Une nouvelle étude qui explore les préjugés politiques dans le milieu universitaire sur une décennie démontre que « la majorité des universitaires conservateurs vivent dans un environnement hostile à leurs convictions dans les universités américaines, canadiennes et britanniques ».
L’étude, intitulée La liberté universitaire en crise : punition, discrimination politique et autocensure, rédigée par le Dr Eric Kaufmann, professeur de politique au Birkbeck College, Université de Londres, a été publiée lundi. Elle fait près de 200 pages.
Dans les 100 meilleures universités américaines, l’étude révèle que 73 % des universitaires sont progressistes ou de gauche, 22 % n’ont aucune affiliation politique et seulement 5 % environ sont conservateurs.
Selon Kaufmann, l’étude est la première du genre à enquêter sur la discrimination politique et l’autoritarisme dans le milieu universitaire en sondant des professeurs et des étudiants diplômés des facultés de sciences sociales et humaines (SSH) dans des universités aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni. Ses découvertes constituent « des données concrètes sur l’absence de diversité des points de vue (dans les universités) et la présence de discrimination à l’encontre des universitaires conservateurs ou de ceux qui critiquent la théorie du genre ».
Dans trois pays anglophones, une part importante des universitaires font preuve de discrimination à l’égard des conservateurs en matière d’embauche, de promotion, de subventions et de publications.
La proportion de ceux qui admettent ouvertement discriminer pour des raisons politiques ne représente qu’environ un tiers à la moitié du total révélé (réel), mais même en se limitant à une discrimination ouvertement admise, comme dans la figure ci-dessous, plus de 20 % des universitaires et environ 30 % des doctorants admettent ouvertement qu’ils discrimineraient contre une demande de subventions provenant d’une personne marquée à droite. Si l'on tient compte de la dissimulation, cela signifie qu’entre un tiers et la moitié des évaluateurs sont politiquement biaisés, ce qui fait qu’un conservateur avoué à au moins 80 % de risques d’être victime de discrimination face à un panel de quatre évaluateurs choisis au hasard. En revanche, les publications, les demandes de subventions ou de promotions issues d’universitaires de gauche bénéficient d’une discrimination politique en leur faveur.
Remarque : comprend les universitaires STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques). Basé sur une question directe plutôt que sur une technique de liste cachée. |
Plus de 4 universitaires américains et canadiens sur 10 n’embaucheraient pas de partisan de Trump, et 1 universitaire britannique sur 3 n’embaucherait pas de partisan du Brexit.
Les universitaires féministes critiques de la théorie du genre semblent subir encore plus de discrimination que les conservateurs. Seuls 28 % des universitaires américains et canadiens se sentiraient à l’aise de déjeuner avec une personne qui s’oppose à l’idée que les femmes transgenres accèdent aux refuges pour femmes.
La plupart des professeurs ne soutiennent pas la culture du bâillon (cancel culture) sous ses formes les plus autoritaires. Seul 1 universitaire sur 10 soutient le licenciement de professeurs dits « controversés ». Néanmoins, si la plupart ne soutiennent pas cette censure, beaucoup ne s’y pas opposent et demeurent cois.
Dans les sciences sociales et humaines, plus de 9 universitaires soutenant Trump sur 10 et 8 universitaires soutenant le Brexit sur 10 affirment qu’ils ne se sentiraient pas à l’aise d’exprimer leur point de vue à un collègue. Plus de la moitié des universitaires conservateurs nord-américains et britanniques admettent qu’ils se censurent dans leur recherche et leur enseignement.
Les jeunes universitaires et doctorants, en particulier aux États-Unis, sont nettement plus disposés que les universitaires plus âgés à soutenir le licenciement des universitaires censément controversés, ce qui indique que le problème de l’autoritarisme progressiste est susceptible de s’aggraver dans les années à venir.
Un climat hostile contribue à dissuader les étudiants diplômés conservateurs de poursuivre une carrière universitaire. Les étudiants diplômés conservateurs et libéraux diffèrent beaucoup plus dans leurs perceptions de l’adéquation de leur politique au milieu universitaire que sur les questions liées à la rémunération des universitaires, la nature du travail qui les coupe du monde extérieur et d’autres aspects de la profession.
Pour Kaufmann, le gouvernement pourrait prendre les devants et appliquer avec vigueur la loi aux universités en sanctionnant les établissements qui enfreignent à plusieurs reprises la liberté de pensée ou d’expression des universitaires tout en donnant aux plaignants un moyen de faire appel au sein de leurs universités auprès d’un médiateur indépendant.
Voir aussi
Aux racines du wokisme dans les universités. Pourquoi cette crise dans les universités ?
Royaume-Uni — le gouvernement s’attaque à la censure et l’intimidation dans les universités
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire