Après Mai 68, une partie de l’intelligentsia libertaire a défendu les pires dérives de la révolution sexuelle. En théorie et en pratique. Rappel utile d’Amaury Brelet.
La bombe à retardement aura mis 30 ans pour éclater enfin. Au grand jour. Dans le bruit et la fureur. Vanessa Springora témoigne dans son livre Le Consentement (Grasset), paru le 2 janvier, des abus pédocriminels présumés de l’écrivain Gabriel Matzneff. L’image de l’écrivain dandy et libertin part en fumée. En 1990, Denise Bombardier avait pourtant allumé la mèche dans l’émission Apostrophes, diffusée sur Antenne 2. « Je me croyais sur une autre planète, parce que dans mon pays, il serait en prison, confie sa consœur canadienne. J’étais la pièce pyrotechnique qui faisait sauter le plateau. »
Puis, plus rien. Un pétard mouillé. Tombé dans l’oubli. « Une clique tenait le haut du pavé. Ils avaient le pouvoir de publier, de critiquer, de donner des prix, ajoute-t-elle. D’où le silence jusqu’à aujourd’hui. » Pire, il fut même une époque, pas si lointaine, où « l’amour des enfants » était non seulement débattu, mais défendu.
« Il est patent que le discours pro-pédophilie a des racines dans la Révolution culturelle que fut Mai-68 qui en appelait à la libération des corps et des sexualités », explique l’historienne Anne-Claude Ambroise-Rendu. Il est « temps de décriminaliser l’amour », proclame alors une partie de l’intelligentsia de gauche.
Dans les années 70 et 80, le romancier Tony Duvert l’assure : « Les gamins aiment faire l’amour comme on se mouche. » Le philosophe René Schérer le jure : « Le pédophile traite l’enfant qu’il désire ou qu’il aime comme un véritable partenaire sexuel. » Et le journaliste de gauche Guy Hocquenghem l’espère : « L’avenir est à la partouze généralisée » car « nous sommes des machines à jouir ». À jouir sans entraves, dit le slogan.
Malgré la marginalité de leur combat, les défenseurs de la pédophilie bénéficient alors de la complicité de la presse progressiste. En janvier 1977, Le Monde et Libération relaient complaisamment une tribune retentissante alors que s’ouvre à Versailles le procès de trois hommes, jugés pour « attentats à la pudeur sans violence sur mineurs » et placés en détention préventive depuis trois ans. « Trois ans de prison pour des caresses et des baisers, cela suffit », dénonce le texte, rédigé par Gabriel Matzneff, qui évoque « une simple affaire de “mœurs” ».
Parmi les 69 signataires figurent Louis Aragon, Francis Ponge, Roland Barthes, Simone de Beauvoir, Patrice Chéreau, Gilles Deleuze, André Glucksmann, Guy Hocquenghem, Bernard Kouchner, Jack Lang, Catherine Millet, Jean-Paul Sartre, René Schérer et Philippe Sollers. « Aujourd’hui, je ne la signerais pas et je pèserais mes mots », se reniera en 2001 ce dernier, prétendant même n’avoir « jamais défendu la pédophilie ». Sa revue L’Infini continuera pourtant à promouvoir la pédophilie jusqu’en... 1997. Contacté par nos soins, Jack Lang, lui, n’a pas souhaité s’expliquer. Quant aux prévenus, ils ont été finalement condamnés à cinq ans de prison avec sursis (et donc libérés) pour leur crime, fait de masturbations et fellations réciproques, d’orgies et de sodomies sur des enfants de 12 et 13 ans.
Deux ans plus tard, Libération récidive et publie, en mars 1979, une autre pétition de soutien à Gérard Roussel, un pédophile qui attend depuis dix-huit mois son procès, « enfermé pour crime d’amour » pour avoir abusé de fillettes de 6 à 12 ans. La lettre, qui le présente comme « la véritable victime dans cette affaire » et souligne que « le désir et les jeux sexuels librement consentis ont leur place dans les rapports entre enfants et adultes », est notamment signée par Gabriel Matzneff, Tony Duvert, Georges Moustaki, Luc Rosenzweig, Guy Hocquenghem, René Schérer, Catherine Millet et… Pascal Bruckner.
« J’assume, mais je n’ai jamais rien écrit en faveur de la pédophilie, bien au contraire, réagit le philosophe aujourd’hui. Il y avait à l’époque une ambiance de laxisme et de tolérance, il fallait en finir avec tous les tabous. Ce mouvement s’inscrivait aussi dans une tradition littéraire avec Gide et Montherlant, qui ont fait de l’amour des enfants un motif de création et de récréation. Nous sommes là dans la conséquence extrême de la révolution sexuelle et de Mai 68, dans la vision totalement libertaire de la permissivité, où rien ne doit échapper au désir. »
[Avec Matzneff, on est passé de l’euphémisme de Gide et Montherland à l’explicite pour le plus grand plaisir d’un certain nombre de lecteurs germanopratins tout émoustillés. Mais une fois épuisée la force transgressive de ses aveux, il reste peu à puiser dans son œuvre. Cela explique sans doute, en partie, l’oubli de son œuvre et son lâchage par l’élite intellectuelle.
Cette dérive libertaire à la défense de la pédophilie vaudra alors à Libération une avalanche de poursuites judiciaires.]
Le même mois, le quotidien titre d’ailleurs fièrement sur « Les outrages de Libération » et revendique neuf inculpations en 19 mois, raillant le « prurit du Parquet » et « l’immanquable protection de l’enfance » qui menacent la liberté de la presse ! Ou comme le résume son journaliste Jean-Luc Hennig : « On n’a pas eu Libération par la politique, on l’aura par le cul. » Les pages sont pourtant accablantes. Une image y représente une fillette en train de faire une fellation à un adulte. Son titre ? « Apprenons l’amour à nos enfants. » Commis par le collectif Bazooka, qui a officié à Libération, le dessin (tiré visiblement d’une photo) est accompagné d’un texte odieux décrivant le viol d’une gamine.
Trente ans plus tard, son auteur Christian Chapiron alias Kiki Picasso renchérira : « Sans les lois super dures qui font qu’en deux secondes et demie, je me retrouverai emmerdé, je ferais des images pédophiles. C’est l’ultime sujet. » Plus loin, suivent des courriers pédophiles, une publicité pour la naissance du « Front de libération des pédophiles » (FLIP), composé « pour l’essentiel, des lecteurs de Libération » (le journal lui sert aussi de poste restante), des petites annonces pédophiles (« Je suis un type de 31 ans, et j’aimerai rencontrer une fille très jeune de 12 à 18 ans, pour vivre quelque chose de tendre ») et même zoophile, toujours rédigée par Hennig, en vue d’une… « enquête sur les zoophiles heureux ».
