dimanche 17 mars 2024

Boeing : victoire des diversitaires pieux, déboires dans les cieux

Les résultats financiers de Boeing sont mauvais (voir le graphique ci-dessous), ses avions connaissent des avaries embarrassantes, mais la compagnie américaine a décidé d’appuyer sur l’accélérateur diversitaire : elle embauchera plus de personnes de couleurs et ses cadres seront dorénavant aussi récompensés pour leurs résultats selon des critères wokes. 

Les voyageurs anxieux auront des sueurs froides en voyant les photos d’un trou béant dans le fuselage d’un Boeing 737 MAX 9 d’Alaska Airlines, creusé à 15 000 pieds (4 600 mètres) après le décollage de l’avion au-dessus de l’Oregon, le 5 janvier dernier. Les investisseurs nerveux auront la même réaction face aux cours des actions de Boeing et de Spirit AeroSystems, une société issue de la scission du constructeur aéronautique en 2005. Spirit a fabriqué le fuselage et la pièce défaillante, un orifice dans la cellule où certains modèles MAX 9 peuvent avoir une sortie de secours. La valeur boursière des deux entreprises a chuté respectivement de 8 % et de 11 % à la suite de l’incident.

Par miracle, personne n’a été grièvement blessé ; si l’avion s’était rapidement dépressurisé à une altitude plus élevée, l’issue aurait pu être pire. La cause précise du dysfonctionnement n’a pas encore été élucidée. L’avion, livré à Alaska Airlines le 11 novembre, était flambant neuf. Des sorties de secours similaires inutilisées avaient été installées sans problème sur une version précédente du 737.


Le plus gros problème pour Boeing est que cet épisode renforce l’impression qu’il a perdu son chemin. La descente du champion américain de l’aérospatiale, autrefois de haut vol, a commencé en octobre 2018, lorsqu’un 737 MAX s’est écrasé en Indonésie. Cinq mois plus tard, le même modèle s’est écrasé en Éthiopie. Les deux catastrophes étaient liées à des problèmes de logiciel de contrôle de vol et ont conduit à l’immobilisation de toute la flotte de 737 MAX pendant 20 mois, le temps que le logiciel soit corrigé. Boeing a payé environ 20 milliards de dollars d’amendes et de compensations. Les critiques ont reproché à l’entreprise d’accorder trop d’attention à la redistribution de l’argent aux actionnaires et pas assez à l’ingénierie. Dave Calhoun, le nouveau directeur général nommé début 2020 pour redorer le blason de Boeing, a promis de ramener l’entreprise à ses racines, à savoir l’excellence technique.

À lui seul, le retard du 777x a coûté au moins 8 milliards de dollars à l’entreprise. L’incident survenu dans l’Oregon ne fera qu’aggraver la situation, en obligeant l’entreprise à revoir ses processus de production. Boeing n’a pas réalisé de bénéfices annuels depuis 2018. Il accuse un retard de 4800 à 7300 commandes d’avions court-courriers par rapport à son grand rival européen, Airbus. Il s’efforce de réembaucher les travailleurs qualifiés licenciés pendant l’accalmie du covid-19 alors qu’il tente d’augmenter la production du 737 MAX de 38 par mois à 50 d’ici 2025-26, afin de répondre à la forte demande des compagnies aériennes qui font face à une recrudescence des vols de « revanche » après la pandémie.

Entretemps, des documents déposés par Boeing auprès de la Commission des opérations de bourse (SEC) révèlent qu’au début de l’année 2022, le plan de primes annuelles destiné à récompenser le PDG et les cadres pour leur contribution à l’augmentation des bénéfices et à la sécurité a été modifié pour les récompenser s’ils atteignent les objectifs en matière de « diversité, équité et inclusion » (DEI).

Elon Musk a réagi à cette révélation : « Voulez-vous prendre place dans un avion où la priorité est donnée à l’embauche de DEI plutôt qu’à votre sécurité ? C’est ce qui se passe actuellement. »

Boeing s’est aussi donné comme défi d’augmenter de 20 % le taux de représentation des Noirs parmi ses employés aux États-Unis.






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