Si la situation politique du moment les a portés à une férocité plus ou moins grande, Omeyyades, Almoravides et Almohades ont mené la même lutte contre les « ennemis de Dieu ».
Ibn Hazm a écrit que, de toutes les dynasties d’Espagne, les Omeyyades avaient été les plus féroces adversaires des « ennemis de Dieu ». Ils furent les défenseurs les plus impitoyables de l’islam contre les hérétiques et les infidèles, et de là les plus victorieux. Abd al-Rahman III établit une inquisition islamique — la mihna — qui était un modèle d’efficacité, puisqu’elle utilisait les mosquées et leurs clercs pour informer le calife sur « les pensées les plus secrètes des gens », comme l’écrit l’historien Ibn Hayyan. Il n’en était pourtant pas l’inventeur : le pionnier était un autre célèbre calife, el-Mamoun, qui en avait établi une à Bagdad pour imposer le… « rationalisme ».
Aucune autre dynastie n’égala les décapitations et crucifixions des Omeyyades. L’une des premières choses que le visiteur voyait à son arrivée à Cordoue, c’était les têtes et les corps crucifiés des « ennemis de Dieu » exposés aux portes de la ville et au palais du calife. Ibn Hayyan a loué les Omeyyades comme de merveilleux défenseurs de la foi contre les hérétiques, et en particulier Abd al-Rahman III pour avoir « empêché son peuple de penser par lui-même et de tomber ainsi dans l’hérésie ».
Les Almoravides berbères — un mouvement et une confédération islamiques pieux — et les Almohades, tout aussi pieux et aussi nord-africains, ont mauvaise réputation. Mais ils n’étaient pas plus « impitoyables » que les Omeyyades. Ils durent seulement affronter une situation politique et militaire plus grave : l’avancée progressive des armées de la Reconquista chrétienne.
Ils s’inquiétaient de la complicité que pouvaient avoir les dhimmis avec ces armées. Ils expulsèrent donc des populations chrétiennes entières vers l’Afrique du Nord. Afin d’unifier leur royaume multiculturel fragmenté par des querelles incessantes face à l’avancée des royaumes chrétiens, plus cohérents au point de vue religieux et social, les Almohades laissèrent aux dhimmis le choix entre la conversion et la mort. Un calife almohade se vanta même d’avoir détruit toutes les églises et les synagogues. Parmi ses intellectuels de cour préférés, se trouvait un célèbre juge de la charia nommé Ibn Rochd ou Averroès.
Au moment où les armées chrétiennes vainquirent les Almohades lors de la bataille finale de Las Navas de Tolosa (16 juillet 1212), il ne restait plus de chrétiens dans el-Andalous. Ils avaient été convertis de force, exilés en Afrique du Nord ou s’étaient réfugiés dans l’Espagne chrétienne.
S’ensuivit une longue période de repeuplement par les chrétiens du Nord. Seul le petit royaume des Nasrides de Grenade resta sous domination islamique. En novembre 1491, à la demande du dernier roi nasride, le traité de capitulation stipulait qu’aucun juif ne devait être nommé à un poste qui lui donnerait l’autorité sur des musulmans.
Ibn Hazm a écrit que, de toutes les dynasties d’Espagne, les Omeyyades avaient été les plus féroces adversaires des « ennemis de Dieu ». Ils furent les défenseurs les plus impitoyables de l’islam contre les hérétiques et les infidèles, et de là les plus victorieux. Abd al-Rahman III établit une inquisition islamique — la mihna — qui était un modèle d’efficacité, puisqu’elle utilisait les mosquées et leurs clercs pour informer le calife sur « les pensées les plus secrètes des gens », comme l’écrit l’historien Ibn Hayyan. Il n’en était pourtant pas l’inventeur : le pionnier était un autre célèbre calife, el-Mamoun, qui en avait établi une à Bagdad pour imposer le… « rationalisme ».
L’épisode du Massacre des Abencérages (probablement légendaire) |
Aucune autre dynastie n’égala les décapitations et crucifixions des Omeyyades. L’une des premières choses que le visiteur voyait à son arrivée à Cordoue, c’était les têtes et les corps crucifiés des « ennemis de Dieu » exposés aux portes de la ville et au palais du calife. Ibn Hayyan a loué les Omeyyades comme de merveilleux défenseurs de la foi contre les hérétiques, et en particulier Abd al-Rahman III pour avoir « empêché son peuple de penser par lui-même et de tomber ainsi dans l’hérésie ».
Les Almoravides berbères — un mouvement et une confédération islamiques pieux — et les Almohades, tout aussi pieux et aussi nord-africains, ont mauvaise réputation. Mais ils n’étaient pas plus « impitoyables » que les Omeyyades. Ils durent seulement affronter une situation politique et militaire plus grave : l’avancée progressive des armées de la Reconquista chrétienne.
Ils s’inquiétaient de la complicité que pouvaient avoir les dhimmis avec ces armées. Ils expulsèrent donc des populations chrétiennes entières vers l’Afrique du Nord. Afin d’unifier leur royaume multiculturel fragmenté par des querelles incessantes face à l’avancée des royaumes chrétiens, plus cohérents au point de vue religieux et social, les Almohades laissèrent aux dhimmis le choix entre la conversion et la mort. Un calife almohade se vanta même d’avoir détruit toutes les églises et les synagogues. Parmi ses intellectuels de cour préférés, se trouvait un célèbre juge de la charia nommé Ibn Rochd ou Averroès.
Au moment où les armées chrétiennes vainquirent les Almohades lors de la bataille finale de Las Navas de Tolosa (16 juillet 1212), il ne restait plus de chrétiens dans el-Andalous. Ils avaient été convertis de force, exilés en Afrique du Nord ou s’étaient réfugiés dans l’Espagne chrétienne.
S’ensuivit une longue période de repeuplement par les chrétiens du Nord. Seul le petit royaume des Nasrides de Grenade resta sous domination islamique. En novembre 1491, à la demande du dernier roi nasride, le traité de capitulation stipulait qu’aucun juif ne devait être nommé à un poste qui lui donnerait l’autorité sur des musulmans.
Sources : Dario Fernandez-Morera dans Figaro Histoire et Serafin Fanjul dans Al Andalus, l’invention d’un mythe
Voir aussi
Contes, légendes, clichés et réalité de l’Espagne musulmane
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