L’écrivain est alors, avec Hocquenghem, un des avocats de la pédophilie les plus acharnés du journal. Tout est bon pour démolir l’ordre moral bourgeois et ses valeurs rétrogrades régentées par la justice, la famille et le capitalisme. En fer de lance médiatique de la plaidoirie pédophile, Libération prend donc fait et cause pour Roman Polanski, reconnu coupable aux États-Unis d’avoir drogué et agressé sexuellement une fillette de 13 ans, offre deux pages au pédocriminel emprisonné Jacques Dugué pour « expliquer » comment « un gamin » de 11 ans « demandait de lui-même la sodomisation [sic] » et s’oppose à tout seuil de consentement, y compris jusqu’à 4 ans. Plus grave, un journaliste, Christian Hennion, tuteur d’un enfant, est son bourreau qui le présente comme son « fils adoptif » et l’abuse entre 10 et 17 ans, alors que « tout le monde était au courant » à la rédaction, ainsi que l’a reconnu une ancienne collègue. Impénitent, Libération donnera encore, en 1981, la parole à un pervers pédophile : « Benoit et son amie ont les mêmes goûts. Ils aiment les petits enfants, beaucoup. » Extraits : « Je contribue à leur épanouissement, bien mieux que tous les flics du système… » Ou : « Pendant que je la caresse, elle se partage entre les rires quand je la chatouille et la chansonnette quand elle éprouve du plaisir. » La petite fille n’a que cinq ans. L’entretien est titré « Câlins enfantins ». Glaçant.
Pendant ce temps-là, Serge July, son patron, se réjouit que « Libération a gagné le titre de quotidien le plus poursuivi de France », crie à « l’autocensure » des juges et compare les attaques à celles qui visèrent Baudelaire en son temps. « Lutte antitabac. Libération une nouvelle fois condamnée au tribunal. Il est interdit de faire une pipe à son papa », plaisante même le journal, à l’amende pour avoir publié l’image pédo-pornographique de Bazooka.
« Mais la gauche est loin d’être unanime sur le sujet, les révolutionnaires de l’après-Mai 68 ne sont pas tous affranchis des préjugés relatifs à la sexualité et certaines sections de la Gauche Prolétarienne [celle qui est passée aujourd’hui avec armes et bagages au Rassemblement national] rebutées par les mœurs homosexuelles n’hésitent guère, au tout début des années 70, à “aller faire la chasse aux pédés dans les pissotières”, remarque l’historienne Anne-Claude Ambroise-Rendu. À droite, France Soir et Minute dénoncent les “pourrisseurs” de jeunesse que sont les pédophiles, et le débat qui sévit alors est bien une petite guerre médiatique et idéologique. »
Pour Minute, classé à l’extrême droite par Radio-Canada, « les articles qui défendent la pédophilie sont autant de tissus d’immondices, que ses avocats sont d’abominables crapules et ses prosélytes méritent le plus extrême des châtiments ».
Sous le feu des critiques de la presse conservatrice, les défenseurs de la pédophilie pratiquent alors la victimisation à outrance. Ils fustigent « un lynchage », « une chasse aux sorcières » et se comparent aux Juifs persécutés durant la Seconde Guerre mondiale. « On fabrique du pédophile sur mesure à jeter derrière les barreaux comme on fabriquait les Juifs à enfourner », ose en 1981 le plus important journal homosexuel de l’époque, Gai Pied, estimant que le « pédé » qui rejette le pédophile, c’est la « même chose » que le « nègre qui dénonce le Juif ». René Schérer compare aussi le rejet des pédophiles à la « Solution finale ». Et le terme « pédophobie » fait même son apparition. En face, les opposants sont qualifiés au contraire de « puritains », de « bien-pensants », de « réactionnaires », de « fascistes » et de « nazis ».
Les féministes ne sont pas non plus épargnées. « Les mêmes qui soutenaient la pédophilie soutenaient des tyrans comme Mao au nom d’un mélange de permissivité et de radicalisme politique délirant, se souvient l’écrivain Denis Tillinac. Et celui qui s’insurgeait contre ça était un catho frustré et mal baisé. Pour l’avoir écrit, j’ai été rangé chez les réacs toute ma vie. »
Dans ce combat, les militants gays sont alors en première ligne pour défendre la cause pédophile. Le Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR), créé en 1971, réclamait déjà la reconnaissance des « sexualités autres ».
À la première Marche des fiertés LGBT en France, en 1977, une journée est aussi consacrée à la « pédérastie » et à la « sexualité des enfants », à Paris, au cinéma Olympic, alors propriété de Frédéric Mitterrand (le récit de son tourisme sexuel tarifé avec des « gosses » en Asie fera scandale 30 ans plus tard). Puis, c’est Gai Pied, fondé en 1979, qui riposte contre la « société judéo-chrétienne » et moralisatrice. « L’enfant, c’est sacré ! » regrette le magazine, qui promeut ouvertement la pédophilie. En fait, un nombre significatif de ses partisans médiatiques sont homosexuels, ajoutant à la confusion. Surtout, Hocquenghem et d’autres mettent sur le même plan pédophilie et homosexualité considérant la première comme une spécificité de la seconde. « Si la pédophilie était la “même chose” que l’homosexualité, alors elle était susceptible de faire l’objet d’une valorisation et d’une acceptation progressives que favoriserait le combat politique. Aussi, pensait-on, convenait-il de faire cause commune », rappelle le sociologue Pierre Verdrager dans son livre L’enfant interdit (Armand Colin). Résultat : « Homologuer homosexualité et pédophilie revenait à valider la pédophilie par l’homosexualité. »
Le héros de Mai-68, Daniel Cohn-Bendit, a beau plaider depuis « la provocation » pour expliquer son discours passé (« Quand une petite fille de cinq ans commence à vous déshabiller, c’est fantastique, c’est un jeu absolument érotico-maniaque »), de prestigieux porte-voix manipulaient les sciences sociales pour justifier obstinément leur théorie libertaire et leur pratique criminelle. Le philosophe Michel Foucault veut ainsi supprimer la notion d’âge de consentement et soutient des prévenus à leur procès. Témoin de moralité d’un illustre écrivain, accusé de détournement de mineur par un enfant d’une riche famille, il l’entend promettre à la sortie du tribunal : « La prochaine fois, je les prendrai orphelins et pauvres. »
De son côté, Françoise Dolto n’hésite pas à signer, avec Jacques Derrida, Louis Althusser et... Michel Foucault, une pétition parue dans Le Monde en 1977 et adressée au Parlement, qui appelle à la dépénalisation des rapports sexuels entre majeurs et mineurs de moins de quinze ans « consentants ».
Plus inconscient encore, il faut « qu’il n’y ait absolument rien entre adultes et enfants comme interdiction » dans la loi, écrit la psychanalyste, pour qui les enfants informés sont « complices » et même « responsables de laisser les parents commettre un acte qui les avilit… ». Quant aux jeunes filles, victimes d’inceste, « il n’y a pas viol du tout, elles sont consentantes ». Surréaliste. Enfin, la revue Recherches de Félix Guattari publie Trois milliards de pervers (1975), affirmant qu’« il n’y a pas un homme de quarante ans, qui n’aurait envie, en voyant nu un garçon de quatorze ans, de l’enculer », puis Fous d’enfance : qui a peur des pédophiles ? (1979), un numéro qui « nous emmène faire un tour dans le continent noir de “l’érotique puérile” » en compagnie des suspects notoires Schérer, Hocquenghem et... Matzneff.
Quarante ans plus tard, le mouvement propédophilie a disparu, enterré par son échec politique, le scandale du Coral et le sida.
Entre-temps, Gabriel Matzneff et tous les autres n’ont jamais été sérieusement inquiétés par la justice. Et les regrets de Libération, Bernard Pivot ou Frédéric Beigbeder n’y changent rien. « J’ai été ridiculisée, insultée et boycottée, mais je ne regrette rien, assume Denise Bombardier, qui s’est entretenue au téléphone une heure durant avec Vanessa Springora. Si je n’avais pas parlé, je n’aurais pas pu me respecter. Aujourd’hui, les Français vont vivre un choc générationnel, culturel et anthropologique. »
En attendant, les pédocriminels courent toujours. Selon nos informations, un célèbre photographe toujours vivant et jadis à l’avant-garde pédophile a lui aussi abusé de mineurs en toute impunité. Car c’est là, la conséquence ultime de cette histoire monstrueuse, enfantée par la gauche libertaire.
« Il y a une énorme distorsion entre la base de la société horrifiée par ces témoignages et des élites pour qui la protection de l’enfance n’est pas un enjeu, par pure convenance ou appétence personnelles, déplore Me Marie Grimaud, avocate de l’association Innocence en danger. Et ça, ça n’a pas changé depuis les années 1980. » Preuve du malaise persistant, ce constat alarmant est aujourd’hui partagé par les plus hautes autorités de l’État. « Très honnêtement, la pédocriminalité n’est pas un sujet qui passionne la politique. Certains responsables se sont manifestés au moment de #BalanceTonPorc parce que c’était “tendance”, confiait ainsi récemment à Valeurs actuelles un conseiller ministériel. Trop longtemps, la pédocriminalité a été considérée comme une fatalité… »
Jean-Christophe Rabiller, « lanceur d’alerte » anti-pédophilie sur YouTube
Cet artiste-aventurier a fait de la dénonciation de la pédophilie et de son apologie son cheval de bataille. Sur « La chaîne qui pique ! », créée sur YouTube, il dénonce, documents d’archives à l’appui, les promoteurs honteux de « l’amour des enfants », tombés dans l’oubli depuis les années 70. Lui-même a d’ailleurs été agressé sexuellement à l’époque, à l’âge de 9 ans, par son entraîneur de football. « Il y a toujours une connivence insupportable entre les pédophiles et les médias, comme le montre encore dernièrement l’affaire Polanski », affirme Jean-Christophe Rabiller, qui se considère comme un « lanceur d’alerte ». Parmi ses cibles, épinglées bien avant l’affaire Matzneff, figurent notamment Libération et Guy Hocquenghem, Françoise Dolto, Charlie Hebdo et Daniel Cohn-Bendit. Un combat risqué et courageux qui lui a valu, depuis, des intimidations et des menaces de censure de la part d’organes de presse.
Quand Charlie Hebdo défendait (aussi) la pédophilie
Comme une bonne partie de la gauche libertaire de l’époque, le journal satirique a soutenu, en 1977, trois pédocriminels, accusés d’avoir abusé de mineurs, avant d’être condamnés. Charlie Hebdo est allé jusqu’à défendre les trois pédocriminels de « l’affaire de Versailles », au lendemain d’une pétition parue dans Le Monde. À l’époque, s’ouvre le procès de ces trois hommes, jugés pour « attentats à la pudeur sans violence sur mineurs de moins de 15 ans » et placés en détention préventive depuis trois ans. Le journal, dirigé par le professeur Choron, publie le 27 janvier 1977 un article intitulé « Moeurs » et signé Victoria Thérame, passée par le quotidien communiste L’Humanité.
Extrait : « Si vous aimez les petites filles et les petits garçons quand ils ont encore le cartable dans le dos, si vous les suivez dans la rue, si, eux, vous regardent, vous attendent à la station du bus, s’ils viennent s’asseoir juste en face de vous, s’ils frôlent vos genoux comme par mégarde, mais ne s’excusent pas, si vous les retrouvez à la sortie de l’école, si vous leur parlez, s’ils viennent dans votre chambre, si vous découvrez les ciels de cuisses tendres et sans duvet, leur trouble et le vôtre, quand ils vous disent “tu” et êtes leur ami-confiance, leur ami-plénitude, si vous allez ensemble au bois, à la clairière, derrière les volets où la lumière filtre à point, si vous les photographiez pour prolonger la vie, pour la fixer, parce qu’elle est fugitive et trop courte et que vous êtes trop amoureux, allez défendre Bernard Dejager, Jean-Claude Gallien et Jean Burckardt, emprisonnés depuis trois ans, qui passent devant la cour d’Assises de Versailles les 27, 28 et 29 janvier à 13 h et risquent cinq à dix ans de réclusion criminelle pour amour à enfant. »
Finalement, les prévenus seront condamnés à cinq ans de prison avec sursis pour leur crime, fait de masturbations et fellations réciproques, d’orgies et de sodomies sur des enfants de 12 et 13 ans. Chroniqueur à Charlie Hebdo, l’humoriste et chansonnier Patrick Font sera même, à son tour, condamné, en 1998, à six ans de prison ferme pour attouchements sexuels sur mineurs. Auparavant, cet ex-instituteur soixante-huitard avait déjà signé, en 1982, une « pétition de soutien aux inculpés du Coral » (le principal, Claude Sigala, sera condamné à 30 mois de prison avec sursis en appel), du nom de cette affaire de pédophilie qui a éclaté dans ce lieu de vie du Gard. Le texte dénonçait alors « une machination politique et policière », « une “affaire de mœurs” fabriquée de toutes pièces » et même une « sinistre comédie ».
