) et plus prêt à négocier la paix que l'empire austro-hongrois alors que les empires centraux n'étaient pas encore acculés à cette position.

La guerre ­résulte d'une multiplicité de facteurs, dont le jeu des alliances. Ce sont les nations qui ont préparé cela. Les peuples n'ont pas seulement subi, ils ont aussi été acteurs dans ce jeu-là. Le patriotisme a été fortement intériorisé aussi bien en France qu'en Allemagne. Tout le courant pacifiste à gauche s'efface dans une Union sacrée quand la guerre se déclenche. Le film ­évoque cela, mais de façon trop elliptique.




Au moment de la bataille de la Marne, en septembre 1914, Mathieu Kassovitz lit : « Le nombre inouï de morts n'arrête pas les grands chefs. » Qu'auraient-ils dû faire ? Arrêter la bataille et laisser les Allemands envahir toute la France ? Autre phrase étonnante : « Étran­gement l'im­mensité du carnage ne décourage pas le patriotisme des combattants. » Ce qui signifie que les auteurs trouvent étrange le fait que les soldats soient patriotes. Dans le dernier épisode, le commentaire irait même plus loin, il parlera du fait qu'on ait trop masqué la contrainte nécessaire exercée sur les soldats pour les faire combattre, le tout souligné par une musique dramatique et le visage apeurant de « gueules cassées ».

Il y a là un fort a priori idéologique. Ailleurs, à propos de la bataille de Tannenberg, les auteurs affirment : « Les Russes qui sont écrasés par le tsarisme et la religion. » Là encore, le commentaire est orienté : le tsarisme et la religion avaient-il plus abruti le peuple russe que la laïcité et la république le peuple français ? Les réalisateurs s'étonnent que Poincaré aille rendre visite au tsar Nicolas II parce que ce dernier serait un autocrate, c'est négliger la logique d'alliance entre la France et la Russie pour prendre en tenaille l'Allemagne que la France ne pouvait plus affronter seule étant donné son désavantage démographique. La France qui fut longtemps le pays d'Europe le plus peuplé avait connu une très faible croissance de sa population après la Révolution de 1789 alors que les autres pays, dont l'Allemagne, connurent une explosion démographique.

Les auteurs se raccrochent sans cesse à leur vision pacifiste un peu simplette, avec ces paroles prononcées dans le dernier épisode : « Toutes les guerres sont inutiles. » Voilà, c'est tout !

On regrettera que les téléspectateurs ne soient pas avertis qu'on leur présente (voir ci-dessous) des plans du film Verdun, vision d’histoire (1928), une fiction aux apparences de documentaire tournée en 1928 par Léon Poirier, comme s'il s'agissait d'images véridiques prises sur le fait. On notera dans la même séquence l'étrange prononciation anglaise (crown prince) qu'adopte Mathieu Kassovitz quand il parle du Kronprinz allemand. Il le répètera plusieurs fois.


Apocalypse, extrait 3, Verdun Extraits du film Verdun, vision d'histoire, une fiction aux apparences de documentaire tournée en 1928, présentés comme des images documentaires dans Apocalypse

Dans leur commentaire lu par le comédien Mathieu Kassovitz, les réalisateurs font preuve d’une certaine naïveté, au mieux. Ainsi, au sujet des monuments aux morts, ils remarquent : « Jamais rien n’est représenté de ce qu’il y avait derrière ces combattants, la contrainte et la répression. Malgré l’hécatombe, ces monuments veulent toujours convaincre qu’il est juste de tuer et de se faire tuer pour la patrie. »

Jamais de surcroît ne font-ils état du brassage des classes sociales au sein des tranchées, de la réconciliation de l'État laïc avec ces prêtres exemplaires dans les tranchées. Après la guerre 1914-1918, ayant reconnu la valeur de ces religieux au front et l'utilité de la religion dans ce genre de crise, on assistera d'ailleurs à un regain de liberté pour les écoles confessionnelles en France.

Apocalypse, la 1re Guerre mondiale est une série pédagogique, remarquable sur de nombreux aspects techniques, plaisante et utile à regarder, mais sans nuance dans ses commentaires, avec un certain parti pris idéologique désuet de lutte des classes, antireligieux et empreint d'un pacifisme simplet.




[1] Cet engrenage inéluctable est, toutefois, remis en cause dans certains ouvrages comme Ces guerres qui ne devaient pas éclater (1870, 1914, 1939) de Nicolas Saudray.


Voir aussi

Histoire — 1914. Une tragédie européenne

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