dimanche 1 septembre 2019

Davantage d'éducation sexuelle réduit-il les infections sexuellement transmissibles ?

L’imposition de davantage d’heures consacrées à l’éducation à la sexualité pour lutter contre un regain dans le nombre de cas de maladies vénériennes est devenue une vieille scie. On l’utilise depuis que les cours d’éducation sexuelle ont été introduits dans les années soixante sans que ces infections ne diminuent...

D’emblée, clarifions les choses : la question n’est pas vraiment de savoir si « les cours d’éducation sexuelle ont leur place à l’école » (même sous Duplessis des prélats catholiques y souscrivaient). Il faut aussi souligner qu’il est faux de prétendre que ces cours avaient jamais vraiment disparu au Québec, ils variaient plutôt d’une école à une autre, voir ci-dessous une capture d’écran du site du ministère en janvier 2017 qui nous le rappelait.




La question est de savoir si davantage d’éducation sexuelle sous la forme proposée par le Monopole de l’Éducation du Québec (et plus généralement dans les écoles progressistes en Occident) réduit les infections liées à la sexualité. En d’autres mots, parler de prophylaxie alors qu’on insiste en même temps sur la liberté sexuelle, sur le plaisir individuel dès le plus jeune âge, sous toutes ses formes, avec de nombreux partenaires, n’est-ce pas contradictoire ou pour le moins peu efficace ?

Poser la question dans les termes « pour ou contre l’éducation sexuelle », c’est fausser le débat. C’est vouloir rallier le commun des mortels à la position du « oui, bien évidemment » et mettre la table en de tels termes que ceux qui s’opposent à CE programme d’éducation à la sexualité passent pour des olibrius attardés.

Les associations comme la Coalition pour l’éducation à la sexualité prétend qu’il faut davantage d’éducation à la sexualité pour lutter contre la recrudescence des maladies vénériennes : « Les maladies transmissibles sexuellement sont aussi en hausse. Les cas déclarés d’infection à la chlamydia ont doublé chez les 15 à 24 ans depuis 2008. »

L’idée qu’il y a un rapport entre la fin des cours de formation personnelle et sociale (mais pas la fin de cours sur la sexualité, rappelons-le) et l’augmentation des infections transmises sexuellement n’est pas fondée. Rien ne prouve qu’il y ait causalité. En effet, d’une part, il y avait encore des cours d’éducation à la sexualité (variables d’une école à l’autre) mais, d’autre part, il y a eu une recrudescence des IST dans les pays occidentaux ces dernières années sans qu’il y ait eu de changement dans l’éducation à la sexualité (États-Unis, Suède, Pays-Bas). Voir le graphique ci-dessus sur l’augmentation rapide et soutenue de cas de chlamydias, de gonorrhées et de syphilis aux États-Unis tous états confondus, on ne sache pas que des cours d’éducation à la sexualité y aient été abolis.


L’Ontario a déjà, depuis de nombreuses années, un cours d’éducation sexuelle (un cours à part et non enseigné de manière transversale) où l’on informe les élèves des maladies vénériennes et des moyens de s’en protéger. Est-ce que cela veut dire que l’Ontario a connu une moindre augmentation dans les infections transmises sexuellement que le Québec ? La réponse courte est non. Ces infections sont en hausse dans tout le Canada, avec une plus grande fréquence pour la chlamydia et la gonorrhée dans certaines régions peuplées par de nombreux Amérindiens et Inuits. Et bien sûr ces infections touchent toujours d’abord les jeunes dans nos sociétés à la sexualité permissive et précoce. Ce n’est pas une nouveauté ni une « catastrophe » récente.

Les cas d’infections sexuellement transmissibles augmentent dans les milieux homosexuels (mâles). Qui peut prétendre que c’est par « ignorance » des moyens prophylactiques ?

Taux et cas signalés d’infection à Chlamydia trachomatis, d’infection gonococcique et de syphilis infectieuse (pour 100 000 habitants) 2002, 2010 et 2011, Canada
Année  Infection à Chlamydia   Infection gonococcique   Syphilis infectieuse 
Cas Taux Cas Taux Cas Taux
2002 56 266   179,5  7 365   23,5 482  1,5 
2010 93 329   273,7  10 743   31,5 1 698  5,0 
2011 100 044   290,4  11 397   33,1 1 757  5,1 

Des augmentations similaires des taux d’infections transmissibles sexuellement à déclaration obligatoire étaient observées en Australie, en Angleterre et aux États-Unis des pays avec des programmes scolaires et d’éducation sexuelle très divers. Les campagnes de prévention hédoniste comme celle de 2009 ci-dessous ne semblent pas avoir d’effet, ce n’est pas étonnant.


Extrait de Chlamydia au menu (vos impôts québécois à l’œuvre !)



Hausse de 35 % des cas de chlamydia en Ontario entre 2008 et 2012...


La hausse du taux d’infection est constante depuis de nombreuses années


Chlamydia frappe les jeunes en Ontario aussi

Il en va de même pour la gonorrhée en Ontario, malgré (?) les cours d’éducation sexuelle


Forte augmentation des cas de syphilis infectieuse en Ontario depuis 2008 (près de deux fois plus en 2012 qu’en 2007)

De même en Suède, malgré l’éducation sexuelle très explicite, on assiste à une recrudescence des maladies vénériennes.



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