La pétition du Coral
Parmi les nombreux signataires de cette pétition se trouvaient également le philosophe Gilles Deleuze, l’écrivain Françoise d’Eaubonne, le journaliste de Libération Guy Hocquenghem, le psychanalyste Félix Guattari, l’éditeur Alain Moreau, le dessinateur de Charlie Hebdo Copi et… Philippe Val, futur patron du journal (1992-2009) et membre du « duo comique » Font et Val (1970-1995), fondé avec Patrick Font, mort en 2018, ainsi que l’a relevé le youtubeur et lanceur d’alerte, Jean-Christophe Rabiller. Authentifiée par un des initiateurs de la pétition, la signature figure en effet à la page 37 du n° 11 de la revue à caractère pédophile Possible (novembre - décembre 1982).
Contacté par Valeurs actuelles, Philippe Val dément toutefois catégoriquement. « J’ai refusé impérieusement de signer cette pétition. Ils ont extorqué ma signature, affirme-t-il. Je me suis toujours opposé à la pédophilie, à tout ces trucs-là. De toute façon, j’étais en opposition avec Font sur ces histoires de lieu de vie, que je détestais.
[...]
J’ai été l’objet d’une saloperie de leur part pour essayer de détruire une personne. C’est dégueulasse. Les années 70, c’était terrible pour ça, il n’y avait pas de morale, c’était n’importe quoi, ils voulaient des noms symboliques. Puis, Siné a ressorti plus tard cette histoire. Je trouve ça scandaleux. C’est un acharnement. Je suis puni. Moralement, c’est insupportable. C’est parole contre parole », résume Philippe Val.
La bombe à retardement aura mis 30 ans pour éclater enfin. Au grand jour. Dans le bruit et la fureur. Vanessa Springora témoigne dans son livre Le Consentement (Grasset), paru le 2 janvier, des abus pédocriminels présumés de l’écrivain Gabriel Matzneff. L’image de l’écrivain dandy et libertin part en fumée. En 1990, Denise Bombardier avait pourtant allumé la mèche dans l’émission Apostrophes, diffusée sur Antenne 2. « Je me croyais sur une autre planète, parce que dans mon pays, il serait en prison, confie sa consœur canadienne. J’étais la pièce pyrotechnique qui faisait sauter le plateau. »
Puis, plus rien. Un pétard mouillé. Tombé dans l’oubli. « Une clique tenait le haut du pavé. Ils avaient le pouvoir de publier, de critiquer, de donner des prix, ajoute-t-elle. D’où le silence jusqu’à aujourd’hui. » Pire, il fut même une époque, pas si lointaine, où « l’amour des enfants » était non seulement débattu, mais défendu.
« Il est patent que le discours pro-pédophilie a des racines dans la Révolution culturelle que fut Mai-68 qui en appelait à la libération des corps et des sexualités », explique l’historienne Anne-Claude Ambroise-Rendu. Il est « temps de décriminaliser l’amour », proclame alors une partie de l’intelligentsia de gauche.
Dans les années 70 et 80, le romancier Tony Duvert l’assure : « Les gamins aiment faire l’amour comme on se mouche. » Le philosophe René Schérer le jure : « Le pédophile traite l’enfant qu’il désire ou qu’il aime comme un véritable partenaire sexuel. » Et le journaliste de gauche Guy Hocquenghem l’espère : « L’avenir est à la partouze généralisée » car « nous sommes des machines à jouir ». À jouir sans entraves, dit le slogan.
Malgré la marginalité de leur combat, les défenseurs de la pédophilie bénéficient alors de la complicité de la presse progressiste. En janvier 1977, Le Monde et Libération relaient complaisamment une tribune retentissante alors que s’ouvre à Versailles le procès de trois hommes, jugés pour « attentats à la pudeur sans violence sur mineurs » et placés en détention préventive depuis trois ans. « Trois ans de prison pour des caresses et des baisers, cela suffit », dénonce le texte, rédigé par Gabriel Matzneff, qui évoque « une simple affaire de “mœurs” ».
Parmi les 69 signataires figurent Louis Aragon, Francis Ponge, Roland Barthes, Simone de Beauvoir, Patrice Chéreau, Gilles Deleuze, André Glucksmann, Guy Hocquenghem, Bernard Kouchner, Jack Lang, Catherine Millet, Jean-Paul Sartre, René Schérer et Philippe Sollers. « Aujourd’hui, je ne la signerais pas et je pèserais mes mots », se reniera en 2001 ce dernier, prétendant même n’avoir « jamais défendu la pédophilie ». Sa revue L’Infini continuera pourtant à promouvoir la pédophilie jusqu’en... 1997. Contacté par nos soins, Jack Lang, lui, n’a pas souhaité s’expliquer. Quant aux prévenus, ils ont été finalement condamnés à cinq ans de prison avec sursis (et donc libérés) pour leur crime, fait de masturbations et fellations réciproques, d’orgies et de sodomies sur des enfants de 12 et 13 ans.
Deux ans plus tard, Libération récidive et publie, en mars 1979, une autre pétition de soutien à Gérard Roussel, un pédophile qui attend depuis dix-huit mois son procès, « enfermé pour crime d’amour » pour avoir abusé de fillettes de 6 à 12 ans. La lettre, qui le présente comme « la véritable victime dans cette affaire » et souligne que « le désir et les jeux sexuels librement consentis ont leur place dans les rapports entre enfants et adultes », est notamment signée par Gabriel Matzneff, Tony Duvert, Georges Moustaki, Luc Rosenzweig, Guy Hocquenghem, René Schérer, Catherine Millet et… Pascal Bruckner.
« J’assume, mais je n’ai jamais rien écrit en faveur de la pédophilie, bien au contraire, réagit le philosophe aujourd’hui. Il y avait à l’époque une ambiance de laxisme et de tolérance, il fallait en finir avec tous les tabous. Ce mouvement s’inscrivait aussi dans une tradition littéraire avec Gide et Montherlant, qui ont fait de l’amour des enfants un motif de création et de récréation. Nous sommes là dans la conséquence extrême de la révolution sexuelle et de Mai 68, dans la vision totalement libertaire de la permissivité, où rien ne doit échapper au désir. »
[Avec Matzneff, on est passé de l’euphémisme de Gide et Montherland à l’explicite pour le plus grand plaisir d’un certain nombre de lecteurs germanopratins tout émoustillés. Mais une fois épuisée la force transgressive de ses aveux, il reste peu à puiser dans son œuvre. Cela explique sans doute, en partie, l’oubli de son œuvre et son lâchage par l’élite intellectuelle.
Cette dérive libertaire à la défense de la pédophilie vaudra alors à Libération une avalanche de poursuites judiciaires.]
Le même mois, le quotidien titre d’ailleurs fièrement sur « Les outrages de Libération » et revendique neuf inculpations en 19 mois, raillant le « prurit du Parquet » et « l’immanquable protection de l’enfance » qui menacent la liberté de la presse ! Ou comme le résume son journaliste Jean-Luc Hennig : « On n’a pas eu Libération par la politique, on l’aura par le cul. » Les pages sont pourtant accablantes. Une image y représente une fillette en train de faire une fellation à un adulte. Son titre ? « Apprenons l’amour à nos enfants. » Commis par le collectif Bazooka, qui a officié à Libération, le dessin (tiré visiblement d’une photo) est accompagné d’un texte odieux décrivant le viol d’une gamine.
Trente ans plus tard, son auteur Christian Chapiron alias Kiki Picasso renchérira : « Sans les lois super dures qui font qu’en deux secondes et demie, je me retrouverai emmerdé, je ferais des images pédophiles. C’est l’ultime sujet. » Plus loin, suivent des courriers pédophiles, une publicité pour la naissance du « Front de libération des pédophiles » (FLIP), composé « pour l’essentiel, des lecteurs de Libération » (le journal lui sert aussi de poste restante), des petites annonces pédophiles (« Je suis un type de 31 ans, et j’aimerai rencontrer une fille très jeune de 12 à 18 ans, pour vivre quelque chose de tendre ») et même zoophile, toujours rédigée par Hennig, en vue d’une… « enquête sur les zoophiles heureux ».
« En ayant des expériences avec les gosses, en jouant avec eux, en ayant des rapports émotionnels et même sexuels, sexuels dans le sens émotifs, caresses, etc., j’ai appris beaucoup sur ma propre personne. » Daniel Cohn-Bendit, sur la chaîne suisse TSR, en 1975.
L’écrivain est alors, avec Hocquenghem, un des avocats de la pédophilie les plus acharnés du journal. Tout est bon pour démolir l’ordre moral bourgeois et ses valeurs rétrogrades régentées par la justice, la famille et le capitalisme. En fer de lance médiatique de la plaidoirie pédophile, Libération prend donc fait et cause pour Roman Polanski, reconnu coupable aux États-Unis d’avoir drogué et agressé sexuellement une fillette de 13 ans, offre deux pages au pédocriminel emprisonné Jacques Dugué pour « expliquer » comment « un gamin » de 11 ans « demandait de lui-même la sodomisation [sic] » et s’oppose à tout seuil de consentement, y compris jusqu’à 4 ans. Plus grave, un journaliste, Christian Hennion, tuteur d’un enfant, est son bourreau qui le présente comme son « fils adoptif » et l’abuse entre 10 et 17 ans, alors que « tout le monde était au courant » à la rédaction, ainsi que l’a reconnu une ancienne collègue. Impénitent, Libération donnera encore, en 1981, la parole à un pervers pédophile : « Benoit et son amie ont les mêmes goûts. Ils aiment les petits enfants, beaucoup. » Extraits : « Je contribue à leur épanouissement, bien mieux que tous les flics du système… » Ou : « Pendant que je la caresse, elle se partage entre les rires quand je la chatouille et la chansonnette quand elle éprouve du plaisir. » La petite fille n’a que cinq ans. L’entretien est titré « Câlins enfantins ». Glaçant.
Pendant ce temps-là, Serge July, son patron, se réjouit que « Libération a gagné le titre de quotidien le plus poursuivi de France », crie à « l’autocensure » des juges et compare les attaques à celles qui visèrent Baudelaire en son temps. « Lutte antitabac. Libération une nouvelle fois condamnée au tribunal. Il est interdit de faire une pipe à son papa », plaisante même le journal, à l’amende pour avoir publié l’image pédo-pornographique de Bazooka.
« Mais la gauche est loin d’être unanime sur le sujet, les révolutionnaires de l’après-Mai 68 ne sont pas tous affranchis des préjugés relatifs à la sexualité et certaines sections de la Gauche Prolétarienne [celle qui est passée aujourd’hui avec armes et bagages au Rassemblement national] rebutées par les mœurs homosexuelles n’hésitent guère, au tout début des années 70, à “aller faire la chasse aux pédés dans les pissotières”, remarque l’historienne Anne-Claude Ambroise-Rendu. À droite, France Soir et Minute dénoncent les “pourrisseurs” de jeunesse que sont les pédophiles, et le débat qui sévit alors est bien une petite guerre médiatique et idéologique. »
Pour Minute, classé à l’extrême droite par Radio-Canada, « les articles qui défendent la pédophilie sont autant de tissus d’immondices, que ses avocats sont d’abominables crapules et ses prosélytes méritent le plus extrême des châtiments ».
Sous le feu des critiques de la presse conservatrice, les défenseurs de la pédophilie pratiquent alors la victimisation à outrance. Ils fustigent « un lynchage », « une chasse aux sorcières » et se comparent aux Juifs persécutés durant la Seconde Guerre mondiale. « On fabrique du pédophile sur mesure à jeter derrière les barreaux comme on fabriquait les Juifs à enfourner », ose en 1981 le plus important journal homosexuel de l’époque, Gai Pied, estimant que le « pédé » qui rejette le pédophile, c’est la « même chose » que le « nègre qui dénonce le Juif ». René Schérer compare aussi le rejet des pédophiles à la « Solution finale ». Et le terme « pédophobie » fait même son apparition. En face, les opposants sont qualifiés au contraire de « puritains », de « bien-pensants », de « réactionnaires », de « fascistes » et de « nazis ».
Les féministes ne sont pas non plus épargnées. « Les mêmes qui soutenaient la pédophilie soutenaient des tyrans comme Mao au nom d’un mélange de permissivité et de radicalisme politique délirant, se souvient l’écrivain Denis Tillinac. Et celui qui s’insurgeait contre ça était un catho frustré et mal baisé. Pour l’avoir écrit, j’ai été rangé chez les réacs toute ma vie. »
Dans ce combat, les militants gays sont alors en première ligne pour défendre la cause pédophile. Le Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR), créé en 1971, réclamait déjà la reconnaissance des « sexualités autres ».
À la première Marche des fiertés LGBT en France, en 1977, une journée est aussi consacrée à la « pédérastie » et à la « sexualité des enfants », à Paris, au cinéma Olympic, alors propriété de Frédéric Mitterrand (le récit de son tourisme sexuel tarifé avec des « gosses » en Asie fera scandale 30 ans plus tard). Puis, c’est Gai Pied, fondé en 1979, qui riposte contre la « société judéo-chrétienne » et moralisatrice. « L’enfant, c’est sacré ! » regrette le magazine, qui promeut ouvertement la pédophilie. En fait, un nombre significatif de ses partisans médiatiques sont homosexuels, ajoutant à la confusion. Surtout, Hocquenghem et d’autres mettent sur le même plan pédophilie et homosexualité considérant la première comme une spécificité de la seconde. « Si la pédophilie était la “même chose” que l’homosexualité, alors elle était susceptible de faire l’objet d’une valorisation et d’une acceptation progressives que favoriserait le combat politique. Aussi, pensait-on, convenait-il de faire cause commune », rappelle le sociologue Pierre Verdrager dans son livre L’enfant interdit (Armand Colin). Résultat : « Homologuer homosexualité et pédophilie revenait à valider la pédophilie par l’homosexualité. »
La sexualité puérile est encore un continent interdit, aux découvreurs du XXIe siècle d’en aborder les rivages.
Frank Arnal, figure de proue du militantisme homosexuel français,
dans le magazine Gai Pied, le 31 janvier 1991.
Une citation attribuée à tort à Jack Lang.
Le héros de Mai-68, Daniel Cohn-Bendit, a beau plaider depuis « la provocation » pour expliquer son discours passé (« Quand une petite fille de cinq ans commence à vous déshabiller, c’est fantastique, c’est un jeu absolument érotico-maniaque »), de prestigieux porte-voix manipulaient les sciences sociales pour justifier obstinément leur théorie libertaire et leur pratique criminelle. Le philosophe Michel Foucault veut ainsi supprimer la notion d’âge de consentement et soutient des prévenus à leur procès. Témoin de moralité d’un illustre écrivain, accusé de détournement de mineur par un enfant d’une riche famille, il l’entend promettre à la sortie du tribunal : « La prochaine fois, je les prendrai orphelins et pauvres. »
Sept ans après la révolution sexuelle de mai 68, dans son livre « le grand bazar » édité chez Belfond
De son côté, Françoise Dolto n’hésite pas à signer, avec Jacques Derrida, Louis Althusser et... Michel Foucault, une pétition parue dans Le Monde en 1977 et adressée au Parlement, qui appelle à la dépénalisation des rapports sexuels entre majeurs et mineurs de moins de quinze ans « consentants ».
Plus inconscient encore, il faut « qu’il n’y ait absolument rien entre adultes et enfants comme interdiction » dans la loi, écrit la psychanalyste, pour qui les enfants informés sont « complices » et même « responsables de laisser les parents commettre un acte qui les avilit… ». Quant aux jeunes filles, victimes d’inceste, « il n’y a pas viol du tout, elles sont consentantes ». Surréaliste. Enfin, la revue Recherches de Félix Guattari publie Trois milliards de pervers (1975), affirmant qu’« il n’y a pas un homme de quarante ans, qui n’aurait envie, en voyant nu un garçon de quatorze ans, de l’enculer », puis Fous d’enfance : qui a peur des pédophiles ? (1979), un numéro qui « nous emmène faire un tour dans le continent noir de “l’érotique puérile” » en compagnie des suspects notoires Schérer, Hocquenghem et... Matzneff.
Françoise Dolto a, dans plusieurs documents, défendu la pédophilie « consentante ». Portée au pinacle par l’Éducation Nationale, qui en a fait une référence en termes de psychologie de l’enfant
Quarante ans plus tard, le mouvement propédophilie a disparu, enterré par son échec politique, le scandale du Coral et le sida.
Entre-temps, Gabriel Matzneff et tous les autres n’ont jamais été sérieusement inquiétés par la justice. Et les regrets de Libération, Bernard Pivot ou Frédéric Beigbeder n’y changent rien. « J’ai été ridiculisée, insultée et boycottée, mais je ne regrette rien, assume Denise Bombardier, qui s’est entretenue au téléphone une heure durant avec Vanessa Springora. Si je n’avais pas parlé, je n’aurais pas pu me respecter. Aujourd’hui, les Français vont vivre un choc générationnel, culturel et anthropologique. »
En attendant, les pédocriminels courent toujours. Selon nos informations, un célèbre photographe toujours vivant et jadis à l’avant-garde pédophile a lui aussi abusé de mineurs en toute impunité. Car c’est là, la conséquence ultime de cette histoire monstrueuse, enfantée par la gauche libertaire.
« Il y a une énorme distorsion entre la base de la société horrifiée par ces témoignages et des élites pour qui la protection de l’enfance n’est pas un enjeu, par pure convenance ou appétence personnelles, déplore Me Marie Grimaud, avocate de l’association Innocence en danger. Et ça, ça n’a pas changé depuis les années 1980. » Preuve du malaise persistant, ce constat alarmant est aujourd’hui partagé par les plus hautes autorités de l’État. « Très honnêtement, la pédocriminalité n’est pas un sujet qui passionne la politique. Certains responsables se sont manifestés au moment de #BalanceTonPorc parce que c’était “tendance”, confiait ainsi récemment à Valeurs actuelles un conseiller ministériel. Trop longtemps, la pédocriminalité a été considérée comme une fatalité… »
En 1969, l’instituteur-psychologue Léonid Kameneff débutait une expérience pédagogique « originale » consistant à faire découvrir le monde à des enfants sur un bateau. Retour sur un scandale pédophile connu des médias à l’époque et qui faisait la publicité de cette aventure.
Jean-Christophe Rabiller, « lanceur d’alerte » anti-pédophilie sur YouTube
Cet artiste-aventurier a fait de la dénonciation de la pédophilie et de son apologie son cheval de bataille. Sur « La chaîne qui pique ! », créée sur YouTube, il dénonce, documents d’archives à l’appui, les promoteurs honteux de « l’amour des enfants », tombés dans l’oubli depuis les années 70. Lui-même a d’ailleurs été agressé sexuellement à l’époque, à l’âge de 9 ans, par son entraîneur de football. « Il y a toujours une connivence insupportable entre les pédophiles et les médias, comme le montre encore dernièrement l’affaire Polanski », affirme Jean-Christophe Rabiller, qui se considère comme un « lanceur d’alerte ». Parmi ses cibles, épinglées bien avant l’affaire Matzneff, figurent notamment Libération et Guy Hocquenghem, Françoise Dolto, Charlie Hebdo et Daniel Cohn-Bendit. Un combat risqué et courageux qui lui a valu, depuis, des intimidations et des menaces de censure de la part d’organes de presse.
Guy Hocquenghem, par ailleurs militant homosexuel, exposait librement en 1978 sur le plateau d’Antenne 2 sa pédophilie dans l’épisode d’Aujourd’hui Madame titrée « Histoire de l’amour : Demain ». Il est mort à 41 ans du SIDA.
Quand Charlie Hebdo défendait (aussi) la pédophilie
Comme une bonne partie de la gauche libertaire de l’époque, le journal satirique a soutenu, en 1977, trois pédocriminels, accusés d’avoir abusé de mineurs, avant d’être condamnés. Charlie Hebdo est allé jusqu’à défendre les trois pédocriminels de « l’affaire de Versailles », au lendemain d’une pétition parue dans Le Monde. À l’époque, s’ouvre le procès de ces trois hommes, jugés pour « attentats à la pudeur sans violence sur mineurs de moins de 15 ans » et placés en détention préventive depuis trois ans. Le journal, dirigé par le professeur Choron, publie le 27 janvier 1977 un article intitulé « Moeurs » et signé Victoria Thérame, passée par le quotidien communiste L’Humanité.
Extrait : « Si vous aimez les petites filles et les petits garçons quand ils ont encore le cartable dans le dos, si vous les suivez dans la rue, si, eux, vous regardent, vous attendent à la station du bus, s’ils viennent s’asseoir juste en face de vous, s’ils frôlent vos genoux comme par mégarde, mais ne s’excusent pas, si vous les retrouvez à la sortie de l’école, si vous leur parlez, s’ils viennent dans votre chambre, si vous découvrez les ciels de cuisses tendres et sans duvet, leur trouble et le vôtre, quand ils vous disent “tu” et êtes leur ami-confiance, leur ami-plénitude, si vous allez ensemble au bois, à la clairière, derrière les volets où la lumière filtre à point, si vous les photographiez pour prolonger la vie, pour la fixer, parce qu’elle est fugitive et trop courte et que vous êtes trop amoureux, allez défendre Bernard Dejager, Jean-Claude Gallien et Jean Burckardt, emprisonnés depuis trois ans, qui passent devant la cour d’Assises de Versailles les 27, 28 et 29 janvier à 13 h et risquent cinq à dix ans de réclusion criminelle pour amour à enfant. »
Finalement, les prévenus seront condamnés à cinq ans de prison avec sursis pour leur crime, fait de masturbations et fellations réciproques, d’orgies et de sodomies sur des enfants de 12 et 13 ans. Chroniqueur à Charlie Hebdo, l’humoriste et chansonnier Patrick Font sera même, à son tour, condamné, en 1998, à six ans de prison ferme pour attouchements sexuels sur mineurs. Auparavant, cet ex-instituteur soixante-huitard avait déjà signé, en 1982, une « pétition de soutien aux inculpés du Coral » (le principal, Claude Sigala, sera condamné à 30 mois de prison avec sursis en appel), du nom de cette affaire de pédophilie qui a éclaté dans ce lieu de vie du Gard. Le texte dénonçait alors « une machination politique et policière », « une “affaire de mœurs” fabriquée de toutes pièces » et même une « sinistre comédie ».
La pétition du Coral
Parmi les nombreux signataires de cette pétition se trouvaient également le philosophe Gilles Deleuze, l’écrivain Françoise d’Eaubonne, le journaliste de Libération Guy Hocquenghem, le psychanalyste Félix Guattari, l’éditeur Alain Moreau, le dessinateur de Charlie Hebdo Copi et… Philippe Val, futur patron du journal (1992-2009) et membre du « duo comique » Font et Val (1970-1995), fondé avec Patrick Font, mort en 2018, ainsi que l’a relevé le youtubeur et lanceur d’alerte, Jean-Christophe Rabiller. Authentifiée par un des initiateurs de la pétition, la signature figure en effet à la page 37 du n° 11 de la revue à caractère pédophile Possible (novembre - décembre 1982).
Contacté par Valeurs actuelles, Philippe Val dément toutefois catégoriquement. « J’ai refusé impérieusement de signer cette pétition. Ils ont extorqué ma signature, affirme-t-il. Je me suis toujours opposé à la pédophilie, à tout ces trucs-là. De toute façon, j’étais en opposition avec Font sur ces histoires de lieu de vie, que je détestais.
[...]
J’ai été l’objet d’une saloperie de leur part pour essayer de détruire une personne. C’est dégueulasse. Les années 70, c’était terrible pour ça, il n’y avait pas de morale, c’était n’importe quoi, ils voulaient des noms symboliques. Puis, Siné a ressorti plus tard cette histoire. Je trouve ça scandaleux. C’est un acharnement. Je suis puni. Moralement, c’est insupportable. C’est parole contre parole », résume Philippe Val.
Le naufrage de l’école en bateau, documentaire de Karl Zéro, alors que Léonid Kameneff était poursuivi en justice en 2013. Kameneff sera condamné à 12 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises des mineurs de Paris, qui l’a reconnu coupable de viols et agressions sexuelles de cinq enfants dans les années 1980 et 1990.
Libération avoue avoir « protégé » un journaliste pédophile
« Libération a-t-il employé et protégé un journaliste pédophile ? La réponse est oui. Et elle n’a rien d’une primeur. Elle est connue du public depuis dix ans ». Sur son site internet, le quotidien a répondu à l’accusation d’un internaute, qui lui reproche de n’avoir jamais raconté l’histoire du jeune Franck Demules, abusé par Christian Hennion, un journaliste emblématique de « Libé », entre 1977 et 1986.
Cette affaire sordide avait été racontée par la victime dans un livre publié en 2009 et intitulé Un petit tour en enfer. Ainsi, à l’âge de 10 ans, Franck Demules vivait avec sa mère à Paris, dans une communauté maoïste. C’est ici qu’il rencontre Christian Hennion, en qui la mère du jeune garçon voit un père de substitution — celui de Franck est mort un an et demi plus tôt. Rapidement, le journaliste s’installe dans la chambre de Franck. Ce dernier raconte, dans son livre : « Ça s’est passé simplement. Je dors, il commence à me caresser. Je me réveille. Chut, laisse-moi faire, je vais te faire un câlin. Sa main sous les draps, il commence à me masturber. Cet enfoiré, il me branle en me suçant ». Ses relations imposées se poursuivront « presque tous les jours » pendant huit ans, explique Libération. Entre-temps, le journaliste pédophile devient même le « tuteur » officiel de Franck Demules et obtient sa garde partagée !
Une « acceptation de la pédophilie » chez le Libé de l’époque
Christian Hennion a commencé à travailler pour Libération dans les jeunes années du journal. Il est d’ailleurs connu pour y avoir lancé une des chroniques phares du journal, celle des « flagrants délits », qui se penche sur la 23e chambre correctionnelle du palais de justice de Paris, où sont jugés les faits de petite délinquance. Le « petit Franck », comme il était surnommé à la rédaction, est également connu dans les couloirs du quotidien. Il y accompagne souvent le journaliste qui le présente comme son fils d’adoption ou son neveu. Mais selon Libération, la plupart des journalistes n’étaient pas dupes. Dans un livre paru en 2015, son ancien directeur fondateur Serge July avait même expliqué qu’il était « difficile d’évoquer cette figure associée au monde judiciaire [Christian Hennion] sans parler de sa pédophilie », tout en admettant qu’il n’eût « pas cherché à approfondir ». « On était tout plus ou moins au courant, mais on n’a rien fait. […] Christian nous disait qu’il prenait des bains tous les soirs avec Franck, et nous, on faisait des blagues, on lui demande ce qu’il faisait avec ce gamin », avoue une journaliste historique de « Libé ». D’ailleurs, de l’aveu même du journal « cette acceptation de la pédophilie cadrait avec l’esprit libertaire du journal de l’époque ».
« Libération a-t-il employé et protégé un journaliste pédophile ? La réponse est oui. Et elle n’a rien d’une primeur. Elle est connue du public depuis dix ans ». Sur son site internet, le quotidien a répondu à l’accusation d’un internaute, qui lui reproche de n’avoir jamais raconté l’histoire du jeune Franck Demules, abusé par Christian Hennion, un journaliste emblématique de « Libé », entre 1977 et 1986.
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Christian Hennion a commencé à travailler pour Libération dans les jeunes années du journal. Il est d’ailleurs connu pour y avoir lancé une des chroniques phares du journal, celle des « flagrants délits », qui se penche sur la 23e chambre correctionnelle du palais de justice de Paris, où sont jugés les faits de petite délinquance. Le « petit Franck », comme il était surnommé à la rédaction, est également connu dans les couloirs du quotidien. Il y accompagne souvent le journaliste qui le présente comme son fils d’adoption ou son neveu. Mais selon Libération, la plupart des journalistes n’étaient pas dupes. Dans un livre paru en 2015, son ancien directeur fondateur Serge July avait même expliqué qu’il était « difficile d’évoquer cette figure associée au monde judiciaire [Christian Hennion] sans parler de sa pédophilie », tout en admettant qu’il n’eût « pas cherché à approfondir ». « On était tout plus ou moins au courant, mais on n’a rien fait. […] Christian nous disait qu’il prenait des bains tous les soirs avec Franck, et nous, on faisait des blagues, on lui demande ce qu’il faisait avec ce gamin », avoue une journaliste historique de « Libé ». D’ailleurs, de l’aveu même du journal « cette acceptation de la pédophilie cadrait avec l’esprit libertaire du journal de l’époque ».
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Grande-Bretagne — 83 suspects de pédophilie... dans le football
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2 commentaires:
Jean-Christophe Rabiller n'est pas un lanceur d'alerte : rien de tel n'existe sur internet.
Il est un youtubeur très rigoureux quand il risque un procès, et très léger sinon. J'ai encore une copie d'une vidéo où il laisse entendre que l'union européenne serait un projet d'Hitler ; ses "preuves" sont le fait que l'antihitlérien Schuman avait comme 80 % des députés présents voté les pleins pouvoirs à Pétain avant de rejoindre de Gaulle, puis de devenir un des bâtisseurs de l'Europe fédérale, et que les Américains préféraient bombarder des usines d'armes pendant la guerre ou à la rigueur des usines de véhicules de transport à capitaux allemands que des usines à capitaux américains. Etc. Du grand n'importe quoi.
Le tout associé à un partisanisme UPR étroits et sans recul.
À fuir.
À propos du partisanisme UPR étroit et sans recul : je m'avise que depuis 2020 Jean-Christophe Rabiller ne doit plus être membre de ce parti.
https://www.mesopinions.com/sondage/politique/asselineau-ceder-place-jean-molline-jean/12994
Je serais surpris que son caractère en ait changé. Jean-Christophe Rabiller ayant été capable de prendre le résistant Schuman pour une sorte d'hitlérien, et d'assimiler à un "Quatrième Reich" le projet fédéraliste de Churchill (artisan de la déclaration de guerre à Hitler et inconditionnel de la poursuite de la guerre contre l'Allemagne jusqu'à l'occupation de celle-ci), ses yeux ne doivent pouvoir s'ouvrir que de façon intermittente.
L'éloge de Rabiller a aussi publié sur le site de Valeurs actuelles, qui passe pour être d' "extrême droite" auprès des antifas. Rabiller déteste l'extrême droite. Il semble qu'il réprouve aussi l'antimaçonnisme, le reprochant à autrui. Et il a pourtant vu publier ses vidéos par Salim Laïbi ("le libre penseur"), considéré comme vidéaste antimaçonnique et parfois qualifié de conférencier d' "extrême droite".
Ça fleure bon la sincérité et la droiture dans ce milieu.
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